Les propositions que nous propose Pierre Chastanier dans son dernier ouvrage,
Le Renouveau gaulliste, méritent d’être soumises à la réflexion et à l’analyse de tous les
lecteurs de La lettre du 18 Juin. Nombreux sont ceux qui se retrouveront dans ces écrits et
partageront le même souhait de voir renaître une « certaine idée de la France ».
N’hésitez pas à faire part de vos remarques à l’auteur. (La publication s’étendra sur plusieurs numéros.)
Les chapitres suivants seront abordés :
1. La France dans l’histoire du monde. 13. Mais alors comment faire ?
2. Français d’hier et d’aujourd’hui. 14. Remettre la France au travail.
3. La société française. 15. Réformer l’Education.
4. Nos religions et nos coutumes.16. Refondre la fiscalité.
5. Notre économie et notre mode de vie.17. Fonder une nouvelle solidarité.
6. Le triomphe de l’ultra capitalisme.18. Réformer les Institutions.
7. Le mouvement social-libéral19. Redonner vie aux territoires.
8. La participation dans l’entreprise.20. S’ouvrir au monde.
9. De Gaulle cryptocommuniste ou visionnaire ?21. Guider l’Europe.
10. La trahison des Clercs. 22. Soutenir l’ONU.
11. Un nouvel appel ? 23. Vivre ensemble.
12. Un renouveau gaulliste est-il possible ? 24. En Route ?
Avant-Propos
Ils sont nombreux, aujourd’hui, ceux qui se réfèrent au Gaullisme, attribuant au Général toutes les vertus qu’ils lui
contestaient hier !
« Dix ans ça suffit ! » hurlaient les étudiants de Mai 68.
« La participation : un projet irréalisable qu’il faut torpiller » tonnait Pompidou en s’opposant violemment à
Capitant et en enterrant le les Ordonnances de 1967 !
La réforme du Sénat et la Régionalisation, faux alibi plus présentable que la défense d’intérêts économiques
particuliers, allait faire lancer son fameux « Oui Mais ! » à Valéry Giscard d’Estaing qui contribuera grandement en
influençant le vote des modérés au départ du Président le 29 avril 1969.
O tempora o mores !
L’homme du 18 Juin se méfiait des Partis qui étymologiquement séparent.
Or, les dernières élections présidentielle et législatives de 2017 ont bousculé le jeu politique traditionnel et le
« dégagisme » a renvoyé dans leurs foyers de nombreux parlementaires qui n’avaient pas tous démérité.
LR et PS, trop longtemps enfermés dans des conceptions idéologiques dépassées, FN et FI poursuivant des utopies
incompatibles, ont laissé le champ libre à une bulle hétérogène « En Marche » qui a rempli d’un coup l’espace
libéré.
Mais comme on l’a souvent dit la roche tarpéienne n’est jamais bien loin du Capitole et l’avenir de ce nouveau
mouvement s’il reprenait les habitudes d’un vieux parti ne serait pas sans inquiéter.
Alors ? Le raz-de-marée du 18 Juin 2017 ressemble-t-il à un nouvel appel gaulliste ?
Avant de répondre, craignons que, fédéraliste européen, le nouveau Président récuse trop l’idée de Nation, que
mondialiste, il protège insuffisamment les salariés français, que solidaire de puissants intérêts capitalistiques, il ait
tendance à mener sa politique « à la corbeille ».
Rappelons-nous que le dernier « tsunami » législatif a eu lieu en 1993 avant l’élection de Jacques Chirac de 95.
472 Députés RPR et UDF et Divers Droite envahirent le Palais Bourbon mais deux ans plus tard, fin 1995, les grèves
contre la politique des retraites d’Alain Juppé et pour la défense de la Sécurité Sociale allaient précipiter la France
dans la rue et la dissolution de l’Assemblée amena en 1997 le gouvernement de cohabitation de Lionel Jospin.
