Macron, un atout dans le jeu diplomatique et militaire de Poutine P. KLOBOUKOFF - Académie du gaullisme

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Macron, un atout dans le jeu diplomatique et militaire de Poutine
 
Pour l’essentiel




par Paul KLOBOUKOFF,
Pendant que l’invasion russe tue et détruit en l’Ukraine, un déchainement médiatique d’une rare intensité embrase l’Europe, avec la guerre en images sous nos yeux en temps réel. Chez nous, seuls les médias autorisés ont la parole. Ce n’est pas la meilleure garantie pour une info complète et impartiale.
 
Dans les sondages, le score du président candidat président a bondi jusqu’à 30%, écrasant celles de ses concurrents.  Aidé par des médias grand public, Macron a su « instrumentaliser » le conflit et les relations « privilégiées » qu’il entretient « quoi qu’il en coûte » avec Poutine. Si les Français étaient mieux informés, ils verraient qu’en réalité Poutine l’a abusé et s’est servi de lui. Le présent article vise à compléter leur info sur le sujet. A part Toute l’Europe, mes sources ici sont toutes françaises et ont pignon sur Internet.
 
Après avoir reçu en grande pompe Vladimir Poutine à Versailles le 29 mai 2017, Emmanuel Macron a commencé à le tutoyer en mai 2018 à Saint Pétersbourg. Poutine lui aurait rendu la pareille  en août 2019 au Fort de Brégançon où il a été traité en tsar. Mais, Macron s’est fourvoyé s’il a pensé que cette familiarité lui permettrait d’avoir des relations chaleureuses avec lui et d’être mieux en mesure de l’influencer, comme on l’entend à la télé. C’était perdu d’avance.  En effet, chef d’Etat, Poutine regarde Macron pour ce qu’il fait et pour ce qu’il est, le chef d’un état clé du Commandement intégré de l’OTAN, bras droit des Américains en Europe. Avec l’Allemagne, la France a soutenu les élargissements à l’est de l’UE. Celle-ci n’a pas renoncé à y faire entrer l’Ukraine, et elle a sa part de responsabilité dans l’ouverture du conflit en 2013. Elle a ensuite penché du côté ukrainien lors des pourparlers de paix au « format Normandie », notamment… avant de prendre ouvertement fait et cause pour elle en mars 2022.
 
Poutine connait la personnalité, les ambitions et les faiblesses du jeune « Jupiter » à l’ego surdimensionné. A l’occasion de leurs très nombreux échanges téléphoniques, notamment, il pu exploiter ses faux pas et ses erreurs. Il l’a anesthésié, l’a roulé et l’a humilié. Il l’a utilisé comme messager pour désinformer le président ukrainien et les Occidentaux, les rassurer, les faire patienter pendant qu’il achevait de préparer son offensive, puis pour souffler le chaud et le froid. Le candidat à sa succession ne s’est pas gêné pour accommoder à sa sauce des parties de ce qui lui a été dit  pour se faire valoir aux yeux des électeurs français. Des comptes rendus de médias l’attestent.
 
Le 6 février 2022, Poutine a invité Macron à venir à Moscou. « Tu es un interlocuteur de qualité. Je t’attends. Nous prendrons le temps d’aller au fond des choses » aurait dit VP, selon une source proche du président français. Le 7 février, après un accueil glacial, ils étaient assis à une grande table à 6 mètres l’un de l’autre pour un long entretien. Le lendemain, en vol vers Kiev, Macron a déclaré à des journalistes « J’ai obtenu qu’il n’y ait pas de dégradation et d’escalade » dans la crise en Ukraine. Le Kremlin a démenti, précisant que ces propos n’étaient « pas exacts ».
 
« Ukraine : Macron et Poutine veulent intensifier les efforts diplomatiques » a-t-on pu lire le 20 février après que Macron ait téléphoné à Poutine pendant 1h45 avant d’appeler le président ukrainien Zelensky. Deux jours après, coup de théâtre ! Poutine « a eu la courtoisie » d’avertir le chef de l’Etat français, par un coup de fil à 16h15, qu’il s’apprêtait à reconnaître l’indépendance des Républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk. Brutale surprise ! Humiliation ! « Véritable Bérézina diplomatique pour Emmanuel Macron », selon les oppositions, lui qui tutoie Vladimir et avait conversé 17 fois avec lui en deux ans. Valérie Pécresse l’a accusé de s’être réveillé trop tard et de s’être « mis en scène » dans une crise « instrumentalisée » à des fins électoralistes.
 
Autre constat, Vladimir n’a pas confié à Emmanuel qu’il lancerait l’invasion de l’Ukraine le surlendemain 24 février.
 
Le 28 février, pendant que les armées russes avançaient en Ukraine, Macron a « échangé » avec Poutine pour « exiger l’arrêt immédiat de l’offensive ». VP se serait engagé à préserver les civils. Le Kremlin a trouvé l’échange « sérieux et franc ». Et les civils ukrainiens ont pu apprécier l’efficacité de l’échange.
 
Vexé, frustré, Macron a participé à la mobilisation générale après l’invasion et réclamé d’irrésistibles sanctions contre les Russes. Il a détaché des militaires pour renforcer l’OTAN en Roumanie et il livre des armes aux troupes ukrainiennes… tout en proclamant haut et fort  que la France « n’est pas en guerre » contre la Russie et qu’il veut « rester en contact » avec Poutine. De peur de s’engager dans un engrenage pouvant être fatal, les Européens et les Etats-Unis font une guerre par procuration à la Russie. Et ce sont les Ukrainiens qui sont sur les champs de bataille.
 
