Les 60 ans des relations franco-chinoises
par Christine Alfarge,
« L’intérêt du monde sera de parler avec les chinois »
(Charles De Gaulle)
Les projets pour la Chine étaient inscrits dans le cheminement de la pensée du général De Gaulle. Après le long et douloureux processus de décolonisation en Algérie, la France bénéficiait notamment d’une grande écoute dans le Tiers monde. Elle incarnait un mélange d’histoire et d’évènement politiques et une vision du monde où sa voix devait pouvoir se faire entendre. Le général De Gaulle voulait montrer au monde que la France est capable de faire bouger les lignes et d’établir un nouvel équilibre mondial obligeant d’autres nations à la suivre, y compris les Etats-Unis eux-mêmes. Dans son esprit, « en reprenant un jour des relations avec Pékin, il ne s’agirait pas de reconnaître un régime en tant que tel, mais de reconnaitre un fait évident, c’est qu’il y a un Etat qui gouverne la Chine ». Le général s’exprimait : « L’intérêt du monde sera de parler avec les Chinois, de s’entendre avec eux, de faire des échanges commerciaux avec eux pour leur permettre de sortir de leurs murailles…Ils ne pourront s’en sortir que s’ils s’ouvrent sur le monde entier et que le monde entier vienne les aider ». Le général De Gaulle franchira le pas le 27 janvier 1964 dans une action de longue patience, s’émancipant ainsi des deux blocs avec la même volonté partagée par la Chine de Mao Tsé-toung. « Les hommes ont toujours été attirés par les fortes individualités qui prennent leur destin entre leurs mains : attirance décuplée quand cette affirmation d’autonomie devient celle d’un peuple entier » écrivait Alain Peyrefitte.
La Chine, le géant asiatique.
Le 6 juin 1962, le général De Gaulle évoque sa rencontre trois jours auparavant avec le Premier ministre britannique, Macmillan, sur l’inquiétude des Anglais au regard de la puissance de la Chine vis-à-vis de l’Inde. Pour le général De Gaulle, la coexistence des blocs n’assure pas la paix, pour lui, les blocs sont par nature hégémoniques. Ils contribuent à l’asservissement ou à la dépendance, d’où toute idée de contestation de bloc à l’Est comme à l’Ouest. L’ouverture des relations régulières entre la Chine et la France était donc normale vis-à-vis du pays le plus peuplé du monde et pouvait s’analyser dans une période où la nation française était en paix n’ayant pas d’engagement militaire extérieur, sans renoncer pour autant à disposer d’armes de défense modernes et puissantes.
À travers sa conférence de presse du 31 janvier 1964, le général De Gaulle exprimait publiquement la raison pour laquelle le gouvernement français avait décidé de reconnaître, de nouer des relations avec la république populaire de Chine : « La Chine, un grand peuple, le plus nombreux de la terre, une race où la capacité patiente, laborieuse, industrieuse des individus, a, depuis des millénaires, compensé le défaut de cohésion et de méthode. Le défaut collectif de cohésion et de méthode, a bâti une particulière et très profonde civilisation. Un très vaste pays géographiquement compact et pourtant, sans unité. Etendu depuis l’Asie mineure et les marches de l’Europe jusqu’à la rive immense du pacifique et puis des glaces sibériennes jusqu’aux régions tropicales de l’Inde et du Tonkin, un état plus ancien que l’histoire, toujours résolu à l’indépendance, s’est constamment efforcé à la centralisation, d’instinct replié sur lui-même, et dédaigneux des étrangers. Mais consciente et orgueilleuse d’une immuable pérennité, telle est la Chine de toujours. L’entrée en contact de ce pays là avec les nations modernes lui a été très dure et très coûteuse. Les multiples sommations, interventions, expéditions, invasions, européennes américaines japonaises, lui ont été autant d’humiliations et de démembrements. Alors tant de secousses nationales, et la volonté des élites de transformer, coûte que coûte leur pays pour qu’il atteigne à la condition et à la puissance des peuples qui l’avait opprimée, ont conduit la Chine à la révolution… »
Selon Alain Peyrefitte qui avait dirigé, en 1971,la mission d’études la plus longue et la plus approfondie qu’une délégation parlementaire occidentale ait jamais effectué en Chine populaire : « La révolution chinoise s’est déroulée sous l’égide d’un philosophe, doué d’une intuition, d’une puissance d’assimilation peu communes, méditant sans arrêt, lecteur infatigable, écrivain clair, poète sensible, élégant calligraphe, animé jusqu’en ses moindres propos par le sens de l’équilibre et de l’humain. C’est le propre d’un chef porté au pouvoir par la révolte populaire que d’être en communion avec le peuple. Qui le dénierait à Mao ?