Demain, les anciens partis, aujourd’hui au creux de la vague, vont essayer de se reconstituer. Pourtant en leur sein
les différences idéologiques persistantes et l’absence de vrai dialogue gêneront sans doute leur renouveau.
C’est donc loin d’eux que les hommes et les femmes de bonne volonté devront une fois encore, provoquer le
sursaut salvateur dont le Pays a besoin pour retrouver l’Unité. Abattant les cloisons mentales qui les séparent
malgré leurs pancartes partisanes ils répondront encore plus largement qu’ « En Marche » à l’appel éternel des
Peuples qui ne veulent pas mourir.
C’est à ce « Renouveau Gaulliste » « Et de Droite, Et de Gauche » de l’ensemble du peuple français que je vais
essayer de vous convier au fil de ces pages.
1. - La France dans l’histoire du monde
« Tout homme a deux patries, la sienne et puis la France »,
disait Thomas Jefferson au lendemain de la bataille de
Yorktown (Oct. 1781) qui vit la capitulation du Général
anglais Lord Charles Cornwallis devant Washington
appuyé par Rochambeau et l’amiral de Grasse,
reconnaissant ainsi que sans l’aide de la France, la
rébellion des « Treize Colonies » contre la GrandeBretagne
aurait échoué et que les Etats-Unis d’Amérique
n’auraient pas existé !
La France en vingt siècles s’est constamment inscrite dans
l’histoire du monde, des 50 Chefs gaulois crucifiés à
Lutèce au Mont des Martyrs (Montmartre) aux troupes
d’intervention au Sahel qui luttent aujourd’hui contre
l’Islamisme radical qui envahit l’Afrique.
Être Français, c’est trouver sa place dans un monde de
géants et en éprouver une légitime fierté, que cette place
succède à une longue généalogie celte ou franque ou tout
simplement à une arrivée récente de ses aïeuls sur le sol
de la Patrie, puisque la loi du «jus soli» à la différence de
nos voisins germains, règne sur le territoire de la Gaule.
Je me suis toujours taillé un certain succès devant des
jeunes « beurs » en leur expliquant que l’inculture faisait
passer pour une insulte le terme de « bougnoule » alors
qu’il était tout à la gloire de ces Musulmans, soldats de
l’Empire, qui au cours de la 1ère guerre mondiale se firent
décimer dans les tranchées sans le soutien du fameux
« quart de gnole » que distribuait largement à ceux qui
allaient « monter » à l’assaut, le sergent de service.
Eux s’en moquaient, refusant sa drogue au nom
de leurs pratiques religieuses, en le traitant de
«Père la Gnole» « Abou (père) Gnoule » (avec l’accent) !
Français de souche (sous-chiens, comme osait nous
qualifier une jeune constantinoise, Houria Bouteldja,
porte-parole en France, des « Indigènes de la
République », distillant un discours fondé sur « la rancœur
et la haine ») ou Français récents, partageant ce « Droit du
Sol » qui nous gouverne depuis la Révolution Française (et même avant), nous sommes les héritiers naturels de cette
longue chaîne humaine qui nous oblige, dans l’amour de
la Patrie et le respect de l’admirable devise de la
République:
« Liberté, Egalité, Fraternité ».
Quand j’entends chanter « La Marseillaise » je regrette
qu’on n’ait pas expliqué aux enfants des écoles que ce
chant martial ne signifiait pas que « le sang de nos
ennemis devait abreuver nos sillons » mais tout au
contraire que notre sang, « le sang du peuple, le sang
impur, par rapport au sang pur aristocratique, sang bleu
de ceux qui, sous la monarchie, combattaient pour le Roi »
devait lui aussi se sacrifier pour la Patrie !
Nos petites querelles politiciennes, nos égoïsmes
exacerbés, nos peurs de l’avenir, notre perte de confiance
dans la France doivent retrouver leur juste place devant
cette immense épopée dont nous sommes les fils et les
continuateurs.
