209 chastanier - Académie du Gaullisme

La Lettre du 18 JUIN Vingt- sixième année – n° 209 – septembre 2018
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209 chastanier

par Pierre CHASTANIER
LE RENOUVEAU GAULLISTE,
deuxième partie  
Les propositions que nous propose Pierre Chastanier dans son dernier ouvrage,  Le Renouveau gaulliste, méritent d’ ê tre soumises à la réflexion et à l’analyse de tous les lecteurs de La lettre du 18 Juin. Nombreux sont ceux qui se retrouveront dans ces écrits et partageront le même souhait de voir renaître une « certaine idée de la France » . N’hésitez pas à faire part d e vos remarques à l’auteur. (L a publication s’étendra sur plusieurs numéros.)

4. -  Nos religions et nos coutumes
Il y a belle lurette qu’on de qualifie plus la France de « Fille aînée de l’Eglise ». Si nos concitoyens se réclament encore majoritairement du Christianisme (65 %) et plus particulièrement du Catholicisme, l’Islam est devenu, devant le Judaïsme, la deuxième religion de France.  
Mais seuls 7 % des Chrétiens fréquentent encore régulièrement nos 45.000 églises et temples où officient un nombre de plus en plus réduit de prêtres et de pasteurs alors que sur les 5 à 6 millions de Musulmans français, presque tous sunnites, le nombre de pratiquants réguliers dépasse désormais celui des Catholiques posant le délicat problème des mosquées, indispensables à l’exercice du culte, qui dans le cadre de la Loi de 1905 sur la Laïcité ne peuvent bénéficier directement d’un financement public alors que dans le même temps certaines communes peinent à entretenir des églises trop souvent vides !
À la différence de l’Islam mal représenté par le Conseil Français du Culte Musulman qui n’est pas une autorité religieuse, le Judaïsme sous l’égide du Consistoire Central Israélite de France administre sous la tutelle d’un Grand Rabbin la pratique religieuse de 600.000 de nos ressortissants.
La Laïcité, dont la France revendique la vertu après les farouches oppositions de la fin du XIXème siècle, essaie de permettre à chaque communauté, malgré des difficultés réitérées, de croire ou de ne pas croire et de pratiquer sa religion sans affectation, n’autorisant qu’aux seuls Ministres des Cultes la vêture témoignant
publiquement de leurs fonctions et interdisant à l’école et dans la sphère publique le port de signes religieux ostentatoires.
A l’heure du terrorisme international, de nombreux Musulmans, qui en sont souvent les premières victimes, souffrent de l’assimilation rapide faite entre Islam et Islamisme radical. Il est urgent que leurs autorités religieuses s’affichent clairement dans le camp de la République, interdisant les financements provenant de sources douteuses, fustigeant les prêches salafistes, formant les Imams de France dans le cadre et le respect de nos lois, prônant l’égalité entre les hommes et les femmes et participant activement à une exégèse des textes sacrés compatible avec nos valeurs.
Au pays de Voltaire, on conviendra aisément que Dieu, pour ceux qui croient en Lui, n’a sans doute que faire d’un prosélytisme menaçant risquant de créer la division et la haine là où la religion devrait apporter le réconfort et l’amour du prochain et se moque pas mal des rites alimentaires ou vestimentaires !
Nos modes de vie aussi évoluent. Les veillées campagnardes ont, depuis le début des années 60, cédé la place aux soirées télévisées, allant maintenant, grâce à la multiplication des médias, de la « TV nourrice » des petits à la débilité des Téléréalités. Les grandes chaînes façonnent les cerveaux, pas toujours dans le bon sens, pour les préparer à avaler leurs spots publicitaires. Internet, la meilleure et la pire des choses comme aurait dit Esope, associé  aux  progrès  de  la  téléphonie  mobile, transforme tellement notre jeunesse qu’on se demande si la prochaine mutation génétique ne va pas tout simplement supprimer les mouvements d’opposition du pouce !   
La musique, la consommation d’alcool ou de « chit », les belles fringues, la taille basse des jeans, les tenues des filles, tout change ! On ne se lève plus
dans le métro pour laisser sa place à la vieille dame et de nombreux jeunes restent longtemps chez leurs parents car le monde moderne ne favorise guère leur insertion dans la vie active! Les retraités et surtout les personnes dépendantes, dès qu’ils ne peuvent plus vivre seuls, sont aiguillés vers des maisons de retraite. Au siècle de la vitesse, pas de pitié pour les canards boiteux !   
