Les propositions que nous propose Pierre Chastanier dans son dernier ouvrage, Le Renouveau gaulliste, méritent d’ ê tre soumises à la réflexion et à l’analyse de tous les lecteurs de La lettre du 18 Juin. Nombreux sont ceux qui se retrouveront dans ces écrits et partageront le même souhait de voir renaître une « certaine idée de la France » . N’hésitez pas à faire part d e vos remarques à l’auteur. (L a publication s’étendra sur plusieurs numéros.)
8. - La Participation dans l’entreprise
Lorsque le Gouvernement, habilité par le nouveau
Parlement à légiférer par ordonnances sur la révision du
code du Travail, a débattu superficiellement avec les
syndicats en espérant que les « colères » ne se
manifesteraient pas trop dans la rue, cette vieille question
de la Participation dans l’entreprise a-t-elle refait
surface ?
Evidemment non !
L’évolution actuelle de la société vers un ultra capitalisme
mondialisé fait apparaître la vieille idée du Général
comme une « généreuse utopie » et malgré la faillite du
communisme et son seul maintien là où il s’est transformé
en dictature coercitive, elle ne représentera sans doute
plus demain un modèle enviable propre à maintenir la
cohésion sociale.
Relevons pourtant que la participation, idée que sous le
nom d’Association il chérissait depuis trente ans, a tenu
une grande place dans ses projets.
« Car c’est une révolution, la plus grande de son histoire,
que la France, trahie par ses élites dirigeantes et par ses
privilégiés, a commencé à accomplir » (discours prononcé
le 1er avril 1942).
Le préambule de l’ordonnance de 1945 créant les comités
d’entreprises confirmait « la nécessité d’associer les
travailleurs à la gestion des entreprises … pour que le
travail y ait les mêmes droits que le capital ».
Et, dans l’esprit du Général qui fit pression sur le
Gouvernement pour que soit promulguée l’ordonnance
du 17 août 1967, la participation était loin de n’être qu’un
simple partage du profit entre patrons et salariés.
C’était
aussi une gestion participative de l’entreprise, une
association aux responsabilités et au management.
Pour de Gaulle, le système social « qui relègue le
travailleur - fût-il convenablement rémunéré - au rang
d’instrument et d’engrenage est en contradiction avec la
nature de notre espèce voire avec l’esprit d’une saine
productivité ».
Il est convaincu qu’entre le régime communiste et le
capitalisme libéral « tout commande à notre civilisation de
construire un nouveau modèle qui règle les rapports
humains de telle sorte que chacun, pour sa part, soit
responsable de l’œuvre collective dont dépend son propre
destin ».
Mais, ni le projet de « nouvelle société » qui écarta
pourtant Chaban-Delmas en 1974, ni le libéralisme avancé
prôné en 1984 par l’ex-président Giscard d’Estaing,
n’eurent, par la suite, l’ampleur du vaste dessein de la
participation gaulliste et les arguments « contre » étaient
clairement affichés :
« Il ne faut pas politiser les ateliers ! »
« On introduirait inévitablement les Syndicats dans le
débat ! »
«L’autorité de la hiérarchie sera sapée ! »
On mesure l’ampleur du renoncement qui aujourd’hui
encore, selon les nouvelles Ordonnances, présume mal
des débats à venir tous tournés vers la flexisécurité :
- ne remettant pas en cause l’inévitable mondialisation
qui désindustrialise la France ;
- constatant qu’une plus grande faculté de licenciement
reste le moyen le plus aisé sinon le plus juste de s’adapter
aux variations des carnets de commande ;
- ne protégeant pas les salariés français d’une concurrence
faussée socialement, fiscalement, réglementairement,
environnementalement aussi bien à l’intérieur de
l’Union (travailleurs détachés) qu’avec les pays
émergents.
Et aussi invraisemblable que cela puisse paraître c’est
plutôt du côté de la « France insoumise » de Jean-Luc
Mélenchon malgré ses ineffables débordements qu’on
pourrait trouver des prises de position apparemment plus
proches de celle de la doctrine sociale de l’Église ou de la
pensée Gaulliste ! Un comble !
