8 MAI 2021
ALLOCUTION DE JACQUES MYARD
« Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de France, avec l’appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la France éternelle »
De Gaulle – 25 Août 1944
Hôtel de Ville
La France qui se bat, la seule France, la vraie France, la France éternelle.
Ces paroles historiques devenues légendaires de l’Homme du 18 juin martelées à l’Hôtel de Ville de Paris le 25 août 1944 sont chargées d’une rare et forte émotion, elles résonnent désormais dans tous les cœurs, dans tous les esprits.
« Pourquoi voulez-vous que nous dissimulions l’émotion qui nous étreint tous ...
Non ! nous ne dissimulerons pas cette émotion profonde et sacrée.
Il y a là des minutes qui dépassent chacune de nos pauvres vies... »
Charles de Gaulle
25 Août 1944
La France qui se bat,
C’est celle de Jean de Lattre de Tassigny.
Plus jeune Général de France, Jean de Lattre de Tassigny commande la 14ème division d’infanterie lors de la bataille de France.
En mai 1940, il repousse par trois fois les Allemands à Rethel, il fait 2000 prisonniers.
Puis au sud de Rethel à Saint- Martin l’Heureux de Lattre dispose ses canons de 75 en lisière de forêt avec ordre de ne tirer qu’à courte distance.
Il détruit 40 chars d’une Panzer division.
La France qui se bat,
C’est Koufra.
Le 2 mars 1941, le Colonel Leclerc appuyé par le Long Range Desert Group, enlève à l’armée italienne l’oasis de Koufra dans le sud lybien.
Il prête alors serment avec ses hommes.
« Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ».
La France qui se bat,
Le 15 février 1942, la 1ère Brigade française libre, BFL, sous le commandement de Général Larminat, forte de 3500 hommes reçoit l’ordre d’aménager un camp retranché à Bir Hakeim pour servir le pôle d’ancrage pour contenir les assauts des unités blindées ennemies.
La 1ère BFL organise la défense du camp en disposant des champs de mines sur le modèle des forteresses de Vauban.
Le capitaine Granier avec l’appui d’une compagnie du Royal Engeneers du corps d’armée britannique dispose ses mines selon les plans de Vauban en V.
. une bande de mines antichars de 11900 mines
. une nouvelle bande de mines, 3100, autour du « fort » en brique situé au milieu du dispositif,
. quatre marais de mines antichars disposées de manière triangulaire
Arrivé du Caire, le général Koenig prend le commandement du fort Vauban du Désert.
Du 27 mai au 10 juin 1942, la BFL repousse les assauts répétés et furieux de la 90ème division légère allemande de Rommel et de la division italienne Trieste.
Rommel témoigne :
« Sur le théâtre d’opération africain, j’ai rarement vu combat plus acharné. Les Français disposaient de positions remarquablement aménagées. La Luftwaffe exécuta treize cents attaques contre Bir-Hakeim ».
Le 3 juin, le général Rommel s’adresse au général Keonig et lui demande de se rendre. Il refuse et poursuit le combat.
Dans la nuit du 10 au 11 juin, le 1ère Brigade perce les lignes ennemies emportant 75 % de ses effectifs, de ses matériels, et 200 blessés.
Rommel lui-même rend hommage à la détermination de la 1ère BFL.
« Une fois de plus, la preuve est faite qu’un chef décidé à ne pas jeter le fusil après la mire à la première occasion peut réaliser des miracles, même si la situation est apparemment désespérée ».
La France qui se bat,
C’est le Vercors, sous le commandement du Lieutenant-Colonel François Huet qui défend « la République libre du Vercors ».
. les 13 et 14 juillet 1944, la Luftwaffe effectue des bombardements sur Vassieux et la Chapelle en Vercors.
. le 21 juillet, c’est l’assaut de la 157ème division du Général Karl Pflaum
. le 23 juillet, François Huet et son chef d’Etat-Major Pierre Tanant ordonnent la dispersion des maquisards afin de « Maquiser le Maquis ».
« Tant de sang versé a fait de ces montagne une terre sacrée, .... Un sanctuaire où le flambeau de notre liberté a été rallumé, l’un des berceaux de la Renaissance française ». Pierre Tanant
La France qui se bat,
S’appelle Tom Morel au plateau des Glières.
Tom Morel, Saint-cyrien, est affecté au 27ème bataillon de chasseurs alpins d’Annecy.
Il se bat sur le Col du Petit-Saint-Bernard et repousse les attaques italiennes.