5. - Notre économie et notre mode de vie
La France est-elle vraiment entrée dans la troisième révolution industrielle ? Avec le développement des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) nous sautons dans le « tout numérique » et les pays développés, dont la France, doivent tout mettre en œuvre pour rester dans la course d’un progrès technologique de plus en plus rapide qui va changer la planète.
Les débats sur l’après-pétrole, le nucléaire, les énergies renouvelables, les nanotechnologies, les progrès gigantesques de la biologie et de la médecine ouvrent la porte à une ère nouvelle où l’on verra se combiner un système décentralisé de production et de distribution d’énergie, éolienne, photovoltaïque, géothermique et une capacité de stocker cette énergie sous forme d’Hydrogène afin de pouvoir la réutiliser sans perte et sans effet de serre.
Source de millions d’emplois verts, cette transition énergétique va-t-elle donner naissance à un nouveau « capitalisme redistribué » ou, une fois encore, sera-t-elle l’occasion d’accroître les inégalités entre riches de plus en plus riches et pauvres de plus en plus pauvres, entre pays développés et pays émergents et succombera-t-elle aux rapports de pouvoirs entre de nouveaux géants (GAFA par exemple) et une masse ignorante qui s’en remettra aux grandes entreprises, aux experts et aux entrepreneurs high-tech de toutes sortes, rois de l’obsolescence programmée, qui lui offriront leurs solutions techniques innovantes ?
Pour se préparer au mieux à ces bouleversements un effort d’éducation sans précédent doit être entrepris. Et à l’heure d’Internet, notamment à cause des zones d’ombre, les populations rurales en ignorent le fonctionnement.
C’est dès l’école que naîtra cette société post-énergie fossile ou post-nucléaire à condition de préparer de
nouvelles générations de professeurs et d’offrir à chacun l’égalité des chances !
Notre mode de vie va changer aussi. Le développement des transports automatiques et du télétravail restructurera peut-être l’espace entre villes et campagnes et les progrès de la Médecine vont brutalement accroître l’espérance de vie. Mais en attendant, dans nos métropoles, l’organisation de la collectivité continuera à se heurter à de grandes difficultés : urbanisme inconséquent (combien de millions d’heures perdues chaque jour sur le périphérique parisien ?), désindustrialisation massive créant des zones entières de sous-emplois, gestion des terroirs abandonnée aux seuls industriels de la terre, délinquance incontrôlée dans les banlieues, gestion de l’entreprise vouée aux seuls dialogues difficiles entre syndicats peu représentatifs et patronat trop égocentrique, organisation politique budgétivore, gérant la société au lieu d’être le garant de ses valeurs.   
Le désir de démocratie directe, le besoin de dialogue se font cependant de plus en plus ressentir. L’engouement pour « En Marche » ne marque-t-il pas d’ailleurs le besoin d’en finir avec la vieille politique même si ceux qui s’y engouffrent ne discernent pas forcément l’emprise des puissants embusqués derrière leurs bonnes volontés.  
Liberté et responsabilité : voici les deux mots forts qui doivent conduire à la société de demain. Liberté d’entreprendre et de jouir d’un juste retour de ses efforts, responsabilité envers les hommes, impliquant solidarité, justice sociale mais aussi exigence entre droits et devoirs. Le renouveau n’adviendra que le jour où, comme le souhaitait Saint-Simon, l’on demandera à chacun selon ses capacités et l’on récompensera chacun selon ses mérites.  
Ainsi la France ne risquera jamais d’être « une petite lumière qui s’éteint ».
6. - Triomphe de l’ultra capitalisme
Les illusions de 68 retombées sur une jeunesse vite refroidie, les chocs pétroliers, les crises, la fin de la guerre froide, l’accouchement dystocique de l’Europe, les guerres du Golfe ont irrémédiablement poussé les Nations occidentales manipulées de façon souterraine par de grands lobbies capitalistes à travers les médias qu’ils contrôlent, vers une mondialisation forcenée où les multinationales trouvent l’opportunité unique de s’exonérer des barrières sociales, tarifaires, fiscales et douanières qui entravaient encore leur incessante quête de profit.
