par Marc DUGOIS
Le Dogme
et la conviction
La
conviction est un essentiel qui vient de l’intérieur, le dogme est un essentiel
qui vient de l’extérieur. La conviction motive, le dogme rassure, justifie et
crée le lien social. Le but de toute éducation est d’apprendre à se forger des
convictions, d’assumer sa liberté et de comprendre les dogmes. Le but de tout
pouvoir est de faire confondre ses dogmes avec la vérité et s’ils sont faux, le
pouvoir mène son peuple à sa perte car les convictions se heurtent aux dogmes.
L’éducation nationale est aujourd’hui un oxymore,
une obscure clarté, une intelligence bornée, un apprentissage de fausses
vérités. Quand l’éducation nationale ne réussit pas à instiller les dogmes, le
politique fait des lois mémorielles qui les imposent sous peine de sanctions
pénales. La conviction n’a plus droit de cité, l’homme n’a plus le droit d’être
debout, la liberté d’expression n’est plus qu’un étendard que l’on courtise en
le poignardant.
En économie les faux dogmes génèrent des techniques
de paupérisation de plus en plus sophistiquées pour le plus grand profit de
ceux qui les imaginent, qui n’existent que par leur inventivité et qui coûtent
fort cher. Ces techniques ne prospèrent que parce que l’on a convaincu le
peuple qu’il était incompétent en économie, que son bon sens ne valait pas
intelligence et que les dogmes actuels de l’économie étaient vrais alors qu’ils
sont faux.
Le premier faux dogme est que l’échange enrichit
durablement alors qu’il n’est que double contentement, enrichissement mental de
l’instant. Vénérer le libre échange, c’est prendre l’instant pour le durable et
faire payer son erreur par le peuple. Pour faire croire à la solidité du dogme,
on a inventé le PIB, somme de toutes les dépenses que l’on a le culot d’appeler
produit pour le présenter à tous ceux qui ne comprennent rien, comme une
création de richesse à se partager, ce que font avec zèle tous les médias. Le
libre échange coûte en réalité extrêmement cher.
Il coûte d’abord cher en argent avec des coûts de
transport faramineux, avec le chômage qu’il crée et que l’on rémunère, et avec
les baisses de salaire. Il coûte aussi cher en diminution de la biodiversité.
Il est d’ailleurs regrettable que les médias ne nous parlent que de la
diminution de la biodiversité animale et végétale sans jamais parler de la
biodiversité humaine tout aussi en danger et pourtant tout aussi nécessaire. Et
comme il faut bien payer ces dépenses du libre échange, la paupérisation du
peuple est une nécessité.
Il grogne sans comprendre car on lui a dit que nous
étions un pays riche puisque nous dépensions beaucoup. On l’a même convaincu,
en en faisant un seuil, que la vraie pauvreté, c’était de ne pas dépenser.
Le deuxième faux dogme est que seules les
entreprises peuvent demander à chacun le meilleur de lui-même et que lorsque
l’État le fait, soit il déguise en fonction publique une sinécure permanente de
moins en moins supportable par ceux qui n’en bénéficient pas, soit il tue dans
l’œuf ses propres créations comme successivement, les ateliers de charité, les
ateliers nationaux, les ateliers sociaux et les ateliers de travail et de
charité permanents.
On en arrive à tuer les entreprises en leur faisant
supporter l’entretien de millions de chômeurs que l’on trouve normal de payer à
être inutiles tout en entendant Macron redire qu’il faut « demander à chacun le
meilleur de lui-même ». Et quand l’entreprise meure, elle laisse ses dettes à
la charge de la collectivité. On paupérise partout par la surtaxation des
entreprises, par l’entretien de chômeurs involontaires et d’une masse
incroyable d’inutiles subventionnés. La nouvelle coqueluche de
l’auto-entreprenariat permet de reculer pour mieux sauter.
Le troisième faux dogme est la croyance que l’on
peut créer de la monnaie avant de créer de la richesse, qu’il suffit d’investir
comme ils disent. On semble avoir complètement oublié que la monnaie ne doit
pouvoir être créée que pour équilibrer le constat d’un peuple qu’il a
préalablement créé de la richesse à ses propres yeux.
C’est ce troisième faux dogme dramatique qui rend
présentables et apparemment crédibles depuis au moins un demi-siècle, grâce aux
banques, les deux premiers faux dogmes, tout en ouvrant malheureusement la
porte au quatrième.
Le quatrième faux dogme est que l’artificiel
remplace facilement le naturel et que l’équilibre instable du funambule peut
remplacer avantageusement l’équilibre stable du porte-manteau.
La machine pourrait produire et l’intelligence
artificielle concevoir, en laissant l’homme simplement consommer, dormir, se
distraire et courtiser ses élites autoproclamées.
On en arrive même à faire croire que la machine et
l’intelligence artificielle sont moins coûteuses que l’homme, tant dans sa
fabrication que dans son usage. Le dogme prétendant que l’homme demanderait
plus d’énergie que la machine pour être conçu, nourri et réparé, est évidemment
faux mais il fait ses ravages dans la recherche médicale et dans l’industrie
dite « de pointe » qui, pour nous faire lutter contre la mort et pour nous
laisser nous croire enfin des dieux, dépensent une énergie monétaire considérable
à augmenter la population mondiale, la soumettre à notre façon de vivre et en
déduire qu’il faut en changer tellement le résultat est catastrophique.