Il faut donc que nous autres, Gaullistes, nous nous
remettions à notre tour « En Route » !
9. - de Gaulle cryptocommuniste ou visionnaire ?
Nous venons de rappeler qu’après sa démission le
20 janvier 1946 du Gouvernement provisoire de la
République Française, de Gaulle, dans d’innombrables
discours, s’était fait le « champion de l’association »
donnant à l’Action ouvrière une place significative au sein
du RPF.
« La solution humaine, française, …(c’est celle) de ceux qui
mettrait en commun, à l’intérieur d’une même entreprise,
soit leur travail, soit leur technique, soit leurs biens et qui
en partageraient, en honnêtes actionnaires, les bénéfices
et les risques » disait-il en 1947 à Strasbourg.
En 1949 il condamne « l’humiliante condition dans
laquelle une organisation économique périmée tient la
plupart des travailleurs ».
Il résume ainsi l’avènement de l’ultra capitalisme : « Un
jour la machine a paru, le capital l’a épousée, le couple a
pris possession du monde…dès lors beaucoup d’hommes
et de femmes, surtout les ouvriers, sont tombés sous sa
dépendance ».
Certes, à l’influence du catholicisme social de sa jeunesse,
à la fréquentation des résistants de gauche qui l’avaient
rejoint à Londres, au profond sentiment de justice qui
l’habitait, s’ajoutaient sans doute quelques considérations
plus politiciennes telles que battre le PC, si influent à
l’époque, sur son propre terrain et se distinguer de la
droite conservatrice.
Mais, « et tout est là », c’est surtout la nécessité de
rassembler durablement les Français pour donner au Pays
la cohésion qui lui manquait pour tenir son rang dans le
monde qui inspira si profondément le Général.
Jusqu’en 1953, au sein du RPF, l’Action ouvrière sous
l’autorité de Louis Vallon allait fédérer un effectif de plus
de 140.000 adhérents, venus du syndicalisme chrétien, de
la SFIO, des gaullistes de Gauche et même du PC. Mais les
oppositions ne manquèrent pas dès que le projet prît
quelque consistance.
Celle de Raymond Aron affirmant, péremptoire, que « la
participation aux profits risquait tout à la fois de réduire
les investissements et de décevoir les bénéficiaires ».
Celle plus sournoise d’une large majorité de
parlementaires gaullistes, l’ironie des socialistes et des
communistes, l’incompréhension des syndicats, et bien
sûr l’influence déterminante d’un patronat frileux qui
voulait surtout que rien ne change.
Mais dès son retour au pouvoir en 1958, le Général
relança l’idée d’une réforme du statut des salariés et
Louis Vallon et René Capitant, à la tête des « Gaullistes de
gauche » reprirent le thème de la libération de la classe
ouvrière, dénonçant les ultras du conservatisme social et
du conservatisme colonial. Dès lors, l’affrontement allait
être inévitable !
En 1965, le patronat, dans une « Déclaration en 14
points » rappela que le progrès économique et social ne
pouvait reposer que sur une doctrine libérale
intransigeante, liberté des prix, libre concurrence, non
intervention de l’État.
Les actionnaires en particulier,
comprirent vite que tout partage de l’autofinancement
qui avait été particulièrement important dans les années
d’après-guerre, allait les priver d’une bonne partie de la
valeur acquise spontanément par leur capital en raison de
l’effervescence économique due à la reconstruction de la
France.
Après les élections législatives, le nouveau gouvernement
dirigé par Georges Pompidou et son prédécesseur, Michel
Debré, devenu Ministre des finances, se proposa de
« dissuader le Général de cette mascarade… (Afin de) … le
protéger contre certaines de ses propres idées
particulièrement hasardeuses » !
Faut-il rappeler, en raison de l’actualité, que Georges
Pompidou, fortement imprégné par ses années passées à
la Banque Rothschild et puissamment « parrainé » par
Ambroise Roux, le patron des patrons de l’époque, était farouchement opposé à toute modification de la répartition
des pouvoirs au sein de l’entreprise ce qui fit dire à
certains « C’est une manœuvre concertée conduite
intelligemment mais sans scrupule moral qui a fait partir
De Gaulle de l’Élysée ».
