Par
Paul KLOBOUKOFF
En Bref
J’ai conservé le titre de cet article rédigé en
février malgré l’aggravation de l’épidémie du coronavirus et la décision de
l’exécutif du samedi 29 après-midi de recourir au 49-3 et les vagues
d’indignation qu’il soulève. Ces municipales pourraient en effet marquer un
tournant sur le chemin des élections présidentielles et législatives de 2022.
L’objet de l’article
était, et reste, malgré les dernières nouvelles, de faire le point sur les
données disponibles relatives à la situation électorale et aux tendances décelables
à quelques semaines des municipales. Ce point ne peut être que partiel car les
informations sur les petites communes sont rares faute de statistiques, d’une
part, et les sondages prospectifs sont essentiellement concentrés sur 40 à 50
des plus grandes villes, d’autre part. En outre, jusqu’ici, les médias
audiovisuels nationaux ont eu les yeux braqués principalement sur les
« évènements » du plus haut intérêt qui se déroulent à Paris. Mais
Paris et une quarantaine de grandes villes ne sont pas la France. Sur les
503 305 élus municipaux (au 1er janvier 2018), 282 320 (soit
56%) le sont de communes de moins de 1 000 habitants. Et beaucoup le sont
de communes de 1 000 à 3 500 habitants… que M Castaner voulait
retirer aussi des décomptes des résultats des élections. Il est vrai que
l’électorat macroniste se trouve surtout dans les grandes villes.
Aussi, malgré les
efforts déployés par les sondeurs et les autres prévisionnistes sur des issues
« locales », il faut reconnaître objectivement qu’à deux semaines des
élections il n’y a pas de pronostic (accessible au public, en tout cas) portant
sur l’ensemble du territoire français.
Le Ministère de
l’Intérieur et le gouvernement sont évidemment mieux informés que les autres
citoyens. Et il semble que les choses se présentent mal pour le parti
présidentiel LREM et ses alliés, qui pourraient connaître une cuisante défaite.
C’est une des conclusions qui ressortait ces derniers jours de l’examen, par
les médias notamment, des résultats des sondages « urbains » récents.
D’après ceux-ci, les
grands gagnants en nombres de sièges de conseillers municipaux seraient les
Verts d’EELV, dont une partie des listes est commune avec le PS et/ou le PCF,
les radicaux et LFI. Lorsque EELV ne fait pas liste commune avec le PS, ce
serait souvent au détriment de ce dernier. Le Rassemblement national, qui,
comme EELV détient peu de sièges aujourd’hui, en accroîtrait notablement le
nombre. Les Républicains et leurs alliés de droite et du centre résisteraient
mieux que le PS et marqueraient des points dans certaines villes. Au 1er
tour, ils pourraient conserver plus de sièges que la gauche (avec ou sans
EELV ?), ainsi que de mairies (dans les villes sondées). Au second tour,
les résultats dépendront aussi des alliances qui seront conclues dans les jours
suivant le 15 mars.
Le coronavirus et la
guerre sur la réforme des retraites ont déjà largement éclipsé les élections
municipales en février. L’extension de l’épidémie, avec les inquiétudes
justifiées, les restrictions et les contraintes qu’elle engendre, va impacter
les élections municipales. On peut s’attendre, pour le moins, à ce qu’elle
affecte le niveau de la participation des électeurs, et sans doute aussi la
composition des votants… si de nombreuses personnes se sentent
« vulnérables », en particulier parmi les personnes âgées, et ne se
rendent pas aux bureaux de vote. Le déroulement de la campagne
« officielle » sera perturbé et il est possible que l’organisation
des scrutins le soit aussi.
La décision de recourir au 49-3 est considérée par beaucoup de Français
comme un déni de démocratie, et à lire les titres des médias, une erreur,
une lâcheté, une faiblesse. D’après les sondages, une notable proportion des
électeurs avait déjà l’intention de sanctionner Emmanuel Macron dans les urnes.