Lors  de son allocution aux Français du 2 mars, Macron a qualifié Poutine « d’agresseur ». Le lendemain, il était  au téléphone avec lui. Macron s’est dit « pessimiste », indiquant que l’ambition de Poutine est de contrôler la totalité de l’Ukraine. « Les buts de guerre de Vladimir Poutine n’ont pas changé ». Pour l’Elysée, « le pire est à venir » ». Le ministre Le Drian a vite diffusé cette dernière info-interprétation alarmante... à toutes fins préélectorales utiles.
 
Le 15 mars 2022, lefigaro.fr observait [mieux vaut tard que jamais] : « L’invasion de l’Ukraine et les mensonges de Vladimir Poutine ont eu raison des dernières illusions du chef de l’Etat ». C’était une façon « diplomatique », mais tout de même assez critique, de résumer une partie de ce que j’expose dans le présent article.
 
Vu ses relations ambigües avec Poutine, son engagement contre la Russie pour la défense de l’Ukraine et la place de la France dans l’OTAN, Macron ne peut être « médiateur »  dans ce conflit. Le Premier ministre israélien, des diplomates turcs et d’autres pays sont d’ailleurs au travail. La poursuite de ses contacts avec Poutine, « pas un dictateur », sert avant tout à montrer aux électeurs français qu’il est toujours dans le coup et qu’accaparé par le conflit, il ne peut affronter ses concurrents et  s’expliquer sur son triste bilan. A son tour, il se sert de Poutine, qui n’a pas à s’en plaindre. Ces échanges entre familiers qui se tutoient lui donnent un (faux) semblant de respectabilité.  
 
Le 3 mars, Toute l’Europe a rappelé que « le conflit trouve son origine en septembre 2013 lorsque le président Victor Ianoukovitch décide de se retirer unilatéralement d’un accord d’association avec l’Union européenne ». Les manifestations, la répression et les  violences s’enchainent jusqu’aux évènements sanglants de la « place Maïdan »  le 18 févier 2014, puis à la destitution du président en fuite… er au soulèvement des régions russophones de l’est.
 
De laborieuses négociations se sont poursuivies de façon discontinue de 2013 jusqu’en 2022 : - sous l’égide de l’OSCE dans son groupe de contact trilatéral ; - dans le cadre des rencontres (nettement plus médiatisées) « au format Normandie », réunissant les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Ukraine,  de la Russie, de l’Allemagne et de la France. Ce sont ces négociations qui ont abouti à l’accord de Minsk 2 en février 2015, après l’échec du Protocole de Minsk signé en septembre 2014. Jusqu’en janvier 2022, Minsk 2 a été la référence à respecter pour sortir du conflit. Les conditions de l’organisation d’élections locales, prévues par Minsk 2, dans les deux zones rebelles du Donbass érigées en République populaire de Donetsk et en République populaire de Lougansk, qui devait valider leur autonomie, a été un point d’achoppement persistant des négociations… et un des reproches (pas totalement dénué de fondement) de Poutine au gouvernement de l’Ukraine.
 
Rien ne peut justifier  l’invasion de l’Ukraine, les bombardements, les destructions, les dizaines de milliers de morts et de blessés, civils et militaires, les souffrances des populations, l’exode de millions d’habitants… Il faut espérer que les négociateurs trouveront la voie vers le cessez-le-feu, puis une paix durable satisfaisante pour les Ukrainiens. La grande majorité d’entre eux souhaite vivre en démocratie, suivant le « modèle » européen, et rejette celui, post soviétique, de la Russie. L’Ukraine rejoindra inévitablement l’UE. Patience ! La paix d’abord.
 
Après les présidentielles et les législatives de juin, la France n’aura pas besoin pour les 5 ans à venir d’un président « chef de guerre »… mais de quelqu’un qui soit réellement à la hauteur des enjeux internationaux et qui place les intérêts de la France et de ses citoyens au dessus de tout. Il lui faudra rétablir la confiance, la paix et la sécurité dans notre maison, y ramener la croissance, l’emploi et la prospérité, rassembler et réduire les inégalités criantes, conduire les réformes indispensables …  respecter sa parole. Notre nation réclame un grand souffle de démocratie, de décentralisation et de participation du plus grand nombre. Tout le contraire du macronisme, en quelque sorte.
 
De l’origine du conflit russo-ukrainien et des accords de Minsk
 
A l’origine, le rejet d’un accord d’association avec l’UE en 2013
 
Dans un article consacré au rôle de l’UE dans la guerre en Ukraine (1), Toute l’Europe nous rappelle que « le conflit trouve son origine en septembre 2013 lorsque le président Victor Ianoukovitch décide de se retirer unilatéralement d’un accord d’association avec l’Union européenne ». Dans les mois qui suivent, des manifestations de protestation ont lieu. Elles sont réprimées par la police. Les violences qui s’enchainent débouchent sur les évènements sanglants de la « place Maïdan » le 18 févier 2014 et ce qui a été appelé par certains « la révolution de la Dignité ». Le 21 février, le président s’enfuit et est destitué par le parlement. Les régions russophones de l’est ne reconnaissent pas les nouvelles institutions. « En réaction, le Parlement retire le statut de langue officielle aux langues régionales, dont le russe, ce qui met le feu aux poudres ».
 
