Pour un nouveau paradigme de gouvernance Jean-Louis Guignard - Académie du gaullisme

Académie du Gaullisme
Président Jacques Myard
Secrétaire générale Christine ALFARGE
Aller au contenu
   
Pour un nouveau paradigme de gouvernance

 
L’homme qui cherche ses lunettes   sous le réverbère !
    La connaissance abstraite   qui porte sur des notions générales est une connaissance confuse.
(Louis Rougier, Histoire d'une faillite   philosophique)
Notre pensée est conditionnée par le discours de la   méthode qui nous a rendu bien des services ; le problème qu'il s'avère   insuffisant pour l'analyse des problèmes à résoudre aujourd'hui. Nous vivons   dans un monde ouvert, évolutif et réactif et de nouveaux outils sont   nécessaires. La méthode scientifique d'analyse des problèmes reste un outil   majeur. Un exemple caractéristique est celui du GIEC qui, peut-être en   toute bonne foi, tire des conclusions générales sur le climat à partir de   quelques observations locales comme la mesure du taux de CO² en haut d'un   volcan. Ça me fait penser à l'anglais qui arrive à Calais et voit deux   rousses…et en déduit que toutes les Françaises sont rousses ! En décidant   d'étudier de façon approfondie ce qu'il est convenu d'appeler le   "social" en France, nous n'imaginions pas trouver tant de   confusion, de gestion anarchique, de rupture avec les principes fondateurs de   notre Constitution et, last but not least, tant   de corporatisme. L'ouverture au monde et le   "financialisme" de la construction européenne aboutit à une attaque   contre le prix du social et le pouvoir d'achat de la classe productrice en   oubliant que ce sont nos acquis sociaux qui permettent de surmonter les   crises et assurer la cohésion sociale. Cette baisse du coût du travail par   celui du pouvoir d'achat qui, dans une analyse superficielle, peut sembler   favorable à nos exportations, plus particulièrement pour les grands groupes fortement   internationalisés, a des effets dévastateurs sur le tissus PME/PMI. Les   retraités, hors régimes spéciaux, ont étés bien mal traités en indexant leur   pension à l'inflation plutôt que sur les salaires.
"L'actionnaire était le grand oublié de la   période 1945-1975. A travers les fonds de pension, la représentation des   actionnaires est devenue collective…et ces bureaucrates d'actionnaires n'ont   qu'un seul mandat, celui d'exiger au terme le plus proche le plus gros   dividende possible. Les préoccupations propres de l'entreprise (et du   personnel ndlr) disparaissent" (Michel Rocard 02 février 2006)
Il est bien évident que le travail et le pouvoir   d'achat font parties d'une politique sociale qui se respecte.
"Je fais le mal que je ne veux pas, je ne fais   pas le bien que je veux" Saint-Paul
Nous avons essayé de comprendre pourquoi   cette hétérotélie est aussi répandue aboutissant à ce que   j'appellerais le "syndrome de rantanplan" (hors arrogance) le chien   plein de bonnes intentions dont l'action aboutit à des catastrophes opposées   au but poursuivi, par exemple on peut dire que les avantages acquis par   certains sont des désavantages acquis pour ceux qui n'en profitent pas !
Le vrai problème est que nous avons changé de   paradigme, les Français sont piégés entre "constructivisme   et mondialisme." Hayek, économiste autrichien (1899-1992), désigne sous   le nom de "constructivisme" l'application   du rationalisme cartésien au social et à l'économie, d'ailleurs exclu par   Descartes.
"Etant donné que pour Descartes la raison était   définie comme déduction logique de prémisses explicites, l'action rationnelle   devint aussi l'appellation réservée à l'action déterminée entièrement par une   vérité connue et démontrable". (Hayek)
Nos élites, à formation administrative, raisonnent   comme dans le cadre d'un système fermé comme celui de nos monarchies   théocratiques, ils vont passer leur temps à modifier la législation nationale   pour atteindre des objectifs ponctuels rendant impossible un système   d'ajustement légal permanent en contact avec des données extérieures   imprévisibles. Maurice Allais nous signale en 1974 que l'ouverture à la   mondialisation (nécessaire) est en contradiction avec notre système de   redistribution par une politique constructiviste. Depuis lors tous nos   gouvernements sont pris à contre-pied par une actualité qu'ils ne peuvent   prévoir, ils courent après l'évènement et sont déchirés entre constructivisme   et l'ouverture des marchés qu'ils ont voulus et signés (Union européenne).   Les Français n'accordent plus leur confiance à une classe politique issue de   l'administration qui n'a pas les   qualités requises dans un monde en   mutation rapide. Ce diagnostic ne   s'applique pas, loin de là,
