Hommage à Jacques DAUER. Christine Alfarge - Académie du gaullisme

Académie du Gaullisme
Président Jacques Myard
Secrétaire générale Christine ALFARGE
Président-fondateur Jacques DAUER
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Hommage à  Jacques DAUER
  (1926 – 2008)      
       Président Fondateur de l’Académie du gaullisme (14/09/1994)

par Christine Alfarge,
         
Est-ce l’atmosphère qui précède l'élection présidentielle ou la nostalgie d’un temps semblant révolu ? Je me souviens en avril 2007, à la Fondation de la France libre, Jacques Dauer présidant notre soirée débat avec son talent oratoire habituel, voulait croire envers et contre tout face au renoncement que l’exemple et les   convictions du général De Gaulle susciteraient toujours des raisons d’espérer.
Cher Jacques, vous prononciez ces mots qui résonnent encore quinze ans plus tard « Ce que je suis et que je désire continuer d’être à plus de quatre-vingts ans, je vous le propose dans cet essai de 1994 d’une préface de mon ami Jean Charlot, professeur à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, auteur de nombreux ouvrages sur le général De Gaulle. »
Jean Charlot écrivait : « On s’interroge aujourd’hui sur l’avenir de l’engagement politique. Est-il en   déclin ? A moins qu’il ne s’agisse d’une simple mutation dans un environnement extraordinairement changeant ? Nul ne semble douter en tout cas qu’il soit en crise. Combien de Français savent de nos jours, ce qu’être un militant veut dire ? Le livre témoignage de Stéphane Giocanti sur Jacques Dauer, « Le Hussard du Général » vient à point nous rappeler ce que peut être le militantisme de toute une vie pour un engagé politique volontaire.
« Car il s’agit bien d’un portrait de militant doublé d’un éloge du militantisme. Quelle que soit sa couleur de peau ou de parti pouvait-on lire en exergue du premier livre de Jacques Dauer, nous nous sentons frère de cet homme qui, la nuit tombée, endosse son vieux veston, négligeant son repos corporel pour celui de sa conscience et part seul à la poursuite de sa petite idée de l’existence ». Il n’y a là nul rigorisme moralisateur, ni prosélytisme encombrant. Simplement l’expression personnelle d’une conception de la vie et d’une mise en pratique dans la joie. Le militant, selon Dauer, est le contraire du professionnel de la politique. Il sera heureux au Rassemblement du Peuple Français et totalement impliqué : « Le RPF aura été l’âge d’or  du gaullisme parce que tout acte y était gratuit. Il avait une vraie joie et une volonté de militer. » Et lorsqu’il fondera, en 1964, le « Front du   progrès », il fera préciser d’emblée que celui-ci n’a pas de vocation électorale, quitte à autoriser d’avance ses membres à chercher une investiture dans une autre formation de la galaxie gaulliste.
N’est clair que le club politique, groupe de pression politique pour des idées, engagé, dans des combats (contre la CED, pour l’autodétermination de l’Algérie, contre Maastricht) correspond davantage que le parti politique à son idéal d’organisation politique. C’est que ce militant-là est de la race des rebelles, qui sont mal à l’aise dans une grande organisation hiérarchisée, et des chefs qui aiment se battre à la tête d’une troupe, si réduite soit-elle. « Je n’ai jamais aimé faire comme tout le monde » constate-t-il sans déplaisir. « Je n’admettais pas facilement qu’une autorité puisse s’exercer sur moi. Il fallait m’expliquer. Me montrer une compétence, une raison d’obéir ».
La volonté de servir la France.