La guerre s’installe alors dans le Donbass, à proximité de la frontière avec la Russie, opposant les troupes gouvernementales aux forces des deux Républiques populaires autoproclamées de Donetsk (DNR) et de Lougansk (LNR) soutenues par des forces russes.
 
Les accords de Minsk pour stopper les hostilités, la référence  pour les belligérants
 
Pour parvenir au cessez-le-feu et se diriger vers une paix durable, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a constitué le « groupe de contact trilatéral sur l’Ukraine » (GCTU), comprenant des représentants de l’Ukraine, de la Russie et de l’OSCE, ainsi que des deux républiques du Donbass dissidentes. Ce groupe a formulé le « Protocole de Minsk », cosigné par ses membres le 5 septembre 2014.
 
Son application atténue les tensions, mais l’accalmie est de courte durée. La guerre reprend dès décembre 2014.
 
Sous l’égide de l’OSCE, le GCTU remet sur le métier son ouvrage et élabore un nouvel accord, Minsk II, basé sur les 13 points du Protocole précédent. Cette fois, l’Accord est scellé selon le « format Normandie » et signé le 12 février 2015 par François Hollande, Angela Merkel, Petro Porochenko, Vladimir Poutine et les représentants des républiques rebelles.
 
Un de ses résultats importants a été l’éloignement de la ligne de front des armes lourdes. Mais, il n’a pas empêché la poursuite, entrecoupée de courtes accalmies, des affrontements qui, en 8 ans, ont fait environ 13 000 morts.
 
Au début 2022, le conflit s’intensifie malgré les accords de Minsk… toujours d’actualité
 
Le conflit et les affrontements ont perduré  malgré le suivi assuré par le groupe de contact trilatéral et les rencontres plus solennelles entre les protagonistes au format Normandie organisées tour à tour : - avec la présence des chefs d’état et de gouvernement le 2 octobre 2015 à Paris, le  19 octobre 2016 à Berlin, le 9 décembre 2019 à Paris ; - entre leurs conseillers le 26 janvier 2022 à Paris et entre leurs représentants le 10 février à Berlin.
 
Le 26 janvier 2022, les conseillers ont réaffirmé que les accords de Minsk constituent la base de travail et qu’ils restent engagés pour atténuer les désaccords actuels dans les travaux à venir, a rapporté l’Elysée (2).
 
Le 10 février, après 9 h30 d’échanges entre les représentants, Dimitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a observé : « nous sommes tous devenus témoins que la réunion des conseillers politiques sous le format Normandie n’a abouti à aucun résultat », nous constatons « l’incapacité » des différents représentants à lire « de la même manière le même texte ». « Malheureusement, la partie ukrainienne fait tout pour ne pas remplir ses engagements fixés » dans ces accords, a accusé Peskov.
 
Autre point important de désaccord : « La Russie a accepté les négociations sur le fond, mais a finalement insisté pour qu’il soit écrit que l’Ukraine négocie directement avec les séparatistes, ce qui constitue la seule ligne rouge de l’Ukraine » a souligné la présidence française (3).
 
Les élections locales dans le Donbass, un point de divergence clé
 
Un point de divergence important entre les parties s’était cristallisé le 9 décembre 2019 à la rencontre au format Normandie à Paris concernant la tenue d’élections dans le Donbass. Volodymyr Zelenski (VZ)  a dit craindre que ces élections ne soient pas libres, et qu’il voulait comme préalables : - le démantèlement des groupes armés illégaux ; - le retour sous contrôle ukrainien de la frontière entre le Donbass et la Russie. Vladimir Poutine (VP), lui, désirait la stricte application des accords de Minsk, qui prévoyait ce retour après les élections. Les quatre dirigeants sont convenus de faire plancher leurs diplomates sur les conditions politiques et sécuritaires en vue de ces élections. Ils se sont donné RV pour un prochain sommet dans 4 mois.
 
Emmanuel Macron s’est félicité [comme d’hab] de discussions qui « ont permis d’avancer sur des points cruciaux pour le processus de paix en Ukraine ». Pour la chancelière Angela Merkel, « Nous avons beaucoup de travail à réaliser, mais j’ai l’impression qu’il y a de la bonne volonté pour résoudre des questions difficiles ».
 
Zelensky a vu les choses autrement, « Pour moi, je le dis honnêtement », le résultat de cette rencontre, « c’est très peu : je voudrais résoudre un plus grand nombre de problèmes ». Plus optimiste, Poutine a salué un « pas important » vers une désescalade et « sans doute » un dégel. Le processus est en train de se développer « dans la bonne direction »…. « La Russie va faire tout ce qui dépend d’elle pour que le conflit se termine ».
 
Le titre de l’article sur huffingtonpost.fr qui a fourni ces infos le 9 décembre 2019 était plus sec : « Le bilan du « format Normandie » sur l’Ukraine n’a mis personne d’accord » (4).
 
L’accord Minsk 2 donnait des précisions sur les élections dans les zones rebelles
 
Il est possible d’accéder à une version en français (traduite de l’anglais) du texte intégral de l’accord Minsk 2 datant du 12 février 2015 sur le site horlogedelinconscient.fr (5).
 
Plusieurs des 13 mesures de l’accord portent sur ce point de divergence :
 
. Mesure 9 : « Rétablissement du contrôle total de la frontière de l’Etat ukrainien par le gouvernement de l’Ukraine dans toute la zone de conflit, qui devrait commencer le premier jour après les élections locales et s’achever après un règlement politique global (élections locales dans les différentes zones des régions de Donetsk et de Louhansk sur la base de la loi ukrainienne et réforme constitutionnelle) d’ici à la fin de 2015… en accord avec les représentants des différentes zones des régions de Donetsk et de Louhansk dans le cadre du groupe de contact trilatéral.
 