Peu importe que les classes populaires souffrent des licenciements boursiers, que les Etats soient spoliés des recettes fiscales, juste retour pourtant des aides soigneusement négociées par des subsidologues avides. Les délocalisations vers l’Asie du Sud-Est ont brutalement démontré, s’il en était encore besoin, que la concurrence libre et non faussée pourtant prônée de part et d’autre de l’Atlantique n’était qu’un songe creux et que la disparition des frontières permettrait en fait de remodeler massivement l’implantation géographique des usines pour profiter des bas salaires de populations taillables et corvéables à merci, des pratiques fiscales discriminatoires de certains Etats, ou des libertés avec l’environnement de certains autres, donnant ainsi naissance à la nouvelle règle ultra libérale :  
« Produisons dans les pays émergents tant que la main d’œuvre y est bon marché, vendons aux pays occidentaux tant qu’ils sont encore solvables, constatons la quasitotalité de nos profits dans des paradis fiscaux… » !
Et tant pis si un chômage endémique doit en résulter, laminant les classes moyennes et appauvrissant de plus en plus les classes laborieuses, ouvriers et agriculteurs, réduits à la seule règle qu’on leur tolère encore, celle d’une assistance sociale généralisée.  
Jamais la spéculation boursière n’a atteint de tels sommets.  
Selon François Morin, les transactions de l’économie dite réelle, estimées par le PIB mondial, ne représenteraient guère plus de 2% de l’ensemble des transactions (financières et réelles), soit 50 fois moins que les échanges spéculatifs. Les échanges d’actions, quant à eux, sont 100 fois plus importants que l’investissement dans les entreprises !
La généralisation d’Internet a transformé la planète (et en particulier le système bancaire) en un gigantesque Casino où les échanges de devises représentent désormais 25 fois le PIB mondial !
Où sont les grands capitaines d’industrie, les Renault, les Ford, les Rockefeller qui bâtirent des empires ? Les managers d’aujourd’hui pilotent trop souvent leurs entreprises, les yeux rivés sur les cours de Bourse qui valorisent leurs Stock-options. Peu importe où se situent leurs centres de production pourvu qu’on les laisse « manager en paix » sans impôts, ou le moins possible, sans contrôles, sans douanes, sans code du travail, sans règles environnementales et avec un minimum de salariés!  
Ils ont gagné la première bataille de la mondialisation construisant à travers l’OMC un monde sans frontière où, chaque jour, la part de la richesse mondiale possédée par le 1 % des plus riches ne cesse d’augmenter (Ce 1 % possède autant aujourd’hui que les 99 % autres) et certains parmi eux qui « pèsent » plus lourd que de nombreux Etats, peuvent tout acheter, y compris les consciences !
Quel peut être à ce niveau le poids d’une revendication syndicale, d’une manifestation contre les licenciements boursiers, d’une crainte de la jeunesse pour son avenir.  
La généralisation d’Internet a transformé la planète (et en particulier le système bancaire) en un gigantesque Casino où les échanges de devises représentent désormais 25 fois le PIB mondial !
Où sont les grands capitaines d’industrie, les Renault, les Ford, les Rockefeller qui bâtirent des empires ? Les managers d’aujourd’hui pilotent trop souvent leurs entreprises, les yeux rivés sur les cours de Bourse qui valorisent leurs Stock-options. Peu importe où se situent leurs centres de production pourvu qu’on les laisse « manager en paix » sans impôts, ou le moins possible, sans contrôles, sans douanes, sans code du travail, sans règles environnementales et avec un minimum de salariés!  
Ils ont gagné la première bataille de la mondialisation construisant à travers l’OMC un monde sans frontière où, chaque jour, la part de la richesse mondiale possédée par le 1 % des plus riches ne cesse d’augmenter (Ce 1 % possède autant aujourd’hui que les 99 % autres) et certains parmi eux qui « pèsent » plus lourd que de nombreux Etats, peuvent tout acheter, y compris les consciences !
Quel peut être à ce niveau le poids d’une revendication syndicale, d’une manifestation contre les licenciements boursiers, d’une crainte de la jeunesse pour son avenir.
7. - Le mouvement social-libéral
Le 6 avril 2016, Emmanuel Macron lançait le mouvement « En Marche » dans sa ville natale, à Amiens avec la volonté de « refonder par le bas » et une certitude : « Ce mouvement ne sera que ce que nous en ferons. Il ne dépend, depuis le premier jour, que de l’engagement de chacun ».
Qui ne saluerait un si bel exploit ?
