..
..
..
..
par François-Régis Legrier,
La
bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ?
La bataille d’Hajin (septembre
2018 – janvier 2019) du nom d’une petite localité située sur la rive Est de
l’Euphrate aux confins de la Syrie et de l’Irak mérite de laisser son nom dans
l’histoire militaire à plus d’un titre. Elle est d’abord la dernière « bataille
rangée » contre le pseudo État islamique et semble mettre un point final à sa
volonté de contrôler un territoire. Elle est ensuite, pour nous Occidentaux,
riche d’enseignements sur la guerre, et tout spécialement les limites de la
guerre par procuration et de notre approche tournée vers la suprématie
technologique.
Au
XIXe siècle, le sort d’une bataille mettant en jeu quelques milliers d’hommes
était réglé en une journée – Austerlitz par exemple ; au XXe siècle, il faut
compter en semaines – que l’on pense à la poche de Dunkerque en 1940 ; au XXIe
siècle, il faut près de cinq mois et une accumulation de destructions pour
venir à bout de 2 000 combattants ne disposant ni d’appui aérien, ni de moyens
de guerre électronique, ni de forces spéciales, ni de satellites. Telle est la
réalité de la guerre aujourd’hui qui doit nous conduire, décideurs politiques
et chefs militaires à un examen critique salutaire sur notre façon de concevoir
et faire la guerre.
Certes,
la bataille d’Hajin a été gagnée mais de façon très poussive, à un coût
exorbitant et au prix de nombreuses destructions. Certes, les Occidentaux, en
refusant d’engager des troupes au sol, ont limité les risques et notamment
celui d’avoir à s’expliquer devant l’opinion. Mais ce refus interroge :
pourquoi entretenir une armée que l’on n’ose pas engager ? Si la réduction du
dernier bastion de l’État islamique ne vaut pas la peine d’engager des troupes
conventionnelles, quelle cause sera assez importante pour le faire ?
Extrêmement à l’aise pour remplir les grands états-majors multinationaux d’une
ribambelle d’officiers, les nations occidentales n’ont pas eu la volonté
politique d’envoyer 1 000 combattants aguerris régler en quelques semaines le
sort de la poche d’Hajin et épargner à la population plusieurs mois de guerre.
Par
ailleurs, en sous-traitant aux Forces démocratiques syriennes (FDS), c’est à-
dire à des proxys – des troupes soutenues par les Américains qui leur ont
délégué le droit de se battre à leur place – la conduite des opérations au sol,
la Coalition a renoncé à sa liberté d’action et perdu la maîtrise du tempo
stratégique. Prise en étau entre la
décision de Donald Trump de se retirer du Nord-Est syrien et le bon vouloir des
FDS, elle n’a pas trouvé de meilleure solution que d’intensifier les
bombardements pour en finir au plus vite, compromettant ainsi durablement
l’avenir de cette province.
In
fine, la question qui se pose est de savoir si la libération d’une région ne
peut se faire qu’au prix de la destruction de ses infrastructures (hôpitaux,
lieux de culte, routes, ponts, habitations, etc.). C’est là, l’approche assumée
sans complexe, hier et aujourd’hui, par les Américains ; ce n’est pas la nôtre
et nous souhaitons ici indiquer ce qui aurait pu être fait pour mettre l’ennemi
hors de combat sans transformer la poche d’Hajin en champs de ruines.
Caractéristiques
de la bataille d’Hajin : un concentré de tous les types de guerre
Située
au cœur du « Grand Jeu » entre puissances régionales et grandes puissances, la
poche d’Hajin regroupe en septembre 2018 environ 2 000 combattants islamistes
dont une majorité d’étrangers. S’étirant sur une trentaine de kilomètres le
long de l’Euphrate en territoire arabo-kurde syrien et large d’une dizaine de
kilomètres, elle est le dernier bastion du soi-disant Califat « État islamique
», autant dire pas grand-chose. En réalité, nous allons voir que la bataille
déborde largement de son cadre géographique pour se répandre dans le champ des
perceptions, autre enjeu essentiel du combat.
