Des présidentielles de rejet aux résultats en trompe l’œil P. KLOBOUKOFF - Académie du gaullisme

Académie du Gaullisme
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Président-fondateur Jacques DAUER
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Des présidentielles de rejet aux résultats en trompe l’œil
 
Pour l’essentiel




par Paul KLOBOUKOFF,
Macron tenait absolument  à se retrouver face à Marine Le Pen au second tour des présidentielles. Il a  préparé son coup pendant  tout son quinquennat. Pour lui, le « front républicain » aidant, c’était une garantie de réélection. Malgré sa morgue et son impopularité, un bilan très critiqué, une dette publique alourdie de 600 milliards € et des propositions pour le moins imprécises et lacunaires, il a gagné. Avec  le « vote utile » et l’aide des autres concurrents ainsi que de médias dévoués, les candidats « modérés », ont été écartés de la compétition finale.
 
Cette « stratégie » et l’usage dévoyé des possibilités ouvertes par nos institutions lors du passage au quinquennat ont forgé une France transfigurée divisée en trois blocs « extrémistes » antagonistes. La survie de la Ve République est en péril. Les Français se défient des politiciens, ne croient plus en l’utilité de leur vote et se détournent des urnes. Au 1er tour de ces présidentielles, une abstention de 26,31% et les votes blancs et nuls ont limité les votes exprimés à 72,07% des électeurs inscrits. Au second tour, l’abstention est montée à 28,01% (à 41% chez les plus jeunes) et le pourcentage des votes exprimés a plongé à 65,60%. Rien de pire pour « l’élection reine » depuis 1969 !
 
Au 1er tour, 73% des votes se sont portés sur trois candidats désignés comme populistes et/ou extrémistes : 27,8% pour Emmanuel Macron de « l’extrême centre » [et de l’intégrisme européen], 23,1% pour Marine Le Pen de « l’extrême droite » et 22% pour Jean-Luc Mélenchon, d’extrême gauche. Eric Zemmour, plus à droite que Le Pen en a récolté 7,1%. Les 8 autres, qui n’ont pas atteint les 5%, se sont partagé les 20% restants.
 
Le 2ème  tour a été profondément marqué  par les rejets des deux finalistes. « Entre la peste et le choléra, c’est facile de choisir » a été un quasi-slogan d’abstentionnistes qui ne voulaient donner leur voix à aucun des deux candidats.
 
Le 24 avril, une victoire éclatante d’Emmanuel Macron et un écrasement total de Marine Le Pen nous étaient montrés. Le premier a obtenu 18,780 Mi de voix, soit 58,54% du nombre des votants, tandis que Marine Le Pen en a recueilli 13,298 Mi, soit 41,46%. L’écart de 17, 8% a permis aux fidèles de LREM d’exploser de joie.
 
Oui, mais, Macron est en fort recul par rapport à 2017, aussi bien en nombre de voix qu’en pourcentage de votes. En pourcentage des inscrits, avec un score de 38,52%, il est même le plus mal élu des présidents de la Ve République.
 
De plus, la majorité des électeurs qui ont voté pour lui ont voulu faire barrage à Marine Le Pen. Seulement 1/3 d’entre eux l’ont fait par adhésion à ses propositions. Cela représente à peine 1 des votants sur 5, soit un des électeurs inscrits sur 8. Sa légitimité risque donc d’en souffrir.
 
De son côté, la « grande perdante » a obtenu + 25% de voix de plus qu’en 2017 et, en pourcentage des électeurs inscrits, elle a gagné + 22,0%. En 5 ans, le président réélu n’a progressé qu’en Nouvelle-Calédonie. Elle a avancé presque partout et le Rassemblement national s’est installé comme premier parti d’opposition en France
 
Sans parler de fracture intergénérationnelle, Macron est l’élu des personnes âgées de 65 ans ou plus et des retraités, sans doute plus réceptifs à la violente charge contre l’extrême droite de l’entre deux tours. Ils lui ont accordé 75% de leurs votes. L’électorat « d’extrême droite » est plus jeune. Celui de l’extrême gauche l’a été plus encore au 1er tour.
 
