Par Xavier Louy,
Il est de bon ton
d’affirmer que le gaullisme est mort avec le Général de Gaulle et qu’il est
donc vain de se déclarer gaulliste en 2020.
On
notera avec amusement que les plus ardents dans ces affirmations sont généralement(sans jeu de mots) les mêmes qui font référence
à tout bout de champ au Général et qui professent des leçons de Gaullisme à
ceux qui en sont les héritiers légitimes car appartenant à « la grande
armée de ceux qui me soutiennent » (discours d’avril 1969)
S’il
est vrai que le gaullisme n’a jamais été assimilé à une doctrine, à la
différence des grands courants de pensée politique du 19è et du 20è siècles, il
constitue néanmoins et demeure, comme l'a clairement défini le Général
lui-même, « une structure de pensée, de volonté et d'action ».
Il
n'est donc pas inconvenant d'expliquer en quoi cette structure de pensée, de volonté
et d'action peut aujourd'hui encore inspirer notre engagement politique et
déterminer le meilleur projet pour la France.
A
nous, les compagnons de cette grande armée, de réaffirmer ce que sont les
grands axes de cette structure de pensée et de préciser ce que devrait être
leur mise en œuvre dans l'action politique d'aujourd'hui et de demain.
Le
fondement même du gaullisme est l'affirmation de la grandeur de la France, à)
partir de son rôle séculaire dans le concert des nations et de la réalité de sa
puissance militaire, culturelle et économique.
Cela
impose évidemment que la France reste maîtresse d'elle même
et conserve sa pleine souveraineté dans tous les domaines, à commencer par sa
défense, sa diplomatie, sa justice et son économie. ..
On
doit malheureusement reconnaître que depuis 1969 on a beaucoup lâché dans
l'utopie de la constitution d'une nation européenne, encouragé par nos amis
américains.
Si
le Général de Gaulle a été justement l'un des acteurs majeurs de la
construction européenne, il l'a en revanche toujours conçue dans le cadre d'une
coopération entre Etats indépendants et souverains, rassemblés autour d'un axe
franco-allemand.
Sans
parler à sa place, on est en droit de penser qu'ils n'aurait
probablement pas accepté la mise en place d'une Cour de Justice Européenne
imposant par exemple à la France des syndicats dans son armée. Ni, bien
évidemment le projet de constitution d'une défense européenne ou d'un ministère
européen des Affaires Etrangères. Il n'est pas certain non plus qu'il ait
approuvé une monnaie unique régie par une banque européenne...
Pour
autant, vouloir recouvrer son indépendance ne signifie nullement vouloir se
replier égoïstement à l'intérieur de ses frontières. D'abord parce que la
France est un empire au sens géographique du terme, en étant la seule nation
présente sur 4 continents ; beaucoup l'ignorent mais les journées
commencent et terminent sur le sol français : à Wallis et Futuna pour le
premier fuseau horaire et en Polynésie pour le dernier ; le territoire
économique français, terrestre et maritime, est le cinquième au monde par son
importance mais 8% seulement de cet immense territoire se trouve sur le continent
européen !
Ensuite
parce que la France conserve son influence sur la marche du monde. Elle a
toujours vocation à contribuer efficacement à faire régner la paix entre les
peuples ; elle est attendue dans ce rôle. Le Général l'avait fort bien
défini avant la 2è guerre mondiale dans « Vers l'armée de métier »
quand il écrivait ; « confondre l'intérêt permanent de la France avec
un grand idéal humain, voilà ce qui serait beau et en même temps profitable.
Cette
contribution permanente à la recherche d'une paix universelle n'est d'ailleurs
pas incompatible avec le principe de non ingérence et
du respect des peuples à disposer d'eux mêmes, autre
constante du gaullisme. On voit bien tout ce que peut signifier et doit
signifier pour notre diplomatie. La France a apporté au monde nombre de choses.
Cette vocation, conforme à son passé, a toujours été respectée et cela nous
oblige.
Respecter
la puissance de la France suppose un Etat fort. Cela ne signifie nullement
qu'il doit se charger de tout mais qu'il doit en revanche assumer pleinement et
efficacement les tâches régaliennes.
On
sait en la matière le rôle joué par les institutions de la Vè
République qui donnent au Chef de l'Etat et à son gouvernement les moyens
d'agir dans la durée
et la possibilité de disposer d'un Parlement à même de légiférer
sereinement en s'appuyant sur des majorités stables.
Le
pays ne peut avancer et se réformer que si l'ordre est assuré et cela vaut pour
son économie. Et l'ordre ne peut régner que si la justice n'a pas la main trop
légère lorsqu’il s'agit de protéger les citoyens en ne confondant pas coupable
et victimes.
Si
l’on conçoit un Etat fort et centralisé, rien n'interdit cependant de
s'efforcer de le rapprocher des citoyens par différents processus de déconcentration
et de régionalisation, engagés et proposés en son temps par le Général de
Gaulle. Compte tenu des changements en cours, un Etat qui arbitre est une
obligation. A cet égard, le rôle des Préfets-commissaires de la République doit
évoluer pour s'adapter aux attentes des Français et aux nouvelles voies
ouvertes par le progrès rapide des moyens de communication.
