PAULKLOBOUKOFFAVRIL20

Nous avons su dès le 15 mars au soir qu’en raison de l’épidémie du Covid-19 la participation au premier tour des élections municipales avait été particulièrement faible, 44,64%. Mais, au 31 mars, on ne nous a encore indiqué ni le nombre des électeurs qui avaient été invités à voter ni celui des suffrages qui avaient été exprimés.

Par contre, aussitôt et dans les quelques jours qui ont suivi les élections, nous avons eu droit à une pluie de résultats décomptés à Paris, qui a fait l’objet de toutes les attentions, à Lyon, à Marseille et dans une quarantaine d’autres villes grandes ou moyennes, comme il est de coutume à la sortie de ce type d’élections.

Puis, très vite, des sites ont offert aux internautes la possibilité d’accéder aux résultats dans chaque commune.

Au fil des jours, sur certains d’entre eux, des totalisations ont été faites et des résultats sont devenus accessibles pour un nombre croissant de villes.

Entretemps, deux jours après le premier tour, la décision a été prise de reporter le second tour en juin, si le coronavirus le permet. Il a fallu attendre une semaine de plus pour apprendre par des médias que sur 47,7 millions d’inscrits, 16,3 Mi seront alors appelés à voter. Parmi les 35 000 communes, seulement 4 800 seront concernées, dont 71% de moins de 3 500 habitants.

De précieuses informations (dont la source est le ministère de l’Intérieur) fournies par la Gazette des communes les 16 et 19 mars ont été complètement ignorées par les autres médias. Pourtant, elles montrent que :

. La participation a été plus faible dans les grandes villes (autour de 37%, en moyenne, dans celles de plus de 20 000 habitants) que dans les communes peu peuplées (jusqu’à 64,4%, en moyenne, dans celles de moins de 500 h).

. Dans 30 425 communes, des maires ont été élus et une prime a été accordée aux maires sortants. 90% de ceux qui se sont présentés ont été réélus. Au total, 21 445 maires ont été réélus et 8 980 nouveaux maires ont été élus.

. Dans les communes de plus de 3 500 habitants, 2 176 maires ont été élus, dont 1 701 maires sortants réélus et 475 nouveaux maires. Solidement implanté l’ancien monde reprend de la vigueur. Avec 884 maires élus des « nuances » Divers droite et LR, la droite est en tête. La gauche suit, avec 632 maires élus. Ensemble, cela représente 70% des maires élus. Les principales autres tendances, les Divers centre et les Divers, ont eu respectivement 274 et 272 maires élus. Les 114 autres mairies ont été partagées entre 11 nuances pour lesquelles aucun chiffre n’est donné. Parmi ces minoritaires figurent l’UDI, LREM et le Modem. La « majorité » présidentielle enregistre ici un résultat décevant (pour ses membres et ses sympathisants). Le RN fait également partie de ces 11 minoritaires. Divers écolos aussi. N’ayant pas de maires élus, EELV en est absent.

Des résultats par famille politique ont été publiés le 20 mars par La-Croix.com pour l’ensemble des 9 940 communes de plus de 1 000 habitants, où des scrutins de listes ont eu lieu. Ils ont été obtenus par totalisation de données provenant de l’Intérieur et de la plate forme data.gouv.fr.

Sur les 15,736 millions de suffrages exprimés en faveur de 23 nuances différentes, la première place est prise par des élus aux « Nuances non communiquées ». Ainsi, pour 26% des suffrages, la discrétion sur l’orientation politique de la liste a primé. 74% des suffrages ont été partagés entre 8 « familles » politiques comme suit : Droite 24,24%, Gauche 23,57%, Ecologistes 3,24%, Centre 12,51%, Nuances diverses (Divers 7,06%, Régionalistes et Gilets jaunes) 7,51%, Extrême droite 2,48%, Extrême gauche 0,49%.