. Mesure 10 : Le retrait de toutes les forces armées étrangères, du matériel militaire, ainsi que des mercenaires sous la supervision de l’OSCE. Désarmement de tous les groupes illégaux.
 
. Mesure 11 : Mener une réforme constitutionnelle en Ukraine, la nouvelle constitution devant entrer en vigueur d’ici à la fin de 2015, prévoyant la décentralisation comme élément clé (en tenant compte des caractéristiques des différentes zones des régions de Donetsk et de Louhansk, convenues avec les représentants de ces zones), ainsi que l’adoption de la législation permanente sur le statut spécial des différentes zones des régions de Donetsk et de Louhansk conformément aux mesures spécifiées dans la note [1], jusqu’à la fin de 2015.
 
La mesure 12 prévoit notamment que : les élections se dérouleront conformément aux normes pertinentes de l’OSCE avec le contrôle du BIDDH de l’OSCE.
 
La note [1] porte sur « l’exemption de toute sanction, harcèlement, discrimination à l’encontre des personnes associées aux évènements… des zones rebelles.
 
Il semble bien que sur le point de divergence en question les Russes avaient raison. Les historiens se prononceront… avec le recul de rigueur.
 
Pléthore d’échanges stériles avec Poutine, anesthésie et ratés de Macron
 
De multiples contacts et échanges sur l’Ukraine avec peu de chances de succès
 
En sus des rencontres dans les cadres du groupe de contact trilatéral et du format de Normandie, une multitude d’échanges « bilatéraux » ont eu lieu entre Poutine et des représentants de la France, de l’Allemagne et des Etats-Unis, en particulier.
 
Ces nombreux échanges avec Poutine n’ont pas retenu ce dernier de « reconnaître » les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk le 22 février 2022 et, presqu’en même temps, de déclencher l’invasion de l’Ukraine le 24 février. Ils lui ont même servi à « endormir » les Européens, à mieux connaître quelles réponses (sanctions) le monde occidental serait prêt à décider, et à mieux s’y préparer. En réalité, il les avait anticipées depuis un certain temps déjà, rongeant son frein en attendant le moment propice pour lancer son « opération spéciale », préméditée de longue date. A mon avis, depuis la « révolution de la Dignité » à Kiev en 2014 et l’arrivée au pouvoir d’un régime pro-européen… qu’il n’a pas digéré. Il a été pris au dépourvu. Il a aussitôt soutenu militairement les opposants du Donbass et s’est empressé de mettre la main sur la Crimée et sa forteresse navale de Sébastopol au sud-ouest de la péninsule sur la mer Noire.
 
Macron et Poutine se tutoient depuis 2019
 
Après celle de mai 2017 à Paris, une rencontre entre les deux présidents a eu lieu à Saint Pétersbourg en mai 2018 dans le but de réchauffer les rapports entre les deux pays. Au menu figuraient les tensions sur le nucléaire iranien et les affrontements en Syrie. Les interlocuteurs ont pu faire le constat de leurs désaccords. Ils se sont accordés sur une déclaration commune de leur volonté « d’avancer ensemble » et de coordonner leurs efforts. « Au vouvoiement formel que lui offre le Russe, le Français répond par un tutoiement plus chaleureux », a rapporté leparisien.fr  (6).
 
A la conférence de presse, l’Ukraine s’est invitée avec une question sur le missile qui a abattu le vol MK17 au dessus du pays en guerre en 2014. Poutine a feint d’ignorer. Macron a adressé ses pensées aux victimes »… sans plus.
 
En août 2019, sur nouvelobs.com (7), on a pu lire ce qui a pu être interprété comme une grande victoire diplomatique, « Maintenant, Poutine et Macron se tutoient », selon une journaliste russe « indépendante » [ça existe vraiment ?]. Macron recevait alors avec faste son homologue au fort de Brégançon.
 
En réalité, depuis 2018, Macron s’est mépris profondément sur ce que pouvait apporter cette « familiarité » dans ses relations avec Poutine. Chef d’Etat, celui-ci regarde Macron essentiellement pour ce qu’il représente et ce qu’il fait. Malgré les apparences, trompeuses, et ce que l’Elysée a voulu croire, depuis le début, Poutine a vu en Macron un ennemi, potentiel d’abord, déclaré ensuite.
 
Sur l’Ukraine, Poutine s’est servi de Macron, l’a anesthésié et l’a humilié
 
Matois, Poutine a anesthésié Macron, l’a « roulé dans la farine » et l’a humilié. Il s’en est aussi servi comme messager pour désinformer les Occidentaux, les rassurer, les faire patienter, puis pour souffler le chaud et le froid. Pour  se faire valoir aux yeux des électeurs français, le candidat à sa succession ne s’est pas gêné pour accommoder à son avantage des parties de ce qui lui a été dit et travestir la vérité. Il a été « rappelé à l’ordre » plusieurs fois. Des comptes rendus des médias ainsi que de l’Elysée présentés ci-après illustrent ces péripéties et ses faux-pas.
 
. Le 06 février, un article sur lefigaro.fr intitulé « Ce que Vladimir Poutine attend de son tête à tête avec Emmanuel Macron » (8) indiquait qu’au cours d’une troisième conversation en une semaine, VP avait invité EM à venir à Moscou. « Tu es un interlocuteur de qualité. Je t’attends. Nous prendrons le temps d’aller au fond des choses » aurait dit VP, selon une source proche du président français.
 