S’inspirant d’un modèle social-libéral (en proposant sans doute un des premiers ce néologisme, je n’avais cessé dès 1989, de revendiquer «une société suffisamment libérale pour que l’économie fonctionne et suffisamment sociale pour que persiste le désir de vivre ensemble» (NDLA : « Lettre aux Fils et Filles de l’Alouette », tome 1) ce nouveau mouvement allait naître sur les décombres de la social-démocratie décimée en France par les rétropédalages incessants du Président Hollande !
Malgré de réelles tentatives pédagogiques lors du vote de sa loi éponyme, Emmanuel Macron venait de découvrir que, même Ministre d’un gouvernement de gauche, il ne pouvait faire passer les réformes qu’il estimait indispensables et aidé par des forces aussi puissantes qu’occultes, il allait en tirer la conclusion : « créer son propre mouvement et faire sécession ».
Se voulant « Ni de Droite, Ni de Gauche », il allait prospérer rapidement au cours de la campagne présidentielle servi par des événements majeurs qui allaient bousculer les règles du jeu politique : - le désastre des primaires tant chez les « LR-UDI »  qu’au PS ;
- l’’Affaire Fillon ;
- le renoncement d’Alain Juppé qui entraînera l’adhésion décisive de François Bayrou aux côtés d’Emmanuel Macron.
Mais, une fois élu Président, sa stratégie s’est rapidement tournée vers la conquête radicale du pouvoir plutôt que vers la recherche consensuelle d’une coalition nationale. Emmanuel Macron est peut-être plus un « homme de Gauche » qui a voulu élargir à Droite son assise politique, qu’un « homme de large consensus ». Il a été Ministre d’un Gouvernement socialiste et puissamment aidé par des socialistes notoires (Attali, Bergé, Collomb, Ferrand, …). Cela l’a sans doute marqué !
C’est pourquoi il a cherché à débaucher à la manière des Horace vainquant un à un les Curiace quelques seconds couteaux Républicains au lieu de tendre la main dès le lendemain de l’élection présidentielle aux LR-UDI et à leurs Chefs ainsi qu’aux Chefs du PS en leur proposant d’unir leurs forces « des LR au PS » dans une coalition d’Union Nationale capable de rassembler le plus largement possible les Français de tous bords afin de
mener à bien les indispensables réformes dont le pays a besoin.  
Car même si cette main tendue s’était vue rejetée (y compris d’ailleurs si l’offre n’avait été qu’habileté de sa part), il en serait sorti grandi car le peuple aurait applaudi cette démarche et les débauchages se seraient alors transformés en ralliements !
Le choix d’Emmanuel Macron va donc favoriser une scission à Droite entre « contributifs et non contributifs » et il en sera de même à Gauche.
Nous aurons alors 4 groupes d’opposants au lieu de 2, les deux extrêmes (FI et FN) et les composantes non contributives des deux partis traditionnels LR et PS : Diviser pour régner !
Mais, l’écrasante victoire, aisément prévisible, aux Législatives qui ont suivi, allant bien dans le sens de la concordance des choix des Français qui veulent « donner une majorité au nouveau Président » fut pour la première fois dans l’histoire de la Vème République entachée d’une abstention record aggravée par l’importance des votes blancs et nuls.  
1 Français sur 3 seulement s’est déplacé pour voter.  
Du jamais vu !  
La défiance de nos concitoyens pour les « politiques » s’est non seulement traduite par ce rejet du vote qui enlève à l’exploit une bonne partie de sa légitimité mais aussi par la persistance des « Affaires » puisque Fillon, Le Roux, à peine enterrés on se rua ensuite sur Ferrand, Bayrou, de Sarnez, Goudard avec le risque de voir plusieurs Chefs de groupes à l’Assemblée Nationale poursuivis par la Justice pour emplois fictifs (on se souvient de la condamnation d’Alain Juppé justement pour…emplois fictifs qui lui avait valu une peine d’inégibilité sans laquelle il aurait été élu Président de la République en 2007 au lieu de Nicolas Sarkozy). Le renouveau de la vie politique est bien là. Beaucoup de nouveaux visages, une parité devant certes être saluée, la promesse de réduire le cumul à deux ou trois mandats consécutifs dans la même fonction.  
Attention cependant, si c’est, au-delà du raisonnable, pour passer de Député à Sénateur, de Maire à Conseiller Régional ou toute autre combine « à la Poutine », la démocratie n’y trouverait guère son compte et le faux argument qui consisterait à dire qu’un tel système nous priverait de l’expérience des vieux « briscards » se heurterait à cette implacable logique des cimetières remplis de gens qui étaient pourtant indispensables !   Lire la première partie
© 02.09.2018
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