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par Marc DUGOIS
Quelle est l’origine de l’énergie ?
Les
Hébreux nous ont appris que tout est dans yod,
la dixième lettre de leur alphabet qui n’est qu’un point dans lequel tout se
trouve. Mais l’homme est incapable de se repérer dans un point où tout se
trouve. Comment trouver son mouvement, son sens et son rythme à l’intérieur
d’un seul point d’une densité infinie ? Pour se piloter lui-même l’homme a eu
besoin avant tout et partout, de différencier ce qui est réversible de ce qui
ne l’est pas, ce qui est réparable de ce qui ne l’est pas, ce qui est
transformable de ce qui ne l’est plus. Il a inventé pour ce faire deux
définitions, celles du temps et de l’espace.
Le temps est par définition le décor
du retour impossible (nous ne pourrons jamais retourner à hier) et l’espace est
par définition le décor du retour possible (nous pourrons toujours retourner à
l’endroit dont nous venons). Le temps et l’espace sont sans origine et sans fin
puisque ce ne sont que deux décors que l’homme a créé pour être capable
d’appréhender ou simplement d’approcher les différentes formes de l’énergie qui
est en mutation perpétuelle et universelle.
Tout est énergie, le minéral, le
végétal, l’animal, l’humain, la pensée et les objets. L’énergie ne se consomme pas, elle ne fait que
se dégrader et se restaurer à partir d’une origine inconnue.
Nous
croyons consommer de l’essence en roulant en voiture alors que nous ne sommes
qu’un maillon de la dégradation de l’énergie fossile du pétrole que l’on nous a
déjà dégradé en essence et que nous dégradons à notre tour, en énergie
cinétique pour bouger, en énergie lumineuse pour éclairer la route et en
énergie calorifique ou frigorifique pour nous sentir bien.
La route
et la voiture ont été mises à notre disposition par une dégradation de
l’énergie monétaire, elle-même dégradation par divers biais de l’énergie
humaine.
Mais
qu’est-ce que l’énergie ?
Des
forces hallucinantes existent dans l’univers. Les Grecs les classaient dans la dynamique
quand elles n’étaient qu’en puissance et dans l’énergie quand elles étaient en
action.
Nos
physiciens regroupent les deux sous le vocable énergie. Le premier principe de
la thermodynamique qui énonce que l’énergie se conserve, énonce en fait que c’est
la somme des forces en puissance et en action qui est éternellement la même.
Lorsque
ces forces mutent sous une nouvelle forme, elles entrent en action visible, ce
qui ne veut pas dire qu’elles n’agissaient pas quand elles ne mutaient pas. Un
nuage, un morceau de bois, un caillou ou une vache n’existent que parce que des
atomes sont maintenus ensemble par des forces potentielles extrêmement fortes.
De tout temps l’homme a essayé de
maîtriser ces forces en domestiquant leur action. Il s’est aperçu qu’en
désorganisant un morceau de bois par le feu il pouvait en faire de la chaleur,
qu’en enlevant sa liberté à la vache il pouvait tirer une charrue et même
récemment qu’en désorganisant certains cailloux, il savait en faire une bombe
atomique ou une centrale nucléaire.
C’est le second principe de la thermodynamique
exprimé par Sadi Carnot au début du XIXe siècle qui
énonce que c’est en désorganisant une force potentielle qu’on l’active.
Quelques décennies plus tard
Rudolf Clausius a appelé ce phénomène de dégradation, l’entropie, du mot grec entropia (ἐντροπία) qui
veut dire changement en soi-même.
La vie est la gestion de l’énergie
sous toutes ses formes dans l’espace et dans le temps. Les latinistes nous
disent avec vita in motu que
la vie est dans le mouvement, mélange du temps et de l’espace.
La musique nous rappelle qu’elle
est aussi dans le rythme qui combine l’énergie et le temps. Elle est enfin dans
la source qui allie l’espace et l’énergie et que certains appellent l’amont, le
sens, le vecteur ou même le principe car tout en découle.
Mais malheureusement l’homme
occidental a estropié l’entropie en la limitant, dans sa définition même,
à la dégradation utile de l’énergie par sa désorganisation. Il a mis sous le
tapis la restauration de l’énergie à laquelle nous ne comprenons pas
grand-chose si ce n’est que c’est très long et que nous ne l’avons jamais
vraiment étudiée.
Nous ne savons pas transformer de
la chaleur en morceau de bois et nous aimerions savoir transformer des déchets
nucléaires en simples cailloux et du plastique en pétrole.
Nous nous contentons d’appeler
miracle la restauration de l’énergie en la décrétant même impossible. L’homme
ne sait non seulement pas restaurer l’énergie mais il renonce même actuellement
en Occident à en étudier l’origine que ses ancêtres appelaient Dieu au
singulier ou les dieux au pluriel suivant les civilisations. Dieu vient de dies, la lumière, dies étant le génitif de Zeus, origine omnipotente de
l’énergie que l’homme ne peut comprendre.
Ayant perdu l’humilité, nous
avons du mal à reconnaître que le temps et l’espace n’ont pas d’extrémités,
qu’ils n’ont ni début ni fin puisque ce ne sont que des décors même s’ils nous
sont indispensables et que nous les déplaçons avec nous.