Un coup de pousse lui a aussi été donné par ses adversaires politiques qui ont taclé Marine Le Pen… et qui se sont retournés contre lui, en vue des législatives de juin, dès que sa victoire a été proclamée.
 
Il serait de tradition que les Français veuillent donner une majorité présidentielle aux législatives à celui qu’ils viennent d’élire. Dans le cas présent, au contraire, des sondages postélectoraux indiquent que 56% à 63% des Français souhaitent que Macron perde et/ou qu’il soit contraint de cohabiter.
 
De premières « projections » d’Harris Interactive semblent toutefois lui donner de sérieuses chances de succès, surtout si la division règne entre les partis et si la Macronie arrive à mettre la main sur les électeurs (et des cadres) des Républicains. La conclusion d’alliances, dans les 577 circonscriptions, sera vitale pour décrocher des sièges à l’AN. Tous en sont conscients. Quant aux Républicains associés aux Centristes de l’UDI, ils ont fait leur déclaration d’indépendance… et le virage vers la gauche et les écologistes pris par Macron pour élargir son électorat « populaire » ne devrait pas les séduire outre mesure.
 
La campagne des législatives ne fait que commencer. La situation va progressivement se décanter et se préciser. Méfions nous des informations tronquées ainsi que des sondages visant à influencer, à pousser à la résignation et à l’abstention (ennemie des bons choix et de la démocratie)… qui menace d’être excessivement forte. Avec d’indispensables infos supplémentaires, suite au prochain numéro de la Lettre du 18 juin.
 
Des résultats des élections présidentielles alarmants
 
Abstention record et suffrages exprimés en chute libre
 
Au 1er tour des élections, le 10 avril, le taux de l’abstention a atteint 26,31% et, en comptant les votes blancs et nuls, le pourcentage des votes exprimés a été limité à 72,07% des électeurs inscrits sur les lites électorales, en recul de - 3,1 points par rapport au 1er tour de 2017.
 
Au second tour, le 24 avril, l’abstention est montée à 28,01% et, compte tenu de nombreux votes blancs et nuls, le pourcentage des votes exprimés a plongé à 65,60%. Une désaffection d’une telle ampleur à l’égard de « l’élection reine » n’a pas été observée depuis 1969. Les Français croient de moins en moins à l’utilité de leur vote. C’est une atteinte à la légitimité du candidat élu et le signe d’une inadéquation du système électoral.
 
Cette abstention traduit en particulier le désintérêt prononcé des jeunes. Elle a été de 41% chez les 18 à 24 ans, de 38% chez les 25 à 34 ans, de 35% chez les 35 à 49 ans. A contrario, elle n’a été que de 20% chez les 60 à 69 ans et de 15% chez les retraités.
 
L’abstention a aussi été nettement plus forte chez les personnes aux revenus bas : 40% chez celles aux revenus nets mensuels inférieurs à 1 250 €, contre 22% chez celles aux revenus nets supérieurs à 3 000 € (1).
 
En résumé, parmi les votants, les « anciens » et les personnes « aisées » sont plus représentés que les jeunes et les personnes pauvres. C’est un des facteurs explicatifs des résultats des élections… et une des plaies de notre système.
 
Une élection de Macron sans surprise prédisposant à l’abstention
 
Les abondants sondages et les insistants commentaires sur les médias grand public nous avaient presque tout dit : Macron et Le Pen seraient au second tour et, à partir de là, la messe était dite. Les principales inconnues étaient l’abstention (plus elle serait forte, plus elle serait un handicap pour Marine) et l’ampleur de l’écart entre les deux candidats au second tour, plus ou moins de 15 points… en fonction des reports de l’électorat de Jean-Luc Mélenchon du 1er tour, en particulier. Quelle a été la contribution de ces « analyses prospectives » au « fatalisme » et au gonflement de l’abstention ? Sans doute pas négligeable !
 
Le 1er tour a vu émerger une France transfigurée avec trois blocs extrêmes dominants
 
A la différence de la plupart des consultations de ce type, le « vote utile » devant donner plus de chance d’accéder au second tour aux candidats jugés « favoris », a conduit à la concentration des suffrages sur trois candidats. Emmanuel Macron a recueilli 27,8% des votes (9,783 millions), Marine Le Pen en a obtenu 23,1% (8,134 Mi) et Jean-Luc Mélenchon, avec des voix de sympathisants de plusieurs partis de gauche, en a recueilli 22% (7,713 Mi).
 