L’usage du 49-3 « risque » de « politiser » davantage les
votes, de renforcer dans leurs convictions les « mécontents » et
d’accroître leur nombre. L’exécutif le sait. Il n’ignore pas qu’une majorité
des Français souhaitent un remaniement du gouvernement après les municipales,
le plus souvent avec un changement de Premier ministre. Il semble que le
président n’en a pas cure, puisqu’il a promis à la douzaine ministres qui se
sont inscrits dans les listes de candidats LREM qu’ils pourraient conserver
leurs postes si « leurs » résultats s’avéraient mauvais. En même
temps, sa « conduite » de la réforme des retraites montre aussi l’absence
de considération qu’il accorde à l’opinion de la majorité des Français. Ce
n’est pas bon pour la Cinquième République !
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Des priorités locales variées
et des choix compliqués pour les électeurs
Bien sur, la priorité pour les électeurs de ces municipales est
de choisir les maires et les conseillers municipaux, ainsi que les conseillers des
communautés de communes et leurs présidents les plus à même de répondre à leurs
attentes. Les situations, les problèmes
et les aspirations sont très variées d’une commune à l’autre. Dans l’ensemble
du pays, d’après des sondages, l’amélioration de la sécurité arriverait en tête
des priorités, un peu devant les impôts et la gestion des finances locales
ainsi que la protection de l’environnement et la propreté des communes.
Selon les résultats
du sondage BVA publié le 13 février (1), une grande partie des Français, de
l’ordre de 7 sur 10, se déclarent satisfaits de leurs maires et de son conseil.
La plupart envisagent de voter pour eux. Un tiers veulent changer d’équipe
municipale. « Un quart (26%) souhaite sanctionner Emmanuel Macron et son
gouvernement et seulement 9% le soutenir. La réforme des retraites conditionne très
largement ces souhaits. Mais [malgré cela !] les enjeux locaux prévaudront
sur les enjeux nationaux pour 90% des Français interrogés.
« Municipales :
seule une minorité de Français sait ce qu’elle fera » a titré le document
présentant les résultats d’un sondage Odoxa-Dentsu effectué les 25 et 26 février
(2). On peut y lire que : - 45% des Français savent pour qui ils vont
voter ; - 14% disent qu’ils n’iront pas voter ; - 32% veulent réélire
l’équipe en place ; - 14% veulent sanctionner Emmanuel Macron et le
gouvernement et 7% veulent les soutenir ; - 65% des Français souhaitent un
grand remaniement du gouvernement après les municipales, le plus souvent avec
un changement de Premier ministre (47% vs 18%).
Quand on rapproche
les réponses faites à ces deux sondages, on peut se demander si ce sont les
mêmes Français qui ont été interrogés et si les électeurs peuvent être
versatiles à un tel point, et/ou mettre en doute la fiabilité de ces sondages.
En tout état de cause, les modes des scrutins sont complexes et des alliances
« nombreuses et variées » entre partis se discutent et se nouent
déjà en vue du 1er tour. On comprend donc que les électeurs soient
un peu perdus et dans l’attente de clarifications.
Par ailleurs, on nous
a répété depuis des mois que beaucoup de maires, de petites communes
principalement, ne désirent pas se représenter. Qu’en est-il réellement ?
Il apparait possible
que la composition du corps des élus municipaux connaisse des changements
significatifs. Mais, les tendances dominantes (s’il y en a) ne sautent pas aux
yeux et les résultats des élections sont difficiles à anticiper. D’autant plus que
les infos (statistiques et sondages, notamment) sont rares sur les communes de
moins de 1 000 habitants, qui sont soumises au scrutin majoritaire, et
plus fournies, mais limitées à des grandes villes soumises au scrutin de
listes. Sur les 503 305 élus municipaux (au 1er janvier 2018),
220 985 le sont de communes de 1 000 habitants et plus et 282 320
(soit 56%) le sont de communes de moins de 1 000 habitants. Et beaucoup le
sont de communes de 1 000 à 3 500 habitants.
