« S’il
faut que la France ait une épée, il faut que ce soit la sienne »
(Charles
de Gaulle)
« On a voulu créer un bloc, sortir de
l’idéologie européenne en créant des coopérations mais la libre circulation
pose problème tant sur les capitaux que les personnes. On danse sur un volcan
financier, nous sommes à la veille d’une crise systémique, une nouvelle donne
est difficile mais on ne peut pas continuer comme ça », d’emblée
Jacques Myard évoque une Europe qui ne marche pas parce qu’elle se construit
sans les nations.
L’Europe
des nations, une évidence.
Il faut créer l’Europe
des réalités, celle pour laquelle le Général de Gaulle n’a cessé de se battre
toute sa vie pour la mener à terme, les traités de paix n’étant jamais une
garantie au regard des velléités et des ambitions hégémoniques des Etats.
Jacques Myard nous dit : « le
président de la république Emmanuel Macron rêve d’un romantisme européen dans
une gouvernance en panne où l’Europe n’a pas de politique industrielle, de
contrôle de la finance internationale, un principe de subsidiarité à retrouver.
Nous sommes dans l’ère des puissances relatives où il y a un besoin de
coopérations ».
Qu’est-ce
que la politique étrangère ?
C’est d’abord réaffirmer
la voix de la France mais pour être une grande nation, la fierté d’être
français doit renaître dans notre pays. Le sentiment d’appartenance est
primordial pour préserver la nation si on veut préserver la souveraineté. Seule
une France retrouvant confiance en elle-même pourra jouer un rôle déterminant à
la construction d’une Europe fondée sur des projets et sur les nations.
En septembre 1961,contre
toute supranationalité, le Général de Gaulle présentait son projet sur la
construction européenne : « Assurer
la coopération régulière des Etats de l’Europe occidentale, c’est ce que la
France considère comme souhaitable, possible et pratique, dans les domaines
politique, économique, culturel et dans celui de la défense…Cela comporte un
concert organisé, régulier de gouvernements responsables et le travail
d’organismes spécialisés dans chacun des domaines communs et subordonnés aux
gouvernements… ».
La
géographie prime.
La France a des intérêts
propres et des intérêts communs pour vivre en paix. Ce n’est pas le repli sur
soi mais la liberté de décisions dans le concert des nations. Selon Jacques
Myard : « au niveau
interétatique, des coalitions se forment en fonction des intérêts. Des
puissances relatives créent un équilibre, si un Etat est atteint de démesure,
les autres se coalisent contre lui, la Chine très surveillée l’illustre
parfaitement. Le système actuel est un autobloquant naturel, pendant ces
dernières années, s’est développé un monde de courants transfrontaliers (ONG,
Islam), une communication instantanée sur toute la planète. Il y a tout un monde
qui échappe aux contrôles des Etats ».
Est-ce
un monde sans pilote ?
« Pas tout à fait, selon Jacques Myard, les Etats-Unis ont mis en place les lois
extraterritoriales ». Il ajoute : « Concernant
les relations transnationales, nous avons la capacité d’entraîner les autres,
ce n’est pas ce qui se passe maintenant mais on peut y arriver avec la volonté
politique, soixante-six millions d’habitants, la volonté d’exister, un projet
politique pour nous faire entendre ».
Il
n’y a aucune corrélation entre la puissance et la taille.
Pour que la France
rayonne, elle doit rester une grande puissance politique et faire entendre sa
voix dans les affaires du monde. Il est indispensable que pour assurer les
besoins vitaux de la nation, une politique de défense soit en appui à la
politique étrangère du pays afin de renforcer sa vision stratégique, son action
diplomatique.
Peut-on
avoir une défense européenne ?
Au regard de l’histoire,
rappelons-nous qu’après son départ en 1946, le Général de Gaulle interviendra dès
1951contre le projet de Communauté européenne de défense (la CED). Il
n’acceptait pas le principe de l’abandon de l’autonomie de la défense de la
France au bénéfice de quiconque. C’est donc à son retour en 1958 que le Général
de Gaulle décida de tout mettre en œuvre pour doter la France de l’arme qui
déciderait de la guerre ou de la paix. Lors d’une allocution prononcée le 3
novembre 1959 à l’Ecole militaire devant les membres de l’Institut des hautes
études de défense nationale, le Général de Gaulle s’exprimait : « il faut que la défense de la France
soit française ». Toute la politique de défense nationale du général
en découlera pendant ses années aux responsabilités alors que certains milieux civils
et militaires souhaitaient ardemment une défense intégrée au niveau européen.
Il affirmera : « le
système de l’intégration a vécu » et
annoncera dans la foulée ce même 3
novembre, la constitution d’une force de frappe atomique française, dite « de
dissuasion ».
Le 13 février 1960, la
première bombe atomique française explose au Sahara, cet évènement changera complètement
la politique de défense de la France devenant intouchable. Il ne serait plus
question à l’avenir de faire la guerre force contre force en Europe, la
bataille de chars lourds ne serait plus envisagée, personne ne prendrait le
risque de représailles nucléaires sur son propre territoire.
Aujourd’hui, s’inscrivant
dans la continuité de la pensée gaulliste, Jacques Myard affirme : « Il n’y a pas de défense européenne,
nous sommes les seuls à avoir une capacité autonome et des partenaires qui ne
pensent pas comme nous, la France doit garder son autonomie de décision ».
Il précise : « On peut
avoir des appuis extérieurs tel le Brésil par exemple ou d’autres qui ne sont
pas des européens. Concernant les coopérations, la panoplie est énorme, nos
choix peuvent être européens ou pas ».
Si nous demeurons une
hyper puissance culturelle, nous devons aussi retrouver une politique
industrielle en France et en Europe. Selon Jacques Myard : « il y a trois zones de puissance, Europe, Afrique,
Proche et Moyen-Orient où nous sommes une puissance. Il faut du
multilatéralisme, nous dit-on, mais il faut être capable du bilatéralisme.
Regarder le monde tel qu’il est, c’est défendre nos intérêts, personne d’autre
ne le fera ».
Quoiqu’il en soit, les
décisions du Général de Gaulle en matière militaire ont permis à la France de
retrouver sa liberté en matière de défense. Vis-à-vis de l’OTAN, sa position
fut toujours claire lorsqu’il déclara le 11 avril 1961 qu’un changement dans l’organisation
de l’Alliance atlantique était indispensable dans ses aspects militaires.
Le Général de Gaulle
affirmait avec force et détermination « le droit et le devoir des puissances
européennes continentales d’avoir une défense nationale qui leur soit propre.
Un grand Etat ne pouvait confier son destin à un autre Etat ».