206 aime - Académie du Gaullisme

 Président-fondateur
Jacques Dauer

Académie du Gaullisme
La Lettre du 18 JUIN Vingt- sixième année – n° 206 – Avril 2018
"Il y a un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde."
Aller au contenu

206 aime

par Georges AIMÉ
LA NATION ET LE SOCIAL, général ou simple exécutant
Le concours que nous avons lancé dans le dernier numéro de 18 Juin relève de la volonté de vous faire réagir. Pourquoi ? Parce qu’il nous semble que dans la période étrange que nous vivons une apathie générale s’est installée. En témoigne les très fortes abstentions aux différentes élections partielles et surtout le manque total de réaction devant ce qu’il est convenu d’appeler une espèce de monocratie, pour ne pas dire une autocratie.
Ce que peut dire ou vouloir le Peuple n’a pas d’importance. Peu importe que les décisions soient importantes ou non. Ainsi en va-t-il pour la limitation de vitesse à 80 km/h ou le soutien apporté au psychorigide maire de Paris dans sa reconquête des berges de la Seine. Ou, plus grave, au fait de faire supporter à une classe moyenne qui n’a pas les moyens d’être une exilée fiscale l’essentiel de l’impôt, de déclarer aux retraités qu’ils doivent s’estimer heureux de toucher une retraite ! Tout cela à l’aide d’ordonnances qui n’ont pas lieu d’être dans une Chambre des députés sans opposants !
De plus, tout cela s’accompagne d’un mépris assumé. Ainsi, comme l’ultralibéralisme est l’alpha et l’oméga de ce pouvoir on signe avec entrain et joie des traités d’échanges commerciaux pour des produits dont on ne peut garantir la qualité puisque l’on ne peut suivre leur traçabilité. Que fait-on alors lorsque l’on ne peut dire aux Français qu’ils risquent de ne pas manger très sain ? Eh bien ! on fait déclarer à son ministre de l’Environnement en visite au salon de l’Agriculture « qu’il faut manger bio ! ». Et hop le tour est joué !
Vouloir nous faire prendre des vessies pour des lanternes est une chose assez courante. Nous prendre pour des crétins en est une autre ! À qui fera-t-on croire que la suppression de la taxe d’habitation pour un certain nombre de foyers ne sera pas supportée par ceux qui paieront ladite taxe ? À qui fera-t-on croire que le désengagement de l’État dans les territoires ne sera pas supporté par les contribuables puisque ce sont les collectivités territoriales qui en auront la charge ? Les exemples pourraient être multipliés à l’infini.
Alors que faire ? Devant le vide sidéral laissé par une opposition liquéfiée où aller chercher les idées neuves propres à véritablement rassembler au moins 65 % des Français ? Attendre l’Homme providentiel risque d’être long.... ! Ne rien faire c’est prendre le risque du chacun pour soi, à l’image de ce que l’on peut voir dans les pays d’Europe faisant partie de la même alliance que la France.
Les risques nous les connaissons pour en avoir beaucoup soufferts dans le passé. Tous ceux qui aujourd’hui ont une sensibilité gaulliste devraient agir pour développer et mettre en œuvre ces deux idées simples que sont La Nation et le Social. C’est à partir de l’idée de Nation que l’on peut fédérer les composantes d’un Peuple et renvoyer au folklore où aux convenances personnelles les communautarismes et les religions et faire taire leurs prosélytes. C’est à partir de la Nation que l’on peut construire l’Europe. L’Europe des Nations avec les peuples. Pas l’Europe des ultralibéraux et de leurs supplétifs les technocrates, qui n’imaginent même pas que les peuples peuvent eux aussi penser et vouloir qu’on les respecte. Une Nation ne peut se construire sans le Social. Une Nation ne peut laisser pour compte une partie de ses citoyens. La richesse produite par la Nation doit être partagée !
Il convient donc de revisiter l’idée gaullienne de la Participation, l’association capital-travail. Il n’est pas supportable que certains dirigeants gagnent en un mois ce qu’un de leurs ouvriers ou employés met une vie à gagner. Il n’est pas supportable qu’un salarié ne soit qu’une courbe dans un « Power Point » ou une « variable d’ajustement ». Une Nation évoluée ne saurait supporter qu’un type qui tape dans un ballon ou qu’un saltimbanque exilé fiscal, qui n’ont rien apporté au développement de l’Humanité soient élevés au rang de demi-dieu ou d’idole nationale. L’ultra-libéralisme à tout à gagner qu’il en soit ainsi. Cela ne date pas d’hier... « Panem et circenses », du pain et des jeux ! Son pire ennemi est la Nation, seule la Nation est capable de s’opposer aux multi nationales apatrides. De là toutes les tentatives dans les traités pour que le droit commercial propre à certains grands groupes soit opposable au droit national. De là toutes les tentatives pour uniformiser et niveler par le bas le droit social – quand il existe – partout dans le monde.
Depuis le temps que je dis et écris qu’à force de livrer du « prêt-à-penser » au Peuple, de l’abreuver de stupidités télévisuelles et/ou de lui bourrer le crâne de faits-divers sans importance nos dirigeants se réveilleront la révolte sous leurs balcons... il sera trop tard. Mon vieil ami Jacques Dauer appelait cela la « Révolte des Modérés ». Notre Président n’a pas encore compris cela (accordons-lui encore un peu de temps). Certes, quelques-unes des réformes entreprises répondent à l’attente de certains (diminution du nombre d’élus, réduction du nombre de mandats, réforme de la SNCF, etc.) mais les réformes essentielles n’ont pas été entreprises, en particulier celles citées ci-dessus : la Nation et le Social. Continuer à ignorer l’une et l’autre et le retour de bâton sera terrible. Pourtant l’occasion est donnée à Emmanuel Macron de laisser une trace dans l’Histoire. Sans opposition, sans contre-projet gouvernemental il devrait en profiter pour revivifier ces idées toujours d’actualité et non se fondre dans le moule de l’ultra-libéralisme qui ne le fera jamais général mais simple exécutant.

© 06.04.2018
Retourner au contenu