Discours de Pierre de
Gaulle, petit-fils du général
de Gaulleà l’occasion de la Fête Nationale
de la Fédération de
Russie
ZDRASTVOUILLTE
!
OT IMENI FRANTSOUSKAVO NARODA GORIATCHO PRIVETSTVOUIOU ROUSSKILLE NAROD I IEVO PRAVITELEILLE I PREZIDENT VLADIMIR POUTINE (Au nom du peuple français, je salue cordialement le peuple russe et ses dirigeants et le Président Vladimir Poutine).
OT IMENI FRANTSOUSKAVO NARODA GORIATCHO PRIVETSTVOUIOU ROUSSKILLE NAROD I IEVO PRAVITELEILLE I PREZIDENT VLADIMIR POUTINE (Au nom du peuple français, je salue cordialement le peuple russe et ses dirigeants et le Président Vladimir Poutine).
Vos Excellences, Mesdames, Messieurs les Officiels, Mesdames, Messieurs, Je
vous remercie, au nom de ma famille et de mon père, l’Amiral de Gaulle, de nous
inviter pour la célébration de votre fête Nationale.
Nos peuples sont liés par de longues années d’amitié et par le sang versé
contre les Nazis. C’est l’occasion pour moi de répéter que la relation
franco-russe était pour le Général de Gaulle d’une importance toute
particulière. La France et la Russie sont proches l’une de l’autre mais aussi
unies par la conscience de leur communauté d’intérêts et de destins.
Plus encore, la
Russie était vue par mon grand-père comme l’allié de revers indispensable à sa
sécurité mais parce qu’elle participait à sa conception de l’équilibre de
l’Europe et de sa place de l’Europe dans le monde. Le Général disait
même : « La décision funeste de Napoléon d’attaquer Alexandre 1er est
la plus lourde erreur qu’il ait commise. Rien ne l’y forçait. C’était contraire
à nos intérêts, à nos traditions, à notre génie. C’est de la guerre entre
Napoléon et les russes que date notre décadence. »
Je viens ici pour affirmer une nouvelle fois haut et fort, qu’il est de
l’intérêt de la France de garder de bonnes relations avec la Russie et de dire
qu’il faut que nous travaillions ensemble en vue d’aider à l’union et à la
sécurité de notre continent, ainsi qu’à l’équilibre, au progrès et à la paix du
monde tout entier.
Chacun reconnaît aujourd’hui la responsabilité des États-Unis dans le
conflit actuel, le rôle funeste de l’Otan qui s’élargit sans cesse et la
politique inconsidérée du Gouvernement Ukrainien. Ce dernier, fort de belles
promesses et nourri d’illusions américaines et européennes, a conduit une
politique très condamnable à l’égard des populations russophones du Donbass,
multipliant discrimination, spoliation, embargos et bombardements. Les
Occidentaux ont malheureusement laissé faire Zelenski, ses oligarques et les
groupes militaires néo-nazis s’enfermer dans une spirale de guerre.
Cet aveuglement est lourd de conséquence pour le peuple ukrainien. Mais ne
nous y trompons pas : que veulent les Américains si ce n’est provoquer une
nouvelle confrontation Est-Ouest, dont le seul but est d’affaiblir et de
diviser l’Europe pour imposer leurs directives, leur économie et leur
système ? Depuis la première guerre mondiale, les Américains ont conclu un
pacte pour établir un équilibre nécessaire des forces en Europe et s’associer à
la sécurité du continent européen. Ce n’est pas en organisant une escalade
militaire systématique en Ukraine, qu’ils respecteront leur engagement, ni
leurs grands principes de liberté et de démocratie !
Les États-Unis sont dans l’erreur, l’Otan est dans l’erreur, dont
l’expansionnisme débridé et irréfléchi conduit inexorablement au déséquilibre
du Monde et à l’injustice. Les belles promesses des Américains de ne pas
élargir l’Otan à l’Est, ni au Nord, n’ont pas été respectées. Les accords de
Minsk n’ont pas été respectés.
La réalité, c’est que les Américains n’ont jamais accepté, ni l’Occident
avec eux, qu’après la difficile transition de 1991 et la reconstruction qui a
suivi, que la Russie ne s’intègre pas dans son monde unipolaire. Les Américains
ni l’Europe, n’ont jamais accepté que la Russie se transforme selon le modèle
occidental, à son image.
A cause de cela et d’emblée, le Président Poutine fût perçu comme un
dictateur, alors que c’est un grand leader pour son pays !
Les États-Unis n’ont jamais non plus accepté la perte du rôle du dollar
comme monnaie prépondérante dans le règlement des échanges internationaux dans
le monde. Le pire est, que dans cet aveuglement, ils ne font que renforcer, en
déplaçant les intérêt économiques et financiers à l’Est, la position de la
Chine et de la monnaie chinoise qu’ils veulent aussi combattre ! Les
sanctions, qui sont celles de la politique du faible, sont inopérantes, sauf à
affaiblir les Européens et autres nations du monde. Les Africains eux-mêmes,
par l’intermédiaire du Président de l’Union Africaine, Monsieur Macky Sall,
s’en inquiètent considérablement.
