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Par Paul KLOBOUKOFF,
De grands perdants en vue aux Européennes 2019
En bref
En France, la seule gagnante aux élections européennes du 26 mai sera probablement l’abstention associée aux votes blancs et nuls. Elle avoisinera et pourrait dépasser 60% du corps électoral. Le principal perdant sera alors Emmanuel Macron. Même si sa liste LREM-Modem recueille 25% des suffrages exprimés, soit de l’ordre de 10% des électeurs inscrits. Il n’aura pas su intéresser les citoyens à ce scrutin malgré sa foi en « l’Europe ». Et, les votes de 10% des inscrits seront loin d’être suffisants pour le « relégitimer » aux yeux des gilets jaunes comme de la plupart des Français. Le Grand débat national et les manœuvres qui l’accompagnent et le prolongent ne sont sans doute pas les meilleurs moyens de redresser la barre de la participation aux européennes.
Au Parlement européen (PE), d’importants changements sont anticipés. Le Brexit (s’il a effectivement lieu) fera perdre 73 sièges au PE. Il pénalisera plusieurs groupes. Des ajustements démographiques répartiront 27 sièges supplémentaires entre des états membres. Le nombre de sièges du PE passera ainsi de 751 à 705.
La « montée des populismes » se traduira par plus de sièges de leurs groupes au PE, dont le nombre pourrait atteindre entre 150 et 160, malgré l’absence des « populistes » britanniques. Des partis non encore affiliés à des groupes feront leur entrée au PE ou y verront grossir leurs rangs. Parmi eux, se trouveront les élus LREM-Modem et ceux de partis d’Europe de l’est. Les principaux perdants seront les deux groupes majeurs, le Parti Populaire Européen (PPE), à droite, et le groupe Socialiste et Démocrate (S&D), à gauche. Ensemble, ils ne seront plus majoritaires. De nouveaux rapports de forces vont s’établir, qui ne faciliteront peut-être pas les ententes et le vote de textes « clivants ». Les sujets et les teneurs des débats vont sans doute se diversifier. Cependant, il ne semble pas, à ce jour, que le PE sera déstabilisé et partagé entre des extrêmes. D’après les projections, que nous verrons, il paraît assuré que les groupes modérés, ni « intégristes » farouches, ni « populistes », seront largement majoritaires.
A sept semaines des élections, les jeux ne sont pas encore faits, des incertitudes existent. Et la composition du futur PE dépendra aussi des affiliations et regroupements qui auront lieu avant et après les élections.
En France, jamais un président ne s’est autant impliqué dans la promotion de son parti dans une campagne européenne. Il en a pris les commandes, abusant sans complexe du Grand Débat pour « propagander ». il rêve de rejouer le second tour des présidentielles. Tous les procédés sont permis pour persuader les électeurs qu’il n’y a pas d’autre choix que le chaos, représenté par Marine Le Pen et les autres nationalistes et populistes qui « détestent l’Europe », et lui, porteur de la félicité, de la Renaissance » de l’Europe et d’un avenir rassurant pour la jeunesse.
Profitant du trou d’air qui avait fait chuter Angela Merkel aux législatives de septembre 2016, Macron s’est vite mis en campagne européenne. Ses discours enflammés de la Sorbonne puis de Strasbourg lui ont fait gagner des points parmi les Europhiles. Mais, Macron a besoin d’ennemis désignés pour valoriser ses talents et sortir vainqueur de titanesques combats, gagnés d’avance, de préférence. Il a trouvé l’incarnation du mal absolu en Viktor Orban, premier ministre hongrois et chef de file nationaliste et populiste du groupe de Visegrad. Il a tenté « d’orbaniser » la campagne européenne, de la ramener à ce nouveau duel : Macron contre Orban. Son activisme, sa pugnacité et son ambition européenne lui ont valu d’être lauréat du prix Charlemagne en mai 2018. Un flirt ambigu avec l’Allemagne l’ont conduit à cosigner avec Merkel le néfaste « traité sur la coopération et l’intégration franco-allemandes ». en janvier 2019. Sa Lettre « Pour une Renaissance européenne », diffusée le 5 mars dans l’UE a déplu à nombre de dirigeants d’états. Elle a provoqué une « contreproposition » allemande, montrant de profondes divergences, sur l’intégration, sur la subsidiarité et les limites à la solidarité demandée par Macron, en particulier. Elle a mis en exergue que « La question « pour » ou « contre » l’Europe ne se pose pas pour la plupart des citoyens ».
Notre président est très isolé maintenant. L’UE n’a plus de leadership. La question est assez grave et nos médias, ainsi que la plupart des partis politiques sont trop « discrets » à ce propos. C’est pourquoi, j’ai consacré plusieurs pages à ces événements qui ont marqué la relation franco-allemande sous Macron. J’ai ajouté une annexe exposant, aussi près du texte que possible, le contenu du « traité sur la coopération et l’intégration franco-allemandes ». Il est important que les Français le connaissent, l’approuvent ou le condamnent. Un excellent sujet pour un référendum.
L’abstention, seule gagnante à attendre aux européennes en France
Un duel LREM-Modem contre RN pour seul horizon ?
Les résultats des sondages Harris Interactive EPOKA du 24 mars et Ifop-Fiducial du 25 mars nous donnent deux images ressemblantes des préférences des Français à deux mois des élections européennes. Ils placent en tête, au coude à coude, le groupement LREM-Modem, avec un score de 23% chez l’un et 24% chez l’autre, devant le RN, crédité respectivement de 21,5% et de 21%. Les Républicains (LR) occupent la 3ème place, à 13% et 12%. Ces scores sont proches de ceux présentés par les autres sondeurs récemment. Les autres concurrents sont loin derrière et certains scores sont plus « volatiles ». La France Insoumise (LFI) est à 8% et 7,5%, les Verts (EELV), à 7% et 8,5%, les Socialistes associés à Place publique, à 7% et 5%, Debout la France (DLF), à 5% et 5%. Génération S est créditée de 2,5% et 4%, les Gilets jaunes, de 3% et 3%. Huit autres listes se partagent les 10% restants. Chacune d’elles semble avoir très peu de chances d’obtenir les 3% de votes autorisant le remboursement de frais de campagne. Pour elles, il s’agit surtout d’accéder à une tribune pour défendre leurs idées et propositions, pour se faire mieux connaître.
17 listes, au total, c’est beaucoup ! 9 listes pour se partager les 79 sièges de la France au Parlement européen, c’est aussi la promesse d’une certaine dispersion des « apports » français à différents groupes représentés au PE.
Ces résultats sont à regarder avec circonspection, car certaines listes viennent d’être constituées et tous les concurrents ne sont pas en lice. Il reste du temps aux uns et autres pour convaincre. Les réponses « politiques » très attendues à la crise actuelle qui seront données à la suite du Grand débat (lancé en décembre 2018) à partir du 15 avril, du 20 avril, ou plus tard (?) pourraient peser lourd dans les balances. En raison des somptueux présents faits aux plus riches (ISF, flat tax) et aux entreprises, de la suppression de la taxe d’habitation, ainsi que d’une croissance inférieure aux prévisions, la « rigueur » s’impose maintenant à l’exécutif. Il ne « donnera » sans doute que des miettes aux plus pauvres et augmentera les impôts sur les classes moyennes pour les « financer ». On peut s’attendre à ce que ses réponses soient avant tout « institutionnelles », antiparlementaires, conformes au programme de Macron. Avec une « surprise » à la clé pour calmer les gilets jaunes, la promesse d’un référendum. Macron ne tient sans doute pas à abattre ses cartes avant les européennes, et continue de « gagner du temps ».