Comme les précédents, ces résultats montrent : - la résistance du vieux monde de gauche et de droite après les secousses qu’il a connues de 2017 à 2019 ; - la difficulté de percer hors des grandes villes pour les Ecologistes. La vague verte attendue n’a pas été un tsunami au premier tour ; - la difficulté pour le RN à s’étendre loin de ses bastions nordistes et sudistes ; - la modeste performance de LREM et des alliés Modem et UDI qui, ensemble, ne recueillent que 2,4% des suffrages.

Ces résultats doivent être interprétés avec prudence, notamment parce que les préfets n’ont pas toujours attribué aux listes les étiquettes politiques (nuances) en toute connaissance de cause. Aussi peut-on penser qu’ils seront « améliorés » lorsque le ministre de l’Intérieur se décidera à publier les résultats « officiels ». S’il attend que le Covid-19 soit terrassé, ces infos peu flatteuses pour son parti tomberont en même temps que « l’Union nationale » cèdera la place au redoublement des mises en cause de la responsabilité de l’exécutif dans la prévention et la gestion de la crise sanitaire. L’été risque d’être chaud en Haut lieu. En attendant l’arrivée massive de protections de l’étranger, la guerre déclarée au virus inconnu se poursuit, à visage découvert pour des combattants des premières lignes, avec l’espoir que la défense passive de la population confinée finira par décourager l’ennemi. Pourvu que la guerre puisse être écourtée et qu’il y ait le moins possible de victimes et de dégâts.

Une mise au point d’abord. Le nombre d’inscrits sur les listes électorales en février 2020 autorisés à participer aux élections municipales est 46,31 millions… et non 47,7 millions, chiffre répété par les médias. On peut le vérifier depuis le 28 février sur courrierdesmaires.fr (1). En effet, 1,3 million d’électeurs inscrits sur des listes consulaires à l’étranger ne sont pas autorisés à voter aux élections municipales, départementales et régionales. Le nombre d’inscrits aux municipales de 2014 étant 45,772 Mi, celui de 47,7 Mi en 2020 ne pouvait qu’être « suspect ». On peut espérer que le taux de participation de 44,64% s’applique au nombre correct d’électeurs inscrits, donnant un nombre de participants de 20,67 Mi. Un nombre qu’aucun média n’a donné jusqu’au 28 mars.

Les élections municipales ont bien eu lieu. Du moins le 1^er tour. Dans des conditions déplorables inexcusables. L’exécutif a voulu braver le coronavirus et tenir les élections « quoi qu’il en coûte ». Sans surprise, l’abstention a battu des records à 55,4%, plus forte même qu’au 1^er tour des législatives de 2017 où elle avait atteint 51,3%. Cela limite forcément la « légitimité » des élus aux yeux des citoyens regardants. Surtout là où la participation est inférieure à 37%, comme dans de nombreuses villes de plus de 20 000 habitants.

De plus, la composition du corps électoral a été altérée par la défection, en plus des abstentionnistes habituels, de quantité de personnes « vulnérables » (âgées, notamment), inquiètes ou, tout simplement, prudentes. En outre, les élections ont pu apporter leur contribution à la dissémination du virus ainsi qu’à la propagation du sentiment que ce virus était relativement inoffensif et que le confinement n’était pas d’une urgence absolue.

Autre conséquence : l’obligation pour les Autorités de scinder les municipales en deux actes distants de plusieurs mois. Or, les dispositions de la Constitution précisent que les deux tours doivent être séparés d’une semaine et que pour le second tour les listes de candidats doivent être déposées dans les jours qui suivent le premier tour. Le traitement d’un report du second tour n’est pas prévu. Aussi a-t-il fallu improviser. Pas de problème, l’improvisation est un exercice coutumier du pouvoir actuel. Une loi d’urgence sanitaire a été votée stipulant, entre autres, que le second tour aura lieu en juin (si Coronavirus le veut) et que la date en sera fixée fin mai. La date limite du dépôt des listes sera proche de celle du scrutin. Cette dernière disposition, qui dénature un peu plus ces élections, est considérée comme une « magouille » par les partis politiques qui s’y sont opposés.