La
zone d’action est une bande de terrain en V coincée entre l’Euphrate à l’Ouest
et la frontière irako-syrienne à l’Est avec une zone rurale (champs et
villages) le long du fleuve et une zone désertique. Soulignons que la rive
Ouest de l’Euphrate est plus ou moins sous contrôle du régime syrien et des
milices irakiennes qui contrôlent également une partie de la frontière. La
population est estimée à quelques milliers de personnes, surtout présente dans
la partie Nord de la poche (localité d’Hajin).
Au
Sud de la poche (pointe du V) et au bord de l’Euphrate, en territoire irakien,
la ville d’Al-Qaïm. Au Nord de cette ville, la frontière est tenue par l’armée
irakienne et légèrement en retrait se trouve la position de tir des moyens feux
sol-sol de la coalition. Au Sud, la frontière est tenue par une milice affiliée
à l’Iran (Katiba Hesbollah), véritable petite armée avec ses chars et ses
canons. Si la frontière est globalement étanche au Nord, elle est très poreuse
au Sud, la milice se livrant à la contrebande.
Le
combat au sol a été confié à des proxys, les FDS, alliance arabo-kurde
conseillée par les forces spéciales américaines et bénéficiant du soutien des
moyens feux sol-sol et sol-air de la Coalition. D’un volume sensiblement
équivalent à celui de Daech, leur valeur combative est toute relative sachant
que les combattants 67 kurdes viennent du Nord-Est syrien où ils sont
régulièrement pris à partie par les Turcs, alliés des Américains au sein de
l’Otan. Ainsi, fin octobre 2018, les FDS ont annoncé la suspension des
opérations suite à des frappes turques et il a fallu plusieurs semaines de
négociation pour qu’ils reprennent le combat. Le même scénario a failli se
répéter mi-décembre et compromettre à nouveau la prise d’Hajin pourtant bien
engagée.
Au
sol, les traits distinctifs de cette bataille sont assez proches de ceux des
batailles de la Première Guerre mondiale : une ligne de front entre combattants
où chaque gain de 500 mètres ou 1 kilomètre de territoire représente un succès
; des contre-attaques violentes et répétées de la part d’un ennemi cerné de
toute part et qui cherche à desserrer l’étau des FDS ; un emploi massif de
l’artillerie, seule capable de délivrer des feux par mauvaises conditions
météorologiques et qui, à plusieurs reprises, a sauvé la mise aux FDS
violemment prises à partie ; des pertes importantes au regard du volume de
combattants (plusieurs centaines au total de part et d’autre).
Sur
un plan purement tactique, cette bataille a fait redécouvrir toutes les vertus
d’un appui-feu sol-sol (2) alliant effets de saturation par obus explosif et
effets de destruction par munition de précision et surtout opérationnel par
tout temps.
Ainsi,
c’est le 3 décembre 2018 qu’ont été tirés avec succès pour la première fois en
opération, les obus antichars à effet dirigé Bonus détruisant une colonne de
pickup lancée à l’assaut des lignes de défense FDS. Dans les airs, la
suprématie occidentale est évidemment totale. Comme dans le film de Gavin Hood,
Eye in the Sky (3), c’est la quintessence de la haute technologie qui se
déploie quasiment sans limite avec l’emploi massif de moyens de surveillance et
de renseignement, et d’avions pour observer et frapper. En l’espace de six
mois, plusieurs milliers de bombes ont été déversées sur quelques dizaines de
kilomètres carrés avec comme résultat principal la destruction des
infrastructures.
L’ennemi
a-t-il été détruit par ces frappes ? Oui, mais pas autant qu’on a bien voulu le
faire croire dans les comptes rendus alignant un BDA impressionnant calculé de façon statistique
et non pas par observation visuelle.
L’ennemi
a-t-il été atteint dans son moral et sa volonté de combattre ? À l’évidence,
non. Il a déployé jusqu’au bout une combativité inébranlable mettant à profit
les périodes de mauvaise météo, le préservant de la menace aérienne, pour
contre-attaquer violemment et infliger à plusieurs reprises de sérieux revers
tactiques aux FDS. La défaite devenue inéluctable, il s’est exfiltré vers des
zones refuges pour poursuivre la lutte en mode insurrectionnel ne laissant sur
place qu’une poignée de combattants étrangers.