Jusqu’au 14 mars et l’émission politique au cours de laquelle la ministre Nathalie Loiseau, opposée à Marine Le Pen, a fait acte de candidature comme tête de liste, les volontaires ne se bousculaient pas. Les plus « éminents » esquivaient les uns après les autres… et la liste n’était pas connue. Il a été question d’y faire figurer des candidats d’autres pays européens. A quelques jours de la date limite, les listes étaient presque constituées, avec des « subtilités « et de savants dosages. Il n’est pas certain qu’elles soient déterminantes sur les résultats de l’élection. Selon le baromètre précité, les choix des têtes de listes et les compositions des listes compteraient assez peu dans la détermination des votes des électeurs. Apporteront-elles un peu d’air frais et d’Europe dans les débats ?
Macron veut faire des européennes de mai un duel entre LREM-Modem et le RN, ou, plus précisément, entre lui et Marine Le Pen, en écrasant entre eux les autres partis. C’est presque une obsession. « Gagner » pour redorer son blason. « Battre le RN serait la première victoire », a d’ailleurs déclaré le 26 mars Nathalie Loiseau.
La polarisation médiatique persiste autour de LREM et de l’exécutif tandis que leurs craintes que les européennes tournent à un scrutin pour ou contre Macron s’accentuent. A propos des motivations, le Baromètre Harris Interactive du 24 mars indique que 47% des Français exprimant un vote souhaitent manifester leur insatisfaction contre LREM et le gouvernement, 19% veulent leur exprimer leur soutien, 34% ont d’autres intentions.
Il confirme la prééminence nationale des priorités exprimées : pouvoir d’achat, immigration, fiscalité, lutte contre le terrorisme… Les préoccupations « européennes » apparaissent très secondaires. Ce n’est pas une nouveauté.
L’abstention, seule gagnante ; Macron et l’UE, principaux perdants
D’après les sondages, et notamment celui d’IFOP-Fiducial présenté par Paris-Match le 20 mars, l’abstention dépasserait les 59% du nombre des inscrits sur les listes électorales (elle a été de 59,4% en 2009 et de 57,6% en 2014). Avec les votes blancs et nuls, le nombre des suffrages exprimés serait inférieur à 40% de celui des inscrits. Et, signal de mauvais augure pour l’avenir, seul 1 sur 5 des moins de 34 ans irait voter.
Si de tels « scores » sont atteints le 26 mai, il n’y aura pas d’autres gagnants que l’abstention, que ceux qui estiment inutile ou stérile de prendre part à ce scrutin sans intérêt et/ou sans enjeu déterminant ou motivant à leurs yeux. Ce sera une défaite pour l’Union européenne (UE), à l’échelle française, et plus encore pour le président Macron, qui n’aura pas réussi à intéresser les Français à « l’Europe » et à son projet pour plus d’UE. Il faut reconnaître qu’avec un Grand débat étiré, rallongé, mêlé à la campagne des européennes, il a considérablement brouillé les cartes et les esprits. Avec « l’idée » folle de coupler le vote européen du 26 mai avec un référendum franco–français, il n’a fait que renforcer les doutes et accroître la confusion. Et cette stratégie n’aura pas « boosté » la participation.
Ce scrutin risque fort d’être un échec personnel pour Macron qui s’est beaucoup montré dans le Grand débat et impliqué dans la campagne des européennes… avant l’heure habituelle. Même si sa liste recueille 25% des suffrages exprimés, avec un taux de participation de 40% des inscrits, seulement 10% des électeurs auront voté pour le président et son biparti. C’est très peu pour signifier une reconquête de l’opinion, une « remontada », pour donner l’illusion d’un rebond décisif de sa « légitimité » tant contestée dans les manifs et sur des plateaux de télé.
Devant une telle perspective, on pouvait imaginer que Macron et ses proches se rendent compte de l’erreur… et lui conseillent de mettre la pédale douce, d’exposer davantage d’autres preux défenseurs de la bonne cause de leur patron. Mais, sortir second de ces élections serait pour lui un camouflet. Il s’est lui-même condamné à continuer à pourfendre son adversaire préférée, Marine Le Pen, et à gratter des voix aux ex-partis de gouvernement de droite et de gauche. Une besogne à la hauteur des missions d’un président de la République ?
Le clip de campagne de LREM verse dans une propagande outrancière
C’est visiblement ce qu’a décidé Macron, héraut du clip de campagne de LREM diffusé le 11 mars. Un clip de 2 minutes choquant qui a immédiatement soulevé indignations, colères et/ou railleries. En témoignent les titres suivants d’articles de médias de sensibilités diverses : - marianne.net, « Vous n’avez pas le choix » : la campagne toujours plus manichéenne du camp Macron pour les européennes » (1) ; - lefigaro.fr, « Vous n’avez pas le choix » : quand le clip de campagne de LREM verse dans la propagande » (2) ; - delitdimags.org, « A ne pas rater / Le clip mégalo-délirant de LREM pour les européennes ! (Vidéo) » (3).
Sur un fond sonore oppressant, le clip commence par « une succession d’images apocalyptiques : inondations bidonvilles, mouvement de foule, défilé aux allures fascisantes, char d’assaut, immigration clandestine, barbelés, violences répressives, mer polluée... Un climat de cauchemar s’en dégage pendant l’incantation menaçante de Macron : « Regardez notre époque, regardez la en face et vous verrez que vous n’avez pas le choix »… « Vous n’avez qu’un choix simple, celui de choisir de laisser un peu plus de place à chaque élection aux nationalistes, à ceux qui détestent l’Europe. Et dans cinq ans, dans dix ans, ils seront là ». Paroles et images désignent Matteo Salvini, Steve Bannon, Marine Le Pen et leurs semblables comme les responsables des violences, des guerres, des catastrophes naturelles, de la pollution. Ils sont porteurs de la haine et du chaos. Lui, c’est le salut et « la renaissance » contre « les nationalistes ». Et il appelle à la « responsabilité », à vouloir « une Europe plus forte, plus démocratique ». Il demande à la jeunesse d’avoir « une ambition extrême, un peu folle » pour y parvenir. Viennent alors des images de jeunes, rassérénés, souriants, sans doute plus confiants. Un monde très différent de celui du début du clip !
Heureusement, des responsables politiques européens lucides estiment que l’outrance est mal venue. Ainsi, dans la réponse allemande à la tribune que Macron a fait diffuser dans toute l’UE le 5 mars, on peut lire : « La question « pour » ou « contre » l’Europe ne se pose pas pour la plupart des citoyens » (cf. ci-après).
Des thèmes européens qu’il ne faudrait pas omettre de discuter
La campagne ne doit pas se résumer à la caricature de ceux qui se proclament « pour l’Europe » et accusent leurs adversaires d’être « contre l’Europe », de « détester l’Europe ». Les Français méritent mieux que cela.
Sortir ou rester dans l’UE (Frexit) ? Cette question ne semble plus d’actualité. La tentative harassante et incertaine du Brexit a de quoi décourager ceux qui ont pu avoir cette tentation. Ils penchent maintenant vers une transformation radicale de l’UE sans en sortir. Des débats plus sereins pourront donc, peut-être, permettre aux protagonistes d’exposer leurs visions sur l’UE et la zone euro, ainsi que leurs principales propositions sur les changements à apporter, les orientations à imprimer.