Des dizaines de résultats « très attendus » aussitôt livrés en pâture au grand public

Depuis le soir du 15 mars, les informations et les commentaires sur les résultats du 1^er tour censés intéresser le plus les citoyens, que l’on ne doit pas ignorer, on porté sur une cinquantaine de villes de France. Elles ont abondé dans les médias. En voici le résumé d’une trentaine dont les chiffres ont été en partie empruntés à l’article du figaro.fr « Municipales : Paris, Lyon, Marseille… Les résultats du premier tour dans les principaux points chauds » (2).

A Paris Anne Hidalgo (PS), maire sortante, a obtenu 30,2% des suffrages. Elle est assez confortablement installée devant Rachida Dati. Troisième, Agnès Buzyn (LREM), ministre sortante, a recueilli 17% des voix.

A Marseille, où Jean-Claude Gaudin ne se représente pas, sa dauphine LR Martine Vassal est première, mais est talonnée par la liste de la candidate PS-PC-LFI et celle du Rassemblement national.

A Lyon, baronnie LREM jusque là tenue par Gérard Collomb, ex ministre d’Etat, c’est la surprise. Un Vert, Grégory Doucet, est dans le fruit avec 28,5% des voix, assez loin devant un Républicain, et plus encore du postulant LREM.

Au Havre, avec 43,9% des voix, le Premier ministre E Philippe, n’a pas réussi à franchir le Rubicon au 1^er tour comme en 2014.

A Pau, avec un score de 45,8%, François Bayrou (Modem), ex ministre d’Etat et maire sortant, n’a pas encore pu passer la ligne de démarcation.

A Bordeaux, le maire sortant LR, successeur d’Alain Juppé, Nicolas Florian (34,6%) est au coude à coude avec l’EELV Pierre Hurmic (34,4%). Le candidat LREM suit (12,7%).

A Coulommiers, le ministre de la Culture Franck Riester (58,8%) est réélu.

A Tourcoing (Nord), le ministre Darmanin (60,9%) est réélu.

A Lille, la maire Socialiste Martine Aubry (24,9%) est serrée d’assez près par un Ecologiste (21,9%). Deux autres candidat(e)s, une LREM (15,9%) et un LR (14,8%) suivent à une distance respectable.

A Rennes, la maire socialiste Nathalie Appéré (32,3%) a un peu d’avance sur les écologistes (25,5%).

A Nantes, la candidate Union de la gauche Johanna Roland (31,4%) devance les LR (19,9%), EELV (19,6%) et LREM (13%).

A Dijon, le maire sortant PS François Rebsamen (38,2%) est en pole position devant le Candidat d’Agir pour Dijon (19,9%).

Au Mans, le maire sortant PS Stéphane Le Foll (42,0%) est bien placé pour conclure. Son poursuivant a obtenu 13,2% des voix.

A Strasbourg, Jeanne Barseghian (EELV) est en tête (27,9% ; trois autres candidatures ont recueilli entre 18% et 20%,

A Grenoble, le maire sortant Eric Piolle (EELV-LFI-PCF) frôle la réélection (46,7%) face à l’ex maire DiVD Alain Carignon (19,8%).

A Besançon, la candidate EELV Anne Vignot (31,2%) devance un LR (23,6%) et un LREM (18,9%).

A Troyes, le maire sortant LR François Baroin (66,8%), président de l’Association des Maires de France, est réélu.

A Nice, avec 46,6% des voix, Christian Estrosi (LR) a manqué de peu la réélection, loin devant. son concurrent RN (16,7%).

A Toulouse, avec 36,1% des voix, le maire sortant Jean-Luc Moudenc (LR), « soutenu » par LREM devance ses concurrents Ecologiste et Socialiste, crédités respectivement de 27,5% et 18,5% des votes. Vers une alliance EELV + PS au second tour ?

A Cannes, le maire sortant LR David Lisnard (88%) fait un carton presque plein.

A Reims, le maire LR Arnaud Robinet (66,3%) conserve aisément son siège.

A Chalon-sur-Saône, le maire LR Gilles Platret (52,5%) est réélu.

