Charles De Gaulle, le regard vers l’éternité Christine Alfarge - Académie du gaullisme

Académie du Gaullisme
Président Jacques Myard
Secrétaire générale Christine ALFARGE
Président-fondateur Jacques DAUER
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Charles De Gaulle, le regard vers l’éternité
  « L’âme de la France ! Elle est avec ceux qui continuent le   combat avec tous les moyens possibles,
avec ceux qui ne renoncent pas,   avec ceux qui, un jour, seront présents à la Victoire. »
 Charles De Gaulle
         
         
par Christine Alfarge,    
Le 18 juin 1940, c'est joué le destin de la France.
La célébration de l'Appel du 18 juin 1940 est surtout un hommage à la résistance française rassemblée autour du Général de Gaulle à Londres, puis en Afrique du Nord, de tous ceux qui ont payé le prix de notre liberté dans l'action et le sacrifice pour que notre histoire française se perpétue à travers le temps. Pour les générations qui vont suivre, c'est l'exemple de la volonté et de l'espérance gravée pour toujours dans les esprits. Cette célébration est l'occasion de se souvenir et d'honorer la mémoire des Français libres qui avec courage ont décidé à l'été 1940, de prendre leur   destin en main et de défendre leur pays, en ignorant la fatalité.
Le 18 juin 1940, la France libre est née du refus instinctif de la défaite et de la détermination d'un homme d'honneur, le général De Gaulle, qui a dit « Non » à la soumission face à l'ennemi pour sauver la liberté du peuple français. L’esprit de résistance, c’est la flamme qui est en nous, le courage de ne jamais céder, continuer de combattre. Fidèle à Jean Moulin et son action de résistance, Daniel Cordier dira « le seul choix qui vaille dans la vie, c’est celui de combattre pour la liberté ». Il n’y eut jamais plus bel exemple que 1940. Que vaut la vie sans une mystique qui l’élève ? C’est ce qu’écrira notre compagnon Yves Guéna en 1941, dans une lettre à son ami Daniel Cordier. Winston Churchill, quant à lui, artisan infatigable auprès du général De Gaulle pour permettre à la France de reconquérir sa liberté, écrira « …La résistance qui est au cœur de la mystique  gaulliste… ».
Lorsqu’il n’y a plus de repères, où retrouver un sens, une direction ? Comment garder la foi comme Daniel Cordier et tous ceux qui ont accompli des actes de bravoure, sûrs de prendre la bonne décision ?1940, le mystère des deux Frances taraude notre esprit depuis longtemps. L’une représentant la majorité silencieuse sur les routes de l’exode, subissant aveuglement, n’étant plus disposée à défendre les valeurs républicaines, plongée dans l’inconscient collectif sans doute par manque de discernement et de volonté laissant s’installer un chaos inouï dans tout le   pays.
Le général De Gaulle s’adressant à René Cassin, « nous sommes la France. »
Alors que l’effondrement des institutions précipite le peuple exsangue dans un profond renoncement, tout semble perdu définitivement. Et pourtant, le sort de la France va en être décidé autrement parce qu’il n’y a pas de fatalité. C’est cette France-là que nous honorons, celle de la résistance, la France combattante du général De Gaulle sans laquelle nous aurions été humiliés dans la défaite et bien plus encore la soumission.
A l’été 1940, la force de l’engagement dans la France libre est déterminante pour résister tant sur le plan extérieur que sur le plan intérieur. Les premiers résistants venaient de tous les horizons sans jamais se résigner à la défaite, combattre pour libérer la France, c’est dans cette conviction instinctive qu’ils gardaient l’espoir de vaincre.
Pourquoi avaient-ils choisi de se rallier à la France libre ?
« Pétain avait tué la France glorieuse » écrira Daniel Cordier. Avant tout, ces volontaires de la France libre ne voulaient pas subir l’occupation de leur pays, par un réflexe conditionné à un refus absolu de penser que la guerre était perdue, ils rejoindront l’Angleterre. Chacun d’eux garde le souvenir intense où pour la première fois il a vu surgir le général De Gaulle, aucun parmi ces jeunes n’avait entendu l’appel du 18 juin ni ne connaissait son nom.
Lorsque le Général apparaît quelques instants le 6 juillet 1940, à l’Olympia de Londres, il leur lance ces mots « Je ne vous féliciterai pas d’être venus, vous avez fait votre devoir. Quand la France agonise, ses enfants se doivent de la sauver. Vous avez de la chance, jeunes Français, car vous voyagerez beaucoup. Ce sera long, ce sera dur, mais à la fin, nous vaincrons ». L’instant est crucial, la France libre est née de cette conviction et de cette volonté.
Le général De Gaulle incarnera la pierre angulaire de cette volonté à travers son appel à la radio de Londres. Cet appel à continuer le combat en constituant une force militaire sous le drapeau français aura l’adhésion parmi des civils ou des militaires qui s’engageront dans les Forces françaises libres portant avec une fidélité sans faille les armes de la France libre jusqu’à la capitulation allemande. L’Histoire montrera combien leurs combats furent héroïques sur tous les champs de   bataille.
