par Jacques MYARD
ALLOCUTION LORS DE LA JOURNÉE DE LA DEPORTATION
C’est une maison bourgeoise avec un toit en
tuiles à quatre pans typique en Bugey ;
C’est une maison bourgeoise
entourée de sa magnanerie, où l’on élève les vers à soie, l’ensemble est cossu
et respire la sérénité de la campagne française ; C’est une maison bourgeoise,
on l’appelle « la villa Anne-Marie », elle est louée par l’abbé GUERY de
l’évêché de Belley qui la sous-loue à la colonie, C’est une maison bourgeoise
où le 10 avril 1943 Sabine et Miron Zlatin crée la maison d’Izieu pour
accueillir des enfants juifs, C’est une maison bourgeoise où règne la joie de
vivre de 44 enfants encadrés par 7 éducateurs. Le 6 avril 1944, vers 8 h 30,
deux camions et une traction arrivent devant la maison.
Trois hommes en civil dont
2 officiers de la Gestapo de Lyon, une quinzaine de soldats, raflent tous les
occupants avec brutalité. Après plus de 4 heures de trajet, les enfants
arrivent au fort Montluc de Lyon. Le 7 avril Klaus Barbie, chef de la Gestapo,
en fonctionnaire zélé, rend compte à ses chefs de sa rafle.
Le 8 avril, les enfants
arrivent à Drancy. Le 13 août, ils quittent Drancy pour Auschwitz. Ils ne
reviendront jamais. Ils étaient la joie, ils étaient la vie, ils étaient
l’innocence. C’est dans un lieu d’une glorieuse beauté, béni des Dieux, bercé
par dame Nature que leur destin a été scellé.
Le 20 janvier 1942 à
Wannsee au sud de Berlin, le S.S Heydrich préside une conférence pour arrêter
les modalités « de la solution finale au problème juif en Europe » :
La déportation avec méthode,
L’assassinat à grande échelle, La mort industrielle, « On tue d’un bout de la
terre à l’autre, on tue Partout la peur, la nuit, la mort ». Arlette Humbert
Larade
« Les barbares immenses
comme au fond des siècles sont venus dans nos contes égarer nos images. Ils ont
traîné les lions et leurs chevaux de haine ». François Dodat
« Nous traversons
l’Allemagne, Mon enfant, il fait nuit, Les vitres tremblent dans le vent, les
morts veillent Les morts d’Auschwitz se lamentent dans le vent, Personne ne se réveille
». Sieghier Einstein
« Je n’ai pas de nom, Je
suis un enfant juif Ne sais pas d’où nous venons Et où demain nous serons ».
Hakel Hermann
Comme toujours dans notre
Histoire multiséculaire, quand la patrie est occupée, des hommes, des femmes
sortent de l’ombre et se lèvent contre l’ennemi, ils apprennent la
clandestinité au péril de leur vie, Croyants au ciel ou n’y croyant pas, Ouvriers ou ingénieurs, Laïcs ou curés,
Roturiers ou aristocrates, Certificat d’études primaires en poche ou brillants
intellectuels, Pacifistes d’avant-guerre ou militaires d’active, Ils
renseignent Londres et le BCRA, Sabotent les installations de l’occupant,
Exfiltrent les aviateurs alliés. Il fallut le génie organisateur de Jean Moulin
envoyé du Général de Gaulle pour transformer ce qui n’était que résistances
individuelles en une véritable armée secrète sur les arrières de l’ennemi :
« Il fut le Carnot de la
résistance » André Malraux.
Les môles naturels
deviennent des maquis, une France libérée : les Glières, le Vercors, la
Montagne Noire. Mais l’occupant porte des coups sévères à la Résistance, Le
patriote arrêté par la Gestapo s’étonne d’être conduit dans une salle de bain,
Il ne connaît pas encore la torture de la baignoire, S’il n’est pas fusillé
dans la clairière du Mont Valérien, Place Bellecour à Lyon ou à Châtellerault à
la Bute de Biard, Il est déporté ;
« Cent hommes par wagon à
bestiaux entassés, Depuis quatre jours, ils ont connu tour à tour, La soif, le
manque d’air, Les relents empestés Et l’espoir d’arriver, à chaque arrêt déçu
». Pierre Kouyoumdjian
Les saisons succèdent aux
saisons, mais la blessure est toujours là, Vivante et cuisante. Les chevaux de
haine sont sur le retour,
« Jamais plus étrangère à
l’injure du temps Que lorsque les saisons d’un sang recommencé Te font souvenir
du sang des innocents ». Jean Lescure
La haine de l’autre emplit
toujours l’esprit des fanatiques islamistes et arme leurs bras. Le crime,
l’assassinat rôdent toujours alors que le soleil resplendissant faisant fi des
querelles des hommes, dispense pour tous ses bienfaits. Jeunesse de France et
du monde qui dansez dans la lumière du printemps, cueillant les lilas pour vos
mères, Ecoutez une mère déportée ;
« Peuple sous le tas de
pierres du silence, Peuple aux lèvres serrées, Peuple aux membres brisés, Au
corps pantelant sous les bottes qui s’éloignent sur le trottoir, le miracle ne
viendra que de vous et personne d’autre que vous ne dira comme à Lazare en son
tombeau, Lève-toi et marche ». Edith Thomas.
Oui, lève-toi et marche pour
que la fraternité l’emporte sur le crime, Garde à jamais en mémoire les enfants
martyrs d’Izieu, Honore les patriotes fusillés ou déportés qui se sont dressés
contre l’hydre de la barbarie jusqu’au sacrifice suprême.
Vive nos Alliés, Vive la République,
Vive la
France !
© 03.05.2019