« Pour la plupart des analystes à Moscou, le président français ne parviendra pas à dévier le train de l’UE, qu’ils jugent à la remorque de Washington ». Cette « analyse », rapportée dans l’article montre bien pourquoi du côté russe on n’attend pas l’impossible de ces contacts répétés avec Macron.
 
. Le 7 février 2022, Macron a eu un entretien de 5 heures avec Poutine au Kremlin dans une atmosphère glaciale. Des photos nous les ont montrés assis à une grandes table ovale à 6 mètres de distance l’un de l’autre (9). Le lendemain, dans l’avion qui l’amenait en Ukraine pour rencontrer le président Volodymyr Zelensky, Macron a déclaré à des journalistes « J’ai obtenu qu’il n’y ait pas de dégradation et d’escalade » dans la crise en Ukraine. Le Kremlin a démenti ces propos précisant qu’ils n’étaient « pas exacts » (10).
 
. Selon un article sur lepoint.fr intitulé « Ukraine : Macron et Poutine veulent intensifier les efforts diplomatiques » (11), Macron a téléphoné à Poutine le 20 février pendant 1h45 avant d’appeler le président ukrainien.
 
. Deux jours plus tard, cruelle désillusion ! Poutine « a eu la courtoisie » d’avertir le chef de l’Etat français, par un coup de fil à 16h15, qu’il s’apprêtait à reconnaître l’indépendance des Républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk dans une pseudo logique de « défense », a-t-on pu lire sur lemonde.fr le 22 février 2022 (12) dans un article  intitulé « Crise ukrainienne : Emmanuel Macron tente de gérer [et digérer] l’affront diplomatique infligé par Vladimir Poutine »
 
Pour les oppositions, c’était une véritable Bérézina diplomatique pour Emmanuel Macron, lui qui tutoyait Vladimir et avait conversé 17 fois avec son homologue en deux ans. Valérie Pécresse l’a accusé de s’être réveillé trop tard et de s’être « mis en scène » dans une crise « instrumentalisée » à des fins électoralistes.
 
On notera aussi que Vladimir n’a pas confié à Emmanuel que ses troupes se lanceraient à l’assaut de l’Ukraine le surlendemain 24 février. Inutile d’inquiéter inutilement son jeune « homologue », sans doute !  
 
. Le 28 février, pendant que les armées russes avançaient en Ukraine, Macron a « échangé » avec Poutine pour « exiger l’arrêt immédiat de l’offensive ». « Il s’agit du premier contact entre le président russe et un dirigeant occidental depuis la début de l’invasion » a cru utile de préciser la présidence française… sans indiquer si c’était après avoir consulté ses homologues européens. Vladimir Poutine, lui, se serait engagé à préserver les civils. Le Kremlin a trouvé l’échange « sérieux et franc » (13). Les civils ukrainiens, sans doute pas !
 
. Au lendemain de son allocution aux Français dans laquelle il a qualifié Poutine « d’agresseur », trois médias cités ci-dessous ont évoqué le 3 mars l’échange téléphonique entre Macron et Poutine, avec de « légères » différences.
 
Macron a passé près d’une heure au téléphone avec Poutine. Il a ensuite échangé avec le président ukrainien. Le dialogue se poursuit, mais les désaccords sont nombreux, notamment sur les exigences russes. C’est ce qu’a rapporté leparisien.fr dans un article titré « Guerre en Ukraine : Macron a parlé ce jeudi avec Poutine, pour l’Elysée, « le pire est à venir » » (14).
 
« Tu te racontes des histoires » : ce que se sont dit Macron et Poutine lors de leur échange téléphonique (15). Sous ce titre, un article sur bfmtv.fr a fait état de cet entretien de 1h30 répondant à l’initiative de Poutine. Macron s’est dit « pessimiste », indiquant que l’ambition de ce dernier est de contrôler la totalité de l’Ukraine. « Les buts de guerre de Vladimir Poutine n’ont pas changé ». Le président français aurait expliqué à son interlocuteur « Tu commets une grave erreur : l’Ukraine n’a pas de régime nazi, c’est un mensonge ».
 
Pour CNEWS, en réalité Macron aurait dit à Poutine : » Soit tu te racontes des histoires, soit tu cherches un prétexte pour envahir l’Ukraine ».
 
D’un média à un autre (yc services de l’Elysée), les propos rapportés sont plus ou moins alarmistes et/ou tronqués pendant cette guerre et cette période préélectorale dans lesquelles la « communication » joue un trop grand rôle.
 
Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Le Drian n’a pas manqué de diffuser l’info-interprétation « le pire est à venir ». A l’approche des élections, nourrir la peur ne saurait nuire au  président candidat Chef des armées
 
Maintenant dressé contre Poutine, Macron a toujours besoin de « converser » avec lui
 
Le 15 mars 2022, lefigaro.fr observait [mieux vaut tard que jamais] : « L’invasion de l’Ukraine et les mensonges de Vladimir Poutine ont eu raison des dernières illusions du chef de l’Etat » (16). C’était une façon « diplomatique », mais tout de même assez critique, de résumer une partie de ce que j’expose dans le présent article.
 