Chaban, quelques années plus tard, avec un projet
pourtant bien plus modeste fut combattu avec autant de
détermination par les mêmes « modérés ». Il allait
découvrir à son tour que « faire une politique de gauche
avec des méthodes de droite » ne pouvait convenir à un
électorat conservateur incapable de voir autrement qu’à
court terme !
10. - La Trahison des clercs
De 69 à 81, les oppositions parfois frontales, parfois à
fleurets mouchetés entre la formation dite gaulliste (UDR,
puis RPR) et l’UDF (RI, CDS, DD) aboutirent en 1974, à la
mort du président Pompidou à l’arrivée de Valéry Giscard
d’Estaing flanqué de Jacques Chirac comme Premier
ministre, lui-même « cornaqué » par les inévitables Alain
Juillet et Marie-France Garaud.
La discorde à droite, alors que le Premier ministre qui lui
succéda, Raymond Barre, s’estimait « suffisant » pour ne
pas avoir besoin d’un parti, allait favoriser l’Union de la
Gauche (PS MRG, PC) permettant enfin à François
Mitterrand après des années de lutte contre ce qu’il
qualifiait de « coup d’État permanent » d’accéder au
pouvoir.
Les années Mitterrand, malgré les cohabitations de 86 et
de 93 entamèrent une dérive de l’économie française qui
ne fera que s’accroître au fil du temps (la dette de la
France qui dépasse aujourd’hui les 2.200 Milliards d’euros
n’était alors que de 81 milliards) !
L’unité nationale à part quelques moments de fortes
revendications, en 1984 (lutte contre la loi Savary), en
1986 (contre la loi Devaquet), en 95 (grèves générales
contre les lois Juppé) ou en 2016 (la Manif pour tous)
n’aurait plus guère l’occasion de se manifester et l’apogée
de cette division des Français malgré la brillante élection
au second tour d’Emmanuel Macron contre Marine Le
Pen se retrouvera dans l’abstention record aux législatives
séparant pour la première fois la France en blocs
irréconciliables (FN, LR d’opposition, LR constructifs,
LREM, PS Constructifs, PS d’opposition, FI, PC, divers).
Le vote massif en faveur de la majorité présidentielle ne
fut donc pas un véritable vote d’adhésion, une faible
fraction du peuple français ayant finalement choisi de
donner une majorité de gouvernement au nouveau
président, jusqu’à ce que le débat ne réapparaisse dans la
rue, à la première occasion (zadistes, cheminots,
personnels hospitaliers, étudiants…).
Une politique de la main tendue et non une politique de
débauchage aurait sans doute permis qu’il en soit
autrement. Mais la majorité présidentielle sûre d’ellemême
préfèrera s’imposer plus que rassembler, imitant
en cela son chef jupitérien.
Certes le renouvellement auquel nous avons assisté était
plus que nécessaire et la sociologie de l’Assemblée
Nationale (plus de femmes, moins de fonctionnaires) est
davantage à l’image du pays que celle qui s’autoreproduisait
depuis quarante ans mais les forces
populaires menacées par le chômage, menacées par
l’Europe, menacées par la mondialisation n’y trouvent
plus leur compte et délaissées, elles réagiront tôt ou tard
même si dans leurs rangs de vives dissensions
apparaissent (FI, PS, PC et même FN).
Rassembler le peuple français !
L’espoir du Général sera
sans doute encore déçu car le peuple ne peut pas se
résumer aux classes privilégiées mêmes flanquées de
représentants des classes moyennes.
Soit le Président Macron le comprendra et répondra aux
attentes des plus défavorisés. Soit, en digne banquier, il
restera persuadé que son choix européiste, mondialisé et
libéral est le meilleur pour la France et le réveil risquera
d’être brutal.
