211 myard - Académie du Gaullisme

La Lettre du 18 JUIN Vingt- sixième année – n° 211 – novembre 2018
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211 myard

par Jacques MYARD,
membre honoraire du Parlement, maire de Maisons-Laffitte, président du Cercle Nation et République
AVIS DE TEMPÊTE
Un coup de froid est tombé sur la France dûment annoncé par la Météo nationale depuis plusieurs jours, elle ne s'est pas trompée conformément à ses compétences reconnues, bravo ! Mais si la Météo nationale arrive à anticiper l'avenir, il n'en est pas de même du Gouvernement qui gouverne visiblement à vue et apparaît dépassé par les événements. Certes, Jupiter essaie de reprendre la main qu'il a perdue à la suite de la ténébreuse affaire Benalla et de la diffusion de selfies étonnants avec des repris de justice torses nus aux Antilles, sans doute l'effet de la canicule... Pour reprendre la main, Jupiter utilise une méthode vieille comme le monde : porter le combat sur la scène internationale pour faire oublier le tumulte intérieur !
Voilà donc Jupiter parti en guerre contre ces mauvais Européens, ces souverainistes, ces populistes champions de la démocratie illibérale qui menaceraient l'Europe dont il rêve et qui relève de la chimère ! On pourrait en rire et s'en amuser, sauf que Jupiter n'est pas un chansonnier du Théâtre de 10 heures qui brocarde tout ce qu'il peut; il est le Président de la République française dont la mission en Europe est de distiller l'apaisement, conforme justement à sa vision d'Europe réconciliée avec elle- même après tant de douloureux affrontements. En d'autres temps, Jupiter en serait venu aux mains... Jupiter fait preuve d'une rare incompétence à ce titre, et voudrait-il faire imploser l'Union européenne qu'il ne s'y prendrait pas autrement !
De l'amateurisme pur jus ! Il devrait méditer ce jugement de Milan Kundera, dans L'Ignorance : « Les Français, tu sais, ils n'ont pas besoin d'expérience. Les jugements chez eux précèdent l'expérience... Ils ne s'intéressent pas à ce que pensons, ils s'intéressent à nous en tant que preuve vivante de ce qu'ils pensent eux. » Cela est d'autant plus inquiétant que la dimension internationale de notre destin devient de plus en plus prégnante et marquante sur les enjeux intérieurs. Quelques exemples :
- Les Français s'apprêtent à célébrer le centenaire de 14-18, cette guerre qui a frappé toutes les familles et où l'on conserve pieusement un souvenir d'un aïeul engagé dans ce conflit ou qui est tombé au champ d'honneur. Voilà-t'i -pas, comme aurait dit un poilu gouailleur, que Jupiter décide pour complaire à la chancelière Merkel, au bord de l'abdication, de ne pas célébrer ce centenaire comme étant une victoire militaire. Pour l'en remercier, dans la foulée, la belle Angela lui sert un plat à la prussienne et propose de punir l'Arabie-Saoudite en cessant de lui fournir des armes. Jupiter a apprécié et devrait méditer les limites de son romantisme européen, béatitude ...
- Les flux migratoires est aussi un sujet de prédilection pour Jupiter qui vit les délices de la quadrature du cercle : - d'un côté les préfets font remonter des informations alarmantes sur les banlieues et le ras le bol des indigènes - il s'agit des Français - le dernier locataire de la place Bauveau, Gérard Collomb a très bien traduit la situation « on vit aujourd'hui côte à côte et bientôt face à face », De l'autre, les clones de la macronie semblent avoir conservé une fibre socialiste et aiguillonnés par les révolutionnaires en peau de lapin saluent les exploits de l'Aquarius oubliant avec une totale hypocrisie sa complicité avec les passeurs mafieux. Sur le plan intérieur la politique économique et fiscale se pimente fortement car c'est une saga de contradictions qui conduit au ralentissement économique et malheureusement à la hausse du chômage et surtout à une baisse de pouvoir d'achat pour les Français !
Les choses sont pourtant simples : on ne peut pas simultanément taxer les ménages, surtout les professions libérales et les retraités avec la CSG, augmenter les taxes parafiscales sur les carburants et réduire massivement les investissements par une politique de rabot; en supprimant la taxe d’habitation pour les collectivités qui effectuent 70 % des investissements publics, le tout pour rester dans les clous de Bruxelles ! Il est urgent de sortir de l'idéologie et de rétablir les avances de la Banque de France à l'État pour l'Investissement comme ce fut le cas sous la IVe et au début de la Ve République POUR l'investissement qui fait défaut aujourd'hui. Cela éviterait de vendre les bijoux de famille et de se priver de redevances régulières.
Un État n'est pas une personne privée qui doit emprunter sur les marchés ! Mais c'est surtout en matière de sécurité que la situation se dégrade :
La réalité est la suivante, chaque jour les pompiers, les policiers sont caillassés dans les banlieues lors de leurs interventions; et il n'est pas rare qu'ils reçoivent des balles ! Si d'aventure des policiers réagissent et utilisent leurs armes, ce sont eux qui sont mis en cause, il leur faudra prouver qu'ils sont en légitime défense. Etrange conception de l'autorité : refuser de s'arrêter à un contrôle de police et se scandaliser que les policiers puissent tirer, traduit un incroyable renversement des principes; à un contrôle de police ON S'ARRÊTE ! Sauf à admettre que les policiers ne représentent qu'une autorité en peau de lapin et sont présumés coupables !
Tout cela a un fort parfum de décadence, de remise en cause de l'autorité, principe qui ne se confond pas avec l'autoritarisme mais qui est fondé sur « l'ordonnancement naturel des choses » selon les mots de Chateaubriand et qui doit gouverner une société démocratique avec le respect des professeurs, des policiers, des parents. Toutes violations de ces principes doivent être sanctionnées; assez de misérabilisme. « Quand on s'interroge sur le retour de l'ordre, on ne se trompe que sur une chose la date » prophétisait Bonald.
Le navire France a le mal de mer, le commandant promu au gouvernail par un concours de circonstances n'a pas de boussole pour un cap clair, malgré les affirmations de se ses subordonnés aux ordres. Il est vrai « qu'en France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu, et on persécute ceux qui sonnent le tocsin », Chamfort. Oui mais ça ne va pas durer, car ça ne peut pas durer !

© 05.11.2018
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