211 alfarge - Académie du Gaullisme

La Lettre du 18 JUIN Vingt- sixième année – n° 211 – novembre 2018
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211 alfarge

par Christine ALFARGE
« Si Clémenceau et De Gaulle n’avaient pas été là… »
 

 
 
« Celui qui combat peut perdre mais celui qui ne combat pas a déjà perdu »
 
(Bertolt Brecht)
Parmi les grands personnages de l’histoire française tels Louis XIV ou Napoléon, Georges Clémenceau et Charles de Gaulle incarnent l’image de la grandeur, du courage, d’une voix qui s’élève pour dire non au moment où tout semble perdu. Leur caractère et les circonstances à chaque époque vont montrer la même force d’engagement et de détermination face à l’adversaire. Seuls, ils changeront le cours de l’histoire malgré des ennemis innombrables. Ils s’imposeront comme les deux hommes d’Etat français les plus importants du XXème siècle nous léguant un patrimoine historique, politique et militaire à travers tous leurs combats.
 
L’hommage du Général de Gaulle à Clémenceau.
 
« Au fond de votre tombe vendéenne, aujourd’hui 11 novembre, Clémenceau ! vous ne dormez pas. Car, certainement, la vieille terre de France qui vous enterre pour toujours a tressailli avec colère tandis que le pas insolent de l’ennemi et la marche feutrée des traîtres foulaient le sol de la patrie… ». C’est à la radio de Londres en 1941 que le Général de Gaulle rendra ce vibrant hommage à Georges Clémenceau qui aura remporté deux belles victoires, celle du droit et celle de la nation, la réhabilitation du Capitaine Dreyfus en 1906 et plusieurs années après l’Armistice du 11 novembre 1918.
 
Quelques années plus tard, avant son deuxième discours de Bayeux le 16 juin 1946, le Général de Gaulle viendra se recueillir le 12 mai sur la tombe de Georges Clémenceau, en Vendée. « Président Clémenceau ! Tandis que l’ennemi écrasait la patrie, nous avions fait le serment d’être fidèle à votre exemple. C’est à l’Histoire de dire si le serment fut tenu. Mais aussi nous avions promis de venir, la Victoire remportée, vous dire merci des leçons que vous nous avez données. Voici la promesse accomplie sur votre tombe vendéenne », la rencontre de deux géants de notre histoire avec chacun un sens inné pour gouverner et redonner à la France sa fierté et son honneur face à l’ennemi. « Je suis disait Clémenceau, un mélange d’anarchiste et de conservateur dans des proportions qui restent à déterminer ». Dans le même esprit que celui qu’il admire tant, le Général de Gaulle prononcera en 1944 : « Il n’y a qu’un révolutionnaire en France, c’est moi ».
 
Un Tigre au grand cœur.
 
Epris d’égalité, Georges Clémenceau, rédacteur à l’Aurore depuis 1897, se range du côté des dreyfusards lors de l’affaire Dreyfus et offre à Emile Zola la possibilité de s’exprimer dans ce journal avec le célèbre titre « J’accuse ». Clémenceau ira jusqu’à se battre en duel contre Drumont, fondateur de la Ligue antisémitique de France. Quand éclate en 1914 la Première guerre mondiale, Clémenceau, âgé alors de soixante-treize ans, se révèlera au front plus combatif que jamais. « On vous aura ! » criait-il aux Allemands.
 
Pendant les premières années de la guerre, même censuré, il ne ménage pas ses critiques contre le gouvernement dans son journal « L’homme enchaîné ». Il visitera régulièrement les tranchées, toujours vaillant mais déterminé face à une situation inextricable à la fin de 1917. Il sera nommé à la tête du gouvernement par le président Poincaré reconnaissant en lui l’homme fort pour vaincre. « Je fais la guerre à fond pour la faire durer le moins possible. » disait Clémenceau.
 
Quand gloire rime avec victoire !
 
Pendant l’après-midi du 11 novembre 1918, Clémenceau monte à la tribune de la Chambre et lit les clauses d’Armistice acceptées par l’Allemagne. Il prononcera ces mots sous les acclamations de tous les députés : « Mon devoir est accompli. »
 
L’obsession de ne jamais cesser le combat.
 
Clémenceau et Charles de Gaulle seront des héros dans ce siècle de guerre et de barbarie parce qu’ils avaient la volonté de vaincre et le respect des hommes qui se battent pour la liberté. « Le pays a à sa tête des hommes qui n’ont pas la flamme, l’éclair, le sentiment des responsabilités qu’ils assument », Clémenceau déplorait ainsi l’attitude du commandement militaire français, lui qui même souffrant, se rendait le plus souvent possible sur le front auprès des poilus auxquels il apportera un soutien humain qui sera déterminant jusqu’à la fin de la guerre.
 
Lors du traité de Versailles signé le 28 juin 1919, il souhaitera en leur honneur que la place des poilus soit au premier rang de l’assemblée afin de leur témoigner toute la reconnaissance de la nation. Il ignorait que ce traité de paix ne suffirait pas et comme le pensait Charles de Gaulle, l’Allemagne prendrait sa revanche. L’homme du 18 juin 1940 sera au rendez-vous de l’histoire dans la lignée des hommes qui n’ont jamais cédé, une résistance et une fidélité sans faille qu’il reconnaîtra aux compagnons de la Libération à travers l’Ordre du même nom.

 
Bon nombre de politiques se posent encore la question de l’héritage historique de ceux qui ont livré tous ces combats, mais il est vain pour quelque parti qu’il soit de s’approprier ou se revendiquer de Clémenceau ou de De Gaulle. Il faut juste se demander s’ils n’avaient pas été là, qu’aurions-nous fait ? Qui se serait levé pour défendre la patrie ?
 
« Le père la Victoire » et « l’Homme du 18 juin » scelleront à leur tour le destin de la France, l’un pendant la première guerre dont on se demande toujours à quoi elle a servi et l’autre pendant la deuxième guerre où l’intuition du Général développée dans « La discorde chez l’ennemi » ouvrage qu’il écrira en 1924 sur les causes de la défaite allemande de 1918, se révèlera précieuse face aux Allemands qui voudront à nouveau en découdre avec la France, ce dont n’avait jamais douté le Capitaine de Gaulle menant une longue réflexion pendant sa captivité à Ingolstadt.
 
« Président Clémenceau… la France vivra, et au nom des Français, je vous jure qu’elle sera victorieuse ! Lorsqu’il prononce cette phrase le 11 novembre 1941, le Général de Gaulle apparait incontestablement comme le digne héritier de Georges Clémenceau non seulement parce qu’ils avaient en commun une haute idée de la France mais surtout de la faire gagner

© 05.11.2018
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