Macron a été de ceux qui ont ameuté le monde contre l’invasion russe et Poutine. Il a réclamé d’irrésistibles sanctions contre les agresseurs. Il a détaché des militaires pour renforcer l’OTAN en Roumanie et il livre des armes aux troupes ukrainiennes… tout en déclarant haut et fort que la France n’est pas en guerre contre la Russie et qu’il garde le contact avec le maître du Kremlin. Aussi, bfmtv.fr {On ne peut reprocher à BFMTV la moindre hostilité à l’égard de Macron] n’a pas manqué de « confirmer» le 2 mars que pour Macron la France « n’est pas en guerre » contre la Russie et veut « rester en contact » avec Poutine.
 
En réalité, nous le savons, de peur de s’engager dans un engrenage pouvant être fatal, la France, les autres Européens et les Etats-Unis font une guerre par procuration avec la Russie. Et ce sont les Ukrainiens qui sont sur les champs de bataille et sous les bombardements.
 
Macron continue « d’instrumentaliser » cette guerre. Les « contacts » avec Poutine, comme ceux avec Zelensky, avec Biden et de multiples interlocuteurs étrangers lui sont très utiles pour montrer aux électeurs français qu’il est accaparé par le conflit russo-ukrainien, qu’il s’y consacre à temps plein. Il est donc privé de la possibilité de mener une campagne électorale normale, d’affronter ses concurrents et, surtout, de s’expliquer sur son bilan, jugé mauvais par la majorité des Français. Avec ces contacts, il se sert de Poutine, notamment, qui n’a pas de raison d’en être mécontent. Ces conversations entre familiers qui se tutoient lui donnent un (faux) semblant de respectabilité. Macron a même refusé de qualifier Poutine de « dictateur », espérant peut-être rester dans ses « bonnes grâces ».
 
D’une médiation non européenne aux négociations directes entre l’Ukraine et la Russie
 
En raison de son « hostilité » récemment déclarée à l’agresseur et de ses relations ambigües avec Poutine, Macron n’est  pas qualifié pour conduire des démarches en vue de trouver la difficile voie diplomatique vers la paix. Le Chancelier de l’Allemagne (pays qui continue à importer moult gaz russe), plus modéré sans être inactif, prend le pas sur lui. Et, sous Macron, comme sous Hollande, les Américains ont plus confiance en l’Allemagne, première puissance économique et leader réel de l’UE [hélas !], qu’en la France,
 
Mais le choix d’un « médiateur » susceptible de réussir à se faire entendre de Poutine et de parvenir à un accord, est sorti d’Europe en février. Curieusement, le Chinois Xi Jin Pin et le Turc Erdogan ont pu être  (et semblent encore) considérés par « nos » gouvernants comme des médiateurs (et/ou « influenceurs ») éventuellement présentables. Il est vrai qu’lis ont de sérieuses références. La Chine a fait montre de compassion et d’humanité envers le Tibet et sa population, et les Ouighours sont traités avec le respect et la considération que l’on connait. La Turquie d’Erdogan est un modèle de démocratie, dont les relations avec la Grèce et Chypre sont apaisées et cordiales. Elle brûle d’envie de reconnaître le génocide arménien.
 
Heureusement, le Premier ministre d’Israël, Naftali Bennet, réputé ami des Russes ainsi que des Ukrainiens, les a devancés et a pu, très temporairement, offrir ses bons offices. Non sans critiques, sa neutralité étant mise en cause.
 
Nettement plus prometteurs, à partir de début mars des pourparlers ont été engagés directement entre des représentants de l’Ukraine et de la Russie. En cette 3ème semaine de mars, ils sont conduits par Mykhalo Podoliak, Conseiller du président Zelenski, du côté ukrainien, et par Vladimir Medenski, proche de Poutine, du côté russe.
 
Pendant que les combats continuent, Russie et Ukraine ont fait des progrès et seraient proches d’un accord, selon la Turquie, a indiqué l’article « Guerre en Ukraine : les temps forts de la journée du 21 mars » sur lesechos.fr (1). Le président Volodymyr Zelensky a déclaré qu’il compte soumettre à son peuple par référendum tout accord qui serait trouvé entre les négociateurs ukrainiens et russes.
 
Ces derniers jours, « nos » médias nous ont dit et répété que Macron se rendrait en Pologne le 25 mars.
 
Pour être plus complet : Joe Biden a prévu de se rendre le vendredi 25 mars en Pologne où il s’entretiendra avec le président français, le Chancelier Olaf Scholz, le président du Conseil italien Mario Draghi et le Premier ministre britannique Boris Johnson. On peut donc s’attendre à un durcissement des sanctions unanimement approuvé par les participants. L’Américain et ses alliés rencontreront sans doute aussi le chef de l’Etat et/ou le chef du gouvernement de la Pologne, pays qui, à ce jour, a accueilli  plus de  2 millions de réfugiés sur les 3,5 millions de personnes qui ont quitté l’Ukraine, et qui a un besoin très urgent d’aide.
 
La France est très impliquée dans l’OTAN parapluie de l’Europe
 
L’OTAN s’est beaucoup élargie et sa vocation a évolué
 
A sa création, en 1949, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) comptait 12 pays membres : - 2 de l’autre côté de l’Atlantique, les Etats-Unis et le Canada ; - 10 en Europe : la Belgique, le Danemark, la France, l’Islande, l’Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal et le Royaume-Uni. A part le Luxembourg, enclavé, et l’Italie, bordée par la Méditerranée et son bras l’Adriatique, tous étaient riverains de l’Atlantique.
 
