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ACADÉMIE DU GAULLISME
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par Jean-Frédéric Poisson,
«Et si l'on débattait sur le traité d'Aix-la-Chapelle? »

Alors que le Président de la République prétend soumettre au débat les grandes orientations de sa politique, il s'apprête à signer le 22 janvier prochain un nouveau traité de coopération et d'intégration franco-allemand. Or, ce Traité d'Aix-la-Chapelle qui doit, selon les mots de l'Élysée, « préparer les deux pays aux défis auxquels ils sont confrontés au XXIème siècle » a-t-il été soumis, ou même présenté aux Français ? Non. Le texte en est même introuvable. Comment s'étonner après cela que fleurissent les « fake news » sur les réseaux sociaux ?
 
Ce manque total de transparence, au moment même où Emmanuel Macron proclame son intention de recueillir les intentions des Français dans un grand débat national est grotesque, et inimaginable dans une démocratie en bonne santé. Peut-on d'ailleurs vraiment croire que la parodie de débat inaugurée en grande pompe par le Président portera ses fruits quand, tout en invitant chacun à débattre, il rappelle qu'il ne reviendra sur rien de ce qu'il a fait, et pas plus sur ce qu'il a décidé de faire ?
 
Bien sûr, ne pas donner accès au texte est le meilleur moyen de ne pas être attaqué sur le fond du traité. Et pourtant, malgré cela, les quelques éléments dont nous disposons suscitent légitimement l'inquiétude.
 
D'abord, il n'y avait nul besoin de rédiger un nouveau traité, puisque, comme l'a justement souligné la Commission des affaires européennes du Sénat, «le traité [de l'Élysée] s'est montré suffisamment souple d'emploi et n'a pas empêché des innovations prolongeant ou excédant sa rédaction littérale. À l'inverse, l'ambition de codifier aujourd'hui dans le traité l'ensemble des modalités précises de la coopération franco-allemande pourrait être un facteur de rigidité, contraire à ce qui a fait la force du texte jusqu'à ce jour. » C'est pourquoi la commission, défavorable à la rédaction d'un nouveau traité, avait plutôt proposé l'actualisation du texte et le renvoi à une annexe comprenant des projets de coopération précis et évolutifs.
 
Quel intérêt donc à cette manœuvre politique ? Rien de moins, semble-t-il, que d'aller plus avant dans le projet de désintégration européenne. Contrairement à ce qu'entendait faire de Gaulle avec le Traité de l'Élysée, ce nouveau traité a pour objet non pas deux nations souveraines qui s'unissent pour un bénéfice mutuel, mais deux États membres qui s'effacent au profit de l'Union européenne. C'est ce que laisse présager l'ensemble des prises de position de Macron sur son projet européen. C'est également ce qu'a confirmé en conférence de presse Steffen Steibert, porte-parole du gouvernement fédéral allemand: « La coopération franco-allemande, a-t-il confié, telle qu'approfondie et intensifiée par ce traité, est donc explicitement au service du projet européen».
 
 
Le décalage entre cette intention et les inquiétudes des Français est criant. Comment croire dans ces conditions qu'Emmanuel Macron veuille réellement prêter l'oreille à son peuple? Encore une fois, il n'y a de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Alors que les Français manifestent leur inquiétude face à un système mondialiste qui les broie et à une Union européenne qui ne les protège pas, alors qu'ils demandent à être davantage consultés, Emmanuel Macron, avec le traité d'Aix-la-Chapelle, non content de son opération de Marrakech, persiste et signe: «Français, concentrez-vous sur le Grand Débat! Pendant ce temps, moi, Président, je «dilue»…
© 15.02.2019
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