La somme de ces quatre faux dogmes laisse croire
qu’il suffit pour se croire riches de fabriquer de l’argent pour acheter des
machines, et encore fabriquer de l’argent pour acheter leurs productions.
Comme cela ne marche évidemment pas, il faut
absolument faire payer les autres peuples et donc être une « puissance », ce
mot mi-sexuel mi-guerrier dont tous les Politiques s’habillent comme leur seule
raison d’être. La « puissance » chiffrée par le PIB et générant même un
prétendu « PIB mondial » n’est que la somme de toutes les dépenses payées par
la création monétaire ex nihilo des banques.
Ce pack bien ficelé est fourgué aux peuples que
l’on a formatés à tout gober, comme une création de richesses dont ils ne
voient évidemment jamais la couleur s’ils n’endettent pas leur descendance.
On a inventé pour cela l’expression « développement
économique » dont la racine latine veut dire soulever le voile, ce qui se dit
en grec apocalypse. Le voile une fois soulevé, ce développement, cette
apocalypse nous permettent de voir de mieux en mieux l’impasse dans laquelle on
nous pousse tant que nous accepterons d’en être nous-mêmes par facilité les
complices.
Les faux dogmes ne détruisent pas que l’économie.
Le libéral crée le libertaire. Les mots deviennent creux. La république se
réduit à l’oligarchie, la loi du petit nombre. Ce petit nombre peut même n’être
qu’un seul comme le dit Mélenchon avec son « La république c’est moi » ou comme
le vit Macron, ce jeune monarque improvisé que la réalité ne dérange même plus.
Les faux dogmes défient aussi la réalité en niant
la faiblesse physique de la femme comme son monopole absolu dans les maternités
et comme la nécessité d’un homme et d’une femme dans la conception et
l’éducation des enfants. Simplement dire ces évidences devient un crime de
lèse-dogme à mépriser avec d’autant plus d’ardeur que ce crime n’est que simple
observation. Nier une vérité ne trouve sa force que dans l’idolâtrie du dogme.
Les faux dogmes détruisent encore le lien social en
considérant la sexualité comme une orientation sans jamais s’aventurer à se
demander, de peur de s’entredéchirer, si sa boussole se trouve dans les gènes
ou dans l’éducation. Le dogme impose l’homosexualité comme un état alors que
les Grecs la voyaient comme un passage utile et organisé entre l’autosexualité
et l’hétérosexualité, passage dont il fallait savoir sortir.
A-t-on encore le droit d’avoir des convictions sur
ce sujet sans être embastillé pour homophobie? Peut-on encore suggérer que
l’homme a autant besoin de la femme que la femme de l’homme et que l’un sans
l’autre ne peut être un équilibre à lui tout seul?
Tous les faux dogmes actuels ont besoin de
dérivatifs pour occuper les esprits d’une jeunesse généreuse de son énergie
mais que tous ces faux dogmes empêchent d’être utile.
Ils ont généré des nouvelles religions pour
étrangler la spiritualité collective qui donne trop de place au bon sens et
qu’ils abandonnent à l’islam. Ils ont d’abord sorti de leur chapeau la laïcité
qui décrète que la spiritualité n’est qu’individuelle alors qu’elle ne l’est
que pour une infime minorité d’ermites.
Comme la
laïcité patine, on a inventé une autre religion qui, sous le prétexte de
bienveillance et à l’inverse de la démocratie, survalorise les minorités pour
un égalitarisme
dogmatique qui n’est toujours que dans un seul
sens. C’est la religion de la « discrimination positive » que l’on appelait
autrefois la distinction, c’est la religion du « celles et ceux » tellement
entendu et de la parité qui exclut la femme de la représentation de « ceux »,
mais qui ne bronche pas quand la parité se perd dans la magistrature et bientôt
dans la médecine et dans les médias.
Cette religion suicidaire culpabilise toute
majorité, ne pousse pas les faibles à devenir forts mais imposent aux forts
d’être faibles tout en prônant la compétition et en dédaignant la
collaboration. Comme cette religion n’est pas fondée sur une générosité mais
sur une obligation dogmatique, elle patauge aussi et n’enflamme personne.
On a enfin inventé une religion qui peut enflammer
la jeunesse. C’est le réchauffement climatique dont l’origine serait humaine.
Personne ne commence par expliquer pourquoi la Terre a été glaciale et brûlante
à différentes époques bien avant l’arrivée de l’homme.
Or, sans avoir compris le pourquoi de ce large
éventail de températures dont l’homme ne porte aucune responsabilité, est-il
sérieux d’imputer à l’homme, par simple affirmation d’un GIEC composé de gens
très divers qui y ont tous intérêt, la responsabilité du petit réchauffement
actuel que l’on retrouve plusieurs fois dans les siècles passés.
La religion du réchauffement climatique a en plus,
pour l’élite autoproclamée, le gros avantage de prendre en charge le déclin
bien réel de la biodiversité en en absolvant le vrai coupable, le libre
échange. Et n’est-elle pas aussi une façon efficace de détourner l’énergie de
la jeunesse de là où elle pourrait être utile donc vraiment dérangeante
?
© 03.05.2019