Aujourd’hui, après 8 élargissements, l’OTAN compte 30 membres, dont 28 européens. Après l’Allemagne réunifiée, entrée en 1990, cela a été le tour de la Tchéquie, de la Hongrie et de la Pologne en 1999, avant ceux, en 2004 de la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie. Les 3 derniers élargissements, en 2009, 2014 et 2020, ont ouvert la porte à l’Albanie, à la Croatie, au Monténégro et à la Macédoine du nord. L’OTAN avait ainsi intégré tous les signataires de l’ex Pacte de Varsovie « partenaires » de l’ex URSS. D’autres pays d’Europe frappent à la porte, notamment l’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie. Peut-être demain, la Suède aussi.
 
De la sorte, l’OTAN s’est éloignée de sa vocation initiale pour devenir une Organisation de protection de l’Europe, un « parapluie » pour elle sous la direction des Etats-Unis.
 
La France occupe un poste clé dans le Commandement militaire de l’OTAN
 
A la fin de 1950, lors du déclenchement de la guerre de Corée, l’OTAN), qui était une organisation politico militaire, a créé une Organisation militaire intégrée permanente. Refusant que la dissuasion nucléaire française puisse être placée sous le contrôle des Américains, alors [et toujours aujourd’hui] maîtres incontestés de l’Alliance,  le Général De Gaulle décida en 1966 la sortie de la France de cette instance et son maintien dans l’OTAN. Cette position a été conservée par nos présidents jusqu’à ce que Nicolas Sarkozy, qui désirait que la France fasse partie du haut commandement, la fasse entrer par la grande porte en 2009. Depuis, 5 de nos généraux se sont succédé au poste clé de Commandant suprême allié pour la transformation de l’OTAN (ACT), le dernier en date étant le Général Philippe Lavigne, nommé en septembre 2021. L’ACT dirige la transformation de la structure, des forces, des capacités et de la doctrine de guerre de l’OTAN.
 
Des soldats français déployés en Roumanie pour y renforcer les troupes de l’OTAN
 
Fin janvier 2022, la France avait annoncé son intention de déployer 500 militaires en Roumanie dans le cadre du renforcement des troupes de l’OTAN dans la région ukrainienne. Cette opération, qui a débuté le 28 février, vise à « assurer une solidarité stratégique » vis-à-vis des pays de l’Alliance (18).
 
Depuis le 1er mars, la France a déployé en Roumanie 550 militaires et 170 véhicules. Ils se trouvent à Constanta, à 200 km de la frontière avec l’Ukraine (19).
 
A propos du calendrier électoral et politique du 1er semestre 2022
 
Le calendrier devant nous est le suivant :
 
Elections présidentielles : 1er tour le 10 avril, 2ème tour le 24 avril.
 
Elections législatives : 1er tour le 12 juin, 2ème tour le 19 juin.
 
Elections sénatoriales : renouvellement de la moitié des sièges (série 1) en septembre 2023. D’ici là, sauf surprise, Les Républicains (LR) conserveront la présidence et le leadership du Sénat.
 
Présidence tournante du Conseil de l’Union européenne (UE) : la France a succédé à la Slovénie le 1er janvier 2022. Elle cèdera sa place à la Tchéquie le 1er juillet 2022.
 
Les citoyens devront attendre jusqu’au 20 juin pour savoir si la nouvelle présidente ou le nouveau président obtient une majorité à l’Assemblée nationale et dans quelles conditions elle ou il pourra exercer ses fonctions… en temps de paix, un cessez-le-feu étant alors probablement intervenu en Ukraine et la guerre sera peut-être terminée. Macron est aujourd’hui largement en tête des sondages. Mais c’est un homme seul, qui a gouverné seul, « verticalement ». L’implantation de son parti (LREM) dans les territoires est faible (les dernières régionales l’ont montré) et celles de ses alliés est limitée. S’il est élu, sera-t-il en mesure de s’assurer une majorité ? Entre Le Pen, Zemmour, Pécresse, d’un côté, Mélenchon et Roussel, de l’autre, son « couloir » parait assez étroit. Il serait intéressant que les électeurs y pensent lors de leur vote présidentiel.
 
On peut espérer aussi qu’ils considéreront que la France n’a pas besoin d’un pseudo « chef de guerre », mais d’un (e)  président (e) capable de réconcilier les Français, de les rassembler, d’assurer leur sécurité, de faire avancer le pays, de résoudre ses problèmes, aggravés sous Macron, et de conduire les réformes indispensables… tout en veillant à ce que la France tienne son rang en Europe et dans le monde.
 
ADDENDUM            Valérie Pécresse et Emmanuel Macron, ce n’est absolument pas pareil
 
Dans la lutte féroce en vue de l’élection présidentielle, certains candidats et médias font abondamment usage d’un « argument » particulièrement déloyal et FAUX pour discréditer Valérie Pécresse : « voter Pécresse ou voter Macron, c’est la même chose ! ». Sur CNEWS, l’agneau Pascal ne cesse de le répéter depuis des semaines, sans expliquer pourquoi. Pour aider le berger Macron ?
 