Un exemple : Si les promesses de campagne faites aux
Whirpool ou aux GM&S se transforment après coup en
« Je ne suis pas le Père Noël » la déception sera d’autant
plus grande dans les chaumières qu’on aura un instant
rallumé l’espoir !
Est-ce à dire qu’une solution populiste aurait fait mieux ?
Certainement pas ! Et c’est bien là le drame !
Rassembler
le peuple exige de réunir des fractions naturellement
inconciliables : des riches qui abandonnent une partie de
leur boulimie ploutocratique, des pauvres qui
comprennent que l’entreprise a ses lois et que l’apport
seul du travail, même s’il est incontournable, est
insuffisant sans les capitaux des actionnaires et les talents
des managers.
Souhaitons comme nous venons de le dire que le nouveau
président, appuyé par une forte majorité entende le
désarroi des sans-voix, ceux qui ont choisi l’abstention.
Qu’il puise dans la pensée gaulliste une inspiration
nouvelle.
- L’Europe oui, mais qui protège la Nation.
- Le libéralisme, oui mais limitant l’appétit insatiable des
puissants,
- La mondialisation, oui mais compensée par un équilibre
des échanges,
- La fiscalité, garante de la solidarité, oui mais n’oubliant
jamais le principe de progressivité,
- L’ordre oui, mais n’ignorant pas les causes qui doivent
être combattues pour que force reste à la Loi.
Soit la société française, conduite par un homme d’État
pour qui l’œuvre seule comptera et non de méprisables
avantages personnels, reprendra confiance persuadée
que tout sera fait au sein de la Nation, au sein de l’Europe,
pour trouver un nouvel équilibre de liberté, de solidarité
mais aussi de responsabilité, ne laissant personne au bord
du chemin, soit la tentative de régénération de la vie
politique par le mouvement « En Marche » sera un échec
de plus sur le chemin de l’espoir.
Au moment les plus sombres de son histoire, la France a
toujours su trouver en elle-même les forces nécessaires
au sursaut salvateur. Et toujours, un homme ou une
femme se sont levés parmi les siens pour porter cette
espérance.
Sera-ce Emmanuel Macron ? Pourquoi pas ? À lui de
montrer s’il est un homme politique au service de sa
propre carrière ou un homme d’État au service de son
peuple.
Mais le chemin risque d’être encore long car l’oligarchie,
quelle qu’elle soit, accepte mal de se dessaisir de ses
privilèges. Rappelons-nous la nuit du 4 août !
C’est la
noblesse elle-même et non le peuple qui réclame
l’abolition des droits seigneuriaux… il est malheureusement
trop tard !
Avec six millions de chômeurs dont plus de trois en
catégorie A, la France s’est progressivement adaptée à un
système d’assistanat social, d’ailleurs très efficace, il faut
bien le dire, si on le compare aux petits boulots mal
rémunérés de nos voisins anglais ou allemands mais
l’addition est trop lourde et nous la finançons
exclusivement par l’emprunt !
J’ai démontré que depuis trente-cinq ans la croissance de
la dette française (environ 2.200 milliards d’euros)
correspondait très exactement au coût cumulé de l’aide
sociale.
Autrement dit, depuis trente-cinq ans nous
finançons la paix sociale à crédit ! On a vu chez les Grecs
ce que cela pouvait entraîner comme conséquence.
C’est pourquoi j’aurais aimé entendre de la bouche du
nouveau président, lors de la convocation du Parlement
en Congrès à Versailles un discours tel que celui qui va
suivre :
NDLA : Au discours imaginaire qui va suivre j’ai ajouté quelques
commentaires :
Monsieur le Président du Congrès,
Monsieur le Président du Sénat,
Monsieur le Premier Ministre,
Mmes et MM. les Membres du Gouvernement,
Mmes et MM. les Députés,
Mmes et MM. les Sénateurs,
Conformément à l’article 18 de la Constitution, j’ai
l’honneur et la joie de me présenter devant vous après une
campagne présidentielle et législative particulièrement
longue et mouvementée.Notre pays en cette occasion s’est profondément divisé en
quatre grands blocs et si, selon les dispositions électorales
qui ont consolidé notre Vème République depuis sa
création, un large consensus national est apparu au
second tour de mon élection, si une majorité présidentielle
décisive a pu être constituée aux législatives qui suivirent
malgré une trop forte abstention, nous sommes désormais
en marche, tous ou presque réunis par ce qui nous est le
plus cher, l’amour et le service de la Patrie.
