Wauquiez 213 - Académie du Gaullisme

ACADÉMIE DU GAULLISME
Président Fondateur
Jacques DAUER

Actualités Politiques et Économiques Actualité à la Une

Aller au contenu

Wauquiez 213

..
..

Par Laurent Wauquiez
« Il faut un big bang fiscal »
  
Il faut engager un vrai plan de réduction de la dépense publique qui s'accompagne d'un big bang fiscal et tout remettre à plat. Il faut supprimer des taxes, baisser les impôts, réduire le nombre de tranches. Aujourd'hui, notre système fiscal est à bout de souffle. Il n'est ni juste, ni efficace.
L'exécutif reproche à l'opposition de ne pas condamner clairement la violence des « gilets jaunes ». Que lui répondez-vous ?
Contrairement aux extrémistes, les Républicains ont toujours été clairs sur la priorité au maintien de l'ordre et sur la condamnation des violences. Mais je suis inquiet car j'ai le sentiment aujourd'hui que le gouvernement ne parvient pas à maîtriser la situation. Qu'on puisse avoir autant de désordre dans le coeur de Paris avec 3.500 personnes dans un rassemblement, ce n'est pas normal. Les Français n'attendent pas du gouvernement qu'il recherche des boucs émissaires, mais qu'il maintienne l'ordre.
Comment mettre fin à cette crise ?
En revenant à son origine, à savoir le ras-le-bol fiscal de personnes qui travaillent et qui n'arrivent pas à vivre de leur travail. Ceux-là, je les ai soutenus dès le début et je les soutiendrai toujours, mais je ne soutiendrai jamais la violence. J'attire l'attention depuis des années sur le risque de décrochage des classes moyennes, le risque de division du pays. La crise actuelle révèle les profondes erreurs d'Emmanuel Macron, qui est impopulaire non pas parce qu'il a réformé, mais parce qu'il a augmenté les impôts.
Et je suis consterné par ce que le gouvernement a mis sur la table. Ce sont les recettes de l'ancien monde, comme si le pouvoir d'achat pouvait se décréter à coups de primes gouvernementales et de déficit public. Les Français ne sont pas sots, ils ont compris que ce plan n'était pas financé et donc qu'il n'était pas durable. Ce qui crée le pouvoir d'achat, c'est la croissance, les entreprises, le travail. Il faut une approche politique responsable, un changement complet de logiciel.
Que proposez-vous ?
Il faut engager un vrai plan de réduction de la dépense publique qui s'accompagne d'un big bang fiscal. Il faut tout remettre à plat. Il existe aujourd'hui 350 impôts et taxes, des niches fiscales partout, le système est illisible et imprévisible. Il faut supprimer des taxes, baisser les impôts, réduire le nombre de tranches. L'objectif doit être qu'une personne comme une entreprise ne se sente pas perdante quand elle gagne plus.
Jusqu'à mettre en place une « flat tax », un impôt sur le revenu à taux unique ?
Cela fait partie des sujets qui doivent être mis sur la table, en effet. Sans tabou. Parce qu'aujourd'hui, notre système fiscal est à bout de souffle. Il n'est ni juste, ni efficace. Le prélèvement à la source, vendu comme la réforme du siècle, est l'incarnation typique des erreurs complètes de logiciel. La question n'est pas comment collecter les impôts, mais comment les baisser.
Emmanuel Macron a aussi mis en avant la compétitivité et la valorisation du travail depuis son arrivée...
Que 2017 est loin, le temps où on espérait qu'il mènerait une politique pro-entreprises. Aujourd'hui, c'est le concours Lépine des nouvelles taxes : taxation des contrats courts, nouvelle tranche d'impôt... La politique économique d'Emmanuel Macron est un échec : pire déficit de la zone euro, seul pays à ne pas se désendetter, une des plus faibles croissances, des prélèvements record. La France danse sur un volcan.
Je mets en garde : si on ne change pas profondément de direction, l'économie française va dans le mur. La croissance des deux dernières années aurait dû être mise à profit pour s'attaquer aux dépenses publiques et redresser la compétitivité. Je vois monter le risque d'un quinquennat pour rien. C'est pour cela que je redis que les Républicains sont prêts à soutenir toutes les réformes qui iront dans le bon sens.
L'exécutif dit justement vouloir aller « plus loin » sur les réformes. Pourquoi ne pas le croire ?
Une politique doit être jugée sur les faits plutôt que sur des discours. Au bout de deux ans, les problèmes n'ont pas été réglés sur la dépense publique, les déficits ou la compétitivité du pays. J'espère qu'on va enfin rentrer dans des vraies réformes, utiles. Mais regardez la manière dont s'ouvre le débat sur les retraites  ! Alors que le pays est en situation d'urgence, on nous dit que la réforme ne produira ses pleins effets qu'en 2040 et qu'elle ne produira aucune économie. Est-ce bien raisonnable ?
Vous voulez réduire la dépense publique mais beaucoup de « gilets jaunes » se disent abandonnés par l'Etat...
Il faut arrêter de penser que moins de dépenses publiques signifie moins de services publics. On peut, on doit faire des économies tout en améliorant ces services publics. Je l'ai fait dans ma région en diminuant de 15 % les dépenses de fonctionnement et je peux aujourd'hui engager une baisse des taxes sur des bases solides.
Il faut ouvrir trois chantiers. Les Républicains ont mis sur la table un plan d'économies de 20 milliards d'euros par an, via l'augmentation du temps de travail des fonctionnaires, une allocation sociale unique, l'alignement des régimes de retraite et la chasse aux doublons Etat-collectivités.