Les 10 autres candidats se sont partagé les autres 27,1%. Eric Zemmour (Reconquête) en a pris 7,1% (2,485 Mi de votes), Valérie Pécresse (LR) 4,8% (1,679 Mi de votes), Yannick Jadot (EELV), 4,6% (1,628 Mi de votes)… Anne Hidalgo (PS), 1,7% (0,616 Mi de votes)…
 
Les candidats des ex « partis de gouvernement », LR et PS, ont été réduits à la portion congrue. Ceux de la droite souverainiste (RN, Reconquête, DLF de Nicolas Dupont-Aignan), que Zemmour rêve d’unir, constituent un bloc dont les candidats ont recueilli 32,3% des votes. Ceux de l’extrême gauche (LFI, PCF et Lutte ouvrière (LO)) en ont rassemblé 24,9%. Le bloc de Macron, autour de LREM, qui a pu être baptisé « d’extrême centre » et qui mérite  mieux celui « d’européiste intégriste », en a obtenu 27,8%. Entre les deux blocs majeurs on retrouve la même confrontation qu’aux élections européennes. D’un côté, sous la conduite de Macron, un bloc qui est assez satisfait de l’Union européenne d’aujourd’hui et agit pour une domination complète de l’UE sur les états membres. En face, un bloc qui refuse cet asservissement et tient à ce que l’UE soit une « Europe des nations » mieux protégée des « concurrences déloyales » et des débordements de la mondialisation.
 
Un second tour profondément marqué par le rejet, et des résultats en trompe l’œil
 
Derrière les fumigènes des invectives et du procès en sorcellerie déployé entre les deux tours à l’encontre de « l’extrême droite », à côté des oppositions sur les questions institutionnelles et la gouvernance de la France, sur l’immigration et la sécurité, la compétition du second tour a aussi porté sur ce clivage européen. Du fait de son score au 1er tour Mélenchon (ou son électorat) en a été un des arbitres.
 
Mais la caractéristique principale de l’élection a été la puissance des rejets auxquels se sont heurtés les deux candidats. Des rejets qui ont déterminé les résultats, qui vont hypothéquer l’avenir et en particulier « le 3ème tour » des présidentielles que seront les élections législatives en juin.
 
Le 24 avril, aux infos à partir de 20 heures, les Français ont pu voir que la victoire d’Emmanuel Macron était éclatante et que Marine Le Pen était écrasée. En effet, Emmanuel Macron a obtenu 18,780 Mi de voix, soit 58,54% du nombre des votants, tandis que Marine Le Pen en a recueilli 13,298 Mi, soit 41,46%. L’écart de 17, 8% a permis aux fidèles de LREM d’exploser de joie.
 
Oui, mais, aux présidentielles de 2017, Macron avait obtenu 20,743 Mi de voix, soit 66,10% des votes. Il a donc reculé de - 1,943 Mi de voix, alors que le nombre d’électeurs a un peu augmenté en cinq ans, et de - 7,56% en terme de pourcentage de votes décomptés.
 
Le recul est cruel aussi en pourcentage d’électeurs inscrits : 38,52% en 2022 contre 43,61% en 2017. Les médias grand public se sont abstenus de nous parler de cette contreperformance. D’autant qu’avec ce score, Macron est le plus mal élu des présidents de la Ve République (1).
 
De plus, sa réélection ne résulte pas d’un vote d’adhésion. Dans la soirée du 24 avril, un article sur ouest-france.fr était intitulé « Emmanuel Macron réélu : « le rejet du président sortant est très fort chez une partie des électeurs » » (2). Il faisait état d’un sondage « sortie des urnes » de BVA indiquant que Macron avait obtenu « une victoire par défaut ». 56% de ses électeurs avaient voté pour lui pour faire barrage à Le Pen [des chiffres très élevés ont également été donnés par des sondages d’autres instituts]. Seulement 33% l’auraient fait pour ses propositions politiques, et 50% lui accordent une stature présidentielle. Ces chiffres indiquent qu’à peine 1 des votants sur 5, soit un des électeurs inscrits sur 8, a choisi Macron pour ses propositions. Nous entendrons donc sans doute parler de légitimité quand les observateurs avertis ouvriront les yeux et que les partis dits d’opposition sortiront de la léthargie… avant les législatives, espérons le !
 