Puis, après l’invasion de la zone Sud par les Allemands en Novembre 1942, il rejoint l’Armés Secrète, l’AS.
Il s’installe sur le plateau des Glières le 31 janvier 1944 avec 300 maquisards.
Sa devise « Vivre libre ou mourir ».
A Entremont, au pied des Glières, Tom Morel prend l’Hôtel de France, siège des GMR.
Le chef des GMR ayant gardé son arme avec l’accord de Tom Morel lui tire dessus.
Le Capitaine Anjot prend le commandement du maquis.
La BBC diffuse :
« Trois pays résistent en Europe : la Grèce, la Yougoslavie, la Haute Savoie.
Trois pays résistent en Europe : la Grèce, la Yougoslavie, le Haute Savoie.
La Haute Savoir c’était les Glières ».
Rappelle André Malraux le 2 septembre 1973 aux Glières pour l’inauguration du monument de Gilioli, une aile brisée.
La France qui se bat,
C’est un Préfet parachuté dans la nuit du 1er au 2 janvier 1942.
Max est parachuté en France, porteur d’un ordre de mission politique :
. encourager les mouvements de résistance pour qu’ils intensifient leur action de propagande et créent des foyers de résistance.
La France qui se bat,
C’est le Bureau Central de Renseignements et d’Action, BCRA, créé dès juillet 1940 par de Gaulle, qui place à sa tête André Dewavrin alias Colonel Passy.
La BCRA collecte des renseignements pour le Général de Gaulle et les Alliés.
Il envoie des agents pour organiser des sabotages.
Avec Max, il regroupe les mouvements de résistance, c’est la création des Mouvements de Résistance Unis, les MURS.
. Henri Frenay, alias Charvet, fonde le mouvement combat,
. Emmanuel d’Astier de la Vigerie, alias Bernard, fonde Libération,
. Jean-Pierre Levy, alias Lenoir, fonde Franc-Tireur.
Max, sans relâche, travaille à l’unité de la Résistance.
EN Février 1943, Jean Moulin constitue le Conseil de la Résistance.
Le CNR qu’il préside au nom du Général de Gaulle.
La France qui se bat,
C’est l’A.S, l’armée secrète constituée par le Général Delestraint alias Vidal, nommé par de Gaulle sur proposition de Jean Moulin.
L’A.S constitue de petits groupes de saboteurs.
Le jour J, le 6 juin 1944, l’A.S effectue 500 coupures de voies ferrées et provoque 180 déraillements.
Déporté, le Général Delestraint est assassiné à Dachau le 19 avril 1945.
La France qui se bat,
C’est la glorieuse brigade Normandie, commandée par Joseph Pouliguen puis Jean Tulasne, mort à la bataille de Koursk.
Le Groupe de chasse, fort de 14 pilotes et 58 mécaniciens, arrive en URSS le 28 novembre 1942 sur la base d’Ivanovo à 250 Km de Moscou.
Dès le 22 mars 1943, Normandie est engagé dans la 1ère armée soviétique.
Joseph Staline attribue à l’unité Normandie le nom de Niémen le 28 novembre 1944.
Le 20 juin 1945, les aviateurs rentrent en France avec leurs avions donnés par Staline, 40 Yak 3.
La France qui se bat,
C’est le 1er Bataillon des Fusiliers Marins Commandos, le 1er BFMC.
Sous les ordres de Philippe Kieffer, Capitaine de Corvette.
Le jour J, ils sont 177 commandos, ils combattent pendant 78 jours alors qu’ils ne devaient être engagés que pour 4 jours.
24 commandos sur 177 terminent la campagne de Normandie sans avoir été blessés, 20 sont tombés au Champ d’Honneur.
La France qui se bat,
Se bat jusqu’au Berghof de Hitler avec une unité de la 2ème division blindée française.
Le 4 mai 1945, une unité d’élite de FFL composée d’éléments
. du régiment de marche du Tchad
. du régiment de spahis marocains
. du 3ème régiment d’artillerie coloniale
. du 501ème régiment de chars de combat
fonce sur le Berghof.
Le Capitaine Toyens, suivi du Lieutenant Messiah de la 12ème compagnie du Tchad, y plantent le drapeau français au grand dam des Américains.
La France s’est battue sur tous les fronts,
Les FFL, les Résistants ont forcé l’admiration de nos Alliés.
Ce n’était que justice au nom de tous ces combattants tombés au Champ d’Honneur contre l’Allemagne nazie,
Ce n’était que justice que le 9 mai 1945 à Berlin, Jean de Lattre de Tassigny signe la capitulation de l’Allemagne avec nos Alliés.