OPINIONS
(2)
Il faut également souligner l’emploi massif par Daech de roquettes et de
mortiers allant parfois à des consommations de 100 munitions par jour.
(3)
Sorti en 2016 : montre les ambiguïtés politico-juridiques d’une prise de
décision d’une frappe aérienne.
(4)
Battle Damage Assessment : estimation des pertes ennemies. 68
Ainsi,
cette bataille illustre à merveille les propos du général Desportes :
«
Des systèmes d’armes toujours plus performants produisent des résultats
toujours plus décevants » (5). Entendons-nous bien. Ils ne sont pas décevants
parce que performants mais parce que mal employés ; nous y reviendrons.
Enfin,
la bataille d’Hajin dépasse largement le cadre géographique pour s’inscrire
plus largement dans le champ infini des perceptions. Force est de constater que
dans ce domaine, Daech a su exploiter le moindre succès tactique pour le
valoriser et en faire un succès stratégique. De même, les frappes occidentales
et leurs dommages collatéraux réels ou fictifs ont aussi été largement
médiatisés avec succès. En effet, à plusieurs reprises, la Coalition trop
souvent en réaction sur le champ des perceptions, a dû renoncer à ses frappes
face à la pression médiatique. Il y a ici tout un champ de réflexion à explorer
et notamment le décalage des perspectives : là où Daech, dans une vision
stratégique, s’adresse aux opinions publiques occidentales, la Coalition, outil
militaire sans réelle pensée politique, est contrainte de rester au niveau
tactique et ne peut exploiter ses succès dans le champ informationnel avec la
même réactivité que l’ennemi.
Les
limites de la guerre par procuration et de notre approche techno-centrée
La
guerre par procuration ou comment perdre la main sur le plan stratégique
En
s’en remettant à des proxys pour conduire la bataille au sol, les
Occidentaux
en ont certes retiré un avantage politique à court terme : celui d’éviter des
pertes et un mouvement d’opinion contre leur politique. En revanche, sur le
moyen-long terme, ce choix s’est avéré désastreux. En affirmant que la poche
était la Main Battle Area (6) tout en refusant d’y engager des moyens
terrestres ou même des hélicoptères d’attaque, les Américains ont laissé planer
un doute sur leurs intentions réelles d’en finir rapidement. Il est donc permis
de penser que la poche d’Hajin constituait un excellent alibi pour maintenir
une présence dans le Nord-Est syrien et surtout prévenir un éventuel délitement
trop rapide de la Coalition. Ainsi, au fur et à mesure de la bataille, le
discours s’est articulé de la façon suivante « il faut détruire Daech » vers «
oui, Daech est bientôt éliminé en Syrie mais il se reconstitue en Irak et reste
tout aussi dangereux », ce qui pose la question de la pertinence de la
stratégie suivie depuis des années. Où est le véritable enjeu ? Détruire Daech
ou contenir l’Iran?
Par
ailleurs, la conséquence la plus immédiate d’une telle approche est la perte de
la maîtrise du temps : l’opération avance au gré de la volonté des proxys et
selon leur propre agenda et elle traîne en longueur quelle que soit l’ampleur
des moyens consentis. Cela s’appelle un enlisement. Pour compliquer les choses,
est apparue au grand jour la divergence de vues entre Donald Trump et son
état-major. Fidèle en cela à une promesse de campagne, le Président des
États-Unis a saisi l’occasion de la reprise d’Hajin mi-décembre pour annoncer
la victoire sur Daech et le retrait des forces américaines de Syrie montrant
ainsi, certes de façon brutale, que c’est bien le tempo politique qui détermine
la stratégie et non pas l’inverse.