A Ajaccio, le maire sortant DVD Laurent Marcangéli (53,5%) est réélu.

A Perpignan, le député RN Louis Aliot (36%) devance le maire sortant LR Jean-Marc Pujol (18,8%), la candidate EELV-PS (14,8%) et le candidat LREM (14,8%).

A Fréjus, le maire sortant RN David Rachline (50,6%) est réélu.

A Hénin Beaumont (Pas-de-Calais), Steeve Briois (74,2%), maire sortant RN, est plébiscité.

A Hayange (Moselle), Fabien Engelmann (63,1%), maire RN, est réélu.

A Beaucaire (Gard), le maire RN Julien Sanchez (59,1%) est réélu.

A Béziers, Robert Ménart (68,7%), « proche du RN » est réélu.

Grâce à des infos que les médias grand-public se sont abstenus de diffuser, nous pourrons vérifier plus loin que ce kaléidoscope donne une vision fragmentée, très partielle et peu représentative des résultats d’ensemble dans les villes et les communes de plus 1 000 habitants.

Sur Internet, d’assez nombreux sites permettent maintenant de consulter les résultats dans chacune des communes de France et dans des villes. Mais, ce 31 mars 2020, je n’ai pas encore trouvé de totalisations aux niveaux des départements ou des régions. Et, du côté du ministère de l’Intérieur, silence radio et télé sur les résultats de l’élection, sur ceux des différentes listes et partis politiques… Aucune vue d’ensemble des votes dans les petites communes, rurales, notamment. Il ne faut surtout pas détourner l’attention des citoyens de la priorité absolue, exclusive, qu’est la guerre déclarée par le Chef des Armées au Coronavirus. Et, les performances de son parti, LREM, pourraient faire pâlir ses étoiles à un mauvais moment.

Une participation en fort recul par rapport à 2014, très faible dans les grandes villes

Au 1er tour des municipales de 2014, la participation avait atteint 63,55%. En 2020, elle a été inférieurs de près de 30%. Elle a été la plus faible dans les grandes villes, et la plus élevée dans les communes peu peuplées, comme le montrent les données publiées par la Gazette des communes le 16 mars (3). Son taux s’est étagé de 64,4% dans les communes de moins de 500 habitants et 55,7% dans celles de 500 à 1 000 h à plus ou moins 37% dans celles de plus de 20 000 h. La source de ces infos est le ministère de l’Intérieur. Pourquoi les mettre sous le boisseau ?

Par rapport au 1^er tour des municipales de 2014, un recul de - 31% à - 33% est enregistré pour les communes de plus de 3 500 h. Il est bien moindre dans celles de moins de 500 h, - 17%, et dans celles de 500 à 1 000 h, - 24%.

Dans 30 425 communes, des maires ont été élus dès le premier tour et les conseillers municipaux ont été choisis. Prime aux maires sortants, 21 445 d’entre eux ont été réélus. 8 980 nouveaux maires ont aussi été élus. Le 19 mars, la Gazette des communes (4) a présenté le tableau des effectifs suivant les tranches des populations des communes de ces « 90% des maires candidats réélus » et des nouveaux maires.

Dans le tableau ci-dessous, j’ai regroupé des chiffres figurant dans deux tableaux des articles précités des 16 et 19 mars de la Gazette. D’après ces données : - dans les communes de moins de 3 500 habitants, 27 949 maires ont été élus, dont 19 444 maires réélus (sur 20 911 candidats) et 8 505 nouveaux élus ; - dans les communes de plus de 3 500 habitants, 2 176 maires ont été élus (sur 2 2 416 candidats), dont 1 701 réélus et 475 nouveaux élus ; - dans les grandes villes, les pourcentages d’élus sont beaucoup plus faibles, et il n’y a presque pas de nouveaux élus.