seulement au social mais pratiquement à tous les domaines   (géopolitique, énergie, environnement, économie, science et technologie,   internet, ville intelligente). De même L'UE cherche à créer une gestion   propre à celle des systèmes fermés.
" 1984,   décès des 30 glorieuses et naissance des 40 lamentables. "
Nous   devons impérativement sortir de ce constructivisme sclérosant et tueur de   notre pacte social afin de reconstruire en l'améliorant notre système social   dans le cadre des principes fondateurs de notre Nation, c’est-à-dire de notre   "vivre ensemble".
Il convient   de préciser ce que nous entendons par système fermé ou ouvert et des méthodes   pour la décision. "Je me suis fortement inspiré des   travaux de Mario TOKORO dans le cadre du projet "Open Systems Dependability" s'intéressant   à des systèmes d'information volumineux et en évolution constante qui a obtenu des résultats intéressants dans la gestion des services publics entre autres. Il y a de nombreuses études universitaires sur le domaine en   particulier d'Université de Chicago en pointe dans ce domaine. "
Le   discours de la méthode
Comment   revoir notre méthodologie qui doit beaucoup à la pensée de Descartes pour   faire face aux défis du XXIème siècle ? Descartes lui-même se refusait à   l'appliquer au social et à l'économie pour les systèmes "ouverts".
En 1637   Descartes nous enseigne son discours de la méthode :
  • Ne jamais considérer les choses comme vraie sans en avoir la preuve,
  • Diviser chacune des difficultés en autant de problèmes,
  • Considérer d'abord les problèmes avant de s'attaquer aux plus complexes,
  • Travailler pas à pas, afin de ne rien omettre.
Cette   méthodologie a inspiré dès le XIXème siècle et tout au long du XXème de   formidables développements dans de nombreux domaines. Au début du XXI siècle   de nombreux problèmes majeurs ne peuvent plus être appréhendés par les seuls principes   de Descartes…citons quelques exemples :
  • L'environnement aux facettes multiples (énergie, climat, sécurité, alimentaire, biodiversité, …) en interaction complexe et variables dans le temps !
  • Internet évoluant plus vite que l'appréhension que nous en avons,
  • La médecine où nous savons trouver des médicaments lorsque la cause est        simple et isolée,
  • Le "social" dans un monde ouvert en pleine mutation.
Systèmes   fermés et systèmes ouverts
Le premier   est isolé du reste du monde et avec des frontières clairement établies,   temporelles incluses. Il peut être constitué de plusieurs sous-systèmes   récursifs avec des interactions définies. La bonne connaissance des   sous-systèmes permet de comprendre le comportement de l'ensemble. Cette   méthode a montré son efficacité car le réductionnisme méthodologique   cartésien s'applique.
Un système   ouvert interagit constamment avec ce qui l'entoure, il comporte de nombreux   sous-systèmes récursifs, leur nombre et leurs interactions évoluant en   permanence de façon complexe comme leur environnement extérieur. La méthode   réductionniste ne peut convenir et au mieux avec des résultats décevants et   peu pérennes. Nous en avons une application avec les crypto-monnaies !
Popper   pensait que la science évolue au fur et à mesure que les connaissances   réfutent les théories et Khun que nos connaissances sont soumises à des périodes de progression linéaire puis de changement de paradigme. Néanmoins,   ils n'ont proposé aucune alternative à Descartes.
Contrairement   au réductionnisme la méthodologie des systèmes ouverts privilégie les   interactions et cherche à résoudre le problème global en identifiant sa vraie   nature définie de façon provisoire.
Notre système   social n'échappera pas à cette évolution à laquelle nos élites ne sont pas   formées ni en capacité de l'être.
                                                                                                          *Jean-Louis Guignard, Académie du Gaullisme
       

© 01.09.2021

Retourner au contenu