Parmi les thèmes plus terre-à-terre qu’il me paraît indispensable d’aborder figurent :
. Défense et sécurité. Un des deux paratonnerres nucléaires européens est sur le point de quitter l’UE. Quel accord négocier avec le Royaume-Uni en cas de Brexit doux ou dur ? Un renforcement des solidarités, avec des clarifications des positions de la France et des états de l’UE quant à nos engagements réciproques (que met-on en commun, que fait-on ensemble ?) et vis-à-vis de l’OTAN ne s’imposent elles pas ? Ne serait-il pas temps d’adopter une attitude à l’égard de Poutine qui ne pousse pas la Russie dans les bras de la Chine ?
. Mondialisation et multilatéralisme s’accordent mal avec le concept de « préférence communautaire », ainsi qu’avec la protection économique et sociale de l’UE et de ses pays membres. Quelles sont les solutions pour éradiquer et éviter les concurrences déloyales et faussées, les pillages technologiques ? Réviser la multitude des accords bilatéraux et multinationaux déjà signés (notamment avec l’OMC) et ne pas en conclure de nouveaux tant que des divergences existent dans les « normes » et que les réciprocités ne sont pas garanties ?
. Plus d’intégration versus Europe des nations et des peuples sera sans doute un (le) sujet majeur des confrontations. Le non respect, le piétinement du principe de subsidiarité par l’UE a été l’un des ascenseurs de la montée de l’euroscepticisme et des nationalismes. Dans quels domaines et comment serait il possible de faire marche arrière … sans remettre profondément en cause « l’édifice » de l’UE ?
. « Harmonisations ». Que désire-t-on réellement ? En matière fiscale, par exemple : s’agit-il de s’aligner sur les états aux taux des prélèvements obligatoires (TPO) voisins ou supérieurs à 45% du PIB, la Belgique, le Danemark, la Suède, devancés par la France, à 48,4% en 2017 (4), sur l’Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Hongrie, aux taux compris entre 38% et 41%, sur les Pays baltes et d’autres pays de l’Est, sous les 33%, sur le moins disant, l’Irlande, à 23,5%, ou bien se rabattre sur le taux moyen de l’UE, à 40,2% ? Une harmonisation fiscale, quelle qu’en soit l’ampleur signifie inévitablement des bouleversements dans les choix fondamentaux, dans la gouvernance du pays, de l’économie, des systèmes de protection sociale… Vu la diversité, l’hétérogénéité des situations, ce que l’on entend par « harmonisation » doit être précisé, circonscrit et sans doute ramené à de réalistes proportions.
. Déséquilibres monétaires au sein de la zone euro : la sous-évaluation de certaines monnaies par rapport à l’euro, du deutsche mark en premier lieu, face à la surévaluation d’autres, plus faibles, comme le franc français ou la lire italienne, est un handicap pour le développement de ces derniers. C’est aussi une forme de concurrence déloyale dans les échanges entre pays de l’UE et avec l’extérieur de celle-ci. Comment y remédier… durablement ?
. Les performances économiques de l’UE et de la zone euro sont médiocres dans le concert mondial. Comment les améliorer ? Dire qu’il faut augmenter la productivité et la compétitivité, et que l’éducation, le tout numérique et l’intelligence artificielle sont des armes fatales pour cela, ne suffit pas. Quelle stratégie partagée, quelles réalisations communes d’envergure, structurantes, peuvent être envisagées, concrètement ?
. De nombreux pays membres financent leur économie à l’aide du surendettement public (et privé). L’UE et la BCE, qui fait marcher la planche à billets (avec le « quantitative easing ») et écrase les taux d’intérêt, les ont encouragés et aidés. Faut-il aller plus loin dans cette fuite en avant ? Aux dettes des états faut-il ajouter et gonfler une « dette communautaire »… dont les principaux et presque seuls garants seraient l’Allemagne et les Pays-Bas ? Quel héritage voulons-nous laisser à nos enfants, et n’est-il pas envisageable de changer de vision et de modèle ?
. La question de la recherche d’un modèle plus écologique, plus protecteur du climat et de la planète, plus respectueux des hommes, de la faune et de la flore, ne manquera pas d’être posée et débattue. Il serait intéressant que le « localisme », la consommation de produits locaux, à « inciter », de préférence à ceux qui parcourent des centaines ou des milliers de kms, fasse partie des solutions à regarder attentivement. A propos des énergies renouvelables, un débat contradictoire sur les coûts réels, les avantages et les nuisances de l’éolien serait bienvenu avant de continuer à pousser et à subventionner sa propagation, de plus en plus contestée sur terre comme en mer.
. Les élargissements : stop ou encore ? Quel sort réserver aux candidatures déclarées ou potentielles de l’Albanie, de la Bosnie-Herzégovine, de la Macédoine, du Monténégro et de la Serbie ? La procédure d’adhésion de la Turquie doit-elle se poursuivre ? Où est la cohérence entre les volontés affichées d’approfondissement, de groupes « pionniers » et la poursuite du grossissement de l’UE porteur de plus d’hétérogénéité ?
. L’immigration : elle est déjà omniprésente dans la campagne, avec trop d’excès et d’affirmations « gratuites ». Avec des oppositions sur la protection des frontières extérieures et « intérieures » de l’UE. La nécessité et les moyens de ramener la paix au Moyen-Orient et en Afrique seront-ils examinés ? Les perspectives démographiques mondiales et le boum pharaonique attendu en Afrique entreront-ils dans les débats ? Inciteront à proposer d’autres relations avec les pays de ce continent… que la Chine investit avec une vision de long terme ?
. Démocratie et gouvernance de l’UE : domination de la Commission, rôle modeste (technique) et absence de pouvoirs du Parlement européen. Les européennes devraient être une occasion « quinquennale » d’informer les Français et d’en débattre. Ce serait un moyen, indispensable pour les intéresser à l’UE, aux enjeux des élections et, peut-être (?) les encourager à aller voter.
. Leadership de l’Union : le couple franco-allemand est désuni. Le divorce n’est pas prononcé, mais la séparation de corps et d’esprit a bien eu lieu. Depuis près d’un an Angela et Emmanuel continuent à se faire la bise, mais se tournent le dos lorsqu’il s’agit des orientations de l’UE, et en particulier du choix entre « plus d’intégration ou plus de responsabilités aux nations ». L’UE n’a plus vraiment de leadership. La question est assez grave et trop ignorée. Quelle a été l’efficacité du « couple » depuis 12 ans ? N’y at-il pas lieu d’envisager un leadership plus collégial comprenant un « représentant » des états du sud et un de ceux de l’est… + un britannique si, en définitive, le Brexit n’avait pas lieu ? Un G4 ou un G5 européen, en quelque sorte.
Une recomposition d’ampleur en perspective au parlement européen
Mon article d’octobre 2018, intitulé « Européennes 2019 : les hostilités sont ouvertes », contenait une brève présentation des groupes européens siégeant au PE, ainsi que des rattachements des partis français à ces groupes. J’y soulignais la place prise dans la problématique européenne par la question majeure de l’immigration, par l’accueil et le traitement des migrants, qui fracturent l’UE depuis l’arrivée massive de ressortissants de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan en 2015. J’y évoquais l’activisme d’Emmanuel Macron et sa tentative « d’orbaniser » la campagne des européennes. Il cherchait déjà à la limiter à un choix entre des extrêmes : son camp, avec sa vision d’une UE toujours plus intégrée et élargie, technocratique et bureaucratique, multilatérale et mondialiste, contre le camp du Hongrois Viktor Orban, chef de file des nationalistes et populistes de l’Est… ainsi que contre les autres nationalistes et populistes allemands, autrichiens, français, néerlandais, italiens… dont les partis ont gagné du terrain et/ou ont accédé au gouvernement dans leurs pays. Une recomposition politique se produit, en effet, dans la plupart des états membres, qui voient un recul des partis de gouvernement traditionnels, ainsi que l’émergence de nouveaux partis. Elle se retrouvera dans la nouvelle composition du PE.