Je m’adresse tout d’abord à vous, Chers Amis de « la
République en Marche » ainsi qu’à vous tous venant de
droite, du centre et de gauche qui avez bien voulu vous
engager auprès de moi, au-delà de vos appartenances
partisanes antérieures, afin de m’apporter votre soutien.
Notre Assemblée est profondément renouvelée, plus de
femmes, moins de fonctionnaires, plus de représentants
de la société civile. Le Sénat suivra demain.
Vous voulez vous engager, vous voulez que notre Pays
connaisse enfin le sursaut salvateur qui le sortira de la
crise, vous voulez qu’au sein d’une Europe protectrice nous
luttions ensemble contre le chômage, contre le terrorisme,
et tous ces maux du monde moderne.
Alors, ensemble, nous réformerons notre Education pour
ne laisser aucun jeune au bord du chemin.
Nous modifierons les règles de fonctionnement de nos
entreprises pour leur donner les marges de manœuvre
dont elles ont besoin dans un monde concurrentiel sans
sacrifier pour autant la nécessaire sécurité à laquelle ont
droit tous les salariés.
Nous mettrons en place la vieille idée gaullienne, plus que
jamais d’actualité, de la Participation. Celle-ci concernera
toutes les entreprises de plus de vingt salariés.
Nous accentuerons une politique active de solidarité
concernant notamment la santé, les retraites, la politique
familiale, les handicapés et les personnes dépendante en
faisant appel à la règle sacrosainte de la progressivité de
l’impôt (art. 13 de la Déclaration des Droits de l’Homme et
du Citoyen) qui cessera de prendre pour seule et unique
cible l’indispensable classe moyenne (1).
Nous protègerons le Pays, sans sombrer dans l’amalgame
ou le délit de faciès, des menaces multiples d’où qu’elles
viennent et notamment du radicalisme islamique dont les
musulmans sont partout dans le monde les premières
victimes.
Nous participerons à une politique de développement
dans les pays émergents persuadés que seul un investissement
économique massif et une politique coordonnée
par l’ONU en faveur de la paix permettront de lutter
efficacement contre des vagues migratoires indomptables
chassées par la misère et par la guerre et, ne pouvant
accueillir toute la misère du monde, nous demanderons au
Parlement de déterminer chaque année le nombre
d’étrangers que notre pays peut convenablement
assimiler (2).
Nous restaurerons l’Europe qui s’est empâtée dans des
règles obsolètes, avec le secours des pays fondateurs,
quitte à restreindre momentanément l’accès à la zone
euro et à l’espace de Schengen aux pays qui le peuvent,
tout en aidant les autres à nous rejoindre progressivement
au fur et à mesure de l’avancée des politiques de
convergence sociales et fiscales qu’ils mèneront.
Nous exigerons pour nos politiques nationales le strict
respect du principe de la subsidiarité gravé dans les traités
mais constamment violé par Bruxelles et si nous devions
ne pas être écoutés nous poursuivrions avec les seuls pays
qui le veulent l’indispensable dialogue.
Sans votre aide notre mouvement aurait été voué à
l’échec et cette refondation si nécessaire doit s’inscrire
dans la durée pour que demain l’Union Nationale que vous
représentez s’amplifie encore largement si nous savons
être accueillants et modestes envers tous ceux qui
voudront nous rejoindre.
Mais je m’adresse également à vous, Mmes et MM. les
Députés qui estimez être sous-représentés au sein de cette
Assemblée et qui, pourtant, m’avez fait l’honneur de vous
déplacer : une réforme des Institutions sera immédiatement
mise en chantier qui arbitrera entre la nécessité de
donner au pays une majorité de gouvernement et celle de
représenter plus équitablement les différents partis par
une dose de proportionnelle significative, analogue par
exemple à celle qui régit nos scrutins municipaux ou
régionaux.