Derrière les choix locaux, d’importants enjeux nationaux
Ces élections locales
ont aussi des enjeux nationaux, et à ce niveau, elles pourraient être une
« demi-heure » de vérité sur le chemin des présidentielles de
2022 : - pour la Macronie, qui désire renforcer sa faible implantation
locale et prendre la direction de métropoles et de grandes villes où elle avait
fait ses meilleurs scores en 2017… et qui aujourd’hui chercherait à
« sauver les apparences » ; - pour la droite, « qui voudrait
montrer qu’elle existe ». Elle espère conserver nombre de ses bastions et,
peut-être, des proportions substantielles des sièges de conseillers et de
maires ; - pour les écologistes, annoncés comme de grands gagnants de ces
élections. Ils sont presque absents des représentations locales, mais les
élections européennes ont montré qu’ils ont le vent en poupe, et les sondages leur
accordent des scores substantiels dans des dizaines de grandes villes ; -
pour les socialistes et leurs alliés de gauche à la recherche d’un nouvel élan,
pour lesquels les verts pourraient aussi être de précieux appuis… ou des
concurrents ; - pour le Rassemblement national, 1er parti de France
aux dernières européennes, qui cherche à
consolider ses positions limitées actuelles, à élargir son implantation
territoriale et qui pourrait conserver et/ou prendre plusieurs grandes villes ;
- pour les communistes et La France insoumise, opposants parlementaires très
actifs sur la réforme des retraites, pour lesquels c’est une occasion de
marquer des points sur le terrain local.
Ces élections peuvent
être une étape sur le chemin d’une éventuelle recomposition du paysage
politique de la France et, pourquoi pas, porter les germes d’une perspective autre
qu’un nouveau « duel » entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron au 2ème
tour des prochaines présidentielles… si elles révèlent des avancées
significatives, qui seraient alors à confirmer lors des prochaines élections
départementales et régionales.
Aux dernières
élections municipales, le paysage a été marqué par une forte bipolarisation gauche
/ droite, avec un net avantage pour la droite, qui semble le caractériser
encore aujourd’hui. Ce bipartisme « traditionnel » survivra-t-il au
niveau municipal alors qu’il a éclaté aux élections nationales précédentes,
présidentielles, législatives et européennes ? Si c’est le cas, dans
quelles conditions ces élections locales pourraient-elles initier une reconstruction
partant des territoires de l’échiquier politique national ? A cet égard,
le positionnement des écologistes peut être important. Ces questions majeures
sont absentes des débats.
Les sénatoriales sont
proches, et ce sont les élus locaux qui en constituent la grande majorité des
électeurs. Notre Constitution donne au président et à sa « majorité »
à l’Assemblée nationale des pouvoirs presque absolus. Avec une majorité solide,
de droite aujourd’hui, le Sénat est le seul contrepouvoir (limité)
institutionnel en mesure de « discuter » avec l’exécutif, de jouer un
rôle modérateur, de tenter d’infléchir des décisions paraissant excessives
et/ou nuisibles. Il est vital qu’aux élections sénatoriales de septembre 2020, qui
verront le renouvellement de la moitié des sièges du Sénat (178 sur 348), une
majorité assez forte se dégage. Les partis politiques doivent en informer les
électeurs, et particulièrement ceux de la quarantaine de départements de
métropole et d’outremer dont les sièges seront renouvelés au Sénat dans six
mois.
Un contexte électoral perturbé par le coronavirus et la
guerre des retraites
Lors de la dernière
semaine de février, le spectre du coronavirus a changé de dimensions et a
franchi nos frontières pendant que les combats virulents autour de la réforme
des retraites faisaient rage. Ces évènements ont attisé les craintes et
polarisé les attentions. Ils télescopent et éclipsent largement les élections
municipales. Cette éclipse ne contrarie sans doute pas l’exécutif, puisque ces
élections « intermédiaires » voient le plus souvent le pouvoir en
place critiqué, attaqué, malmené pendant la campagne et sanctionné par les
électeurs.
Après deux ans de gestation souterraine opaque, le calendrier raccourci affiché
depuis décembre 2019, pour « faire passer » le plus vite possible la
réforme très contestée des retraites, a été perçu comme une déclaration de
guerre. Dans la « procédure accélérée » imposée par l’exécutif, après
son (court) passage inabouti en commission, le projet initial de réforme des
retraites a été déposé le 17 février à l’Assemblée nationale (AN) pour deux semaines
d’examen par les députés. Et peut-être trois semaines, avait-on entendu… alors
que la date du début de la campagne du 1er tour des élections
municipales est fixée au 2 mars. Pressé « d’en finir » avec la
réforme, le gouvernement compte, en effet, la faire voter d’ici cet été.