Des changements lourds en vue au PE et des affiliations incertaines
Conséquence du Brexit, le prochain PE n’aura plus les 73 sièges de la Grande-Bretagne. Autre changement, des réajustements destinés à prendre en compte les évolutions démographiques vont apporter un supplément de 27 sièges répartis entre des états. La France en « gagnera » 4 et disposera de 79 sièges. Le nombre total des sièges du PE sera ainsi abaissé de 751 à 705. La décision « d’exclure » les sièges britanniques, avec la nouvelle répartition des sièges par pays, a été votée au PE le 13 juin 2018 (deux ans après le référendum sur la sortie de l’UE). Cependant, ce 31 mars 2019 la sortie du Royaume-Uni de l’UE n’est toujours pas scellée.
Le 26 mai, quatre groupes seront très affectés par le Brexit. Le groupe Europe de la Liberté et de la Démocratie Directe (ELDD) sera décimé par la sortie de son noyau dur de 24 députés conduits par Nigel Farage, artisan du Brexit. Le groupe des Conservateurs et Réformistes Européens (ECR), se verra privé de 20 sièges. Les Socialistes et Démocrates (S&D) en perdront aussi 20. Le groupe Verts/Alliance libre Européenne (Verts/ALE) perdra 6 sièges.
Depuis décembre 2017, Poll of Polls (PoP), en collaboration avec Politico Europe, publie en continu des estimations des nombres de sièges au parlement européen (PE) que chacun de la dizaine de groupes concurrents peut espérer obtenir aux européennes de 2019. PoP compile les infos sur les résultats des élections et celles issues des sondages effectués dans les pays pour en faire « l’agrégation ».
D’après les estimations de PoP à la date du 28 mars 2019, de forts reculs seront enregistrés par les deux principaux groupes du PE par rapport à leurs positions de 2014.
Le Parti Populaire Européen (PPE), auquel sont affiliés Les Républicains et le CDU d’Angela Merkel, perdrait 41 sièges et n’en conserverait que 178. Il en perdrait dans une quinzaine de pays, dont 36 dans les 6 plus peuplés (Allemagne, France, Italie, Espagne, Pologne, Roumanie), et en gagnerait quelques uns dans 7 à 8 pays.
Le groupe S&D perdrait 52 sièges et en garderait 136. Aux 20 sièges délaissés par les Britanniques, s’ajouteraient surtout de fortes pertes en Allemagne, en Italie et de notables en France, en Pologne, en Roumanie et en Grèce. Le groupe en gagnerait en Espagne et en petits nombres dans une huitaine d’autres pays.
Ces deux groupes qui, ensemble, détenaient 54,2% des sièges en 2014, n’en auraient plus que 44,5% aux prochaines élections. Il ne leur suffira donc pas de s’entendre pour obtenir la majorité au PE.
Le groupe Alliance des Démocrates et Libéraux Européens (ALDE), dirigé par le Belge Guy Verhofstadt, est qualifié de « centriste ». Sur son site Internet, il affirme « Nous devons nous battre pour réformer l’Europe, plutôt que d’assister à sa destruction », et il souhaite que « la mondialisation soit heureuse pour tous ». Il pourrait être un grand gagnant et conforter sa 3ème place. Fort de 68 sièges en 2014, il en obtiendrait 94 en mai 2019. A condition que le parti LREM, susceptible d’apporter au moins 20 sièges, désire ou accepte de s’y affilier. Mais, depuis peu, ce dernier aurait pris ses distances avec l’ALDE, dont le financement par des grands groupes, exposé dans la presse, a incité LREM à dénoncer le 12 mars « une pratique incompatible avec une vie démocratique irréprochable » (5).
Et il n’est pas exclu que Macron veuille constituer son propre groupe. Les nombreux déplacements et contacts du président dans l’UE lui ont peut-être aussi permis d’œuvrer dans ce sens.
Le groupe Verts/ALE perdait 8 sièges (dont 6 britanniques) et en conserverait 44. La défense de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique, priorités reconnues dans presque tous les pays d’Europe, ne lui seraient pas profitables.
Le groupe Gauche Unitaire Européenne / Gauche Verte Nordique (GUE/NGL) verrait des changements dans sa composition, avec plus de Français et moins d’Espagnols, notamment. Il perdrait 1 siège et en conserverait 50.
Le groupe ECR comprend des partis de droite, de droite nationalistes et chrétiens, aux tendances antifédéralistes et atlantistes. Il est fortement représenté en Pologne, en République tchèque et en Slovaquie. Il est présent aux Pays-Bas et dans les pays scandinaves. Malgré le Brexit, il ne perdrait que 13 sièges et en conserverait 60 grâce à l’élection de plus de 25 Polonais, qui constitueraient alors presque la moitié de ses bataillons.
Le groupe ELDD, atteint aussi par le départ des Britanniques, mais renforcé par plus de 10 députés de l’AfD (« Alternative für Deutschland ») perdrait 8 sièges et en conserverait 33.
Le groupe Europe des Nations et de la Liberté (ENL) de Marine Le Pen, de Geert Wilders et de Matteo Salvini n‘était pas encore constitué lors des élections de 2014. Cependant, 35 députés futurs affiliés à ce groupe avaient alors été élus. Avec des renforts importants de la Ligue Italienne de Matteo Salvini et du Mouvement 5 étoiles de Luigi di Maio, ainsi que de ceux des partis populistes d’Autriche, le nombre de sièges d’ENL monterait à 62.
Si les projections de PoP étaient confirmées le 26 mai, les groupes « populistes », nationalistes, antifédéralistes disposeraient alors de 150 à 160 sièges (60 + 33 + 62). Mais des partis affiliés à d’autres groupes sont aussi classés dans les populistes. Ce serait le cas, par exemple, du parti « xénophobe » slovaque SMER, adhérent du Groupe S&D. Le Fidesz de Viktor Orban, ennemi européen préféré de Macron, fait partie du PPE. Non sans contestations.
Les « Nouveaux partis » (NP) rassemblent les partis d’une douzaine de pays qui ne sont pas affiliés à des groupes. Ces partis obtiendraient 41 sièges. Plus de la moitié seraient polonais, roumains, baltes et d’autres pays de l’est. 8 seraient espagnols et 5 allemands.
Les élus « Non inscrits » (NI) ne seraient qu’au nombre de 8.
Les « scores » des groupes dépendront des affiliations de ces partis (auxquels on peut joindre LREM, et peut-être le Mouvement 5 étoiles) qui auront lieu avant et après les élections. Des partis et des députés élus changeront aussi de groupe après les élections. Des tractations sont en cours depuis des mois et s’intensifieront après le 26 mai. Ces « déplacements » à venir s’ajoutent aux incertitudes qui en cette fin mars pèsent sur les « projections » de PoP (ainsi que des autres pronostiqueurs). Et, près de 7 semaines de « campagnes » et d’aléas, sont encore devant nous.