En attendant puisque vous avez été élus pour cinq ans je
proposerai au Gouvernement de faire voter une
modification de l’article 19 du Règlement de l’Assemblée
Nationale pour réduire à dix le nombre de députés
nécessaires pour constituer un groupe parlementaire.
Mmes et MM. les Députés, Mmes et MM. les Sénateurs, le
temps nous est compté. Les finances de la Nation sont
dans le rouge. Notre croissance est insuffisante.
Le
chômage nous ronge. Nous sommes cependant la
cinquième puissance mondiale, forte d’un peuple inventif,
productif, intelligent et frondeur.
Notre dette publique est trop forte. Les dérapages
budgétaires de l’État et de la Sécurité Sociale doivent être
définitivement maîtrisés, la retraite des fonctionnaires
progressivement abondée, les régimes spéciaux supprimés
tout en prenant en compte pour l’âge du départ à la
retraite, l’espérance de vie restante, si variable du mineur
au banquier, de l’égoutier au cadre supérieur !
Nous devons faire face, ensemble, à de nombreux défis :
Raviver la flamme d’un enseignement de qualité, dès
l’école maternelle, pour que faute de dominer les savoirs
fondamentaux personne ne sorte sans diplôme de la
scolarité obligatoire.
Redonner à l’apprentissage ses lettres de noblesse pour
qu’aucun des emplois non délocalisables ne reste vacant
faute de candidats et serve d’appel d’air aux travailleurs
détachés.
Réformer l’entrée dans les universités et les grandes
écoles par une sélection au mérite jumelée pour les plus
modestes avec un salaire étudiant fiscalisé comme le
seront dorénavant les Allocations nationales à nouveau
universalisées et permettre à ceux qui n’ont pas les
capacités requises pour intégrer d’emblée l’enseignement
supérieur de suivre pendant une année de grâce un
enseignement complémentaire de deuxième chance.
(1) La fiscalité touche exagérément la classe moyenne, trop riche pour être exonérée de
nombreux impôts et taxes, trop pauvre pour bénéficier d’optimisations fiscales inouïes que nos
lois successives, au gré des lobbies, ont accumulées. Vouloir réserver l’ISF, par exemple, sur le
seul patrimoine immobilier c’est taxer d’abord et avant tout le petit cadre qui à force
d’économies a fini par acheter son logement alors que les riches ont eu tous les moyens de
placer hors ISF leurs biens immobiliers dans les actifs des sociétés qu’ils contrôlent.
(2) Vouloir lutter contre les vagues migratoires sans agir sur le développement économique des
pays pauvres et l’arrêt des conflits, c’est faire preuve d’une grande naïveté.
Favoriser l’embauche des jeunes en rapprochant l’école
des entreprises par des stages généralisés et une meilleure
connaissance réciproque. Développer la recherche et
l’innovation par des dispositifs intelligents contrôlant a
posteriori les résultats obtenus et favorisant par une
politique de crédit envers les start-up un déploiement
industriel nouveau du type de la Silicon Valley
californienne.
Réformer le code du Travail, comme je l’ai proposé au
cours de la campagne car nos entreprises ont besoin de
flexibilité mais dans le même temps favoriser aussi leur
compétitivité, source de commandes donc d’emplois, en
réduisant les prélèvements obligatoires qui pèsent sur
elles et dont nous sommes les champions du monde.
Mais dans le même temps rénover l’assurance chômage et
la formation professionnelle pour que tout salarié soit
assuré d’une indispensable sécurité, seule façon de faire
accepter les mutations industrielles et l’inévitable mobilité
qu’impose le monde moderne, lui permettant dès son
licenciement de percevoir automatiquement une indemnité
compensatoire décente même si elle doit être
plafonnée pour les hauts revenus, et de bénéficier d’une
véritable formation réservée aux chômeurs qui le remettra
en selle le plus rapidement possible.