« La Révolution russe demeure la conséquence essentielle de la première guerre mondiale, la Révolution chinoise, de la seconde. L’incarnation de ces deux projets de sociétés aura assurément donné lieu aux deux plus grands phénomènes historiques du XXème siècle. La première Révolution chinoise, celle qui culmine en 1949, et la seconde, la Révolution culturelle, sont-elles des secousses dues aux réactions inadaptées de forces traditionnelles, ou une épopée annonciatrice de la révolution mondiale ?
L’évidence et la raison.
En reconnaissant le monde tel qu’il est, le général De Gaulle pensait notamment que les russes et les chinois sont et seront inéluctablement rivaux en Asie, des peuples très différents dont les intérêts ne peuvent être confondus, la Chine s’affirmant et voulant sa politique étrangère. Il disait : « Il est vrai que la Russie soviétique a d’abord prêté à la Chine, un assez large concours…. Sans doute demeure entre Moscou et Pékin une certaine solidarité doctrinale qui peut se manifester dans la concurrence des idéologies mondiales, mais sous ce manteau de plus en plus déchiré, apparaît la différence des politiques nationales. Et c’est pourquoi l’attitude et l’action d’un pays de 700 millions d’habitants ne sont réglées que par son propre gouvernement. Du fait que depuis 15 ans, la Chine presque toute entière se trouve rassemblée sous un gouvernement qui lui applique sa loi, et qu’elle se manifeste au dehors comme une puissance indépendante et souveraine, la France était disposée, en principe, et depuis des années à nouer des relations régulières avec Pékin ».
Le général De Gaulle rappelle que certains échanges économiques et culturels étaient déjà pratiqués, et que des négociations avec les représentants chinois avaient notamment eu lieu sur le règlement du sort de l’Indochine lors de la conférence de Genève en 1954 ainsi qu’en 1962 sur la situation du Laos. La diplomatie était devenue la pierre angulaire des rapports franco-chinois sous l’impulsion d’Edgar Faure, ancien président du conseil, de retour d’un voyage privé en Chine en 1957 où il rencontra Mao Tse-toung et Chou En-lai, concluait positivement vers une reprise des relations diplomatiques entre la France et la Chine.
Après la signature des accords d’Evian en mars 1962, le général De Gaulle retrouve la liberté d’action sur sa politique étrangère et décide d’envoyer des missions françaises à caractère politique et économique que Pékin approuvera par consentement mutuel. En octobre-novembre 1963, Edgar Faure en mission secrète, sera personnellement chargé par le général de Gaulle de le représenter auprès des dirigeants chinois. La politique étrangère du général De Gaulle a joué pleinement son rôle pour la continuité du dialogue sur le continent asiatique tout en restant fidèle au principe que chaque nation doit être indépendante et souveraine.
Au-delà des futures coopérations économiques et politiques franco-chinoises, le 27 janvier 1964 scellera un respect mutuel et un attrait culturel qui continue d’enrichir notre présent avec l’espoir d’un avenir serein tel que savent l’incarner éternellement les grandes civilisations. La Chine sera toujours cette civilisation splendide pour laquelle le général De Gaulle en avait une connaissance très juste accompagnée d’une profonde admiration. Il disait : « En Chine, les choses en étaient au point que tout était exclu, sauf l’extrême. »
Une épée de Damoclès pour l’équilibre mondial et la paix.
Aujourd’hui, l’initiative des relations diplomatiques avec la Chine montre à quel point la vision politique du général De Gaulle a bouleversé l’équilibre du monde dans lequel la puissance chinoise est devenue incontournable tant sur les plans économique, militaire et géostratégique.
