LA NATION ET LE SOCIAL,
général ou simple exécutant
Le concours que nous avons lancé
dans le dernier numéro de 18 Juin
relève de la volonté de vous faire
réagir. Pourquoi ? Parce qu’il nous semble
que dans la période étrange que nous
vivons une apathie générale s’est installée.
En témoigne les très fortes abstentions aux
différentes élections partielles et surtout le
manque total de réaction devant ce qu’il est
convenu d’appeler une espèce de monocratie,
pour ne pas dire une autocratie.
Ce que peut dire ou vouloir le Peuple n’a
pas d’importance. Peu importe que les
décisions soient importantes ou non. Ainsi
en va-t-il pour la limitation de vitesse à 80
km/h ou le soutien apporté au psychorigide
maire de Paris dans sa reconquête
des berges de la Seine. Ou, plus grave, au
fait de faire supporter à une classe
moyenne qui n’a pas les moyens d’être une
exilée fiscale l’essentiel de l’impôt, de
déclarer aux retraités qu’ils doivent
s’estimer heureux de toucher une retraite !
Tout cela à l’aide d’ordonnances qui n’ont
pas lieu d’être dans une Chambre des
députés sans opposants !
De plus, tout cela s’accompagne d’un
mépris assumé. Ainsi, comme l’ultralibéralisme
est l’alpha et l’oméga de ce
pouvoir on signe avec entrain et joie des
traités d’échanges commerciaux pour des
produits dont on ne peut garantir la qualité
puisque l’on ne peut suivre leur traçabilité.
Que fait-on alors lorsque l’on ne peut dire
aux Français qu’ils risquent de ne pas
manger très sain ? Eh bien ! on fait
déclarer à son ministre de l’Environnement
en visite au salon de l’Agriculture « qu’il
faut manger bio ! ». Et hop le tour est joué !
Vouloir nous faire prendre des vessies pour
des lanternes est une chose assez courante.
Nous prendre pour des crétins en est une
autre ! À qui fera-t-on croire que la suppression
de la taxe d’habitation pour un
certain nombre de foyers ne sera pas supportée
par ceux qui paieront ladite taxe ? À
qui fera-t-on croire que le désengagement
de l’État dans les territoires ne sera pas
supporté par les contribuables puisque ce
sont les collectivités territoriales qui en
auront la charge ? Les exemples pourraient
être multipliés à l’infini.
Alors que faire ? Devant le vide sidéral
laissé par une opposition liquéfiée où aller
chercher les idées neuves propres à
véritablement rassembler au moins 65 %
des Français ? Attendre l’Homme providentiel
risque d’être long.... ! Ne rien faire
c’est prendre le risque du chacun pour soi,
à l’image de ce que l’on peut voir dans les
pays d’Europe faisant partie de la même
alliance que la France.
Les risques nous les
connaissons pour en avoir beaucoup
soufferts dans le passé.
Tous ceux qui aujourd’hui ont une
sensibilité gaulliste devraient agir pour
développer et mettre en œuvre ces deux
idées simples que sont La Nation et le
Social.
C’est à partir de l’idée de Nation que l’on
peut fédérer les composantes d’un Peuple et
renvoyer au folklore où aux convenances
personnelles les communautarismes et les
religions et faire taire leurs prosélytes.
C’est à partir de la Nation que l’on peut
construire l’Europe. L’Europe des Nations
avec les peuples. Pas l’Europe des ultralibéraux
et de leurs supplétifs les
technocrates, qui n’imaginent même pas
que les peuples peuvent eux aussi penser
et vouloir qu’on les respecte.
Une Nation ne peut se construire sans le
Social. Une Nation ne peut laisser pour
compte une partie de ses citoyens. La
richesse produite par la Nation doit être
partagée !
Il convient donc de revisiter l’idée
gaullienne de la Participation, l’association
capital-travail. Il n’est pas supportable que
certains dirigeants gagnent en un mois ce
qu’un de leurs ouvriers ou employés met
une vie à gagner. Il n’est pas supportable
qu’un salarié ne soit qu’une courbe dans
un « Power Point » ou une « variable
d’ajustement ».
Une Nation évoluée ne saurait supporter
qu’un type qui tape dans un ballon ou
qu’un saltimbanque exilé fiscal, qui n’ont
rien apporté au développement de l’Humanité
soient élevés au rang de demi-dieu ou
d’idole nationale.
L’ultra-libéralisme à tout à gagner qu’il en
soit ainsi. Cela ne date pas d’hier...
« Panem et circenses », du pain et des jeux !
Son pire ennemi est la Nation, seule la
Nation est capable de s’opposer aux multi
nationales apatrides. De là toutes les
tentatives dans les traités pour que le droit
commercial propre à certains grands
groupes soit opposable au droit national.
De là toutes les tentatives pour uniformiser
et niveler par le bas le droit social – quand
il existe – partout dans le monde.
Depuis le temps que je dis et écris qu’à
force de livrer du « prêt-à-penser » au
Peuple, de l’abreuver de stupidités
télévisuelles et/ou de lui bourrer le crâne
de faits-divers sans importance nos
dirigeants se réveilleront la révolte sous
leurs balcons... il sera trop tard. Mon vieil
ami Jacques Dauer appelait cela la
« Révolte des Modérés ».
Notre Président n’a pas encore compris cela
(accordons-lui encore un peu de temps).
Certes, quelques-unes des réformes
entreprises répondent à l’attente de
certains (diminution du nombre d’élus,
réduction du nombre de mandats, réforme
de la SNCF, etc.) mais les réformes
essentielles n’ont pas été entreprises, en
particulier celles citées ci-dessus : la Nation
et le Social.
Continuer à ignorer l’une et l’autre et le
retour de bâton sera terrible. Pourtant
l’occasion est donnée à Emmanuel Macron
de laisser une trace dans l’Histoire. Sans
opposition, sans contre-projet gouvernemental
il devrait en profiter pour revivifier
ces idées toujours d’actualité et non se
fondre dans le moule de l’ultra-libéralisme
qui ne le fera jamais général mais simple
exécutant.