La « rediabolisation » de Marine Le Pen a porté ses fruits. Avant le 1er tour, 49% des Français se disaient inquiets si elle était élue. Entre les deux tours ce pourcentage était monté à 56%. Quant au débat très médiatisé du 20 avril, il n’a pas pesé lourd dans le choix des citoyens. Seules 4% des personnes qui l’ont regardé ont changé d’avis.
 
Les concurrents de Macron l’ont aidé à battre Marine Le Pen
 
La candidate du RN a aussi subi les attaques de partis « concurrents », Les Insoumis à l’extrême gauche et Reconquête à sa droite, que le succès de Marine Le Pen menaçait en raison de la porosité potentielle de leurs électorats avec celui du RN. Dès le 1er tour, nous avons ainsi entendu Eric Zemmour « tacler » cette dernière, perdante récidiviste au nouvel échec annoncé, justifiant ainsi sa propre candidature aux commandes d’un nouveau mouvement visant à « faire l’union des droites ». Bon début ! Quant à son soutien à MLP au second tour, il ressemblait à s’y méprendre à un cadeau empoisonné. Il était superflu et il contribuait à la  « diaboliser ». De son côté, aussitôt Marine Le Pen qualifiée pour le second tour, le 10 avril, Jean-Luc Mélenchon a quasiment interdit à son électorat de voter pour elle au second tour, n’hésitant pas à se présenter en faiseur de roi, envisageable futur Premier ministre de Macron.
 
Dans une France coupée en deux, le vote des anciens a permis à Macron de creuser l’écart
 
Comme d’autres, le sondage d’Elabe pour BFMTV dont les résultats ont été publiés le 25 avril (3) montre que les électorats des deux finalistes sont radicalement différents et que de nombreux points les opposent.
 
Très peu d’écarts séparent les pourcentages des votes en leurs faveurs chez les personnes de 25 à 64 ans. Ils sont proches de 50/50, à peine plus pour Marine Le Pen. Par contre, chez les relativement peu nombreux votants les plus jeunes, de 18 à 24 ans, Macron a obtenu 18% de voix de plus que sa concurrente. Mais surtout, les retraités et les personnes de 65 ans et plus ont donné 75% de leurs voix à Macron, lui garantissant la victoire et permettant de distancer Marine Le Pen. Ces anciens ont peut-être oublié les « gentillesses » du président à leur égard et les pertes de pouvoir d’achat qu’ils ont subi. En outre, ils ont été les seuls à être aussi perméables à la propagande anti « extrême droite » développée dans l’entre-deux-tours.
 
Dans les autres catégories socioprofessionnelles, Macron a été soutenu par 71% des cadres et 57% des professions intermédiaires, tandis que Le Pen l’a été par 54% des employés et 68% des ouvriers. On retrouve ici le clivage élites / classes populaires qui fracture notre pays et s’est aggravé au cours du quinquennat.
 
La « grande perdante » ne manque pas de motifs de satisfaction
 
Le 24 avril, Marine Le Pen a obtenu 13,298 Mi de voix, contre 10,638 Mi en 2017. C’est un bond en avant de + 25% en cinq ans. En pourcentage de votes exprimés, son score est monté de 33,90% en 2017 à 41,46% en 2022, soit de + 22,3%. En pourcentage du nombre total des électeurs inscrits, elle est montée de 22,36% à 27,28%, soit de + 22,0%.
 
Avec Marine Le Pen, le Rassemblement national s’est installé comme premier parti d’opposition en France, avec des positions renforcées, notamment en milieu rural ainsi que dans les petites villes, surtout dans celles dont les populations connaissent des difficultés économiques et sociales.
 
