208 alfarge - Académie du Gaullisme

La Lettre du 18 JUIN Vingt- sixième année – n° 208 – juin 2018
                                   Dîners-débats de l’Académie du Gaullisme
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208 alfarge

par Christine ALFARGE
Dîner-débat du 22 mai 2018
En présence de Monsieur Jean-Didier VINCENT
LA DISPARITION DE L’HOMME EST-ELLE INÉVITABLE ?

« Il s’agit de savoir si, à la transformation du siècle, l’homme deviendra, ou non, un esclave dans la collectivité, ou si, au contraire, il voudra maîtriser et utiliser les progrès de l’ordre matériel pour devenir plus libre, plus digne et meilleur. » (Charles de Gaulle)
 
À travers une réflexion visionnaire sur le devenir de l’homme, quel message veut nous adresser le Général de Gaulle ? L’idée de soumission est ancrée et mortifère dans les esprits, récréer l’homme que notre temps cherche à détruire est la vraie question. Alors soumission ou liberté ?

Selon Jean-Didier Vincent : « L’obsolescence est une menace pour l’homme mais sa disparition est difficile à concevoir. Son avenir est-il souriant ? Quelle est son origine ? Surtout pas de pessimisme, ajoute-t-il en précisant qu’il est fan du paléolithique moyen ». Puis il y a la découverte du langage articulé, fondamental pour l’avenir de l’homme, inculte, il apprend à parler et fera des progrès.

Jean-Didier Vincent nous livre sa préférence et son sentiment sur « la période du paléolithique moyen comme celle du meilleur homme que l’espèce ait fourni, l’arrivée de l’homme de Néandertal ». Pourquoi Jean-Didier Vincent souhaite-t-il le réhabiliter ? Selon lui : « Il s’agit dans cette période du paléolithique moyen de la coopération entre individus où on s’organise en dehors des grottes, de la matérialisation de la pensée, de la sculpture, du dessin, du rôle de la femme qui est omniprésent et harmonieux dans la société où l’homme n’a pas le temps de devenir méchant ». Rejoignant ainsi les thèses de la préhistorienne Marylène Patou-Mathis, son ouvrage publié en 2006 « Néandertal, une autre humanité » dans lequel elle décrit son mode de vie et remet en cause un certain nombre de préjugés en expliquant les causes probables de sa disparition après trois à quatre cent mille ans d’existence. Elle entrevoit la possibilité que Néandertal appartienne à la même espèce que l’Homo sapiens. Des découvertes génétiques d’un institut allemand vont abonder dans son sens montrant que des croisements produits au Proche-Orient entre des groupes de Néandertaliens et d’Homo sapiens venus d’Afrique expliquent la présence d’un à quatre pour cent de gènes provenant de Néandertal dans le génome des Européens actuels.
 
Le langage n’est rien sans ailes.
 
Les mots prennent leur sens à ce qui se passe, selon Jean-Didier Vincent : « On vient accrocher à son langage, la pensée, telle la tige au bout du javelot, c’est du langage qui s’accroche à la pensée. Ce qui existe, c’est ce que produit la pensée telle l’éloge de la femme pour ce qu’on lui doit. » Il ajoute : « Pour moi la période du néolithique succédant au paléolithique moyen est insupportable parce qu’elle incarne la propriété et correspond à la fin de la femme considérée et respectée. »
 
Disparition ou transformation ?
 
A la fin du néolithique, on se fait la guerre, l’évolution est la sélection naturelle. Le cerveau est fondamental et permet la convivialité, est-elle innée ou au contact ? Le besoin fonctionne sur l’empathie, l’homme a besoin de l’homme. Cela renvoie à la conviction du philosophe des Lumières Jean-Jacques Rousseau qu’il existe une bonté naturelle chez l’homme éprouvant « une répugnance innée à voir souffrir son semblable ». Plusieurs études en histoire militaire et en neurobiologie confirment son argument qualifié de visionnaire.
 
Selon Jean-Didier Vincent : « La présence de l’autre est nécessaire », il insiste : « Nous sommes des animaux sociaux ». La nature de l’être humain a un besoin d’expression, d’extériorisation, contrairement à ce que prophétise l’idéologie transhumaniste, notre Humanité, au sens de ce qu’il y a d’humain en chacun de nous, si elle est réparée ou bien restaurée grâce aux sciences, ne doit pas être métamorphosée de façon chimérique. Réfléchissant aux limites de notre corps, les transhumanistes veulent convertir la population et proposent une transformation totale de l’homme, défendant une possible immortalité physique, l’augmentation des capacités humaines à travers l’intelligence artificielle, la fusion finale entre l’homme et la machine. Dans quel but, est-ce pour dominer l’univers, la volonté de devenir serviteurs ou dieux ?« Je crois que l’avenir de l’humanité est dans le progrès de la raison, par la science. » écrivait sagement Emile Zola.
 
Comment va-t-on vivre de l’homme augmenté ?
 
L’espérance de vie augmente mais l’espérance de vie en bonne santé stagne. La convergence des technologies est fondamentale pour la vie sur terre. Dans un environnement dangereux, comment permettre le développement ? Malgré tous les services qu’elle nous rend, la technique aujourd’hui fait peur au regard des problèmes éthiques soulevés par le clonage. Résolument optimiste, Jean-Didier Vincent pense à un monde avec beaucoup plus d’espérance quand l’essentiel de la population est sur le carreau selon sa propre expression.
 
A la question posée, la fin de l’homme est-elle inévitable ? Jean-Didier Vincent répond : « A partir de quand l’homme augmenté est tolérable ? Nous assistons aujourd’hui à deux révolutions, celle du silicium imposant dans notre quotidien les ordinateurs, l’intelligence artificielle, un monde d’informations et de calculs. La seconde révolution venant de la première, celle de la biologie moléculaire. A mesure que nous explorons les mécanismes de la vie et que nous approfondissons notre biologie, nous devenons les maîtres de notre évolution. L’efficacité se mesure à l’aune des échecs ».
 
En septembre 1962, le Général de Gaulle s’exprimait :« Ayez l’ambition que le progrès soit le bien commun, que chacun en ait sa part, qu’il permette d’accroître le beau, le juste et le bon. Mais la vie du monde est dangereuse. Elle l’est d’autant plus que, comme toujours, l’enjeu est moral et social ».
A son époque, le Général de Gaulle qui n’a cessé d’œuvrer au développement de son pays dans tous les domaines, mesurait parfaitement l’ambition qu’il faut avoir, à la condition d’une juste répartition en retour pour que chacun puisse vivre mieux dans la modernité et dans la paix.
Au regard des nouvelles techniques de la biotechnologie, comment percevrait-il aujourd’hui les risques de notre avenir ? Le sens de l’altérité serait sans aucun doute toujours le moteur de son action pour tenter de répondre à la fois à des questions éthiques et au respect de la nature, préservant l’humanité de chaque Français.
Selon nos propres doutes, la technique peut représenter une menace constante comme elle peut sauver l’homme d’une disparition programmée. Rien de ce qui est technique ne peut être ignoré de l’homme qui en étudiant ses semblables, doit être en mesure d’assurer leur évolution spirituelle et biologique sans que ceux-ci ne se croient supérieurs à l’autre mais bien qu’ils se soucient de ce qui advient de l’autre dans son corps, son esprit, sa vie.


© 10.06.2018
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