207 aime - Académie du Gaullisme

 Président-fondateur
Jacques Dauer

Académie du Gaullisme
La Lettre du 18 JUIN Vingt- sixième année – n° 207 – Mai 2018
"Il y a un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde."
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207 aime

par Georges AIMÉ
N’EST PAS MESSIE QUI VEUT

Le Président de la République vient de constater à ses dépens qu’il y a loin de la coupe aux lèvres ! Une chose est de se croire invincible dans un pays en mal d’oppositions, une autre est de se prendre pour un messie porteur de messages universels. Les frontières du royaume franchies, l’universalité devient vite une notion relative. Nos dirigeants devraient tirer des leçons de l’Histoire. Ainsi le voyage outre-atlantique se solde-t-il pas un échec cuisant. Pourtant tout avait été mis en œuvre pour séduire l’insaisissable et inconstant président des États-Unis. Nous passerons sur la gestuelle ridicule et pour tout dire déplacée d’un Trump prenant la main ou époussetant le revers de son hôte pour enlever quelque pellicule ou sur ces poignées de mains qui n’en finissent pas et ses embrassades dignes d’artistes en mal de notoriété s’autocongratulant !

À quoi a servi ce voyage ? Où sont les résultats escomptés ? Aucun changement de la politique de Washington sur l’accord de Paris relatif au climat. Aucune avancée sur l’accord nucléaire conclu avec l’Iran... et risquer un pronostic sur ce que va dire Donald Trump sur ce sujet le 12 mai c’est prendre le risque d’un camouflet. Les Iraniens ne s’y sont pas trompés et leur attitude peut avoir de graves conséquences pour notre Pays. À emboîter le pas des aventuriers Étatsuniens dans leurs actions visant à établir un ordre moral conforme à leurs convictions, nous risquons forces déconvenues. Ainsi en est-il de ces bombardements sur les installations chimiques syriennes alors que n’ont jamais été prouvées les affirmations des peu respectables rebelles syriens. Plus besoin de l’aval de l’ONU, le trio infernal autoproclame sa légitimité, à défaut de légalité, et devient le gendarme d’un monde aux frontières très précises (lire à ce sujet l’article très documenté de notre ami Paul Kloboukoff en page 13).

Pas questions d’aller au secours de peuples maltraités par des dictatures s’il n’y a pas de matières premières sur lesquelles faire main basse. Pas question de reprocher aux Chinois ce qu’ils font aux tibétains. Le Tibet c’est loin et... les Chinois ça rapporte gros ! Par contre l’effet produit sur les Russes a pour conséquences de remettre au goût du jour les vieilles méthodes de la guerre froide. Par ailleurs il est tout à fait détestable de voir le président de la France s’exprimer en anglais devant les membres du Congrès ; il faut remonter à Valéry Giscard d’Estains (rappelez-vous le « petit pays de 50 millions d’(habitants ») pour voir telle infamie. (Curieux d’ailleurs cette distorsion entre ce qu’il pensait de la France et l’idée qu’il se faisait de lui-même).

M. Macron a-t-il honte de s’exprimer dans notre langue et prend il les francophones pour quantité négligeable ? Lui qui n’a cessé lors de son voyage en Afrique de vanter les mérites de la francophonie. En agissant ainsi pense-t-il défendre les intérêts économiques, diplomatiques et culturels de notre Pays ? Que nenni ! Dans son esprit tout cela doit relever de la « vieille » politique, celle qui pensait d’abord aux intérêts nationaux avant ceux des multinationales apatrides.

Les tribulations de M. Macron aux USA servent-elles à masquer ses trébuchements en Europe ? Parce que là aussi il y a loin de la coupe aux lèvres. Il semble que des brises facétieuses aient emporté les envolées lyriques d’Athènes, Paris et Strasbourg car force est de constater que nos partenaires européens n’ont pas démontré un enthousiasme délirant et une adhésion débordante. L’harmonisation fiscale européenne n’est pas pour demain et le Luxembourg restera un paradis fiscal. Aux plans international et européen, les Français attendent de leur Président de la République un peu moins de communication, voire de gesticulation, un peu plus d’efficacité, moins de « suivisme » et surtout beaucoup beaucoup plus de crédibilité.


© 03.05.2018
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