Cependant, il paraît déjà assuré que des changements d’ampleur viendront avec le recul des deux groupes les plus étoffés et la place plus grande prise par les groupes et partis populistes et nationalistes. Cependant, à moins de surprise, les groupes « traditionnels » et « modérés » resteront majoritaires. Aussi, au PE, les échanges et les confrontations ne se réduiront pas à des affrontements entre des extrêmes, populistes, nationalistes, eurosceptiques, d’un côté, contre les européistes les plus intégristes, de l’autre. Macron ne peut espérer un clivage comparable à celui qu’à connu la France en 2017 et qu’il essaie de reproduire pour les européennes de mai.
La « montée des populismes » ne date pas d’hier. L’UE en est-elle responsable ?
Des médias ont commenté en novembre 2018 les résultats d’une enquête statistique et politique publiée sur le site du Guardian. Celui de BFMTV a affiché « Les voix pour les partis populistes ont triplé en Europe en 20 ans » (6).
Pour Le Guardian « Les populistes ont tendance à dépeindre la politique comme un combat entre des masses ‘ordinaires’ vertueuses et des élites néfastes ou corrompues – et insistent sur le fait que la volonté générale du peuple doit toujours triompher ». Le discours anti-élites serait un de leurs points communs.
En 1998, dans les 31 pays étudiés, les élections nationales ont donné, en moyenne, 7% des suffrages aux « populistes ». En 2018, les populistes européens ont obtenu plus de 25% des voix. Les « appareils populistes » ont récolté plus de 40% des voix en Bulgarie, en Hongrie, en République tchèque et en Italie. 11 gouvernements sont dirigés par ou associés à des populistes. Ces infos concordent avec celles présentes sur le site « officiel » touteleurope.eu. Les pays gouvernés par des « populistes » sont : l’Italie, la Grèce, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Croatie. Les pays où des populistes sont associés aux gouvernements sont : l’Autriche, la Slovaquie, la Bulgarie, la Lettonie. 170 millions de personnes habitent ces pays.
Des facteurs expliquant cette évolution sont avancés : - la déstabilisation provoquée par la crise des « subprimes » en 2008 et ses « retentissements » sociaux désastreux ; - la crise migratoire de 2015 ; - la transformation de partis non populistes en partis populistes, tels le Fidesz en Hongrie et le parti Droit et Justice en Pologne.
Ces explications sont partielles et édulcorées. L’immigration, objet de discordes au sein de l’UE, est un problème majeur depuis des décennies. Il n’a fait que s’aggraver. L’UE s’est montrée impuissante. Les accords de Schengen ne sont pas innocents. Certes la crise de 2008 a aggravé les difficultés économiques et sociales, mais la médiocrité des performances de l’UE et les restrictions budgétaires imposées (à juste titre ou non) soulèvent, on le sait, beaucoup d’oppositions « populistes », et pas seulement. La poussée excessive vers plus d’intégration, l’irrespect de la subsidiarité sont inacceptables pour les « nationalistes » et pour bien d’autres. La mondialisation et le multilatéralisme déprotégé de l’UE ont fait des gagnants, mais aussi beaucoup de perdants. Ils ont contribué à accroître les inégalités. Les élargissements, précipités et mal organisés, ont soulevé des critiques dans la Vieille Europe. Ils ont également provoqué des désillusions, puis des mécontentements et des oppositions dans les pays de l’est et du centre de l’Europe. Une véritable rupture se produit. La création du groupe de Visegrad, puis l’expansion de ses idées et de son influence, nous l’ont signalée. En définitive, l’idéologie et les interventions de l’UE ont joué un rôle actif dans la progression du « populisme ». Des raisons de plus de réformer.
Une campagne prise en main par Macron sous le signe du clivage
Au programme : démarrage en trombe, orbanisation, flirt, puis rupture avec l’Allemagne
Sans attendre qu’une solution à la crise politique en Allemagne permette à Angela Merkel d’être plus active dans le leadership de l’UE, Emmanuel Macron a démarré sa campagne européenne en trombe. Avec des visites à des chefs d’états et de partis européens, avec des discours de renouveau enflammés garnis de multiples propositions et de critiques, d’abord sans adversaires nommément désignés. Cependant, il ne semble vraiment épanoui que dans la confrontation, la polémique, les joutes verbales. Parmi tous ceux qui ont une autre vision de l’UE que lui, les nationalistes, les populistes, les eurosceptiques, qui « détestent l’Europe » étaient des ennemis de choix. Durcir le ton à leur encontre et cibler particulièrement Viktor Orban, le premier ministre hongrois, chef de file du groupe de Visegrad, et par ricochet, déstabiliser le PPE auquel le Fidesz, parti de ce dernier, est affilié, lui a paru judicieux. Mais ne lui a pas fait que des amis. En même temps, Macron essayait de séduire l’Allemagne et d’en obtenir des faveurs. Récompensé pour son ardeur européiste, il se voyait décerner le Prix Charlemagne 2018 à Aix-la-Chapelle. Ensuite, il allait jusqu’à signer avec Merkel en janvier 2019 le traité d’Aix-la-Chapelle. Un « Traité entre la République française et la République fédérale d’Allemagne sur la coopération et l’intégration franco-allemandes ». Puis, le « duel » avec Orban est passé derrière la confrontation avec l’Allemagne. Les relations se sont dégradées après que Macron ait fait diffuser le 5 mars dans les pays de l’UE une tribune très engagée sur son projet de refondation de l’Europe. Elle a été peu appréciée en Allemagne (notamment). Une contreproposition de la patronne de la CDU (possible future chancelière) est venue mettre en lumière des désaccords profonds sur la conception de la refondation de l’UE et le modus operandi, avec quelques revendications désagréables pour la France. Une « réponse de la bergère au berger trop naïf ! », pour Jacques MYARD (7). Il « a oublié que les Etats n’ont pas d’amis car ils défendent justement leurs intérêts conformément au mandat reçu de leur peuple ». A moins de trois mois des européennes, il n’était pas bon de négliger le fait que la CDU fait partie du groupe PPE, auquel il s’est attaqué. Ni de parier que ses propositions convaincraient les Scandinaves, les autres nordistes, les citoyens des pays de l’est. En cette fin mars, Macron est très isolé dans l’UE, et son ambition (pour l’Europe) agace un certain nombre de dirigeants des états membres.
Grands discours et entrée en campagne remarquée
Dès son élection, E. Macron a voulu marquer de son empreinte le destin de l’Europe, présider à sa « relance », à sa sortie de l’engourdissement, et lui redonner un cap. Il a levé le voile sur ses intentions lors du long discours à la Sorbonne en septembre 2017. Il a alors présenté le catalogue des mesures qu’il préconisait, véritable programme européen. Sa jeunesse, sa verve et son ardeur avaient séduit les Europhiles de France et d’autres pays de l’UE.
Lors d’un « grand oral » européen à Strasbourg le 17 avril 2018 (juste après les frappes en Syrie des Alliés Trump, May et Macron, et tandis que son projet de loi « asile et immigration » faisait polémique), Macron avait renouvelé en partie sa panoplie de préconisations et de mesures pour « plus d’Europe » et de multilatéralisme, contre les graves dangers du repli nationaliste, du séparatisme et du populisme. Le Brexit, voté en juin 2016, avait fendillé la coquille de l’UE. Les eurosceptiques gagnaient du terrain et l’européisme béat était ébranlé dans ses certitudes.