Ce n’est pas parce que Macron a « emprunté » quelques mesures à Pécresse que leurs programmes sont les mêmes. Celui de Pécresse est complet, précis et chiffré. Elle s’en est largement expliquée en réponses à des journalistes, à des citoyens et face à des contradicteurs lors d’émissions télévisées. Celui de Macron (si on peut parler de programme) est à peine esquissé. Macron est un européiste intégriste qui a l’ambition de faire de la France une province de l’UE « souveraine », ou un gouvernorat soumis à sa bureaucratie. Dans la tradition gaullienne, Pécresse est pour une Europe des Nations souveraines, qui se réunissent pour prendre les décisions importantes et pour réaliser ensemble des projets stratégiques et structurants d’intérêt commun. Notamment dans les domaines de l’industrie et de l’énergie. Hautain, souvent méprisant et/ou provocateur, Jupiter se complait dans une gouvernance « verticale ». Cela fait partie de son ADN. Centralisateur, il a concentré tous les pouvoirs entre ses mains, au détriment de la démocratie parlementaire, de la participation des collectivités locales, ainsi que des populations aux initiatives et aux décisions. Tout au contraire, Pécresse ne se prend pas pour Minerve ou toute autre déesse. Elle ne prétend pas accaparer tous les pouvoirs et gouverner seule. C’est une « régionaliste » qui prône le partage des responsabilités entre l’Etat et les collectivités territoriales, pour plus de proximité et d’efficacité. Ce ne sont que quelques unes des différences qui devraient sauter aux yeux des observateurs politiques, ainsi qu’à ceux de nombreux citoyens. Il faut ajouter que Macron est crédité (ou débité) d’un mauvais bilan, avec un quinquennat qui s’achève avec un déficit commercial record de la France, trahissant une sévère désindustrialisation, et une dette publique pharaonique. La gouvernance de Pécresse, dynamique, consensuelle et rigoureuse, a été appréciée des citoyens de l’Ile-de-France où elle a été réélue présidente du Conseil régional de la Région  en juillet 2021. Une différence de taille de plus !
 
*Paul KLOBOUKOFF  Académie du Gaullisme   le 24 mars 2022
 
NB : Celles et ceux qui accusent Marine Le Pen et Eric Zemmour d’avoir été admiratifs et/ou sympathisants de Poutine devraient se pencher sur le cas Emmanuel Macron évoqué ici.
 
Sources et références
(1) Guerre en Ukraine : quel rôle joue l’Union européenne touteleurope.eu/l-ue-dans-le-monde/guerre-en ukraine… màj le 03/03/2022
(2) Déclaration des chefs d’état et de gouvernement… de format Normandie elysee.fr/emmanuel-macron/2022/01/26/declaration…    
(3) Format Normandie. Des discussions difficiles entre Européens et Russes    ouest-france.fr/europe/ukraine/ukraine-des-discussions… le 10/02/2022
(4) Le bilan du « format Normandie » sur l’Ukraine à Paris n’a mis personne d’accord  huffingtonpost.fr/entry/le-bilan… le 09/12/2019
(5) Accords de Minsk 2 - Texte complet horlogedelinconscient.fr/wp-contact/uploads/2020/10/Accords-de-minsk-2-Texte-integral.pdf le 12/02/2015
(6) Poutine - Macron, un pas de deux tout en mesure leparisien.fr/politique/poutine-macron-un-pas-de-deux… le 24/05/2018
(7) Maintenant, Poutine et Macron se tutoient nouvelobs.com/20190819.OBS17923/maintenant…  le 19/08/2019
(8) Ce que Vladimir Poutine attend de son tête à tête avec Emmanuel Macron lefigaro.fr/international/ce-que-vladimir… le 06/02/2022    maj. le 07/02/2022
(9) Rencontre Poutine-Macron : cette étrange photo que tous auraient voulu faire France-culture.fr/photographie/rencontre…  le 12/02/2022
(10) Crise en Ukraine. Macron dit avoir obtenu de Poutine « qu’il n’y ait pas d’escalade », Moscou dément ouest-France.fr/politique/emmanuel-macron/emmanuel-macron-dit-avoir-obtenu…   le 08/02/2022
(11) Ukraine : Poutine et Macron veulent intensifier les efforts diplomatiques lepoint.fr/monde/ukraine-macron-s-entretient…-avec-poutine…  le 20/02/2022
(12) Crise ukrainienne : Emmanuel Macron tente de gérer l’affront diplomatique infligé par Vladimir Poutine lemonde.fr/article/2022/02/22/presidentielle-2022-emmanuel-macron-tente-de-gerer…    le22/02/2022 mis jour le 23/02/2022
(13) Guerre en Ukraine : Emmanuel Macron a échangé par téléphone avec Vladimir Poutine, qui s’est engagé à préserver les civils ladepeche.fr/2022/02/25/guerre-en-ukraine-ce-que…
(14) Guerre en Ukraine : Macron a parlé ce jeudi avec Poutine, pour l’Elysée « le pire est… » leparisien.fr/international/guerre-en Ukraine… le 03/03/2022
(15) « Tu te racontes des histoires » : ce que se sont dit Macron et Poutine lors de leur échange téléphonique  bfmtv.com/international/tu-…  le 03/03/2022
(16) Emmanuel Macron, du rêve à la réalité poutinienne     lefigaro.fr/vox/monde/emmanuel-macron-du-reve…  le 15/03/2022
(17) Guerre en Ukraine : les temps forts de la journée du 21 mars lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/en-direct-guerre-enukraine-le-point-sur-la-situation-ce-lundi-26-mars-1394973
(18) VIDEO. Guerre en Ukraine : des soldats français arrivent en Roumanie ouest-france.fr/monde/guerre-en-ukraine/video… le 01/03/2022
(19) Guerre en Ukraine : les coulisses du départ de militaires français en Roumanie huffingtonpost.fr/entry/guerre-en-ukraine-les coulisses…     le 04/03/2022

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