L’instabilité ne s’arrête pas aux portes de l’Europe et de l’Orient, de nouvelles confrontations territoriales en Asie-Pacifique amorcent une nouvelle donne entre les grandes puissances devant faire face à d’autres défis sur la sécurité régionale. Au regard des futurs équilibres géostratégiques désignant la Chine avec un rôle central, les convergences de vues et d’intérêts entre russes et américains, seront déterminantes.
En mer de Chine orientale, le Japon et la Chine se livrent constamment une lutte d’influence pour la prééminence politico-militaire, culturelle, économique et commerciale en raison d’importantes réserves en hydrocarbures constituant un potentiel de croissance que ce soit dans le secteur industriel ou commercial. La tentation chinoise est notamment omniprésente autour des îles Senkaku sous le regard observateur et méfiant du Japon qui se dit prêt à employer la force.
En effet, Pékin revendique une des îles de l’archipel des Senkaku en japonais, appelé Diaoyu en chinois. La dispute territoriale entre la Chine et le Japon qui remonte à quatre décennies, est une guerre larvée d’un conflit territorial sur fonds d’intérêts économiques. Il existe un risque de conflit majeur dans les îles Senkaku. La Chine veut contrôler l’archipel rempli d’hydrocarbures identifiés dans ses fonds marins en 1969 par une mission d’évaluation scientifique des Nations unies. Les ambitions de Pékin en mer de Chine sont sans aucun doute le signal d’un expansionnisme sur d’autres territoires situés en mer de Chine. De façon régulière, des incursions de vaisseaux chinois autour de l’archipel inhabité provoquent des regains de tension suite à l’acquisition en septembre 2012 par Tokyo de deux îles sur cinq d’une partie de l’archipel appartenant à un propriétaire privé japonais.
Le spectre d’une guerre froide sino-japonaise.
Chine et Japon veulent affirmer leur souveraineté. Des spécialistes français en recherche stratégiques observent que : « Le conflit sur les îles Senkaku/Diaoyu ravive les nationalismes de la région. Jusqu’où les deux géants asiatiques pousseront-ils leurs tensions historiques ?». Si le risque pour Pékin de s’engager dans un conflit majeur n’est pas d’actualité, sa priorité est de poursuivre son développement et la modernisation de son économie.
Cependant, la force du nationalisme chinois, la soif de reconnaissance de Pékin en tant que puissance majeure et dominante en Asie, les besoins énergétiques croissants du pays, comme ses instabilités sociales et démographiques pourraient aisément conduire les dirigeants chinois à des prises de risques. La Chine veut à la fois contenir ses conflits sociaux intérieurs et tester la défense américano-japonaise visant à protéger les îles Senkaku. Quelles seront les évolutions de ce conflit au regard de la nouvelle politique étrangère chinoise ?
Aujourd’hui, la croissance a changé de camp.
Alors que les Etats-Unis et l’Europe ont beaucoup de difficultés, les BRICS, notamment la Chine et l’Inde, continuent leur course en tête. La part des pays occidentaux dans la production mondiale de richesses va décroître au profit de l’Asie qui poursuit son inexorable montée en puissance. Cependant, à l’heure où les Etats-Unis connaissent une poussée de « China bashing » et où la relation avec le Japon est au plus bas, l’Europe conserve son capital de sympathie en Chine, particulièrement la France qui depuis les années 2003 et 2004 à travers la « sino-béatitude » a magnifié l’insertion de la Chine dans l’économie mondiale. Malgré son affaiblissement institutionnel et économique, l’Europe, première cliente de Pékin, est cruciale pour les exportations chinoises. Or, au moment où la Chine doit faire face à la montée des inégalités sur son vaste territoire, le fameux « moteur exportateur chinois » est avant tout le garant de la paix sociale, puisqu’il fournit des millions d’emplois aux travailleurs les moins qualifiés. En dépit des turbulences que connaît la zone euro, celle-ci apparaît paradoxalement comme un point de stabilité pour la Chine et donc pour le reste du monde.
La stratégie de l’araignée au service de la tentation impérialiste.