Appel du 18 juin 1940 prononcé à la radio de Londres (BBC)
Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement.
Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat.
Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi.
Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !
Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des Etats-Unis.
Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale.Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.
Demain, comme aujourd’hui, je parlerai à la Radio de   Londres. »
Juin 1940, le déclin.
Même une grande nation peut vaciller, fût-elle la France, la débâcle de 1940 en est l’illustration. À la fin de la IIIème république, le régime se trouvait à bout de course et beaucoup voulaient une profonde réforme du système politique. La plupart avait choisi la capitulation pensant que Pétain les sauverait, ceux qui depuis longtemps avaient abandonné la nation et le sort de la France. Cette période marque une rupture, non seulement parce que le pays perdait son rang de grande puissance mais aussi parce que les fondements de la nation comme ses valeurs morales, ont été affaiblis.
Des épreuves que la France a traversées en plus de dix siècles, 1940 reste la plus douloureuse comptant une armée décimée, des populations innombrables qui se rassemblent sur les routes de l'exode, affamées, ayant perdu leurs repères et tous leurs biens, puis très vite la débâcle du régime, c'est-à-dire les jours terribles qui précédèrent l'armistice du 22 juin. On y voit malheureusement un pays sombrer au milieu d'un chaos inouï, l'ignorance des enjeux réels du conflit en cours, la désintégration de la République, la revanche de ceux qui ont choisi l'ennemi, le régime de Vichy avec ses monstrueuses lois raciales.
Cependant, au coeur de l'abîme, d'autres hommes ont choisi de ne pas baisser les bras et se battre courageusement, à partir de là, la résistance de l'ombre va naître, parmi eux Jean Moulin, certain que le combat n'est jamais vain, « le tombeau des héros est le cœur des vivants. » écrivait André Malraux.
La France, notre pays, c’est d’abord une histoire.   
« Sans doute l’histoire ne consiste-t-elle pas qu’à délivrer » disait le   général De Gaulle, « elle est l’affrontement avec l’ennemi, aussi avec le destin. »
Dans « l’étrange défaite », Marc Bloch écrivait « l’effort sera rude, combien il me semblerait plus commode de céder aux conseils de la fatigue et du découragement ! Un jour viendra, tôt ou tard, j’en ai la ferme espérance, où la France verra de nouveau s’épanouir, sur son vieux sol béni déjà tant de moissons, la liberté de pensée et du jugement.
Alors les dossiers cachés s’ouvriront, les brumes, qu’autour du plus atroce effondrement de notre histoire, commencent, dès maintenant, à accumuler tantôt l’ignorance et tantôt la mauvaise foi, se lèveront peu à peu, et,   peut-être les chercheurs occupés à les percer, trouveront quelque profit à feuilleter, s’ils savent le découvrir, ce témoignage de l’an 1940 ».
On est face à son devoir comme on est face à son destin « la tragédie de la mort est en ceci qu’elle transforme la vie en   destin, qu’à partir d’elle rien ne peut plus être compensé. » écrivait André Malraux.
Un homme de l’Histoire est un ferment, une graine. (Charles De Gaulle)
« L’important et, peut-être, pour tous les hommes qui ont été liés à l’histoire n’était pas ce que je disais, c’était l’espoir que j’apportais. Pour le monde, si j’ai rétabli la France, c’est parce que j’ai rétabli l’espoir en la France. »
« La justice sociale se fonde sur l’espoir, sur l’exaltation d’un pays, non sur les pantoufles », « puisque tout   recommence toujours, ce que j’ai fait sera tôt ou tard source d’ardeurs nouvelles après que j’aurai disparu. » écrivait le général De Gaulle.
L'épopée de la France libre de 1940 reste un magnifique exemple pour toutes les générations, De Gaulle incarnant l'homme providentiel qui s’impose comme le sursaut, l'espoir. Dans son ouvrage le fil de l'épée, ses mots raisonnent toujours : « Les armes ont détruit, mais aussi façonné le monde ; Elles ont accompli le meilleur et le pire, enfanté l'infâme aussi bien que le plus grand, tour à tour rampé dans l'horreur et rayonné dans la gloire. Honteuse et magnifique, leur Histoire est celle des hommes »
Parce que nous avons la passion de la France, souvenons-nous des mots de Pierre Lefranc, compagnon de la libération, rappelant la grandeur de notre pays :« La France a assez souffert de sa défaite, des lâchetés, des trahisons pour qu’on n’oublie pas que grâce à De Gaulle et à ses volontaires, elle n’a pas démérité de son passé mais a été sauvée du déshonneur et rétablie sans tache dans sa vocation millénaire. »

               *Christine ALFARGE Secrétaire générale de l'Académie du Gaullisme.
               

© 01.06.2023

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