En provoquant une crise économique profonde, systémique et durable qui nous
touche déjà tous, du prix du pain, au chauffage et aux carburants mais aussi
par la pénurie agro-alimentaire, des matières premières et des métaux
industriels qu’elle entraîne, les Américains affaiblissent les Européens à leur
profit. Aura-t-on oublié que depuis au moins un siècle, toutes les crises
financières majeures viennent des États-Unis ? « Notre dollar, votre
problème » disait Henry Kissinger. Les Américains nous tiennent toujours
par leur endettement, qu’ils exportent.
En imposant aussi un modèle culturel et social qui repose sur le culte de
la jouissance et de la consommation, les Américains sapent le socle de nos
valeurs traditionnelles et les deux piliers de la civilisation que sont la
famille et la tradition.
L’Europe et bien sûr la France ont tout à perdre à s’enfermer dans cette
escalade militaire et idéologique voulue par les États-Unis et l’Otan. Charles
de Gaulle le disait : « l’Amérique ne fait pas partie de l’Europe. Je
crois l’avoir découvert sur la carte. »
De la conjoncture actuelle, terrible et redoutable, La France peut et doit
jouer un rôle capital. La France et la Russie sont toutes deux filles de
l’Europe. La France ne doit pas oublier qu’elle est l’ainée des nations
européennes et qu’aucune n’a derrière elle une aussi longue trainée de gloire.
Mon grand-père a toujours soutenu et défendu l’impérative nécessité, même
aux moments les plus difficiles de l’histoire, de construire et préserver une
relation forte et partagée avec la Russie.
Il aimait la Russie. Nous aimons, ma famille et moi, la Russie et son peuple.
Le peuple russe, dont le droit de propriété est si injustement bafoué partout
dans le monde. Cela me rappelle les pires moments de l’occupation et du régime
de Vichy en France. Et les artistes, les sportifs russes, sont-ils aussi
responsables ?
Cette politique systématique et aveugle de confiscation et de
discrimination du peuple russe tout entier est scandaleuse et me choque
considérablement.
Permettez-moi de citer encore une fois le Général de Gaulle :
« En France, on n’a jamais considéré la Russie comme un ennemi. Je suis
pour le développement de l’amitié franco-russe et je n’ai jamais envoyé et je
n’enverrai jamais des armes aux gens qui se seraient battus contre la Russie
soviétique. »
Les Américains donnent de l’argent (et des armes), nous les payons en parts
d’indépendance. Je regrette que le Gouvernement français se commette dans cette
soumission à l’Otan et donc à la politique américaine.
Je déplore, que de par la volonté de certains présidents français, la
France se soit dissoute dans l’Otan. Or, le Général de Gaulle s’est toujours
efforcé de maintenir l’indépendance de la France dans le commandement intégré
de l’Otan.
L’Otan absorbe l’Europe. Depuis, les Américains ne parlent plus à la France
et ne nous considèrent plus comme une nation forte et indépendante.
Faut-il rappeler le camouflet récent subi par la France dans la rupture
brutale et unilatérale du contrat d’achat des sous-marins australiens par
l’Australie, Membre du Commonwealth et qui fût orchestré par les anglais et les
américains ? La France peut-elle se contenter, outre sa perte de
souveraineté, des trois jours d’avance en munitions et en carburant que lui
octroie l’Otan ? Je ne comprends pas la politique du Président français.
Fort de ses convictions, de son armée et de la force de dissuasion qu’il a
lui-même construite au grand dam des Américains, le Général de Gaulle a eu la
détermination de sortir de l’Otan, tout en restant comme membre de droit de
l’Alliance Atlantique. Je souhaiterais que le Président français ait ce courage
et cette volonté, plutôt que de subir les affres de la pensée unique et de la
politique commune imposée par les Américains, qui le rendent dépendant.
De la même manière, je ne me reconnais pas dans la France d’aujourd’hui,
dans cette politique du « en même temps », qui nous affaiblit. Je ne
me reconnais pas dans l’abandon actuel des valeurs, de notre histoire, de notre
culture, de nos grands principes de liberté, du devoir et de la sécurité.
Le Général de Gaulle écrivait. « Il existe un pacte vingt fois
séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde. » Notre
but est et doit rester d’établir une entente européenne entre l’Atlantique et
l’Oural. Au milieu des alarmes du monde et des dangers de la crise actuelle, la
France peut et doit, à nouveau, peser de tout son poids et chercher un
arrangement avec les pays belligérants et la Russie en particulier.
On ne fait pas la guerre tout seul !
C’est une conviction que les idéologies, donc les régimes qui les
expriment, en Ukraine comme ailleurs, ne sont que de passage. « Seuls
comptent, appuyés sur les fondements politiques, la patine des siècles et la
capacité des pays à rester grands ».
Comme le disait le Général de Gaulle en 1966 lors de son deuxième voyage en
Russie : « La visite que j’achève de faire à votre pays, c’est une
visite de la France de toujours à la Russie de toujours. »
Pierre de Gaulle
© 01.09.2022