En hommage à Jacques Dauer, président fondateur de
l’Académie du gaullisme
Chers Amis et Compagnons,
L’époque actuelle nous oblige et nous concerne au premier chef.
Pour ma part, je me retrouve à la fin des années 50, avant le retour du général De Gaulle aux Affaires. Les gens de mon âge se doivent de passer le relais aux plus jeunes dans les meilleures conditions. Je rappellerai que plus qu’une doctrine, le gaullisme est une philosophie. Il est de notre devoir de faire en sorte que ce pourquoi nous avons combattu, le gaullisme social, reste non seulement présent dans les esprits et les préoccupations, mais encore plus dans l’action, la concertation et l’application.
Aujourd’hui, c’est moins le président de l’Académie du gaullisme qui s’adresse à vous que le Jacques Dauer qui n’a pas cessé le combat depuis soixante-sept ans et qui n’a rien perdu de son enthousiasme. J’ai gardé de ma jeunesse la même allégresse, la même ardeur, la même passion pour la France. C’est ce message que nous sommes un certain nombre à vouloir transmettre, avec encore plus de foi et de volonté qu’hier.
Les élections présidentielles et législatives sont passées, demeure l’avenir. Il est bien entendu aux jeunes générations, mais notre devoir est de leur montrer la voie et de les aider à réaliser leurs rêves. Le gaullisme qui est oublié aujourd’hui tant dans les milieux politiques que dans les médias, existe toujours. Vous connaissez les raisons de notre combat. Des ouvrages avec de vieux amis comme Michel Rodet, Philippe Lévy, Stéphane Giocanti, vous en ont informés ainsi que la reprise de mes articles depuis 1951, dans Paris-Jeunes, le Télégramme de Paris, la Lettre du 18 Juin et quelques autres, conférences, allocutions, etc., dans sept tomes du Hussard du Général et deux tomes des Chroniques. Je n’oublie pas le dernier ouvrage de Paul Kloboukoff : Rénover la gouvernance économique et sociale de la France. Tous ces écrits, vous ont permis de mieux connaître la pugnacité de notre combat.
Aujourd’hui, nous entrons dans une nouvelle ère qui sera essentiellement celle de générations qui n’auront pas vécu les évènements par lesquels nous sommes passés et je désire leur transmettre toutes les possibilités d’agir de telle sorte que notre philosophie vive. C’est à elles de définir les axes de marche et les valeurs à défendre. J’ai, au cours de ces derniers mois, milité pour ce que je croyais nécessaire.
J’ai fait référence au gaullisme social. Le président de la République, Nicolas Sarközy, a proposé la TVA sociale. Dans sa dernière intervention, il l’a définie et ses propos rejoignent les propositions que l’Académie et les Gaullistes de conviction ont faites depuis des années. Il a, dans cette intervention, présenté d’autres projets qui m’ont semblé, pour certains, acceptables. Nous garderons les yeux ouverts et nous saurons rappeler ce que nous estimons nécessaire. Par exemple, nous pensons que la Participation donnerait plus de force à la TVA sociale, sur les délocalisations mais aussi pour les réformes de structures nécessaires. De plus, ce serait une arme à l’encontre des fonds de placement étrangers. Elle éviterait la délocalisation des sièges sociaux qui est dans les esprits de certains « managers » le moyen de contrecarrer des réformes déplaisantes à leurs yeux.
Il n’est pas dans mes intentions de reprendre une par une, toutes les propositions du président de la République. Mais, il y a le problème de l’Europe que nous devons évoquer. Depuis cinquante ans, des hommes politiques français veulent que cette Europe soit supranationale, d’autres qu’elle soit sous la coupe des Etats-Unis. Nous comprenons ce désir ; nous n’approuvons pas, nous ne l’approuverons jamais.
Vouloir une Europe supranationale ou un État européen est une faute grave. Depuis cinquante ans, cette idée est refusée par les citoyens, je dirai même incomprise par eux. Pour créer une Nation européenne, il faut un siècle. Les tenants de cette conception nous ont fait perdre justement déjà cinquante ans. Cette erreur de jugement, cette envie d’aller trop vite, je dirai même cette convoitise d’être en avance sur le temps, est un contre-temps qui est devenu un non-sens. Cela a été une sottise que les peuples n’approuvent pas. Ni hier, ni aujourd’hui. Pour créer une telle Nation, il faut du temps pour amener les esprits à en comprendre la nécessité. Quand on voit les difficultés des Français à comprendre les Italiens ou les Britanniques, on saisit la valeur du temps, à condition, bien évidemment qu’on l’emploie à harmoniser un certain nombre de lois et à éviter que des Commissions, comme celle de Bruxelles, agissent de manière totalitaire et que les gouvernants, notamment les nôtres, imposent leur courte vue.
Les législations particulières à chaque État doivent être amendées, rapprochées : les législations sociales et fiscales, l’immigration légale, le droit de grève, la coopération judiciaire et policière, etc…Est-il acceptable que l’Europe ait un ministre des Affaires étrangères et que, par là-même, chaque État soit étranger à ses propres affaires. En physique, on appelle cela le mouvement brownien. Les gaullistes ne sont pas antieuropéens, mais ils savent raison garder et ils connaissent l’histoire. La France a mis quelques siècles à devenir un État et sa population de différentes origines à devenir un peuple, puis des citoyens. Ce n’est pas le cas d’un certain nombre de pays d’Europe. Passer en force est le meilleur moyen de tout remettre en cause et de détruire définitivement la conception politique de l’Europe, avec des risques évidents de mouvements de révolte.
Nous ne pouvons approuver les conceptions totalitaires qui considèrent que l’arbitraire est la règle et le citoyen aux ordres. La liberté ne va pas sans la démocratie. Notre peuple a montré au cours des siècles sa fierté et qu’il savait refuser la soumission, la Résistance et la France libre en témoignent. La gauche et la droite sous des formes différentes ont eu cette conception, d’autant plus que des technocrates font la loi au Parlement, rédigent les décrets d’application dans la fonction publique, dénaturent ainsi toute initiative politiquement démocratique. Nous n’approuvons pas le quinquennat et nous estimons que rien n’empêche de revenir au septennat ; que le Président de la République doit avoir recours sur des points essentiels, à définir dans la Constitution, au référendum et que, s’il est désavoué, il doit démissionner mais peut se représenter. Il faut réformer plusieurs aspects, éviter le risque d’un régime présidentiel, prémices de l’absolutisme proposer un parlement encadré dans ses attributions mais libre dans ses discussions et ses décisions ; prévoir une diminution visible du nombre des élus et envisager, peut-être, une proportionnelle ne dépassant pas 5 à 10% de l’effectif total ; combattre le communautarisme qui est dans les esprits de la droite comme de la gauche ; etc…Voilà, Chers Amis et Compagnons, ce que je me devais de vous dire aujourd’hui, il est temps maintenant de nous organiser et de travailler. Je vous propose donc d’ouvrir la discussion…
À tous mes Compagnons !
© 01.09.2023