Tandis qu’entre 2017 et 2022, le président réélu n’a progressé nulle part en France métropolitaine et seulement en Nouvelle-Calédonie, son opposante a avancé presque partout. Elle a réalisé ses meilleurs scores dans les circonscriptions d’Outremer et est arrivée en tête dans le sud, dans les Bouches-du-Rhône, le Gard, le Var… ainsi que dans le nord-est, en Moselle, en Meurthe-et-Moselle, en Meurthe, par exemple (4).
 
Un bilan intéressant à l’échelle des 577 circonscriptions des élections législatives
 
Voici le bilan affiché sur le site du JDD le 26 avril :
 
. Au 1er tour, Emmanuel Macron est arrivé en tête dans 266 des 577 circonscriptions, Marine Le Pen dans 206 et Jean-Luc Mélenchon, dans 105.
 
La totalisation par « blocs » en donne 257 au bloc Le Pen, Zemmour, Dupont-Aignan, 170 au centre-droit Macron, Pécresse, et 150 au bloc de gauche Mélenchon, Jadot, Roussel, Hidalgo, Poutou.
 
Au second tour, Macron est arrivé en tête dans 418 circonscriptions (soit 114 de moins qu’il y a 5 ans), et Le Pen dans 158 (contre 45 en 2017). De 2017 à 2022, Macron n’a progressé nulle part, sauf en Nouvelle-Calédonie (4).
 
Mais les législatives de juin 2022 verront 577 élections, avec des protagonistes différents. Pariant sur le « conservatisme » des électeurs (âgés, en particulier), ainsi que sur une très forte abstention (des jeunes, plus que des autres), des pronostiqueurs donnent un net avantage aux élus actuels qui se représenteront... très majoritairement de la « majorité présidentielle » actuelle. A contrario, l’aura de leur effigie de 2017 a beaucoup terni et l’impopularité de Macron sera pour eux plutôt un handicap.
 
Grand danger au 3ème tour, celui des législatives de juin
 
Un 3ème tour engagé dès le 24 avril sous les signes de l’hostilité et de la division
 
Le 24 avril, dès  l’annonce des estimations confirmant la victoire de Macron, nous avons pu voir à la télé les chefs de file des différents partis déclarer les uns après les autres leur hostilité au président qu’ils venaient de contribuer à faire élire et se lancer dans la bataille des législatives de juin. Avec un retour à l’appel aux disciplines des partis.
 
Très fier de ses 22% du 1er tour, Jean-Luc Mélenchon s’est aussitôt positionné comme potentiel rassembleur de la gauche, sur la base de son programme. Des côtés des Socialistes, des Ecologistes, des Communistes…, si le principe d’unions  faisait l’unanimité, il ne semblait pas urgent de se décider, avant réflexion, concertations et éventuelles négociations. Le profil bas adopté par les chefs de file Républicains, dont le parti et ses alliés traditionnels de droite et du centre sont largement implantés dans les territoires… et qui est « majoritaire » au Sénat, a pu surprendre. Ils ont insisté sur leur indépendance et indiqué qu’ils soutiendront les propositions du gouvernement qu’ils jugeront bonnes pour la France et s’opposeront aux autres. Les cadres du RN ont mal apprécié l’attitude d’Eric Zemmour et les « débauchages » de Reconquête. Une coalition ne semblait pas à l’ordre du jour, mais, depuis, de timides approches du RN par des Zemmouriens peuvent laisser présager des ententes ultérieures. Presque tous sont conscients que des alliances entre partis seront indispensables pour compter dans les 577 confrontations locales.
 
Les Français ne veulent pas donner les pleins pouvoirs au président réélu
 
Un sondage d’Opinion Way réalisé pour C News  a indiqué le 25 avril que 63% des Français, échaudés par les 5 ans passés de gouvernance méprisante et « verticale », souhaitent  que le président réélu n’ait pas de majorité à l’AN et soit poussé à la cohabitation (5). Les uns préfèrent une majorité de gauche, et d’autres, une majorité de droite. Cette division est, évidemment, favorable à Macron.
 
Une autre enquête réalisée par l’Ipsos pour le Parisien a indiqué que 56% des sondés veulent que le chef de l’Etat perde ces législatives.
 
