Le Général de Gaulle ses positions sur l'Europe
L'émission de Télévision animée par Michel Droit résumait la position du Général de Gaulle : L'Europe ? Il ne suffit pas de crier l'Europe, l'Europe, l'Europe, en sautant sur sa chaise comme un cabri pour que l'Europe se fasse. Cela n'aboutit à rien, cela ne signifie rien.
Les questions qui se posent à nous : Le Général fut-il Européen ? Et s'il le fut, de quelle façon ?
Il est important que l'Académie du Gaullisme traite du sujet, son rôle étant de transmettre la pensée du Général et de faire découvrir son œuvre aux jeunes générations. Nous qui avons eu la chance de connaître, de fréquenter et de travailler avec nombre de ses collaborateurs les plus proches, nous avons le devoir d'en rappeler les faits principaux et l'Europe en fait partie
Profitons de ce papier pour rappeler l'œuvre de Jacques Dauer qui su rassembler les gaullistes historiques une fois par mois au Restaurant du Procope, ce qui fit de nous, l'expression est de Jacques Myard : LES CONJURES DU PROCOPE et qui les rassembla souvent au sein de l'Académie du Gaullisme, à laquelle nous sommes fiers d'appartenir
L'époque traversée par le Général a été tumultueuse, changeante, souvent imprévisible. Deux guerres, trois Républiques, l'Empire, la décolonisation, la guerre froide, la montée en puissance des pays émergents. Il a fallu tout gérer, tout prévoir, dont cette Europe qui divise, les partisans du projet « Europe supranationale, les partisans d'une Europe de la coopération et ceux du pas d'Europe du tout. L'Europe du Général suite à la guerre doit se fabriquer avec des Allemands, des Belges, des Français, des Italiens, rappelons le discours du 15 mai 1962 ; ni espéranto ni Volapük intégré. Des Nations, libres et indépendantes avec chacune sa langue, son histoire, son territoire, ses us et coutumes. Pour le Général, une chose domine : les relations entre la France et l'Allemagne pour un ; Plus jamais ça. Il a souvent dénoncé le traité de Versailles qui n'avait rien réglé, ainsi que l'arrêt, trop rapide de la guerre : il aurait voulu que nos armées gagnent, pour le moins, les berges du Rhin.
Chacun connaît : les positions de Charles Gaulle entre les deux guerres. Face à la montée de la puissance Allemande, il propose la fabrication de chars. Il n'est pas écouté et l'on sait ce qu'il advint. Il constate l'absence desAméricains, le ré embarquement des troupes anglaises. L'ardente obligation de nouvelles relations en Europe se,fait jour. Pendant la guerre : l'attitude des Anglais en Syrie, Mers el Kébir, Madagascar etc., laissera des traces dans son esprit.
Après la guerre, le Général s'est opposé au projet du retour de la Sarre en Allemagne, à la CED mais aussi aux émissaires (agents de la CIA) des Américains qui voulaient imposer l'Europe américaine
Signature du Traité de Rome en mars 1957. Le Général s'exprima peu sur ce traité. Ce sont les gaullistes, Michel Debré en tête qui montèrent au créneau.
Le traité comportant des articles de sauvegarde, le Général ne si opposa pas frontalement et a certainement pensé que le temps était venu de libérer les échanges. Par contre il savait que la France n'était pas prète pour s'adonner au libre-échange et a voulu qu'avant toute application du Traité, une remise en place d'abord de la finance fut effectuée, (Plan Rueff) qu'une rupture du cordon ombilical avec Washington fut mise en place et que le traité reste une « chose » économique.
Arrive l'entrevue de Colombey avec Adenauer (1958) ; Evènement important qui marquera l'avenir.
Attention à tout ce qui a été écrit, l'entrevue s'est déroulée uniquement entre les deux hommes et en l'absence d'interprète. Raison des interprétations divergentes qui ont été ensuite relevées
Adenauer était pour la conservation des valeurs chrétiennes de l'Europe, pour contrer le matérialisme venant des USA, pour l'entrée de la Grande Bretagne, il avait surtout peur d'un déferlement communiste et cherchait des barrières protectrices.
Pour le Général, l'Allemagne devait devenir le partenaire privilégié de la France, Le monde avait changé, un nouvel ordre s'était installé, qui demandait qu'un équilibre soit retrouvé. L 'association avec l'Allemagne devant pour le Général créer cet équilibre.