Flirt ambigu avec l’Allemagne
Le président français a été choisi par la mairie d’Aix-la-Chapelle pour recevoir le prix Charlemagne le 10 mai 2018, en raison « de sa vision d’une nouvelle Europe et de la refondation du projet européen, d’une nouvelle souveraineté européenne… Emmanuel Macron est un précurseur courageux du renouvellement du rêve européen » (8).
Dans son allocution, Macron a une nouvelle fois appelé à l’unité, face aux divisions, à la souveraineté européenne, à la défense de la législation de l’UE, à la convergence économique, fiscale et sociale, à un multilatéralisme international fort. Il a plaidé pour un budget européen beaucoup plus ambitieux, une zone euro plus intégrée dotée d’un budget propre. A une Europe dont les décisions dépendent de l’accord de 27 membres, il a redit préférer une Europe à plusieurs vitesses, un cercle plus intégré, à quelques uns… qui ouvriraient la voie aux autres. Il a invité à renoncer aux hégémonies et à laisser à la France une place dans le leadership de l’Europe, à plus de solidarité, à ne pas céder au fétichisme des excédents budgétaires et commerciaux. Cette petite pique était aussi un aveu d’impuissance, une reconnaissance de la supériorité germanique, évidemment passés inaperçus de « nos » médias.
Merkel n’ignorait pas les positions et les demandes de Macron. Dans son laudatio précédant le discours de celui-ci, elle avait déjà marqué des différences en prônant la recherche d’un meilleur équilibre entre souveraineté nationale et intégration. Concernant l’avenir de l’UE et de la zone euro, elle n’avait quasiment pas fait de concessions.
Inquiétant traité sur la coopération et l’intégration franco-allemandes
Visiblement, les Allemands n’avaient pas oublié la préférence déclarée à Aix-la-Chapelle de Macron pour « une Europe à plusieurs vitesses, un cercle plus intégré, à quelques uns… ». Dans le dos des Français et de leurs représentants, une initiative inattendue a été prise avec la signature par Emmanuel Macron et Angela Merkel le 22 janvier 2019 d’un « Traité entre la République française et la République fédérale d’Allemagne sur la coopération et l’intégration franco-allemandes ». A la date anniversaire du Traité de l’Elysée de 1963 qu’avaient signé Charles de Gaulle et Konrad Adenauer. Un traité qui prévoyait des concertations dans les domaines de la défense, de la politique étrangère, de la culture et de l’éducation, en particulier. Un traité qui avait été vidé de sa substance lors de sa ratification par le Bundestag allemand le 15 juin 1963 avec le vote d’un préambule contenant des termes que de Gaulle avait résolument refusé de voir figurer dans le traité : « étroite association entre l’Europe et les Etats-Unis d’Amérique », « admission de la Grande-Bretagne », « défense commune dans le cadre de l’Alliance de l’Atlantique nord »… Un préambule qui avait provoqué la fureur du Général (9).
De vives critiques ont fusé contre ce traité d’Aix-la-Chapelle (10). Déséquilibré en défaveur de notre pays, il est accusé d’offrir en partage, sans contreparties, des atouts majeurs de la France, sa dissuasion nucléaire, son siège au Conseil de sécurité, son réseau diplomatique, sa proximité avec les états africains et, plus encore qu’aujourd’hui, son marché intérieur. Ceci, dans la perspective de se faire « absorber » dans un « Empire germano latin » ressuscité ! En plaçant la France sous la tutelle d’une Allemagne nettement plus forte et « compétitive » qu’elle.
« Allégeance et soumission » est le titre d’un billet du président de l’Académie du Gaullisme (11), Jacques Myard, qui avait aussitôt résumé l’esprit et la lettre du traité. Son billet souligne en particulier que : - le titre du traité est révélateur de sa nature et de ses objectifs, il appelle à « l’intégration franco-allemande » ; - l’article 8-2 stipule : « L’admission de la RFA en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies est une priorité de la diplomatie franco-allemande ». Ce qui signifie que : « La France n’a dès lors plus de politique étrangère propre mais qu’elle l’exerce sous le contrôle de l’Allemagne capitale Berlin ! » ; - la conception et les voies de la coopération transfrontalière promue dans le traité suscitent la méfiance.
« Ce projet de traité est une boite de Pandore ; à l’évidence, E. Macron recherche l’appui de l’Allemagne à tout prix, même au prix du statut de la France au Conseil de sécurité ». « C’est inacceptable au regard de nos intérêts et du rang de la France dans le monde ».
J’ajoute qu’il est fort inquiétant pour les Français, pour les états membres de la zone euro et de l’UE, ainsi que pour l’Union, que l’article 20 ajoute : « Les deux Etats approfondissent l’intégration de leurs économies afin d’instituer une zone économique franco allemande dotée de règles communes… ».
Les plus fortes craintes et critiques ont été tournées en dérision par les médias grand public, et le traité est vite sorti des radars. Sa ratification par le parlement sera l’occasion de le porter plus largement et précisément à la connaissance des citoyens. Ils verront dans ce projet concocté dans l’ombre, le destin que Macron entend leur réserver, la façon dont il défend les intérêts de la France, ainsi que son mépris pour les opinions des Français.
Vu l’importance du sujet et des polémiques qu’il soulève, j’ai consacré une annexe à la présentation des éléments clés du texte intégral du traité. Les paroles s’envolent. Les écrits restent. Et, dans un traité, chaque mot compte.
Enfoncée dans la crise, la France se débat dans les violences et les doutes
Depuis novembre 2018, la France est perturbée, bousculée, atterrée par la crise et les manifestations des gilets jaunes (notamment), ainsi que par les méfaits des casseurs qui s’y « infiltrent ». Avec des scènes de violences et des dégradations que des chaînes de télé adorent passer en boucle. Pensant discréditer le mouvement, elles alimentent aussi en images choc et choquantes les médias des pays d’Europe et d’ailleurs nuisibles pour la France et peu flatteuses pour son gouvernement, pour sa popularité, pour son autorité, pour sa compétence, pour sa crédibilité. Les condamnations du Conseil de l’Europe et de l’ONU concernant l’usage « disproportionné » de la force et celui des LBD par les policiers font tache sur l’écusson de la démocratie française.
Cela fait plus de 3 mois que le Grand débat mobilise les attentions, des énergies, et fait « gagner » du temps à l’exécutif, déboussolé. Sans qu’apparaissent les prémices d’un règlement politique du malaise profond qui s’est installé. Le président omniprésent dans ce débat en a profité pour « reprendre la main » et conduire une véritable campagne électorale (aux frais des contribuables) incluant des questions européennes… à deux mois des élections.
La lettre de Macron aux Européens qui a fait déborder le vase franco-allemand
Emmanuel Macron a décidé de « reprendre la main » aussi au niveau européen. Le 5 mars, a été diffusée dans les pays de l’UE une Lettre « Pour une Renaissance européenne » par laquelle il s’adresse directement à leurs citoyens (12). J’en cite ici des extraits car, selon un sondage Odoxa Consulting, seuls 46% des Français l’ont lue. 43% d’entre eux ont été convaincus, dont 86% de partisans de LREM, et sans doute moins de 25% de ceux qui ne le sont pas.