Revoir notre politique de santé pour que chacun puisse
recevoir au meilleur coût, des soins appropriés tout en
nous débarrassant du stupide numerus clausus qui fait
que 25 % des nouveaux médecins installés en France sont
diplômés d’une université étrangère pas toujours fiable (ce
qui permettra par exemple d’ouvrir aux généralistes,
surtout dans les petits hôpitaux, nos services d’urgences
où la grande majorité des entrants ont en réalité besoin
de consultations sans gravité).
La France enfin doit être présente au monde. D’abord
dans son rôle de membre permanent du Conseil de
sécurité et dans sa tradition universaliste. Elle doit
participer au niveau de l’Union Européenne à la mise en
place, enfin, d’une politique étrangère concertée sinon
commune et d’une contribution des autres nations à sa
politique de défense (dissuasion nucléaire, interventions
en Afrique ou au Moyen-Orient) en attendant que le
rapprochement des peuples permette l’avènement d’une
véritable Europe confédérale à l’instar de nos voisins
Suisses (3).
Voilà, Mmes et MM. les Parlementaires, le cap que je
souhaite fixer à notre pays. Je ne cherche à rallier
personne de force mais soyez assuré que ma seule et
unique préoccupation pendant les cinq années de mandat
que le peuple m’a confié sera de me dévouer totalement
au service de l’État et de nos concitoyens avec votre aide
et vos conseils.
Le Gouvernement, Premier ministre en tête, dans la
plénitude de ses fonctions et le Parlement restitué dans
l’intégralité de ses pouvoirs par une profonde modification
des modalités d’application du projet de gouvernement
par ordonnances. Sans sous-estimer l’indispensable débat
démocratique, il nous faudra regrouper les amendements
par thèmes significatifs afin de travailler vite pour
qu’ensemble, car nous en avons la force, nous puissions
tirer la France de l’ornière où nous l’avons laissée
s’enfoncer (4).
Vive la République, Vive la France.
(3) Chacun comprend bien qu’il est grand temps de renégocier les
Traités européens en essayant de préserver tout ce qui sert la Paix,
l’Union, la Coopération entre les Peuples, l’Organisation intelligente du
Continent, la défense de nos frontières tout en ne bâtissant pas une
usine à gaz budgétivore qui oublie vite les Peuples qu’elle doit servir. La
France aux côtés de ses partenaires de 1957 peut jouer un rôle majeur
dans cette remise à plat de la Communauté Européenne car sans la
France et sans l’Allemagne il n’y aura plus d’Europe, tout juste un espace
économique vite submergé par la concurrence faussée de l’Asie du SudEst.
L’Allemagne qui profite le plus de cette dérégulation (passoires
douanières, travailleurs détachés, concurrence intra-communautaire et
extra-communautaire, absence de convergence économique sociale,
fiscale et environnementale, normes appliquées en dépit du principe de
subsidiarité, serait la première à souffrir d’un départ de son premier
client La France.
(4) Les Institutions doivent être modifiées lorsque cela est nécessaire
mais avec prudence. Certes la situation qui fait qu’aujourd’hui le Front
National n’a pas de groupe parlementaire, alors que la France Insoumise
qui a fait beaucoup moins de voix que lui aux Présidentielles en a un, a
quelque chose d’incongru ! La représentativité des Députés varie de 1 à
7. Ce n’est pas bon pour la démocratie et il convient donc de faire en
sorte par une dose significative de proportionnelle de rapprocher la
représentation nationale de la représentativité de chaque courant
politique sans faire perdre à la majorité une avance suffisante pour
qu’on ne revienne pas au régime insensé de la IVème où les
Gouvernements successifs ne passaient parfois pas la semaine !
L’exemple des Municipales et des Régionales pourrait être repris. Il
permet d’assurer une large majorité à la liste arrivée en tête en lui
attribuant d’abord 50 % des sièges puis en répartissant entre tous l’autre
moitié des sièges à la proportionnelle intégrale. En attendant, abaisser
à 10 par exemple le nombre de Députés requis pour constituer un
groupe parlementaire serait un geste apaisant pour le FN qui rétablirait
une certaine justice.
À suivre.