par Marc DUGOIS
Les détenteurs de la violence
légale
La définition d’un État est la
détention de la violence légale sur une population dans un espace donné. Cette
violence peut être physique (armée, police) ou cérébrale (justice, impôts).
C’est cette violence qui donne apparemment raison à celui qui a le pouvoir de
l’actionner et tout naturellement le fossé se creuse entre le philosophe qui
cherche la vérité en doutant par définition, et le politique qui se contente de
chercher à détenir la violence légale pour avoir raison en se dispensant de
douter.
Ceux qui détiennent actuellement
le pouvoir d’actionner cette violence sont de plus en plus régulièrement
remplacés vu leur inefficacité sans que l’on s’oriente pour autant vers une
réflexion philosophique calme sur les raisons de cette inefficacité. Il est
plus reposant de les dénigrer et de tout attendre de ceux qui les remplaceront
et qui sont auréolés de toutes les vertus avant d’être affligés de tous les
vices.
Ne faut-il pas revenir au vieux
principe de juger un arbre à ses fruits et regarder les fruits du siècle que
l’on affirme être celui des Lumières ? Il a rompu un équilibre multi-millénaire
entre le spirituel et le temporel en généralisant ce que le roi d’Angleterre
Henri VIII avait initié et qui est la base de l’organisation mentale actuelle
anglo-saxonne, la soumission du spirituel au temporel.
Les Lumières nous ont apporté le
fascisme pour ceux qui voulaient être reconnus comme les plus beaux, les plus
forts et les plus intelligents; le fascisme est mort du mépris des autres.
Elles nous ont apporté le communisme pour ceux qui rêvaient par la violence à
une absence de violence légale; le communisme est mort par effondrement d’une
construction incohérente. Les Lumières nous ont apporté le capitalisme pour
ceux qui confondaient le contentement et la richesse et qui pensaient
s’enrichir sans appauvrir quiconque en étant contents d’un échange ; le
capitalisme n’est pas encore mort et c ‘est son agonie et les soins palliatifs
mis en place par ses défenseurs qui heurtent tant le bon sens populaire.
La violence légale s’est
aujourd’hui mise exclusivement au service du capitalisme. Côté violence
physique, les armées veillent à ce qu’aucune autre forme d’organisation sociale
ne naisse nulle part sur la Terre pendant que la police contient les
interrogations populaires. Mais c’est du côté de la violence cérébrale que le
capitalisme désormais sans concurrence fait très fort.
Par un principe de précaution
généralisé, fait d’interdictions et d’obligations, et verrouillé par les lois
mémorielles, il instaure une violence légale officiellement protectrice et
réellement infantilisante qui permet, dans une fausse démocratie, d’acheter
moins cher l’affect d’une population à qui l’on affirme donner tout le pouvoir
tout en veillant à ce qu’elle ne puisse être informée totalement.
Toujours par l’argent,
l’information, de plus en plus sous-traitée à la finance, se réduit à un éclairage
ostensible, non pas de l’ensemble de la scène mais exclusivement de ce qui doit
marquer les esprits, le tri étant fait en amont par l’Agence France Presse. Cela
fabrique tout naturellement une représentation populaire détentrice de la
violence légale mais qui ne ressemble en rien au peuple qu’elle est supposée
représenter.
Le muselage de l’internet par la
violence légale est en cours puisque la dissolution de la goutte d’eau dans
l’océan ne semble même plus suffire.
Mais le capitalisme fait encore
plus fort pour durer par une prise en ciseau des esprits. D’un côté on formate
à grand frais les êtres et de l’autre on crée une division totalement
artificielle entre ceux qui résisteraient encore au formatage.
Le formatage se fait pendant de
très longues années dans une éducation dite nationale où l’on diffuse que la
nation n’existe plus et que la Terre rebaptisée LA planète est le seul espace
cohérent d’un capitalisme universel. On fait croire que la dépense, baptisée
produit par le PIB, est une création de richesse à se partager et on fabrique
de la monnaie pour pouvoir dépenser sans jamais expliquer que la monnaie n’est
plus le constat d’une richesse déjà existante mais celui d’un espoir que l’on sait
irréalisable mais qu’on implante dans les esprits.
On détourne d’ailleurs
l’attention de ce seul problème fondamental en faisant vivre artificiellement
les contradictions secondaires. La démocratie dit que la majorité a raison donc
on va valoriser toutes les minorités quelles qu’elles soient en les portant
toutes au pinacle avec l’aide de la violence légale. On constate une fonte bien
réelle des glaciers et on va totalement artificiellement dire que l’homme en
est responsable par le CO2.
Là, la contradiction est plus
subtile car elle est induite sans jamais être formulée. On ne dit jamais que le
principal gaz à effet de serre est la vapeur d’eau sous forme de nuages qui
garde la nuit la chaleur solaire comme chacun le constate. On ne dit jamais que
la Terre a été glaciale et torride bien avant que l’homme n’apparaisse et qu’il
est essentiel de comprendre pourquoi avant de chercher ce que l’homme a pu
réellement modifier.
Il est ridicule de se prendre
pour Dieu et vouloir changer le climat quand on n’a encore absolument rien
compris au déplacement des anticyclones et que l’on surexploite l’animal, le
végétal et le minéral, voire même l’humain que l’on réduit à un
consommateur-électeur-spectateur.
Mais pour tous ceux qui
résisteraient au formatage et dont on martèle le mépris en les appelants
extrêmes ou populistes, le capitalisme et sa violence légale ont réussi le tour
de force de les diviser en deux pour qu’ils dépensent l’essentiel de leur
énergie à se haïr. On a oublié que les trois moteurs de l’homme sont son
cerveau avec sa raison, son cœur avec ses sentiments et son ventre avec ses
besoins.
La seule différence entre la
droite et la gauche est que la droite privilégie la raison et donc l’harmonie
alors que la gauche privilégie les sentiments et donc le mouvement. Les deux
sont pourtant essentiels et la droite comme la gauche ne sont que deux parties
de nous-mêmes qui se dissocient en deux simplismes quand nous sommes fatigués. La
force du capitalisme et de sa violence légale est de flatter les besoins pour
ne pas laisser se marier la raison et les sentiments. Se crée un fossé
totalement artificiel entre Michel Onfray et Eric Zemmour qui disent pourtant
grosso modo la même chose avec des mots différents.
L’avenir est entre les mains de la jeunesse dont la
fragilité est peu respectée. Pour qui voudrait constater une facette de cette
fragilité je propose de lire l’article de Contrepoints Éloge de la
mondialisation signé
par un jeune étudiant très bien formaté.© 07.06.2019