Pour promouvoir sa cause, son « projet », quels meilleurs arguments que la peur « jamais l’Europe n’a été autant en danger », la stigmatisation du Brexit, du repli nationaliste, « des exploiteurs de la colère, soutenus par de fausses informations » ! Surtout si ces arguments sont associés à une exaltation des réalisations, des bienfaits de l’UE, de sa protection « face aux stratégies agressives des grandes puissances ». Nous sommes à « un moment où, collectivement, nous devons réinventer politiquement, culturellement, les formes de notre civilisation dans un monde qui se transforme. C’est le moment de la Renaissance européenne… ». Il propose de la « bâtir ensemble autour de trois ambitions : la liberté, la protection et le progrès ».
« Défendre notre liberté » : les propositions sont : - la création d’une « Agence européenne de protection des démocraties qui fournira des experts européens à chaque Etat membre pour protéger son processus électoral contre les cyberattaques et les manipulations » [!!!] ; - « bannir d’Internet, par des règles européennes tous les discours de haine et de violence » [TOC ?] ; - « interdire le financement des partis politiques européens par des puissances étrangères ». [Une vision très sélective, et restrictive de la liberté, en somme !]
« Protéger notre continent » : par : - un meilleur contrôle des frontières extérieures de l’UE et une même politique d’asile, avec « une police des frontières commune et un Office européen de l’asile », sous l’autorité d’un « Conseil européen de sécurité intérieure » ; - « un traité de défense et de sécurité », « en lien avec l’OTAN et nos partenaires européens » devra définir nos obligations et un « Conseil de sécurité européen associant le Royaume-Uni pour préparer nos décisions collectives » ; - des vœux [sincères ?] en faveur d’une « juste concurrence » visant à « sanctionner ou interdire en Europe les entreprises qui portent atteinte à nos intérêts stratégiques et nos valeurs essentielles », et faisant appel à la « préférence européenne » dans les industries stratégiques et nos marchés publics. [Ce qui paraît en contradiction avec la multitude de traités internationaux que l’UE a signés].
« Retrouver l’esprit de progrès » : - au plan social, la convergence est préférable à la concurrence. Il faudrait garantir « la même rémunération sur le même lieu de travail et un salaire minimum européen, adapté à chaque pays et discuté chaque année collectivement » [C’est empiéter davantage sur les prérogatives nationales, tourner le dos à la subsidiarité] - en matière écologique, des ambitions : « 0 carbone en 2050, division par deux des pesticides en 2025 » avec une « Banque européenne du climat » pour financer la transition, une « force sanitaire européenne » pour contrôler les aliments, une « évaluation scientifique indépendante » des substances dangereuses, contre les menaces des lobbies ; - pour créer des emplois, il faut créer « une supervision européenne des grandes plateformes », doter « le nouveau Conseil européen de l’innovation d’un budget comparable à celui des Etats-Unis, pour prendre la tête des nouvelles ruptures technologiques, comme l’intelligence artificielle » ; - un pacte d’avenir avec l’Afrique, pour assumer notre destin commun en soutenant son développement de façon ambitieuse.
Macron propose également de mettre en place d’ici la fin de l’année « une Conférence pour l’Europe afin de proposer tous les changements nécessaires à notre projet politique, sans tabou, pas même la révision des traités »… en y associant des panels de citoyens, des universitaires, des partenaires sociaux, des représentants religieux et spirituels… [Un grand débat, une flambée de démocratie directe, donc, mais en poussant le bouchon plus loin qu’en France, car...] La Conférence sera aussi chargée de définir « une feuille de route pour l’Union européenne traduisant en actions concrètes ces grandes priorités ».
Inutile de dire que cette dernière proposition (dynamite ou pétard mouillé) suffirait à faire rejeter le projet par la plupart des chefs d’Etat et de gouvernement, par la Commission et le Parlement européen. En tout état de cause, la lettre apporte un éclairage supplémentaire sur la signification du « plus d’Europe » de Macron. C’est plus « d’Etat européen », de bureaucratie et de technocratie, de contraintes, de contrôles et de restrictions des libertés, avec un piétinement opiniâtre de la subsidiarité et l’écrasement des Etats-Nations.
Un « projet » allemand s’oppose ouvertement à celui de Macron
Après 5 jours, une réponse allemande à la lettre de Macron, véritable contreproposition, est arrivée le 10 mars dans un texte intitulé « Pour une Europe juste », publié à l’origine dans le « Welt am Sonntag » (13). Elle est venue de la présidente de la CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK). Comme pour signifier que c’est la réponse de la cheffe du parti au pouvoir en Allemagne aux propositions du chef du parti au pouvoir en France ? Le lendemain, la Chancelière a apporté son soutien aux propositions d’AKK, notamment sur« l’européanisation » du siège de la France au Conseil de Sécurité de l’ONU, que réclame aussi le parti Social-démocrate (14).
AKK affirme ses convictions pro-européennes. Elle dit partager en partie les « constats » de Macron, ainsi que ses louanges sur les bienfaits attribuables à l’UE et à la zone euro. Elle est également favorable à plus de coopération en matière technologique, à un engagement écologique européen déterminé pour la protection du climat, à la révision du traité de Schengen pour renforcer et sécuriser le contrôle des frontières extérieures de l’Union. Mais, les divergences dominent.
Ses positions sont plus conservatrices sur l’Europe, plus modérées et réalistes. « La question « pour » ou « contre » l’Europe ne se pose pas pour la plupart des citoyens ». C’est la façon dont l’UE pourra réagir aux principaux problèmes qui compte. Et, en premier lieu, « il s’agit d’assurer les fondements de notre prospérité ». Pour assurer un financement plus européen des entreprises, elle propose la création d’un « marché unique pour les banques ». Et elle ajoute surtout : « Dans le même temps, nous devons nous appuyer rigoureusement sur un système de subsidiarité, de propriété et de responsabilité individuelle. Le centralisme européen, l’étatisme européen, la communautarisation des dettes, une européanisation des systèmes sociaux et le salaire minimum seraient un mauvais choix ». Mieux vaut adopter une stratégie de convergence visant l’égalisation des niveaux de vie, « qui relie intelligemment les approches nationales et européennes ». Elle enfonce le clou avec « Le fonctionnement des institutions européennes ne peut revendiquer aucune supériorité morale par rapport à la coopération entre les gouvernements nationaux. Refonder l’Europe ne se fera pas sans les Etats-nations ».
Elle s’oppose à des orientations qui porteraient atteinte à la souveraineté de l’Allemagne, notamment en matière financière et budgétaire, mais aussi de contrôle par Bruxelles. Elle défend un « modèle » plus « libéral » et moins étatiste que celui de Macron. Elle fait aussi un signe de compréhension et d’apaisement aux nationalistes, jugeant sans doute préférable et plus payant d’essayer de « rassembler » que de « cliver ». Il se trouve qu’Angela Merkel s’est montrée plus conciliante, patiente envers Theresa May et les Britanniques que Macron, qui n’a pas pu s’empêcher de prêter main ferme au Commissaire Barnier chargé de la négociation sur le Brexit.
AKK est aussi provocatrice. Elle réclame que : - le PE abandonne son domicile de Strasbourg et ne conserve que celui de Bruxelles ; - l’UE soit à l’avenir représentée par un siège au Conseil de sécurité de l’ONU.