Plus de la moitié des maires réélus dirigent des communes de moins 500 h. Et plus de 90% des maires réélus (19 444) sont à la tête de communes de moins de 3 500 h. Nous ne connaîtrons pas la répartition de ces 19 444 maires et de leurs conseillers selon leurs « nuances » (couleurs) politiques, puisque sous ce seuil de 3 500 habitants, les préfets n’en ont pas attribué aux candidats et aux listes… conformément aux souhaits de ces élus, semble-t-il.

Tableau Participation et maires élus au premier tour selon les populations des communes

Finalement, la proportion des maires sortants qui ne se sont pas représentés apparaît bien inférieure à ce que les sondages annonçaient. Et les postulants sont beaucoup plus nombreux que les postes à pourvoir. Il n’y aurait donc, semble-t-il, pas de « crise des vocations des maires ». Malgré les difficultés de s’imposer pour les candidats non maires, presque 9 000 « nouveaux » ont gagné leur écharpe. A ce premier tour, le renouvellement n’est donc pas négligeable… surtout dans les communes de moins de 3 500 habitants.

Sur les 46,310 millions d’inscrits, 16,3 Mi seront invités à voter au second tour dans 4 800 communes. Plus de la moitié de celles-ci ont moins de 500 h. Et 71% ont moins de 3 500 habitants. On n’en parlera sans doute que du bout des lèvres. L’attention politique et médiatique sera probablement encore concentrée sur quelques dizaines des 48 villes de plus de plus de 100 000 h et des 62 villes de 50 000 à 100 000 h où les compétitions ne sont pas achevées.

C’est le titre de l’article de laGazette.fr du 19 mars. Chiffres à l’appui, il met en évidence une « revanche » des élus locaux LR et PS ou, plus exactement, des élus de droite d’un côté et des élus de gauche de l’autre, car dans chaque camp (ou famille ?) des nuances et des identités « diverses » et variées ne manquent pas.

La Gazette a fait le tour des maires élus dans les villes de plus 3 500 habitants et classé les 19 partis, ou nuances politiques (attribuées par les préfets), en fonction du nombre de leurs maires élus. Les nombres des maires réélus et des nouveaux élus sont fournis pour chacun des 8 premiers. Leur total est de 2 062.

Dans ces communes, le nombre de maires élus étant 2 176 (cf. ci-dessus), 114 maires élus sont des « nuances » des 11 « derniers » du classement. Les voici dans l’ordre : UDI, Union de la droite, LREM, RN, Union du centre, Régionalistes, Divers écologistes, Radicaux de gauche, Extrême droite, Modem, EELV.

La faible implantation locale de la plupart de ces partis et nuances, ainsi que les quantités limitées de listes qu’ils ont pu constituer, expliquent en grande partie ces maigres résultats.

Les écologistes n’ont pas fait le carton attendu dès le premiertour. Peut-être se rattraperont-ils un peu au second, surtout s’ils s’unissent à d’autres nuances, de gauche, en particulier. Nous avons vu dans l’encadré ci-dessus qu’ils sont bien placés à Lyon, à Grenoble, à Besançon et à Strasbourg.

Le Rassemblement national a concentré ses efforts sur moins de communes qu’en 2014. Ses maires sortants sont reconduits à Fréjus, à Hénin-Beaumont, à Hayange, à Beaucaire et à Villers-Cotterêts. A Perpignan, il est en position favorable… s’il ne se heurte pas à un « front anti-RN ».

Le parti présidentiel LREM « manque son enracinement » observe la Gazette. Seulement 2 de ses ministres, maires sortants, ont été élus, à Tourcoing et à Coulommiers. 3 autres ont été élus conseillers municipaux, à Mont-de-Marsan, à Vernon et à Marchenoir. Edouard Philippe n’a pas encore été élu au Havre. De plus, à Paris, les chances de succès de l’ex ministre Agnès Buzyn semblent épuisées. A Lyon, le successeur désigné de Gérard Collomb a obtenu 14,9% des voix. A Marseille, le candidat du parti n’en a recueilli que 7,6%. Pas de gros trophée à l’horizon en lot de consolation, donc. Par contre, LREM va perdre Besançon. Associé au Modem et à l’UDI, le parti ne fait que 12,4% à Perpignan. Seul, il obtient moins de 10% des votes dans plusieurs villes grandes et moyennes. Il connait aussi des rejets locaux, comme à Troyes ou à Reims avec, respectivement, 5,5% et 3,3% des suffrages.