Noblesse oblige ! Ressaisissons-nous ! De la 1ère à la
centième génération, être Français est un grand privilège.
À nous de nous en montrer dignes !
2. - Français d’hier et d’aujourd’hui
Nous venons de voir que la France ne devait faire aucune
distinction, quelle que soit leur religion ou leur couleur de
peau, entre ceux qui étaient nés sur son sol ou dans ses
colonies. Mais pour que la famille d’un migrant
s’épanouisse avec le maximum de chances dans son
nouveau pays, il faut qu’une politique d’intégration et
même d’assimilation digne de ce nom soit entreprise par
les responsables nationaux.
De Julio Mazarini, devenu Jules Mazarin, à Manuel Valls
on peut voir qu’hier comme aujourd’hui, même né
ailleurs et devenu Français par naturalisation, on peut
atteindre les plus hautes destinées (en l’occurrence
devenir Premier Ministre). La France va donc au-delà du
« jus soli » puisque contrairement à nos amis américains,
rien n’empêche à un Français naturalisé, né à l’étranger,
d’accéder à la magistrature suprême !
Les fils de ceux qui, arrivés d’Afrique du Nord, dans l’appel
d’air des trente glorieuses qui vit des hordes de salariés
mal payés, recrutés par nos entrepreneurs, peupler les
bidons-ville de Nanterre pour participer à la
reconstruction de la France n’ont pas souvent bénéficié
des conditions d’accueil qui en auraient fait des Français
fiers de l’être.
Certes, parmi eux, de grandes disparités
existent. Certains ont acquis des positions enviables, se
sont illustrés par de hauts diplômes et par des fonctions
enrichissantes. D’autres au contraire ont végété dans des
banlieues où très vite se sont installées des zones de nondroit,
terrains de chasse des dealers en tous genres et des
trafiquants de drogue.
Ils sont tous Français et doivent bénéficier des droits qui
s’y rattachent, même si certains, parmi eux, ne se
reconnaissent que bien peu de devoirs. Leurs parents,
pourtant chassés d’Afrique le plus souvent par la misère,
leur ont généralement présenté le pays d’origine comme
un « pays de cocagne » et lorsqu’ils s’y rendent pour les
vacances ils sont parfois rejetés par les populations
locales qui ne comprennent pas leur arrogance et les
traitent de « Gaulois » !
Pas de délit de faciès ! Tous Français, tous avec les mêmes
droits et les mêmes devoirs, tous avec la même sollicitude
de l’Etat pour donner à chacun selon ses besoins et
récompenser chacun selon ses mérites. Telle doit être
l’attitude de la France envers ceux qui veulent vivre sur
son sol dans le respect des lois.
Car, malgré de grandes erreurs, la France, succédant aux
colonisateurs turc et arabe venu quelques siècles plus tôt,
n’a pas commis de crime contre l’humanité en
débarquant en Algérie. Dans la logique de l’époque elle
combattait les « barbaresques » écumant la Méditerranée
depuis des siècles. Mais, contrairement à Lyautey au
Maroc, elle n’a pas toujours su s’adapter aux populations
locales et bien que l’Emir Abd-El-Kader, libéré par Louis
Napoléon Bonaparte, ait terminé sa vie honoré de tous,
elle a laissé s’établir des régimes ségrégationnistes qui ont
trop duré et qui ont ruiné l’effort civilisationnel de
quelques-uns.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, des esprits
éclairés ont compris qu’une évolution citoyenne était indispensable. Mais seuls, vis-à-vis de « quelques » colons
avides, proches du pouvoir de l’époque, ils n’ont pu
imposer le Collège unique et répondre à temps aux
aspirations légitimes d’un peuple qui, vivant l’apartheid,
se battit, à bon droit, pour son indépendance.