Une « guérilla
parlementaire », ou une « guerre des tranchées », selon les
commentateurs, a été engagée contre le projet. Plus de 40 000 amendements
ont été déposés. Qualifiés de surréalistes, les « débats » ont été chargés
d’agressivité, d’insultes et de coups bas. Et chaque jour a été brandie la
menace de l’usage du 49-3 pour écourter les débats en butte à d’inépuisables
amendements. Cette arme à double tranchant a effectivement été utilisée le
samedi 29 février après-midi. Malgré le bref délai imparti (24 heures), la
droite et la gauche ont déposé des motions de censure. Les syndicats ont
aussitôt décidé de se réunir pour réexaminer leur calendrier d’actions.
En même temps, à la
Conférence de financement des retraites, qui mobilise les « partenaires
sociaux », la première réunion a eu lieu le 18 février. D’autres ont été programmées
pour le 27 février, le 9 mars et le 23 mars pour les deux groupes de travail
constitués. Une plénière est prévue le 6 avril. Le gouvernement attend les
propositions de la Commission pour la fin avril. C’est plutôt mal parti tant
les points de vue des interlocuteurs (qui étaient déjà exprimés depuis des
mois) sont divergents et les « concertations » peu amènes. Mal
entendues, la CGT et l’UNSA ont décidé de la quitter et de tenir leur propre
conférence, avec d’autres syndicats. FO vient d’abandonner aussi.
Dans la rue, par des
grèves et diverses autres actions, des opposants à la réforme de plus en plus
nombreux (syndicats, organisations professionnelles des secteurs publics et
privés, gilets jaunes, retraités, étudiants…) ont manifesté inlassablement leur
opposition au projet et réclamé son retrait.
Seules les municipales parisiennes présentent de l’intérêt ?
Aussi, à moins de
trois semaines du 1er tour, les élections municipales peinent à
retenir l’attention des médias « nationaux ». Sauf en ce qui concerne
Paris, où des évènements du plus haut intérêt (et croustillants, de surcroît) sont
censés tenir les autochtones et les autres Français en haleine. Le duel
fratricide entre les candidats Cédric Villani (dissident de LREM) et Benjamin
Griveaux (proche de Macron adoubé par LREM) s’est terminé sans préavis par le
retrait de ce dernier. Surprise et un instant de désarroi chez les marcheurs.
Mais l’Olympe a vite réagi. Toutes affaires cessantes, laissant derrière elle
avec regrets et sanglots la lutte contre le coronavirus alors en plein essor,
la crise des hôpitaux et les urgences sanitaires, la défense de la PMA pour
toutes, ainsi que la réforme des retraites qui met le feu au pays, la ministre
des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn s’est jetée (à corps perdu ?) à
la conquête de la capitale. Pendant ce temps, autre surprise, la candidate LR
Rachida Dati est montée à 25% dans de derniers sondages, dépassant de 2 points
la favorite socialiste Anne Hidalgo. Et le 25 février, sur actu.orange.fr, on
pouvait lire « Paris, municipales 2020 : « Agnès Buzyn
ment » sur la gestion du Covid-19 à Paris, selon l’équipe d’Anne
Hidalgo ». A Buzyn a jugé astucieux d’introduire le coronavirus dans sa
campagne et d’accuser A Hidalgo de laxisme. Le 24 février, elle a assuré que
son ministère de la Santé n’avait pas eu de contacts avec la mairie de Paris et
pointé l’impréparation des agents municipaux. Faux ! A Hidalgo a publié des courriers échangés avec le
ministère les 31 janvier et 12 février. Dans l’un deux, A Buzyn « remercie
vivement » A Hidalgo pour « sa mobilisation » et celle de ses
services (3). Les médias ne se sont pas (assez) attardés sur ce comportement
« exemplaire » et digne de la candidate du président. Décidément, ce
combat entre un trio de femmes est passionnant, surtout pour les millions
d’électeurs qui ne résident pas en région parisienne !
Peu de ministres et de députés à la tête des troupes de
l’exécutif
Au Havre, la
candidature du Premier ministre Edouard Philippe n’est pas inaperçue. Il y
avait été élu au 1er tour des municipales de 2014 avec 52% des
votes. Mais il craindrait un vote sanction. Pour des Havrais, en effet,
« cette candidature est une provocation ! ». Sa campagne « publique »
est perturbée. Aussi, lors de ses visites sur les lieux pendant les week-ends,
la discrétion prévaut et les réunions « en famille » ont sa préférence.