Les 8 nuances classées en tête sont, dans l’ordre et avec leurs nombre de maires élus : Divers droite 782, Divers gauche 436, Divers centre 274, Divers 272, LR 102, Union de la gauche 55, Socialiste 48, Communiste 33.

Ensemble, les nuances de droite DVD et LR ont 884 maires élus, dont 687 sortants réélus et 197 nouveaux. Avec un peu plus de 40% des maires élus, la droite apparait ici la première gagnante de ce premier tour.

Parmi les heureux élus, figurent les maires sortants de Cannes, Reims, Chalon-sur-Saône et Ajaccio. Christian Estrosi sera probablement réélu à Nice. Les choses sont plus compliquées à Marseille, à Toulouse et à Bordeaux.

La Gazette se plait à souligner les « bons scores de Baroin et de ses proches ». A Troyes, le président de l’AMF a réalisé son meilleur score, 66,8%. « Etoile montante de la droite locale, le président du comité des maires LR, Gil Averous, a été reconduit dans un fauteuil à Châteauroux (Indre) avec 70% des suffrages ». A Saint-Etienne, le maire sortant Gael Perdriaux (47% des voix), autre proche de Baroin, a toutes les chances d’être réélu.

Ensemble, les nuances de gauche DVG, Union de la gauche, Socialiste et Communistes ont 632 maires élus, dont 486 sortants réélus et 146 nouveaux. Mais, la plupart de leurs « têtes d’affiche » sont en ballotage favorable (voir l’encadré) : Anne Hidalgo à Paris, Martine Aubry à Lille, François Rebsamen à Dijon, Stéphane Le Foll au Mans, Johanna Roland à Nantes et Nathalie Appéré à Rennes. Avec la concrétisation de ces avances, les nuances de gauche peuvent aussi espérer d’autres succès à l’aide d’alliances au second tour.

Le quart des sièges restants a été partagé à parts presqu’égales par les Divers centre et les Divers… dont, sans infos complémentaires, il est difficile de connaître précisément les orientations politiques.

Dans une Infographie datée du 27 mars, La-Croix.com a présenté une analyse des résultats parti par parti (5). En complément des infos précédentes, j’en ai retenu ici essentiellement le rôle important joué par les alliances pour la majorité présidentielle et pour Les Républicains.

Sur la soixantaine de villes de plus de 5 000 habitants où des têtes de listes du centre ont été victorieuses, 40% l’ont été en alliance avec la gauche et surtout avec la droite de l’ancien monde.

LR a préservé de nombreux fiefs, dont une quarantaine dans des villes comptant plus de 20 000 inscrits, notamment dans les Alpes-Maritimes et l’Ile-de-France. Mais, plus du tiers des villes avec plus de 10 000 inscrits ont été conservées en alliance avec LREM, Le Modem et/ou l’UDI.

De son côté, le PS a préféré des alliances avec d’autres partis de gauche et a « prouvé » sa capacité de résistance à l’échelon local. Le PCF aussi.

Une vue d’ensemble sur les communes de plus de 1 000 habitants par nuances politiques

Le 20 mars, La-Croix.com a publié le « Résultats par famille politique des élections municipales 2020 » (6). Plus précisément, il s’agit des résultats cumulés des 9 940 communes de plus 1 000 habitants (sur les 34 968 communes), où des scrutins de listes ont eu lieu, hors Polynésie française. Ils ont été calculés par La-Croix.com à partir d’informations provenant de la plateforme ouverte des données publiques et du ministère de l’Intérieur.

Les auteurs insistent sur la prudence qui doit présider à leur interprétation, notamment parce que : - le « score » total d’une « nuance » dépend fortement du nombre de listes présentées (et de son implantation territoriale) ; - les préfets, qui ont attribué les nuances aux listes, n’ont pu éviter des bavures car ils n’ont pas toujours tenu compte des investitures des partis politiques.