« Officiers, sous-officiers, caporaux et soldats de la Première Armée française.
Dignes de la confiance de notre Chef suprême, le Général de Gaulle, libérateur de notre Pays, vous avez, par vos efforts, votre ferveur, votre héroïsme, rendu à la Patrie son rang et sa grandeur...
Soldats vainqueurs, vos enfants apprendront la nouvelle épopée que vous doit la Patrie ».
Jean de Lattre de Tassigny.
Berlin le 9 Mai 1944
Depuis des temps immémoriaux, l’épopée de la France ne s’est jamais arrêtée.
L’épopée écrite par nos pères pendant la seconde guerre mondiale s’inscrit dans une longue saga du récit national
bien au-delà « de nos pauvres vies », dont le Général de Gaulle parlait le 25 Août 1944 à l’Hôtel de Ville.
Une épopée qui puise ses forces dans la Nation, cette force indicible qui traverse les siècles et incarne la France.
« Vieille France, accablée d’Histoire, meurtrie de guerre et de révolutions, allant et venant sans relâche de la grandeur au déclin et redressée de siècle en siècle par le génie du Renouveau ».
Charles de Gaulle
Le génie du Renouveau, réalisé par ces combattants qui se sont sacrifiés et sont devenus par-delà la mort, les compagnons de Jeanne et des soldats de l’An II.
. Capitaine Bricoque
Tué à Bir Hakeim dans la nuit du 10 au 11 juin 1942
Compagnon de la Libération
. Lieutenant Dewey
Tué dans la nuit du 10 au 11 juin 1942
Compagnon de la Libération
. Vassieux-en Vercors
Ville martyre
Compagnon de la Libération
Ils sont 1061 Compagnons qui ont sauvé l’honneur national.
La France qui se bat,
se bat pour une certaine idée de la liberté, une certaine idée de la civilisation,
une certaine idée de la France qui a toujours porté un message universel pour le genre humain, message d’universalité loin, loin, très loin des communautarismes qui repliés sur eux-mêmes nourrissent les affrontements à venir.
Ce combat pour notre civilisation demeure plus que jamais le fondement de notre force contre le fanatisme islamique qui rôde.
C’est un combat culturel, le combat de la culture française qui emplit nos cœurs et arme nos esprits.
Jeunesse de France,
Souviens toi des paroles d’Ernest Lavisse :
« Tu dois aimer la France, parce que la Nature l’a faite belle, et parce que l’Histoire l’a faite grande ».
Jeunesse, c’est dans cette Histoire glorieuse, multiséculaire que tu dois puiser la force culturelle pour donner un sens à ta vie, à ton destin.
Jeunesse de France, n’oublie jamais que le destin de chacun d’entre nous est intimement lié à notre destin collectif national, l’un n’étant rien sans l’autre.
Nos pères, les pères de nos pères, depuis des temps immémoriaux dans les combats menés, dans les sacrifices endurés, ont fait corps avec le destin national.
Une âme commune unit chaque citoyen à la Nation.
C’est avec solennité et une profonde émotion que nous recevons le flambeau de la liberté reconquise de haute lutte par nos pères, le flambeau de notre civilisation.
Au moment où nos soldats combattent au Sahel le fanatisme islamique,
Au moment où l’ennemi fanatique est tapi dans l’ombre et assassine lâchement des professeurs, des Prêtres, des policiers, des innocents,
En union avec les derniers des maquisards des Glières, du Vercors assassinés par l’ennemi,
Avec les commandos Kiefer tués en Normandie,
Avec tous les combattants FFL tombés au Champ d’Honneur,
de Koufra à Bir Hakeim,
de Bir Hakeim à Paris,
de Paris à Strasbourg,
de Strasbourg au Berghof,
En union avec les compagnons de la Libération, Preux de la flamme de la Résistance,
Nous faisons le serment solennel, le flambeau de la Liberté, porteur de la civilisation ne s’éteindra jamais,
Il sera transmis de génération en génération d’Hommes et de Femmes libres.
Vivent nos mères, nos pères tombés au Champ d’Honneur,
Vivent les Nations libérées d’Europe réconciliées,
Vive la République,
Vive la France.
*Jacques MYARD
MAIRE DE MAISONS-LAFFITTE
MEMBRE HONORAIRE DU PARLEMENT
PRÉSIDENT DE l’ACADÉMIE DU GAULLISME ET DU CNR.
© 01.06.2021