En
refusant d’inscrire dans leur stratégie du Moyen-Orient cette volonté de
retrait pourtant annoncée depuis deux ans, l’Administration américaine et les
états-majors se sont mis d’eux-mêmes en porte à faux. Bousculés par le décideur
politique d’un côté, ayant perdu la main sur le tempo des opérations au sol de
l’autre, c’est-à-dire privés de toute marge de manœuvres, la seule réaction a
été d’intensifier les frappes aériennes et donc d’augmenter encore le nombre de
destructions. Hajin a subi le même sort que Mossoul et Raqqa : une destruction
quasi complète.
Ainsi,
cette victoire tactique, par la façon dont elle a été acquise, a compromis
l’avenir de cette province sans ouvrir de perspectives stratégiques
intéressantes pour la Coalition. L’avenir du Nord-Est syrien est plus que
jamais incertain et Daech, s’il a perdu son territoire, ne semble pas atteint
dans sa volonté de continuer la lutte.
La
leçon est la suivante : il n’y a pas de stratégie et donc de victoire durable
sans liberté de manœuvre. Celle-ci est au croisement du politique et du
militaire.
Le
stratège doit impérativement inscrire son action dans une politique et doit
garder la main sur les opérations dans tous les domaines, y compris les
opérations terrestres s’il veut être en mesure de présenter plusieurs options
stratégiques au décideur politique. Il n’y a pas d’autres solutions possibles.
L’approche
techno-centrée ou l’illusion de la puissance
En
s’en remettant principalement à des moyens air inopérants sur un plan tactique
lorsque les conditions météo se dégradent et aux forces spéciales, la Coalition
a perdu beaucoup de temps, d’énergie et de crédibilité, Daech ayant beau jeu de
se vanter d’avoir tenu en échec la première puissance mondiale pendant des
mois. Il faut être rentré dans une Strike Cell (7) par temps couvert pour
comprendre toutes les limites de notre approche techno-centrée. En effet, en
cas de pluie, de brouillard, de nuages, les écrans deviennent noirs, les gens
jouent aux cartes ou regardent un film : la guerre s’arrête pour eux en attendant
la prochaine fenêtre météo. Lors des violentes contre-attaques de Daech en
octobre 2018 et le repli des
FDS,
le premier constat d’un officier général a été de dire : « C’est à cause de la
météo, nous n’avions plus l’appui aérien. » Sous-entendu, Daech ne respecte pas
les règles du jeu, il attaque par mauvais temps !
Non,
nous n’avons pas été tenus en échec par la météo mais par notre refus de nous
adapter à notre ennemi et au réel. La guerre par procuration, c’est-à-dire ce
refus d’engager des troupes au sol aptes au combat pour s’en remettre
uniquement aux forces spéciales et à l’arme aérienne est l’un des facteurs
principaux de nos échecs actuels. Les forces spéciales sont faites… pour les
opérations spéciales et non le combat conventionnel en zone urbaine ou
désertique.
Encore
une fois, ne nous y trompons pas, il ne s’agit nullement ici de critiquer
l’apport indispensable aux opérations que constitue l’arme aérienne ou les
forces spéciales mais de rappeler que c’est une erreur que de s’en remettre
uniquement à elles pour gagner une bataille. Ce concept ultra-technologique
conçu pour réduire le format des troupes conventionnelles et séduire le
politique en lui faisant croire qu’on peut faire mieux avec moins est un leurre
séduisant mais un leurre quand même.
Alors
que fallait-il faire ?
La
réponse est simple : comprendre que si la bataille se gagne au niveau tactique
–
adaptation au terrain et à l’ennemi – la guerre se gagne au niveau stratégique
et politique, et qu’elle est une dialectique des volontés et non une
éradication « des méchants » impossible à réaliser.
En
l’occurrence, il fallait resituer la bataille d’Hajin dans un cadre plus global
: celui d’empêcher Daech de se reconstituer d’une part et de préserver l’avenir
de la moyenne vallée de l’Euphrate en évitant des destructions inutiles d’autre
part. Au niveau tactique, une bataille se gagne en disposant les moyens
adéquats au bon endroit et au bon moment (principe d’économie des forces et de
concentration des efforts) pour créer un rapport de force favorable. Ainsi,
tout en s’appuyant sur les FDS, il fallait, en sus des moyens d’appui-feux,
engager a minima un groupement tactique interarmes motorisé capable de
s’emparer rapidement de la poche d’Hajin en limitant autant que faire se peut
la destruction des infrastructures.
