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Par Christine Alfarge
"L’INTÉGRITÉ ET L’ÉTHIQUE DE RESPONSABILITÉ EN RECHERCHE
"
En
présence de Monsieur Christian HERVE
« Pour
parler éthique, il faut d’abord comprendre les enjeux actuels de santé »
Intégrité
scientifique des chercheurs.
Qui sont ces
chercheurs ? Il s’agit de la probité en générale à travers des gens
porteurs des expériences de leurs aînés. Il existe des progrès fulgurants,
grâce à la recherche, la médecine garde son rang rompant avec l’intelligence
artificielle qui en découle.
Selon Jean-Gabriel
Ganascia représentant du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)
: « Avec toutes ces
transformations technologiques qui bouleversent le monde, naturellement
l’éthique change car les habitudes sont modifiées, en particulier les concepts
qui font le lien entre les personnes, le tissus social ».
Dans la pensée de Christian
Hervé, il y a trois points essentiels :
1) L’éthique
n’est pas des affirmations, les professeurs doivent se poser des questions sur
les actes capables d’être réalisés.
2) Une
fois l’acte pris, le patient en bénéficie-t-il ?
3) La
société est-elle d’accord ? Il y a trente ans, la question a été posée sur
la procréation.
Au cours des années
1970-1980, il y a eu un recul des valeurs considérées comme supérieures,
religieuses, morales, politiques, la valeur de la santé est restée, mieux que
tout autre, elle permettait de défendre l’autorité de la science. La santé est bien
souvent devenue le seul langage légitime du social.
Dans le « Dictionnaire de la pensée médicale »,
la sociologue Claudine Herzlich souligne : « Seule la référence à la notion de santé parvient à déclencher
l’action politique : dans des quartiers défavorisés où prévalent chômage,
pauvreté, mauvaises conditions de vie, c’est la traduction sur le plan
sanitaire de ces problèmes sociaux qui rend possible l’action
réformatrice ».
Loyauté
et probité.
Il faut cependant se
méfier de ce phénomène où la médecine véhicule l’idée de toute-puissance à
travers des personnes qui se veulent les thérapeutes de la société. Qu’en pense
réellement la société ? La médecine est malgré tout devenue un objet de
défiance. Selon Christian Hervé : « Un
acte n’est pas n’importe quel acte, il faut une réflexion. En soit même, ce que
j’ai fait, est-il en rapport avec ce que j’ai dit au patient. Est-ce ma
décision seule ou avec le patient ? Les pratiques sont-elles en
rapport avec l’homme, la femme, dans la vérité. La réflexion évolue de
manière à ce que des barrières soient franchies, telle la découverte qui doit
être vérifiée ».
Qu’est-ce
qui fait qu’un chercheur peut être déloyal ?
Plus philosophiquement, Christian
Hervé explique :« Au fond,
qu’est-ce que la probité, la loyauté ? Ces mots ne sont pas l’évidence, on
n’y réfléchit pas. C’est pourtant le vivre ensemble qui fait réfléchir aux
valeurs fondamentales ».
En référence à la période
des Grecs où l’homme ne se suffit pas à lui-même, la déloyauté est liée à la
vulnérabilité. Ces problèmes viennent de la cupidité et de l’ignorance de ce
qui peut arriver. A son époque, Platon n’estimait-il pas déjà que « politique et médecine ont
pareillement un objet à soigner et à gouverner » ?
Deuxième époque,
judéo-chrétienne, comment arrive-t-on à être déloyal ? Au fil des années,
les recherches sur la moralité ont évolué. Au début des années 1900, on
s’intéressait surtout aux traits de caractère et aux comportements : on
cherchait par exemple, ce que signifie dire la vérité et ne pas tricher.
Saint-Augustin pointe l’infaillibilité. Altruiste devrait nous étonner. Pour
Kant, chacun est porteur d’un mal radical, l’homme est sélectif favorisant
d’abord ses proches, le financement de la recherche est extrêmement compétitif,
un scientifique peut par exemple demander des fonds pour son laboratoire et ses
équipes.
L’immoralité,
pas un vice, un symptôme.
Le modèle Saint-Augustin
ne suffit pas selon le philosophe Paul Ricoeur, il y a le risque de tomber dans
des jeux de pouvoir. Le site « Rédaction
médicale et scientifique » rapporte notamment des faits de plagiat
d’universitaires français protégeant de manière évidente cette pratique au
détriment du travail fourni par des étudiants eux-mêmes. Un avis du Comité
d’éthique du CNRS « Réflexion
éthique sur le plagiat dans la recherche scientifique » peut d’ailleurs
être consulté en accès libre.
Alors pourquoi de telles
pratiques ? Soit, vous publiez, soit vous êtes mis de côté avec menace au
sujet de telle ou telle promotion, manque de crédibilité jusqu’aux industriels
ne faisant plus confiance aux chercheurs. Selon Christian Hervé : « En réalité, qu’est-ce que produisent
les laboratoires universitaires ? Il existe un silence généralisé sur des pratiques
honteuses de plagiats, de travaux publiés sans autorisation ».
Excès
de transparence, éthique ou vérité ?
Les médecins se réfèrent
toujours au serment d’Hippocrate. Que s’est-il passé de si important en Grèce
au Vème siècle avant J-C pour que ce nom traverse les siècles ? Avec
Hippocrate, le lien entre la maladie et le mal s’est trouvé pour la première
fois démêlé. La maladie ne sera plus interprétée ni pour une possession ni pour
une punition mais traitée comme un désordre corporel. L’idée de « cause
naturelle » fera plus tard son apparition à laquelle les philosophes
apporteront leur contribution à ce mouvement tel le premier parmi eux, Aristote.
Selon Christian Hervé : « Mais face aux patients, dit-on la
vérité ? N’est-ce pas une déloyauté partielle lorsqu’on tait les effets
négatifs ? ».
Quand
les valeurs ne sont pas portées par ceux qui devraient les incarner, comment
les revivifier ?
L’éthique est l’endroit
des conflits, le fait de changer un mot est très important. Il faut une
référence humble par rapport à ce que l’on subit. Il faut résister, on ne peut
pas arrêter le progrès. « Comment
permet-il que nous vivions pour le social ? Et les moyens ? La
société n’a pas eu la capacité de suivre les projets » souligne
Christian Hervé.
Aujourd’hui, quel est le
rapport des Français avec la recherche ? Les Français entretiennent un
rapport d’espoir, de fraternité, parce qu’ils croient au progrès, aux avancées
médicales, ils incarnent le meilleur soutien à la recherche et à la science. Ils
agissent avec fidélité en continuant de donner parce que la santé est devenue
une préoccupation constante d’éthique et de solidarité, une cause juste où
chacun est concerné et doit se mobiliser en toute conscience.
C’est une question de
paix et de bien-être avec soi-même, de protection, soigner à la fois le corps
et l’âme. La médecine peut beaucoup et nous pouvons lui en être reconnaissants
en toute humilité. La santé est devenue une valeur suprême parce qu’elle peut
aussi contribuer à une certaine élévation de l’esprit apportant beauté et sérénité
réconciliées avec les épreuves de la vie.
Une générosité au service
de tous pour le bien de tous !
© 03.05.2018