Il faut aussi garantir une vraie différence entre le travail et l'assistanat. Rien n'a changé et de plus en plus d'employeurs peinent à recruter. Il faut enfin rouvrir le chantier des normes, non pas en demandant à l'administration de s'en charger, mais en partant des demandes des entrepreneurs.
Faut-il rétablir l'ISF ?
Répondre à un ras-le-bol fiscal en augmentant les impôts de tel ou tel, ça n'a aucun sens ! Il faut les diminuer, un point c'est tout. Le débat sur la taxe d'habitation est ubuesque. On qualifie de riche des personnes gagnant 2.500 euros par mois, et, à ce titre, elles devraient continuer de payer la taxe ? Mais si on supprime cet impôt, on le supprime pour tout le monde. Le vrai problème, c'est que comme le gouvernement n'a fait aucune économie, il est obligé de reprendre d'une main ce qu'il a fait semblant de donner de l'autre.
En quoi vos propositions garantiraient-elles l'arrêt des mobilisations ?
Ce que je constate, c'est que le gouvernement pratique la vieille politique consistant à faire tourner le moulinet à dépenses en lâchant des milliards du jour au lendemain. C'est la pire des solutions. Les Français comprennent bien que ce n'est pas durable.
Allez-vous mettre ces propositions dans le cadre du grand débat national ?
Les Républicains apporteront leur contribution au grand débat. Mais si ce débat veut être utile, il doit être ouvert. Le gouvernement ne peut pas le commencer en verrouillant les thèmes. Il ne peut pas avoir les réponses au débat avant même de l'ouvrir !
Tout doit être sur la table ? Y compris la peine de mort et le mariage pour tous ?
Il ne serait pas normal que les questions d'immigration, d'intégrisme et de communautarisme soient exclues du débat. Ces thèmes doivent pouvoir être abordés. Quand on ouvre un débat, on doit laisser la parole aux Français.
Faut-il instaurer le référendum d'initiative citoyenne ?
Ma famille est celle du général de Gaulle, qui a toujours cru dans le référendum et a eu la droiture, quand il a été désavoué, d'en tirer les conséquences. Nicolas Sarkozy avait ouvert plus largement le recours au référendum. Contrairement à ce qui est parfois dit, les Français, quand ils sont consultés, répondent à la question. Ils ont soutenu le traité de Maastricht. Mais quand ils ont considéré que l'Europe allait dans le mur, ils ont dit « non »
Mais la condition, c'est qu'on ait le courage de leur poser des vraies questions. Si Emmanuel Macron se contente d'un référendum sur des questions institutionnelles à l'issue du grand débat national, comme si c'était la première priorité du pays, il passera à côté du sujet.
Pour les « gilets jaunes », l'idée est que la question vienne de la base...
La Suisse est un exemple intéressant. Elle a des règles qui permettent d'encadrer les consultations. Et il y a dans ce pays une vraie maturité du débat public. Les Suisses ont par exemple voté contre une nouvelle semaine de congés payés. Pour peu qu'il soit accompagné d'un vrai débat public, un référendum peut avoir du sens.
Juppé n'est plus membre de LR, Mariani s'en va au RN, tous deux en critiquant votre ligne. Les sondages sont mauvais. Qu'est-ce qui ne fonctionne pas et cela vous conduit-il à changer de stratégie ?
Pas d'hypocrisie, la dernière adhésion d'Alain Juppé date de 2016, bien avant mon élection ! Mais je veux être très clair. J'ai parfaitement conscience que la droite a fait des erreurs, qu'elle n'est pas toujours allée jusqu'au bout de ce qui était attendu d'elle. J'ai parfaitement conscience que je dois restaurer petit à petit la crédibilité de la droite et sortir des ambiguïtés qui l'ont parfois pénalisée. Moi-même, j'ai fait des erreurs, j'ai parfois, par mes propos, prêté le flanc à des caricatures médiatiques et ça fait partie des choses qui doivent être corrigées. Mais ma responsabilité, c'est de créer une nouvelle droite, pas de restaurer la droite d'hier qui a déçu.
Qu'une certaine génération de dirigeants ne s'y retrouve pas, on peut le comprendre. Ce que je voudrais en revanche que tout le monde comprenne, c'est qu'il y a besoin de constance et de stabilité. Je ne vais pas changer mon cap en fonction d'un sondage ou d'un autre. Et ma conviction, c'est que la droite doit avoir un ADN économique très clair : la baisse des impôts et donc la baisse de la dépense publique.
Condamnez-vous la décision de Thierry Mariani ?
Ce qui est sûr, c'est que je ne la partage pas. J'ai toujours été sans la moindre ambiguïté sur le sujet : tant que je m'occuperai de notre famille politique, il n'y aura pas d'alliance avec Marine Le Pen. Leur horizon est la sortie de l'Europe et l'abandon de l'euro. Ce serait le chaos économique. Que Thierry Mariani, qui n'avait plus de mandat depuis son échec aux législatives, était isolé sur ses positions, soit allé chercher une place sur une liste aux européennes, ça le regarde.
François-Xavier Bellamy sera-t-il la tête de liste LR aux européennes ?
La tête de liste sera connue rapidement. Et, ensuite, nous mènerons cette campagne avec un discours très clair : nous croyons à l'Europe mais nous sommes convaincus que pour la sauver, il faut la changer. Notre liste sera la seule qui dira « oui » à l'Europe, mais « non » aux erreurs commises par Emmanuel Macron.
En cas d'échec, envisagez-vous de remettre votre poste en jeu, avec la « droiture » du général de Gaulle que vous avez louée ?
Vous pensez sérieusement que je vais à une élection en présageant un échec ? Et je vous rassure, je n'ai pas la prétention de me prendre pour le général de Gaulle (sourire).
© 12.01.2019
Created with WebSite X5
Académie du Gaullisme
Site officiel
Nous contacter @
Retourner au contenu