Ces infos, présentées le 25 avril sur rtl.fr (5), semblent montrer, pour les rédacteurs,  que la partie est loin d’être gagnée pour Emmanuel Macron.
 
Majorité présidentielle en vue si les divisions entre les partis persistent
 
Hélas, les vœux des citoyens risquent fort de ne pas être exaucés si l’abstention est forte et si les partis ne s’accordent pas pour présenter en commun des candidats. C’est ce que donnent les « projections » du 27 avril par Harris Interactive des résultats de son enquête du 25 avril (6).
 
Selon l’enquête, si les différentes forces politiques se lançaient séparément, au 1er tour des législatives elles obtiendraient respectivement  : 24% des votes exprimés pour LREM, Modem et Horizons, 23% pour le RN, 19% pour LFI, 8% pour EELV, 8% pour LR, 7% pour Reconquête, 5% pour les Socialistes…
 
Si les forces politiques se présentaient par « blocs », les résultats seraient de : 33% pour la gauche, 33% pour LREM, Modem, Horizons, LR et UDI, 31% pour « l’extrême droite ».
 
Sur la base de son enquête du 25 avril, l’institut a effectué de « premières projections » des élections sous l’hypothèse « sans alliances » des forces politiques [comment ?, avec quelles abstentions ?...]. Les résultats présentés sont les suivants : LREM et ses alliés, 328 à 368 sièges sur les 577, RN et ses alliés, 75 à 105 sièges, LR et alliés, 35 à 65 sièges, LFI, 25 à 45 sièges, PS, 20 à 40 sièges, PCF, 5 à 10 sièges.
 
Assez curieusement, les résultats ne seraient pas notablement différents dans son scénario « par blocs », dans lequel, malgré les associations entre ses concurrents, Macron obtiendrait une « majorité présidentielle » avec le concours de LR et UDI. Les scores seraient les suivants : LREM, Modem, Horizons, LR, UDI, 326 à 366 sièges, RN, DLF, RI, 117 à 147 sièges, bloc de gauche, 73 à 97 sièges.
 
Pourquoi l’Institut a-t-il ainsi « allié » LR et UDI à LREM ? Cela signifie-t-il d’après ses « premières projections » que Macron ne s’assurerait une « majorité présidentielle » qu’à la condition que Les Républicains et leurs alliés de l’UDI renoncent à leur indépendance et viennent le rejoindre, contrairement à ce que leurs leaders ont (assez clairement) annoncé.  Quel serait leur intérêt ? Cela est-il compatible avec le virage amorcé par Macron avec ses tentatives de séduction dirigées depuis quelques jours vers la gauche et les écologistes ?
 
Six semaines nous séparent du 1er tour des législatives. D’ici là, les choses se décanteront, au moins en partie, localement surtout. A suivre donc, au prochain épisode, celui de la Lettre de juin.
 
*Paul KLOBOUKOFF  Académie du Gaullisme Le 30 avril 2022
 
Sources et références
(1) Présidentielle : les plus jeunes sont ceux qui ont le moins voté au second tour  bfmtv.com/politique/présidentielle/présidentielle-les-plus-jeunes… le 25/04/2022 à 10h10
(2) Emmanuel Macron réélu : « le rejet du président sortant est très fort chez une partie des électeurs » ouest-France.fr/elections/presidentielle/presidentielle-le-rejet-d-emmanuel-macron… le 24/04/2022 à 22h15
(3) Le Pen en tête chez les ouvriers, Macron chez les seniors… Comment le Français ont-ils voté ?  bfmtv.com/politique/presidentielle/le-pen-en-tete… le 25/04/2022 à 6h18
(4) Législatives : voici le bilan de la présidentielle à l’échelle des circonscriptions  lejdd.fr/Politique/législatives-voici-le-bilan…  le 26/04/2022
(5) Législatives 2022 : que disent les premiers sondages rtl.fr/legislatives-2022-que-disent… le 25/04/2022 à 7h50
(6) Sondage des législatives 2022 : une majorité pour Macron, les Français veulent une cohabitation… les dernières projections internaute.com/actualite/politique/2626905-sondage-des…   le 27/04/2022, màj le 28 à 15h47 pour Challenges

© 01.05.2022

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