11 autres ministres se sont portés « volontaires » pour
figurer dans des listes de candidats. 5 d’entre eux sont têtes de listes :
Agnès Buzyn à Paris, Frank Riester (Culture) à Coulommiers, Gérald Darmanin
(Comptes publics) à Tourcoing, Sébastien Lecornu (Collectivités) à Vernon,
Christelle Dubos (Solidarités) à Sadirac et Marc Fesneau (Relations avec le
Parlement) à Marchenoir.
Marlène Schiappa
(Egalité femmes-hommes) et Agnès Pannier-Runacher (Economie Finances) sont sur
des listes à Paris dans les 14ème et 16ème
arrondissements. Gabriel Attal (Education) est sur une liste à Vanves,
Geneviève Darrieusecq (Anciens combattants, à Mont-de-Marsan, et Jean-Baptiste
Djebbari (Transports), à Limoges (4).
Leurs performances
seront sans doute regardées. Mais, le président, qui n’envisage, en apparence,
pas de remaniement ministériel après les élections, a promis l’impunité à ses
candidats. En cas d’échec (de leurs listes), ils pourront rester au
gouvernement. Malgré cela, leur petit nombre tranche avec les municipales
précédentes.
Aux municipales de 2014, 17 ministres du gouvernement de Jean-Marc Ayrault
avaient été candidats. Cela avait été la Bérézina pour le PS et la gauche,
sévèrement battus par l’UMP, les autres partis de droite et du centre. En 2014,
on ne badinait pas avec les municipales et les opinions exprimées par les
électeurs. Le président Hollande avait sévi : renouvellement du
gouvernement, avec Manuel Valls nommé Premier ministre… et remerciement de 8
ministres candidats. Parmi eux se trouvaient Cécile Duflot (écologiste) et
Pierre Moscovici (promis à une destinée européenne). Les victimes du
débarquement ont, toutefois, pu bénéficier d’honnêtes repêchages et/ou
recyclages.
Aux municipales de 2008, sous Nicolas Sarkozy, sur les 33 ministres et
Secrétaires d’Etat, 21 ont été candidats, dont 11 têtes de liste.
Autres temps, autres
mœurs. Le cumul des mandats n’était pas interdit. Mais la combativité, les
convictions et le dévouement des ministres à leur cause étaient peut-être plus
entiers qu’en 2020. Et le Premier ministre n’était pas candidat (à tout
hasard ?).
Il semble également
que peu de vocations de maires se réveillent chez les nombreux députés de LREM.
Et il n’est pas recommandé aux candidats du parti présidentiel d’afficher
ostensiblement leurs couleurs.
Démographie et professions des élus municipaux
Une représentation locale abondante dominée
par les anciens
Aux municipales, en
même temps que les conseillers municipaux et les maires, sont élus, parmi eux,
les conseillers des communautés de communes. Au 1er janvier 2018, les
conseillers municipaux et communautaires constituent la grande majorité (près
de 90%) des 576 417 élus locaux. Sur les 503 305 conseillers
municipaux (maires compris), seulement 12,2% ont moins de 40 ans, 50,5% sont
âgés de 40 ans à 59 ans et 37,3% sont des séniors d’au moins 60 ans. Il est à
noter que ces répartitions (moyennes) diffèrent peu entre les communes de plus
ou de moins de 1 000 habitants. Mais la répartition par âge des
35 310 maires est très différente. 62,6% d’entre eux ont 60 ans et plus.
La presque totalité des autres maires, 35,2% du total, ont au moins 40 ans. Les
jeunes de moins de 40 ans semblent peu attirés par ces fonctions locales. Des
répartitions analogues se retrouvent chez les 67 159 conseillers
communautaires et leurs 1 256 présidents (5).
La parité femmes - hommes en ligne de mire
« La part des
femmes parmi les élus locaux augmente » (6). Celle des élues aux élections
municipales est montée de 33% en 2001 à 33% en 2008 et à 40% en 2014. Mais les
proportions sont inférieures chez les maires, 16%, et moins encore aux
présidences communautaires, 8%. Ces dernières proportions (moyennes) varient
avec la taille des communes : 18% pour les communes de moins de 500
habitants, et 11% pour celles de 30 000 à 100 000 habitants. Les
femmes sont aussi plus nombreuses parmi les jeunes élus locaux que parmi ceux
âgés de plus de 60 ans.
Un collège de
conseillers municipaux assez représentatif de la population française