Deux éléments contradictoires : le Général dit à Adénauer « la France n'a pas besoin d'une organisation de l'Europe », et dans le même temps assuré de son attachement au concert des Etats européens.
L'ardente obligation de trouver enfin la paix, fit que tout au long de la vie, du Général, nous trouvons, sur le sujet de l'Europe, de nombreuses variantes voire, écrivit l'Ambassadeur Maillard, des positions antagonistes, d'où certaines ambiguïtés qui restent encore à décrypter.
Mouvements d'humeur, quelques provocations, les événements, la complexité du problème, bref, le travail pour retrouver le fil de la pensée du Général sur L'Europe est parsemé de périodes différentes de sentiments différents, qu'il nous faut rassembler, décrypter, en tenant surtout compte des périodes succésives. Un demi siècle est passé, l'Europe du Traité de Rome, n'est pas celle de Maastricht, qui n'est déjà plus celle d'aujourd'hui
Au sujet de l'Europe une chose sur laquelle le Général n'a jamais transigé : l'indépendance de la France. Ce furent d'abord, Indépendance de la France , ensuite, Indépendance de la France et enfin indépendance de la France , sans oublier le droit des peuples à disposer d'eux mêmes. .
Indépendance mise en danger, en 1870 , le Père du Général, Henri de Gaulle, l'évoqua souvent en désignant le premier devoir de tout citoyen Français : ne jamais oublier l'Alsace et la Lorraine, amputation officialisée par le Traité de Francfort sur le Main, signé le 10 05 1871. Le rève des Etats-Unis d'Europe, cher à Victor Hugo dans les années 1840 est devenu un crime contre la nation :
14/18, nous retrouvons nos territoires mais perdons, sur les champs de bataille, une partie de la jeunesse française. L'Allemagne est de plus en plus considérée comme l'ennemie de la France, pas question de faire ce machin européen avec des gens qui viennent jusque dans nos bras égorger nos fils et nos compagnes
1939 à 1944 où chacun connaît les actions menées par le Général, qui combattit les ennemis de la France (et quelques fois aussi, ses amis) L'Europe devait réaliser le rêve des Etats-Unis qui voulaient installer une barrière entre l'URSS devenue l'ennemie n°1 et eux, Europe obligatoire à leurs yeux et suivie à la lettre par nombre d'Etats qui regardaient arriver l'aide américaine
Chez Charles de Gaulle, les périodes de guerre entre l'Allemagne et la France développent chez lui la nécessité de défendre le concept de Nation. Il faudra attendre longtemps pour qu''il accepte l'Europe, qui ne pouvait être qu'une Europe des Nations.
Pour le Général, la France vient du fond des âges,, la France éternelle, pas question de la dissoudre dans une purée de marrons quelconque. Rappelons cette phrase qui résume sa pensée : Malgré la taille du verre que l'on vous tend de l'extérieur, buvons dans le notre et trinquons aux alentours
Il y a un pacte 20 fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde, Ce pacte ne pourrait s'écrire sans la France une et indivisible : Le droit à l'indépendance, le droit des peuples à disposer d'eux mêmes, nous sommes loin de certains traités, loin d'une volonté d'Europe fédérale.
Et puis, le rôle de l'Etat, prolongement naturel de la nation. Etat qui doit rester, pour le Général, suffisamment fort pour imposer les choix de la nation et arbitrer pour défendre son indépendance et ses intérêts
C'est juste avant la guerre de 40 qu'il s'exprimera sur l'Europe en s'opposant aux adeptes d'une Europe supranationale : Rappelons son discours de 1962 : Je ne crois pas que l'Europe ne puisse avoir aucune réalité vivante si elle ne comporte pas la France avec les Français, l'Allemagne avec les Allemands, l'Italie avec ses Italiens, etc.
Europe des nations, indépendance de ces dernières. Bien sûr que le Général tient compte des rapports à venir entre la France et l'Allemagne, le : plus jamais cela : est tout à fait compréhensible pour ces gens qui ont subi les effets dévastateurs de 3 guerres en 70 ans
Bien évidemment qu'en Allemagne s'est développée l'idée de l'Europe au sein de laquelle l'Allemagne doit trouver toute sa place. Le nationalisme allemand veut l'unité de l'Europe, mais une Europe qui exclue la Russie qu'il faut rejeter vers l'Asie, mais aussi la France. La frontière de cette Europe sera le Rhin. -En réalité le rève allemand est celui de la mitteleuropa. , la partie médiane de l'Europe qui a été laissée vacante par la décrépitude de l'Empire Ottoman et la non capacité de l'empire d'Autriche d'exploiter cet espace, cet espace aussi est revendiqué par l'Allemagne avec comme arguments : l'utilisation de la langue et de sa culture/
L'Allemagne poursuit en même temps son rève : couper le monde en Trois, Extrème-Orient- Amérique et l'Europe, mais qu'elle dominerait
L'Allemagne reste attachée à l'empire , la France à la Nation, - L'Europe du Général va de l'Atlantique à l'Oural et pour le monde, toujours et de plus en plus ce droit des peuples à disposer d'eux mêmes.