La Chine tisse en douceur sa toile. Selon un expert français en intelligence économique chinoise, «la Chine a bénéficié de la coopération internationale, occidentale et russe pour progresser. Elle n'est plus en phase de développement maintenant qu'elle dispose du supercalculateur Tianhe-1, des astronautes, une armée puissante, le record mondial de la ligne à grande vitesse commerciale. » Il ajoute, « l'explication à cette politique agressive de recherche d'information de la Chine vient de ce que la Chine est tombée dans la tentation impérialiste. C'est la manifestation de la tentation de l'empire du Milieu de dominer sur le plan culturel, technologique et économique". La recherche d'informations sert la Chine, comme les autres pays occidentaux, à progresser afin d'occuper et de tenir sa place. Or, la place que la Chine cherche à prendre est la première place à la fois sur le plan de l'influence, de l’économie, du militaire. La percée africaine est guidée par l’accès aux ressources énergétiques et aux matières premières. Mais la logique qui guide les entreprises chinoises en Europe est une logique de conquête de marchés.
Jusqu'à présent, la Russie et la Chine n'avaient qu'une ambition commune : faire reculer les États-Unis sur la propagation de la démocratie au cœur de l'Asie. L'affaire géorgienne est venue remettre en cause la pierre angulaire sur laquelle reposait le « partenariat stratégique » russo-chinois : la non-ingérence. Pour la Chine, traumatisée par son démembrement par les puissances coloniales au XIXe siècle, n'importe quel précédent en la matière serait dangereux. Il pourrait remettre en question la cause sacrée de l'unité entre la Chine et Taïwan, celle entre la Chine et le Tibet, ou bien faire renaître les espoirs indépendantistes des Ouïgours au Xinjiang.
Priorité absolue à la stabilité intérieure.
Dans le contexte actuel, Pékin va passer à une stratégie diplomatique offensive tournée entre autres vers l’Afghanistan avec lequel elle partage soixante-seize kilomètres de frontières. En juin 2012, lors d’une rencontre entre les dirigeants des deux pays, la Chine propose une coopération en matière de sécurité et notamment la formation de militaires aux techniques du combat antiterroriste. Face aux incertitudes après le retrait des militaires occidentaux en 2014, Pékin veut s’assurer qu’aucun contact ne s’établira entre les talibans afghans et les indépendantistes ouïgours du Xinjiang. Premiers investisseurs étrangers d’un pays dont les richesses du sous-sol sont estimées à plus de mille milliards de dollars, les Chinois s’intéressent aussi à la stabilité politique de l’Afghanistan avec l’objectif d’éviter la contagion du terrorisme islamiste sur leur territoire.
Les Etats-Unis regardent « vers l’Est ».
Les Etats-Unis veulent défier la Chine dans le Pacifique. Selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) :« l’équilibre de la puissance économique va fortement basculer au cours des cinquante prochaines années ». L’organisation précise que « la Chine prendrait la place de première économie du monde devant les Etats-Unis ». En septembre 2012, lors du Forum de Coopération économique Asie-Pacifique (APEC), les Etats-Unis affirmaient avec force leur ancrage dans cette région dont ils sont persuadés qu’elle est en train de devenir le nouveau centre de gravité du monde.
Désormais, deux blocs économiques concurrents existent dans le Pacifique, un Partenariat transpacifique regroupant le Canada, le Mexique, l'Australie, Bruneï, le Chili, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour, le Vietnam et les États-Unis, de l’autre une proposition chinoise exclusivement asiatique avec en toile de fonds des querelles territoriales sur des îles du Pacifique venant affaiblir les relations sino-japonaises pouvant remettre en cause l’accord de libre-échange tripartite des Chinois.
Le continent asiatique devient un phare du développement international.
En 2015, la Chine dispose d’un surplus d’individus de sexe masculin de 15 à 20 millions. De tels déséquilibres démographiques ont coïncidé, dans l’histoire du pays, avec des périodes d’instabilité et d’aventurisme. En outre, la Chine fait face aux problèmes structurels bien connus que sont la croissance du chômage, la migration des campagnes vers les villes, et la contestation politique menée par la secte Falun gong. Ces quatre problèmes ne sont pas sans lien entre eux.