« Dans le gaullisme, au « service d’une certaine idée de la France », Jacques Dauer trouve l’épanouissement d’un militantisme volontaire, libre, fraternel et populaire. « Le gaullisme c’est prendre ses responsabilités. »« Comme il combat pour la France, il retrouve forcément De Gaulle… » Et les véritables militants en France : « Leur attachement à De Gaulle ? » écrivait Jean Charlot. « Des liens de vassaux à leur suzerain, des liens de chevalerie. L’homme lige. La volonté de servir la France passait avant notre ambition personnelle » selon Jacques Dauer. Lui demande-t-on, à lui qui défend les idées de participation, la recherche d’une troisième voie entre le socialisme collectiviste et le capitalisme débridé, s’il est un gaulliste de gauche, il répond : « Je suis gaulliste, un point, c’est tout ».   
Si la politique est guidée par les événements, il y a toujours une ligne qui domine. L’histoire du gaullisme l’incarne à travers des circonstances, des hommes et des femmes de caractère, fidèles avant tout à l’action du général De Gaulle.
«Vous voulez porter le titre de gaulliste, alors méritez-le, portons ensemble notre passé, notre fierté, notre raison d’être comme un étendard glorieux »disait Jacques Dauer à la journée nationale du Front   du Progrès, le 12 mars 1994, « Puis-je vous rappeler cette phrase que le Général m’a dite en 1952 : Ce qui fait un grand homme, et nous sommes collectivement un grand homme, c’est la rencontre d’une volonté et d’un événement. » Il ajoutait : « Redressez-vous, un gaulliste est un être debout et nous pourrons appliquer cette autre phrase de De Gaulle : « Eh bien mon cher et vieux pays, nous voilà encore une fois ensemble devant une lourde épreuve. »
Être fidèle à la pensée du général De Gaulle.
C’est non seulement assurer la continuité d’un Etat fort mais aussi avoir le souci de l’homme et du citoyen. Pour le général De Gaulle, il fallait croire en l’avenir de ce qui allait être déterminant, telle l’idée de la Participation, incarnant à ses yeux la justice sociale dans l’effort. Combien de Français se souviennent que le général De Gaulle est à l’origine de la création des comités d’entreprise, sa volonté d’ouvrir la porte à la participation, l’intéressement des travailleurs aux bénéfices mettant en lumière la contribution de chacun à l’effort rémunéré avec équité, source de bonheur et de sérénité ? Fidèlement, Jacques Dauer, s’appuyant aussi sur son vécu familial auprès de son père, n’aura de cesse de promouvoir cette grande idée du général De Gaulle, ce qui le caractérisera toute sa vie comme un militant pour un « gaullisme social », un espoir partagé par tous.
Il est important de rappeler que c’est au RPF que l’appellation de « compagnon » sera utilisée parmi ses adhérents, en souvenir des Compagnons de la libération. Jacques Dauer, fondateur de l’Académie du gaullisme en 1994, ne manquait pas d’évoquer ce « phénomène de compagnonnage, qui est une notion exclusivement gaulliste, une notion de fidélité, de filiation. Ces liens sont indissociables de la forme de notre attachement au général De Gaulle. »
Il s’adressait souvent à la jeunesse à travers ses   propos : « Aujourd’hui comme en 1940, Jeunes vous qui m’écoutez, c’est l’esprit de résistance qui doit vous animer. Sachons être contemporains de nos origines. Mais comment faire entendre raison à ceux qui préfèrent pour nous la servitude à l’indépendance ? Jamais ils ne se tournent vers l’esprit de la France libre, celui des hommes qui n’ont pas cédé.  La liberté n’est pas acquise en naissant, elle se conquiert tous les jours. »
« Cher Jacques Dauer, cet hommage est la marque de confiance que vous m’avez accordée pendant plusieurs années à vos côtés en tant que secrétaire générale de l’Académie du gaullisme, fonction que j’ai toujours l’honneur d’occuper aujourd’hui grâce au sens de l’engagement que vous avez suscité et transmis, avec passion, dévouement, un esprit lucide au regard de l’histoire. »
       
                                                                                                                   *Christine ALFARGE Secrétaire générale de l'Académie du Gaullisme.
         
       
       
       

© 01.02.2022

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