Le général évoquait l'antagonisme héréditaire qui opposait la France à l'Angleterre ; Le traité de Versailles signé trop vite . Le Général en imputait la faute qux Anglais qui n'avaient pas voulu d'une France trop victorieuse.
Si pendant son séjour à Londres le Général a pensé que certains regroupements devaient être réalisés, il fallait que la chose soit réalisée sans que doit entamée, la souveraineté de chacun.
Regroupement à réaliser sur une base économique et , qu'il soit prolongé en Afrique, avec les pays arabes du proche orient. Ce regroupement pour lui ne devait jamais devenir un bloc
La guerre est pratiquement terminée, la position de la France est terrible, soit elle s'en remet aux Anglo-Saxons qui la traiteront en satellite, soit aux Soviètiques qui la soumettront à leurs lois. Elle exige son indépendance , mais ne peut occuper à cette époque que le rang modeste que les deux grands lui réservent (les conférences de Yalta et de Téhéran ou la France ne fut même pas invitée en a été la preuve irréfutable)
L'Europe et l'aprés guerre : Pour le Général sans la division de l'Allemagne en deux, il n'y aurait jamais eu de politique européenne.
CED ; l'armée apatride (Gal de Gaulle 7 01 1951), même teneur en 1954, je garantis que l'armée européenne ne se fera pas. Elle ne passera pas, je ferai une Révolution contre elle pour l'empêcher. Les raisons de cette opposition ? Sauvegarder l'autonomie de l'armée française, l'armée est pour le Général un élément essentiel de la Patrie, l'instrument privilégié de son destin en tant que nation – il faudrait pour que cette armée se réalise que des millions d'hommes veuillent bien mourir pour elle. Est-ce le cas ?
Il faut dire aussi que le Général n'ignorait pas qu'une armée européenne passerait de facto sous commandement américain – L'armée européenne ne peut – être qu'un instrument avec lequel les USA s'empareront de l'Europe. (6 juin 1952) L'Europe intégrée sera combattue par le Général et ses représentants à l'Assemblée nationale – CED projet rejet le 30 08 1954, les Gaullistes, les communistes, certains radicaux dont P. Mendés France s'y opposèrent avec succés
1955 referendum sur la Sarre qui rejoindra l'Allemagne malgré les vœux du Général ;
Traité de Rome : mars 1957. si l'élargissement aux causes économiques était nécessaire, il devait être précédé d'un redressement financier. Or le Général savait que la Ivè République n'était pas en mesure d'opérer ce redressement.
Pour le reste il a souhaité une entente ECONOMIQUE entre certains Etats, à la condition que cette « entente » ne passe pas par Washington. Bien sûr ni la IVè ni Bonn ne tinrent compte de cette volonté et le pire aurait pu arriver car le poids de l'économie pouvait entraîner des dérives, dont celle de la constitution d'un bloc Atlantique qui devait automatiquement passer sous la direction des Etats-Unis et SURTOUT, le Général n'oubliait pas que la France possédaient des obligations en Outre-mer
Si nous suivons bien la pensée du Général sur le problème de l'Europe : d'abord elle ne peut exister que si elle se détache de l'emprise américaine. Ensuite, il s'agit surtout d'un rapprochement franco/allemand (formation du coupe franco/Allemand) ce qui ne devait pas plaire aux futurs Etats membres, la Grande Bretagne n'était pas un Etat membre en devenir. Et SURTOUT : il ne s'agissait nullement de construire une Europe intégrée, supranationale, mais une Europe de la coopération qui ne devait ni porter atteinte à la souveraineté ni à l'identité des Etats membres
Vision très peu partagée par le Chancelier allemand, mais le Général s'était occupé 1) de la défense des intérêts de la France , contrairement aux Jean Monnet et Robert Schuman, en mettant en avant l'outre mer 2) d'une construction de l'Europe forcément souple, il n'a surtout pas voulu enfermer les Etats en Général et la France en particulier dans un carcan, comme avaient tenté de le faire la CECA et la CED. Face au Chancelier, le Général l'a emporté pour l'agriculture et le candidature anglaise.