D’après les calculs, dans les 9 940 communes de plus de 1 000 habitants, 15,736 millions de suffrages ont été exprimés en faveur de 22 nuances « identifiées ». Pour 4,088 Mi de ces suffrages, soit 25,98% du total, les nuances n’ont pas été communiquées. Ce chiffre peut sans doute être mis en relation avec le nombre important, 4 600, de communes de 1 000 à 3 500 habitants, dont on sait que les édiles n’aiment pas afficher leurs couleurs politiques.

Parmi les 22 nuances communiquées, les 10 classées en tête totalisent 66,45% des votes. Leur ordre est proche de celui qui précède pour les maires élus. Les « Divers » y sont en tête et en force. Ce classement avec les scores en % des suffrages exprimés est : Divers droite 17,28%, Divers gauche 15,10%, Divers centre 8,45%, Divers 7,06%, Union de la gauche 5,13%, LR 4,66%, EELV 2,37%, RN 2,31%, Union de la droite 2,26%, Socialiste 1,83%.

Les 12 autres nuances se partagent 7,57% des suffrages, avec : 1,66% pour LREM et autant pour l’Union du Centre, 1,06% pour le PCF, 0,87% pour l’Autre liste écologiste, 0,61% pour l’UDI, 0,49% pour l’Extrême gauche, 0,43% pour LFI ainsi que pour les Régionalistes… et nettement moins pour les Divers d’extrême droite, le Modem, Debout la France, le Parti radical de gauche et les Gilets jaunes.

Si on regroupe les nuances en grandes familles politiques, le tableau est le suivant :

Quasiment à égalité, les nuances de gauche et de droite tiennent encore le haut du pavé, recueillant ensemble près de 48% des suffrages… ou 64,6% des suffrages recueillis par les nuances « communiquées ». Au premier tour du scrutin de listes des municipales de 2014, la droite avait recueilli 43,1% des suffrages et la gauche, 37%.

Le RN, plus sélectif dans le choix des localités où présenter des listes a un score inférieur aux 4,8% du FN en 2014.

Au centre, le modeste score des 3 partis traditionnels du Modem, UDI et Union du centre, baisse un peu, LREM ajoute 1,66% au score de la famille, et le principal changement vient de l’apparition de la nuance Divers centre dans les décomptes, avec 8,45% des suffrages exprimés.

En raison des fortes proportions des « Divers » et des « Nuances non communiquées, ainsi que des doutes quant aux attributions des nuances, un certain flou imprègne les résultats et en complique l’interprétation. Un dépouillement plus précis « homologué » permettra surement de lever des incertitudes et d’apporter des clarifications. En attendant que le ministre de l’Intérieur se décide à livrer les résultats complets, le travail effectué par La-Croix.com nous fournit une première image d’ensemble des résultats des scrutins de liste très précieuse, sans laquelle parler des résultats des municipales n’a pas grand sens.

(1) 46,31 millions d’électeurs inscrits sur les listes pour voter aux municipales Courrier des maires courrierdesmaires.fr/86293/4631-millions-delecteurs… le 28/02/2020

(2) Municipales : Paris, Lyon, Marseille… Les résultats du premier tour dans les principaux points chauds lefigaro.fr/elections/municipales/municipales-les resultats… le 16/03/2020

(3) 30 000 maires élus dès le premier tour lagazettedescommunes.com/668506/abstention-elu… le 16/03/2020

(4) Municipales 2020 : l’ancien monde revient en force lagazettedescommunes.com/669281/municipales-2020… le 19 et le 20/03/2020

(5) Infographie Les cartes des résultats, parti par parti, des élections municipales 2020 la-croix.com/France/Politique/INFOGRAPHIE-Cartes… le 27/03/2020

(6) Résultat par famille politique des élections municipales 2020 la-croix.com/France/Politique/INFOGRAPHIE-resultats… le 20/03/2020