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Par Christine Alfarge
Dîner-débat du 18 février 2019
Présidé par Monsieur Julien AUBERT
« OSER LA FRANCE »
« On ne sait plus ce qui nous unit »
« Et comme rien de grand ne se fait sans la passion, et bien, pour réaliser la grandeur à laquelle le devoir nous a voués, oui, c’est vrai, il nous faut la passion de la France », disait le Général de Gaulle le 18 juin 1942.
« Alors que la mondialisation a provoqué encore plus de divisions, la France doit maîtriser ses décisions. » nous dit Julien Aubert. Il fait partie de cette nouvelle génération d’hommes politiques qui portent en eux la passion de la France inspirée par des hommes comme Philippe Séguin ou Charles Pasqua touchés par l’esprit de résistance de celui qui combattra toute sa vie, incarnant la figure tutélaire de la droite dans l’honneur et le respect, le dernier héros de notre histoire, Charles de Gaulle.
Mais en réalité qu’en est-il de cette droite républicaine ?
Avec une droite qui a tourné le dos au Général, le gaullisme semble s’effacer dans les mémoires. Bien qu’il incarne notre histoire commune, c’est un héritage lourd à porter. Selon Julien Aubert : « la droite a changé, je pensais qu’elle allait se réveiller saisissant que nous étions en train de perdre les classes populaires. Dans un parti qui se revendique gaulliste, on ne peut pas se revendiquer gaulliste. Pourquoi avons-nous renié nos racines historiques, la droite incarnait un projet gaulliste ».
C’est dans ces circonstances que Julien Aubert veut peser dans le débat public, en créant « Oser la France » le 22 novembre 2017 dont treize parlementaires parmi ses membres. Il s’exprime :« Le gaullisme n’est pas le souverainisme, terme que je récuse car il introduit dans l’esprit des gens une forme de repli. Je suis gaulliste, et ça ne se résume pas forcément à la défense de l’Etat-nation. » Ses atouts ? « Contrairement aux autres, cela fait vingt ans que j’ai la même position, je l’ai prouvé en votant non à tous les traités favorables à des transferts de souveraineté. » Il ajoute : « L’esprit de compagnonnage parle encore à certains, mais les autres ? ».
A travers le Général de Gaulle, c’est un capital historique unique et incomparable auquel les hommes politiques qui se sont succédés après lui ne cesseront de se référer comme toute la classe politique aujourd’hui, encore faut-il se souvenir du sens de l’histoire politique à partir de la deuxième Guerre mondiale jusqu’à la Vème République.
Que s’est-il produit ?
Au regard de l’histoire, la dépendance du pouvoir exécutif s’est manifestée dès la mise en place en 1944 de l’Assemblée consultative provisoire, puis de celle de l’Assemblée nationale constituante en novembre 1945, lesquelles permirent la reconstitution des partis politiques. Bien que renouvelé par cette dernière comme chef du gouvernement provisoire de la République, le Général de Gaulle se heurte à des manœuvres d’opposition et donne sa démission le 16 janvier 1946 refusant « le régime exclusif des partis ».
La Constitution.
A travers ce grand projet du Général de Gaulle mûri de longue date, il s’agissait de remédier à l’entière dépendance du pouvoir exécutif par rapport au législatif.
« En mai 1946, alors qu’il a quitté le pouvoir, un premier projet de Constitution d’une IVème République, proposé par voie de référendum est rejeté. La même année, le 16 juin, dans un discours prononcé à Bayeux, le Général définit quelles seraient, selon lui, les grandes lignes d’une Constitution adaptée à son temps : suprématie du chef de l’Etat au-dessus des partis et garant de l’indépendance nationale. »
Il appellera les électeurs à refuser le second projet de Constitution voté malgré tout en octobre 1946, donnant naissance à la IVème République mais il n’en démord pas, pour lui les institutions sont mal bâties.
Le 27 avril 1947, création du rassemblement du peuple français, le RPF.
Il fallait réformer les institutions face aux turbulences de la IVème République, le Général de Gaulle avait prévu que de grandes crises étaient à venir, les faits lui donneront raison en mai 1958 avec son possible retour à une condition pour lui que la capacité lui soit donnée par le Parlement de présenter aux Français le projet de nouvelles institutions de la République. La nouvelle Constitution sera adoptée le 28 septembre suivant à plus de 79%. Le Général de Gaulle élargira notamment aux maires et conseillers municipaux, en fonction de l’importance des communes, le collège électoral qui désignerait le chef de l’Etat. Très important pour la suite, le président ne dépendait plus des parlementaires, son élection le 21 décembre 1958 en témoigne et dans la foulée, le Général de Gaulle annoncera son projet d’élection au suffrage universel direct du chef de l’Etat.
Les institutions ont fonctionné normalement pendant plus de quarante ans puis elles ont été détournées de leur objectif principal, c’est-à-dire la séparation des pouvoirs exécutif et législatif. L’exécutif ne devait pas relever du parlement mais du peuple. Cependant l’esprit de la Constitution sera profondément altéré par le quinquennat réduisant le mandat du chef de l’Etat pour mener à bien la politique qu’il s’est fixée.
A partir de ce changement, la référence au gaullisme est abandonnée à droite, selon Julien Aubert : « Il faut remonter à sa source, la victoire de Jacques Chirac. Il a gagné le combat contre Séguin et Pasqua. La grande erreur reste l’UMP. La conséquence, c’est que le débat s’est ensuite refermé, les voix dissidentes ont lentement été éliminées. Tout cela pour mener une politique immobile qui a découragé une partie de la droite. On a voulu nier les sensibilités au profit d’un projet qui devait nous dépasser. Cela n’a pas marché. »
Aujourd’hui, il s’agit de se demander si le courant gaulliste existe encore au sein des Républicains, bon nombre y voit sa disparition depuis la fin du RPR et la création de l’UMP. Mais il n’y a pas de fatalité, restons résolument optimistes sur la fidélité à la pensée gaulliste mais qui pourrait désormais l’incarner à droite.
La seule question qui vaille est celle de l’homme.
Selon Julien Aubert, « la place de l’homme est posée ». La classe politique dans son ensemble s’est éloignée du peuple français, sans analyser en profondeur la défiance des citoyens face aux pouvoirs qui se sont succédés, par manque de lucidité autant que par manque de courage. Le système politique est à bout de souffle, le peuple l’a compris et a décidé de prendre son destin en main en tirant la sonnette d’alarme avec un courage magnifique, plein d’espoir.
Le Général de Gaulle s’exprimait ainsi en mai 1943 : « A l’heure du désastre, si j’ai pu relever la nation, c’est grâce au tronçon d’un glaive et à la pensée, je dis bien la pensée française. »
Inspirons-nous alors avec la plus grande reconnaissance de ce grand témoin de l’épopée gaullienne, Pierre Lefranc, toujours aux avant-postes des moments cruciaux de la résistance à la naissance de la Vème République qui s’exprimait ainsi : « De Gaulle a donné cet exemple du désintéressement et de l’honnêteté en politique. Ce sont les plus précieuses vertus pour prétendre guider les autres. Cette rigueur, il l’a observée dans sa vie privée comme dans sa vie publique, vis-à-vis de lui-même, de sa famille, de ses gouvernements, de ses collaborateurs. Il veillait notamment sur l’honneur et le respect de l’Etat. »
Dans l’honneur et le respect, ne cessons pas d’être unis pour le bien de notre pays.
© 08.03.2019