Entretiens de Colombey et le Monde : OTAN quelques divergences entre Adenauer et de Gaulle qui lui, envisageait la sortie de ce machin, tout en conservant une étroite coopération avec les USA. Le Général voyait aussi se dessiner la montée en puissance de l'Asie, dont il fallait tenir compte et l'évolution des pays émergents, donc s'attacher à une autre politique toute aussi urgente
Pour ce qui concerne l'Europe politique, pour le Général l'Europe ne saurait être la fusion entre les peuple mais leur rapprochement. Son Europe était l'Europe des coopérations.
L'Europe élargie vers l'Est (de l'Atlantique à l'Oural) D'abord le Général désirait une réforme du système monétaire international destiné à donner du poids à l'Europe contre la dictature financière du dollar. Ensuite le Général voulait briser le mythe de la nécessaire dépendance ;Mais aussi la France du Général devait défendre la liberté des peuples (Discours de Phom Pen, celui lors de la guerre isréalo arabe, Pologne , puis son Vive le Québec Libre)
Pour ce qui concerne l'élargissement vers l'Ets, il voulait permettre aux pays de L'URSS de se libérer du joug sociètique, à l'Allemagne de se dégager du joug américain et d'accéder à la réunification, Aussi le Général a t-il voulu une Europe allant jusqu'à l'Oural excluant ainsi la partie asiatique du sous continent. Bloc européen à l'Est, Bloc Europe occidentale formé par la France e t l'Allemagne, forcément la face du monde en eut été changée
La volonté de certains de modifier le projet européen, en instituant une Europe dirigée, non plus pas le couple Franco/Allemand mais par France Allemagne Italie Grande- Bretagne cassait le traité de Rome impliquant la mise en place d'un nouveau traité. Le Général n'y fut pas opposé, répètant souvent que le Traité de Rome n'était pas son œuvre ;
Seulement les relations avec les USA se sont accentuées, l'OTAN est sous domination américaine, , la position de la France est remise en question, par ex : la politique agricole favorable à la France les « amis » de la France demandent à ce qu'elle soit réduite. La politique de défense voulue par le général : chacun devant installer des moyens financiers suffisants pour assurer l'indépendance de son Etat, (toujours la notion de non dépendance vis à vis des USA
Il manque à ce papier, le Plan Fouchet : je l'ai gardé pour la fin pour servir de conclusion
Nous ne traiterons que du troisième Plan Fouchet
Il propose une Union d'Etats avec comme base, le respect sur la souveraineté des peuples et des Etats membres
trois comintés de Ministres
Une Assemblée parlementaire européenne ( consultative),
Un secrétariat général permanent
Une révision totale du Traité de Rome
Plan rejeté par les partenaires de la France pour trois raisons : OTAN n- la réorganisation des institutions, la candidature de la Grande Bretagne
Derrière ce refus : l'Amérique de Kennedy qui voit bien que ces propositions s'opposent à leur vassalisation du machin européen
Le Plan Fouchet est un Plan souverainiste qui veut supprimer aux américains leur domination géopolitique, il n'a pas toujours été compris, nous aurions du le mettre en avant lors de nos combat contre le traité de Maastricht
Que voyons nous dans cette affaire ? Une division profonde entre Etats membres
d'un coté les Etats entièrement vassalisés à l'Amérique et qui entendent le rester
de l'autre, la France, qui veut des Etats libres et indépendants
Gaullistes de conviction nous sommes naturellement portés à nous battre pour l'indépendance de la NATION FRANCE, raison pour laquelle nous suivons le position du Général de Gaulle
(ce papier doit beaucoup à mes entretiens avec l'Ambassadeur de France Pierre Maillard, conseiller diplomatique du Géral de 59 à 64 (période du Plan Fouchet et de la politique de la Chaise vide) le constat, l'Europe qu'on nous concocte , n'est pas seule qui convient à la France, raison pour laquelle, l'Ambassadeur P. Maillard et le Gténéral Gallois ont voulu que nous construsons ensemble le Forum Pour la France et rappelons que nous étions tous les trois memebres de l'Académie du Gaullisme
*Henri Fouquereau Secrétaire général du Forum Pour la France et du CNR présidé par Jacques MYARD
© 01.10.2021