Nous avons encore plus de mal à
faire le simple constat que l’énergie a en revanche forcément une origine que
l’homme, en se voulant compétent en tout, feint aujourd’hui de dédaigner comme
s’il était lui-même un dieu. Que la théorie du Big Bang soit vraie ou fausse
n’a pourtant aucune importance et aucun intérêt si nous ne savons pas d’où
venait l’énergie qui aurait permis ce Bang.
Nous allons pâtir de plus en
plus du fossé qui s’élargit entre notre capacité croissante à transformer
l’énergie en la dégradant pour nous en servir, et notre incapacité permanente à
la restaurer tout en en dédaignant l’origine.
L’économie et l’écologie abordent chacune isolément deux aspects contradictoires
du même problème. L’écosophie, la sagesse de la maison, tente sans être
entendue de les réconcilier. Que nous dit-elle ?
Pour ne
plus en souffrir il faut remettre à sa place le double décor non miscible de
l’espace-temps et aborder le problème de l’énergie dans son ensemble.
Il faut
retrouver le bon sens du temps que l’on ne remonte pas. Ne nous servons pas de
ce que le déplacement d’une horloge atomique la fait retarder parce qu’une
sinusoïde est plus longue qu’un aller-retour direct pour faire croire que
l’homme pourrait remonter ou freiner le temps.
Certains en arrivent à croire au non-sens de
deux jumeaux qui vieilliraient différemment si l’un d’eux est véhiculé par une
fusée avec le paradoxe de ne pas savoir lequel puisque la vitesse de l’un
n’existe que si l’autre est réputé fixe. Le paradoxe des jumeaux a été
parfaitement démonté par Paul Painlevé dès 1922 mais la pensée d’Einstein
semble divinisée.
Il faut
aussi retrouver le bon sens de l’espace, privilégier à nouveau ce qui est à
notre dimension. L’exploration de l’infiniment grand, des conquêtes planétaires
à l’astrophysique, ajoutée à celle de l’infiniment petit des nanoparticules ou
des ultrafines, ne nous autorise pas à nier l’évidence concrète de ce qui est accessible
à nos sens : les races, les nations et les langues qui sont de l’énergie à
respecter dans leur diversité.
Le bon
sens doit aussi nous obliger à intégrer que le voyage qui n’existe que dans
l’espace est aussi très coûteux en dégradation d’énergie. Les croisières en
immeubles flottants, les cargos de plus en plus imposants, les embouteillages
aériens, maritimes et terrestres dégradent une énergie qui ne se reconstitue
pas.
Il faut
enfin et surtout réagir devant les multiples ruses que nous utilisons pour ne
pas affronter notre faible connaissance de l’énergie en utilisant celle des
autres par une réactivation de l’esclavage sous toutes les formes imaginables.
Nous
avons réinventé l’esclavage dans l’espace par le prétendu libre échange qui
permet par exemple aux Allemands d’asservir les Français en leur prenant leur
énergie monétaire et aux Français d’asservir les Chinois, les Bengalis ou les
Éthiopiens, en leur prenant leur énergie physique.
Nous
avons inventé l’esclavage dans le temps en laissant les banques créer de l’apparence
d’énergie monétaire que nos successeurs devront rendre avec intérêt.
Nous
avons réinventé l’esclavage ici et maintenant par l’immigration à qui notre
côté bobo paresseux, hommes et femmes confondus, sous-traite à bas coûts aussi
bien la production que les services et le renouvellement de la population.
Nous avons inventé l’esclavage le
plus vicieux qui soit en oubliant ce que Jean Bodin nous expliquait déjà en
1576 dans Les Six Livres de la République,
à savoir que la République s’exprime par la monarchie, par l’aristocratie ou
par la démocratie. En décidant arbitrairement et stupidement de limiter la
république à la démocratie nous avons inventé un esclavage insidieux où la
majorité de la population se compose d’inactifs, de faux actifs dans de prétendus
services et de prêtres du système, politiques et médiatiques.
Cette majorité a accaparé le
pouvoir et vit très agréablement aux dépens d’une minorité d’actifs que l’on
étrangle avec persévérance pour acheter les votes de la majorité.
L’augmentation incessante des
taxes, des prix et de la fraude montre la guerre tripartite « à
outrance » que se mènent l’État, les entreprises et les citoyens, chaque
belligérant cherchant à mourir le dernier.
Les
peuples occidentaux commencent à réagir à l’absurdité de leurs prétendues
élites par les populismes qui se cherchent.
Mais les
dites élites travaillent inlassablement à les faire avancer vers un non avenir
pour préserver leur propre très agréable présent. Ils réussissent déjà à
stériliser une partie dynamique de la jeunesse en l’embrigadant dans les
culs-de-sac affectifs, chronophages et énergivores que sont les multiples
luttes apparentes et inefficaces contre le réchauffement climatique, le
sexisme, le racisme, l’alcool, la vitesse, le tabac, l’homophobie, l’antisémitisme,
etc, etc, etc….
Cette
jeunesse trouvera-t-elle en elle la force de s’intéresser à la vie passionnante
de l’énergie sans gaspiller la sienne propre ?
© 08.03.2019