Assez « illogiquement », avec le refus du salaire minimum européen, ce sont surtout ces deux dernières piques qui ont été propagées par « nos » médias audiovisuels. Il est « vrai » que le porte parole du gouvernement, Benjamin Griveaux avait « relativisé » la portée de l’évènement en parlant seulement de ces « trois points de divergence ». Il nous faut donc espérer que les Français se tournent vers d’autres sources, sur Internet, en particulier, pour être « véritablement » informés. Nous pouvons aussi, peut-être rêver que certains « partis d’opposition » évoqueront ces différences de fond au sein du « couple franco-allemand »… sans oublier le faux-pas macronien (pour le moins) du traité d’Aix-la Chapelle.
Paul KLOBOUKOFF Académie du Gaullisme Le 03/04/2019
Annexe Des précisions sur le contenu du traité franco-allemand d’Aix-la-Chapelle
Les signataires du traité entendaient visiblement « prendre date » et en faire un instrument structurant de la marche vers l’intégration des deux états, en commençant par la convergence, l’intensification de la concertation, de la coordination, de la collaboration, de l’établissement de règles et de normes communes, d’actions conjointes dans des domaines sans doute considérés comme stratégiques et/ou prioritaires. En voici des passages éclairants extraits du texte intégral du traité (15). Un traité dont on a du mal à penser qu’il ait pu être rédigé par notre Diplomatie.
Politique étrangère, de défense, de sécurité extérieure et intérieure : « afin de définir des positions communes sur toute décision importante touchant leurs intérêts communs »... « Ils s’engagent à renforcer la capacité d’action de l’Europe et à investir conjointement pour combler ses lacunes capacitaires renforçant ainsi l’Union européenne et l’Alliance nord-atlantique »… « Les deux Etats instituent le Conseil franco-allemand de défense et de sécurité comme organe de pilotage de ces engagements »… Ils « procéderont à des échanges de personnels de haut rang » entre leurs ministères des affaires étrangères, « y compris dans leurs missions diplomatiques et consulaires »… « L’admission de la République fédérale d’Allemagne en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies est une priorité de la diplomatie franco-allemande ». [Le 28 novembre 2018, le Vice-chancelier Olaf Scholz, avait déclaré « Si nous prenons l’Union européenne au sérieux, l’UE devrait parler d’une seule voix au sein du Conseil de sécurité […] A moyen terme, le siège de la France pourrait être transformé en siège de l’UE » (ta2)].
Culture, enseignement, recherche et mobilité : « Les deux Etats rapprochent leurs systèmes éducatifs grâce à l’apprentissage mutuel de la langue de l’autre… visant à accroître le nombre d’élèves étudiant la langue du partenaire ». Ils « favorisent la mise en réseau de leurs systèmes d’enseignement et de recherche ainsi que de leurs structures de financement ».
Coopération régionale et transfrontalière : « les deux Etats dotent les collectivités territoriales des territoires frontaliers et les entités transfrontalières comme les eurodistricts de compétences appropriées, de ressources dédiées et de procédures accélérées permettant de surmonter les obstacles à la réalisation des projets transfrontaliers ». Des dispositions particulières juridiques et administratives (voire des dérogations) pourront être prises à cet effet. Un comité de coopération transfrontalière sera chargé, notamment de « définir une stratégie commune de choix de projets prioritaires »… de veiller à la bonne exécution de cette « coopération »… « Ainsi que d’analyser l’incidence de la législation nouvelle sur les territoires frontaliers » [en vue de son extension à d’autres « territoires » proches ou plus éloignés ?]. + « Les deux Etats sont attachés à l’objectif du bilinguisme » dans les collectivités frontalières. + Ils amélioreront l’interconnexion des réseaux numériques, des liaisons ferroviaires et routières… et agiront dans le domaine de la « mobilité innovante », afin « d’élaborer des approches ou des normes communes ». + Ils « encouragent la coopération décentralisée entre les collectivités des territoires non frontaliers » et sont prêts à la soutenir.
Développement durable, climat et environnement : Vague blabla habituel sur les intentions en matière écologique, de faire progresser la transition énergétique et d’en renforcer « le cadre institutionnel de financement ».
Affaires économiques : « Les deux Etats approfondissent l’intégration de leurs économies [?] afin d’instituer une zone économique franco-allemande dotée de règles communes. Le Conseil économique et financier franco-allemand favorise l’harmonisation bilatérale de leurs législations, notamment dans le domaine du droit des affaires, et coordonne de façon régulière les politiques économiques entre la République française et la République fédérale d’Allemagne afin de favoriser la convergence entre les deux Etats et d’améliorer la compétitivité de leurs économies ». + Pour consacrer le règne de la technocratie, est institué un « Conseil franco-allemand d’experts économiques » composé de dix experts indépendants [!!!] afin de présenter aux deux gouvernements des recommandations sur leur action économique ». [Qui s’ajouteront à celles de la Commission de Bruxelles à laquelle les états sont tenus de présenter leurs programmes et leurs projets de budgets annuels].
Organisation :. « Le Conseil des ministres franco-allemand adopte un programme pluriannuel de projets » préparé (et suivi) par « les secrétaires généraux pour la coopération franco-allemande »… « Des représentants des régions et des Länder, ainsi que du comité de coopération transfrontalière, peuvent être invités à participer au Conseil des ministres franco-allemand ». + « Un membre du gouvernement d’un des deux Etats prend part, une fois par trimestre au moins et en alternance, au conseil des ministres de l’autre Etat ». L’imbrication et la multiplication des instances franco-allemandes sont ainsi de rigueur.
Sources et références
(1) « Vous n’avez pas le choix » : la campagne toujours plus manichéenne du camp Macron… marianne.net/politique/elections-europeennes… le 11/03/2019
(2) « Vous n’avez pas le choix » : quand le clip de campagne de LREM verse dans la propagande lefigaro.fr/vox/politique/2019/03/1331001_201903…
(3) A ne pas rater / Le clip mégalo-délirant de LREM… par Boulevard Voltaire delitdimages.org/a-ne-pas-rater… le 11/03/2019
(4) Prélèvements obligatoires : la France championne d’Europe en 2017 legifiscal.fr/actualites-fiscales/1981-prélèvements… le 03/12/2018
(5) Financement de l’ALDE : LREM dénonce une « pratique incompatible » avec la démocratie actu.orange.fr/politique/financement… le 12/03/2019
(6) Les voix pour les partis populistes ont triplé en Europe en 20 ans bfmtv.com/international/les- voix… le 21/11/2018
(7) Billet d’ingratitude : réponse de la bergère au berger trop naïf Jacques Myard le 14/03/2019
(8) Prix Charlemagne 2018, le réveil du couple franco-allemand La Lettre du 18 juin n° 208 du mois de juin 2018
(9) Traité de l’Elysée fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9…
(10) Conseil de sécurité à l’ONU : Berlin propose de transformer le siège de la France en siège de l’UE lesechos.fr/28/11/2011/lesechos.fr/0600235…
(11) Traité d’Aix-la-Chapelle : Allégeance et soumission comite-valmy.org/spip.php?article10834 le 21/01/2019
(12) « Pour une Renaissance européenne » : la lettre d’Emmanuel Macron aux Européens leparisien.fr/politique/pour-une-renaissance… le 04/03/2019
(13) Pour une Europe juste Annegret Kramp-Karrenbauer, présidente de la CDU d’Allemagne « Welt am Sonntag » 10/03/2019
(14) Merkel prend ses distances avec Macron sur l’Europe actu.orange.fr/monde/merkel… le 11/03/2019
(15) Le nouveau traité franco-allemand qui sera signé le 22 janvier latribune.fr/economie/union-europeenne/le-nouveau… le 16/01/2019
© 07.04.2019