Nous avons aujourd’hui une dette humaine envers notre
ex-empire et si, comme disait Michel Rocard, nous ne
pouvons accueillir chez nous « toute la misère du
monde », la France doit, plus que tout autre, prendre sa
part au développement de la francophonie, ce « Far
South » qui nous lie avec le passé et qui prépare à notre
jeunesse, pour peu qu’elle en prenne conscience à temps,
un brillant avenir !
3. - La société française
Depuis 68, les choses ont bien changé. Emboîtant le pas à
ses étudiants, la société française alanguie dans sa
tradition contrastée, à la fois catholique et laïque, son
prolétariat docile malgré les secousses du Front populaire
et de la guerre, sa population jusque-là principalement
rurale, a brutalement « pris la parole ». Les hiérarchies
ont été bousculées, le pouvoir a chancelé, la jeunesse
s’est réveillée. Les chocs pétroliers qui ont suivi calmèrent
quelque peu les ardeurs juvéniles mais jusqu’aux années
80, la croissance resta active et, bon an mal an, la
prospérité économique sous la houlette de Raymond
Barre redonna confiance. La France transformait et
fabriquait encore !
Mais, après les débuts difficiles de l’ère mitterrandienne,
un chômage de masse s’est progressivement abattu sur le
pays et, depuis 1983, il n’est jamais retombé au-dessous
du seuil des 7 %.
La libération sexuelle liée à l’utilisation de la pilule et à la
loi Veil sur l’avortement a profondément bouleversé les
mœurs malgré, après 81, l’apparition du Sida.
La cellule familiale nucléaire, base depuis des siècles de
notre société, a beaucoup évolué, augmentation du
nombre des divorces, mariages plus tardifs, PACS, LGBT et
leurs fiertés, mariages gays, PMA, GPA des mères
porteuses, ont profondément modifié ses assises, même
si beaucoup (91 % des Français) et en particulier les
militants de « Sens commun » ou de « La Manif pour
tous » privilégient encore la famille traditionnelle non pas
comme le lieu de partage des valeurs mais plutôt comme
le lieu privilégié des solidarités.
Malheureusement les temps devenus difficiles ont
favorisé l’individualisme. A la solidarité nationale succède
le chacun pour soi.
Il est vrai que la mondialisation
sauvage et son cortège de pertes d’emplois, conséquence
d’un ultra capitalisme triomphant n’encourage guère à
l’altruisme. Un système social nouveau s’est dangereusement
mis en place. On s’est progressivement orienté
vers un transfert de charges où l’assistanat social a
remplacé le travail : « On te paie pour que tu te taises » !
Dans les familles pauvres (8.600.000 personnes soit 14 %
de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté
s’établissant à 740 € par mois), résidents des zones
dévastées par le chômage, familles rurales, immigrés
concentrés dans les zones urbaines, l’espoir a trop
souvent disparu et il est grand temps de réagir.
Le système éducatif est à revoir de la Maternelle à
l’Université en passant par l’enseignement professionnel
si mal traité. Tout doit être consolidé pour ne plus
laisser 150.000 jeunes sortir chaque année de la
scolarité obligatoire sans diplôme et sans une bonne
maîtrise des savoirs fondamentaux. Il faut d’urgence les
former aux métiers non délocalisables pour lesquels au
pays des 6 millions de chômeurs les offres d’emploi ne
trouvent pas toujours preneurs. Il faut aussi dynamiser
notre enseignement supérieur et notre recherche pour
préparer notre société aux défis de l’avenir.
Une nouvelle démocratie, plus participative, fondée sur le
dialogue, doit profondément modifier les rapports entre
Français, au sein d’une Europe revisitée qui n’accepte plus
le dumping intra-communautaire ou extérieur, qui
protège ses ressortissants tout en s’ouvrant sur le monde
et qui rétablisse une solidarité nationale (santé, sécurité
d’emploi, retraites) basée sur les possibilités effectives de
chacun.
C’est au sein de cette société réinventée que peut se
cimenter, à nouveau, l’indispensable « vivre-ensemble »
qui fonde les Nations.