En
effet, une bataille ne se résume pas à détruire des cibles comme au champ de
foire. C’est la combinaison de la manœuvre et du feu qui permet de disloquer le
dispositif ennemi et de le mettre dans l’impossibilité de poursuivre la bataille
par la conquête des points clés du terrain, et de ses moyens de commandement et
logistique. La prise d’Hajin, en décembre, en est l’illustration tardive :
l’ennemi, ayant perdu son centre de commandement, n’a plus été en mesure
d’opposer une résistance coordonnée par la suite.
Enfin,
la bataille doit être menée en temps imminent dans le champ informationnel,
c’est-à-dire avec un temps d’avance. Est cru par le plus grand nombre ce qui
est affirmé en premier : c’est une loi immuable dont il faut tenir compte. Une
plus grande réactivité aurait été nécessaire pour valoriser nos succès et
disqualifier le comportement de l’adversaire quitte à assumer, et non pas
justifier après coup, les dommages collatéraux.
L’évocation
de la bataille dans le champ des influences nous permet de faire la transition
avec les parties hautes de la guerre, la stratégie et la politique. Au lieu de
se focaliser de façon excessive sur la poche d’Hajin, la Coalition aurait dû
l’intégrer dans une approche stratégique et ainsi découper son espace de
bataille non pas en fonction de ses structures internes (répartition entre
commandement des forces spéciales en Syrie et commandement conventionnel en
Irak) mais en fonction de l’espace de bataille ennemi allant de Kirkuk au
Nord-Est de l’Irak au désert d’Al-Anbar à l’Ouest, en passant par Hajin et
Al-Qaïm.
Seule
une vue globale du problème aurait permis d’ébaucher une stratégie globale et
d’éviter le constat amer de voir Daech resurgir là où on l’a chassé il y a deux
ans. Seule une stratégie globale laissant entrevoir une résolution politique
durable aurait permis au politique de comprendre la nécessité du temps long au
lieu de brusquer les choses pour sortir de ce qui s’apparente à une impasse et
un échec.
Il
faut donc rappeler avec le général Desportes que la victoire militaire doit
toujours être pensée au prisme de son objectif politique et qu’elle ne peut se
passer d’un engagement au contact : « La guerre à distance est un leurre : elle
produit un effet militaire mais pas d’effet politique. La “projection de
puissance”, c’est-à-dire la projection de destruction, sans “projection de
forces”, de soldats sur le terrain ne fonctionne pas ; elle détruit sans
maîtriser la reconstruction et crée le chaos. Il y a une vraie illusion de
l’efficience aérienne : certes, elle permet quelques économies initiales mais
elle ne conduit jamais au résultat espéré. À la fin des fins, il est toujours
nécessaire, d’une manière ou d’une autre, de contrôler l’espace. »
Conclusion
Oui,
la bataille d’Hajin a été gagnée, au moins sur le terrain mais en refusant
l’engagement au sol, nous avons prolongé inutilement le conflit et donc
contribué à augmenter le nombre de victimes au sein de la population. Nous
avons détruit massivement les infrastructures et donné à la population une
détestable image de ce que peut être une libération à l’occidentale laissant
derrière nous les germes d’une résurgence prochaine d’un nouvel adversaire.
Nous n’avons en aucune façon gagné la guerre faute d’une politique réaliste et
persévérante et d’une stratégie adéquate.
Combien
d’Hajin faudra-t-il pour comprendre que nous faisons fausse route ?
OPINIONS
(8)
Vincent Desportes : « Leçons d’aujourd’hui pour les guerres de demain », op.
cit.
Colonel. Chef de corps du 68e régiment d’artillerie d’Afrique. Commandant
la Task Force Wagram au Levant d’octobre 2018 à février 2019. Auteur de Si tu
veux la paix prépare la guerre aux Éditions Via Romana.
© 07.04.2019