Cet Etat fort est en effet indispensable pour contrebalancer
les dérives induites par le libéralisme économique et s'autoriser un rôle de
stratège en initiant des programmes ambitieux que le secteur privé n'a pas les
moyens d'entreprendre seul. Les Français sont aujourd'hui nostalgiques des
grands projets économiques (espace, nucléaire, aéronautique, maritime,
télécommunication) qui avaient replacé leur pays dans le peloton de tête des
puissances économiques à la fin des années 60. L'absence de nouveaux projets,
le manque d'ambition et les dérives socialistes avec l'abandon du commissariat
au Plan, la suppression de la Datar et la funeste idée des 35 heures ont
malheureusement ruiné en grande partie cet élan.
Le
plus grave est que ces dérives n'ont pas fait progresser la justice sociale. Prendre
aux plus aisés pour donner à ceux qui le sont moins conduit à appauvrir l'ensemble ; Le Général de Gaulle, dés la création du RPF et dans la continuité de la
politique préconisée par Conseil National de la Résistance, avait bien compris
que la priorité était dans l'amélioration de la condition ouvrière et salariale . Il a engagé à cet effet une politique visant à
organiser le partage équitable de la croissance en fixant pour objectif de
faire des salariés des actionnaires de leurs entreprises et de développer dans
tous les secteurs d'activité des formules de participation associant chacun aux
décisions, conférant ainsi aux salariés et employés un nouveau statut et une
nouvelle dignité.
L'encouragement
d'une politique familiale s'inscrit aussi naturellement dans cette démarche qui
redonne confiance dans l'avenir avec l'espoir raisonnable de pouvoir s'élever
rapidement dans l'échelle sociale. On a pas encore
mesuré à sa juste valeur ce que signifiait le fait de pouvoir passer de la
condition de salarié à celle de salaria-actionnaire, copropriétaire de
l'entreprise où l'on travaille et légalement associé aux fruits de la
croissance
On
dit du gaullisme qu'il cultive « l'esprit de résistance » ce qui
est indissociable de cette affirmation du Général de Gaullle
pour qui « la seule querelle qui vaille est celle de l'homme » et
l'on pourrait ajouter, sans trahir sa pensée ; et celle des nations.
En
ce sens notre structure de pensées'inscrit résolument
en opposition à ce que l'on peut qualifier de « format type ». César,
Staline, Mao, chacun dans leur style et dans leur époque, ont cherché à
formater les citoyens et les peuples selon un modèle unique. Les défenseurs
d'un fédéralisme européen parfois habités de louables intentionzs,
poursuivent une mêm quête de formatage type, à coups
de norpmes et de pensée unique pour aboutir au
« meilleur des mondes » prophétisé par Huxley. La mondialisation
économique sauvage, l'immigration non contrôlée, la toute
puissance de la finance internationale, l'impérialisme de la langue
anglaise, le tout encouragé et accéléré par la révolution numérique, nous conduisent
dangereusement vers ce meilleur des mondes où les individus et les nations
n'auront plus droit de cité. Jusqu'à la distinction des sexes remise en cause
par certain (e)s. Le plus inquiètant étant que cette
évolution est soutenue et encouragée par nombre de dirigeants politiques,
penseurs, médias et experts de tout poil.
Oui,
le gaullisme est l'ilot le résistance à cette
politique du « format type » qu'on veut imposer aux peuples partout
dans le monde. Mais, à l'évidence, cela dérange et ceux qui s'affirment
gaullistes eont au mieux traités de nostalgiques et
de rétrogrades et au pire de nationalistes et de populistes !
Il
est vrai que nous sommes de moins en moins seuls dans ce sas unique, la rebellion contre le « format type » est de plus
en plus prégnante chez de nombreux peuples et notamment en Europe, à l'exemple
des Britanniques qui viennent de le prouver de manière éclatante. Et cela doit
nous renforcer dans la conviction que la « structure de pensée »
préconisée par le Général peut finir par s'imposer.
Reste
à définir ce que seraient les grandes actions à mettre en œuvre pour restauser le dessein gaulliste du 21è siècle. Essayons de
nous mettre d'accord sur 10 point majeurs :
1. Recouvrer et affirmer notre souveraineté dans les
domaines régaliens :
Justice,
Défense, Diplomatie, Législation nationale ?
2. Quitter le commandement intégré de l'OTAN
3. Prendre en compte la dimension planétaire de notre
pays et développer une ambitieuse politique d'exploitation de notre domaine
maritime
4. Mettre en œuvre l'association Capital-Travail en
faisant des salariés des actionnaires et de leurs entreprises par une juste
redistribution des plus values
5. Rétablir un Commissariat au Plan, instance de
concertation, ét une Dlégation
à l'Amènagement du Territoire opour
proposer au pays des axes de développement et pour offrir aux Français des perpectives mobilisatrices partout où ils vivent.
6. Reonner la priorité à une politique de soutien aux familles
7. Etablir un schéma clair et ambitieux pour nos écoles
et nos universités
8. Lancer de grands projets dans les domaines de l'aide
au développment, de la Santé, de l'Environnement, de
l'Energie et du Numérique, en s'inspirant pour leur muise
en œuvre des réussites passées, sans s'interdire des coopérations
multilatérales.
9. Adapter le rôle des missions de l'Etat aux profondes
transformations engendrées par les nouveaux moyens de communication et de
gestion.
10. Redéfinir le cadre et les contours de la solidarité
nationale.
Penser,
vouloir, agir, en se mettant au service des Français pour une France Forte et
généreuse, C'est le GAULLISME du 21è siècle
*Xavier Louy Ancien membre du Cabinet du Premier
ministre Jacques Chaban Delmas