Les futurs équilibres géostratégiques désignent la Chine avec un rôle central. Carrefour culturel sur plusieurs siècles, l’Asie du sud-est s’illustre aujourd’hui comme un carrefour économique dont chinois, américains mais aussi indiens et russes ont compris le rôle stratégique et géoéconomique. Attirant les convoitises par d’importantes ressources naturelles, cette partie asiatique est représentée par l’ASEAN (association des nations de l’Asie du sud-est) composée d’une dizaine de pays, Birmanie, Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande et enfin Vietnam que les grandes puissances dépendantes voudraient comme partenaires régionaux. La tension palpable en mer de Chine méridionale, avec des signes apparus au printemps 2012 sous le regard attentif des Etats-Unis, porte à nouveau tous les regards en direction de l’Asie du sud-est qui devient la scène de nouvelles confrontations. La mer de Chine méridionale qui s’étend de Singapour, au sud-ouest, à Taïwan, au nord-est, est très riche en matières premières, ce qui attise notamment la convoitise de la Chine, du Vietnam, et des Philippines. Tous revendiquent la souveraineté des différentes îles se trouvant au milieu de l’océan Pacifique. De manière plus prosaïque, l’Asie du sud-est représente un marché de 600 millions d’habitants. L’Union européenne doit y mener une politique économique plus offensive. À travers l’action diplomatique, la France doit y jouer pleinement son rôle en s’affirmant comme une grande puissance en Asie-Pacifique notamment vis-à-vis de l’Indonésie, puissance régionale et Singapour.
Cette politique doit s’inscrire dans la continuité du dialogue poursuivi par le général De Gaulle lorsqu’il plaidait en faveur de la pacification de l’Asie du sud-est. Le 27 janvier 1964, la reconnaissance de la Chine populaire par le général De Gaulle symbolisera également le retour de la France sur la scène internationale et en particulier l’Asie. Comme il en fera la confidence à Alain Peyrefitte, à l’issue du Conseil des ministres du 22 janvier 1964, avec la reconnaissance de la Chine, « nous allons tourner la page coloniale, celle des concessions en Chine comme celle de l’Indochine française. Cela veut dire que la France revient en tant qu’amie, et que nous pourrons aider la Chine dans la mesure de nos moyens ».
En 1971, lors de la rencontre entre Alain Peyrefitte et le Premier Ministre Chou En Lai, ce dernier lui dit :« Cette mission devrait marquer un nouveau progrès dans les relations amicales qui se sont instaurées entre nous depuis 1964 ». « C’est exactement ce qu’en attend le Président Pompidou » lui répond Alain Peyrefitte.
Le Premier Ministre Chou En Lai s’exprime à nouveau : « La Chine populaire a eu plaisir à constater que la France demeure attachée à la politique d’indépendance des Etats qui a été inaugurée par le général De Gaulle, avec tout ce qu’elle entraîne : refus des deux hégémonies, non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays, coopération avec les divers pays sans tenir compte de leurs différences de systèmes politiques et sociaux ».Il ajoute : « Nous éprouvons une profonde admiration pour la politique d’indépendance que le général De Gaulle a affirmée avec tant d’éclat et de courage. Nous sommes heureux que le Président Pompidou reste fidèle à cette ligne ». Le Premier Ministre Chou En Lai insiste au sujet du général De Gaulle : « Nous lui aurions réservé un accueil extrêmement chaleureux. Puisque le destin en a décidé autrement, nous sommes prêts, naturellement à recevoir son successeur… Le peuple chinois n’oubliera pas ce que le général De Gaulle a fait pour l’amitié entre les deux pays et pour le monde...Sa mort a été un deuil pour toute la Chine. Le président Mao l’a exprimé dans un télégramme tout à fait exceptionnel qu’il a adressé à Madame De Gaulle. »
Le général De Gaulle savait que chaque décision de sa politique étrangère marquerait profondément son temps et celui des futures générations. Sur le continent asiatique, il aura accompli le cheminement de sa pensée sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ainsi que la reconnaissance de la souveraineté et l’indépendance des États.
*Christine ALFARGE Secrétaire générale de l'Académie du Gaullisme.
© 02.01.2024