par Jacques MYARD,
La situation internationale est entrée dans une période de
tensions qui créent de légitimes inquiétudes, la multiplication des crises : le
détroit d'Ormuz, la guerre au Yemen, la guerre en
Syrie, le conflit persistant israélo-palestinien, l'Afghanistan, Hongkong, les
relations Indo-Pakistanaises, la Chine et les Etats-Unis, la Corée du nord,
l'Algérie, les flux migratoires, le Soudan...
C'est dans ce contexte que s'est tenu le G7 de Biarritz sous
la Présidence d’Emmanuel Macron.
Les perpectives du G7 étaient
tellement peu encourageantes compte tenu des différences d'appréciation des
chefs d'Etat et de gouvernements qu'il n'était prévu à l'issue du Sommet ni
communiqué commun ni photo de famille, et cependant le G7 apparaît comme un
succès d’Emmanuel Macron qui a su prendre deux initiatives qui sont à mettre à
son crédit, il faut le reconnaitre.
La première initiative fut de recevoir Vladimir Poutine au
fort de Brégançon avant la tenue du G7 ; il est en effet indispensable de faire
revenir dans le jeu européen la Russie que des sanctions européennes
inefficaces maintiennent dans un ghetto qui a toutes les chances de la pousser
dans les bras de la Chine.
La seconde initiative fut de faire venir à Biarritz le
ministre des affaires étrangères iranien Mohammad Javad
Zarif.
Certes, les membres du G7 n'ont guère apprécié d'être avertis
à la dernière minute de sa venue, mais la France a raison de signifier au
président américain que sa dénonciation de l'accord nucléaire accroit
dangereusement la situation au Proche et Moyen Orient et notamment dans le
détroit d'Ormuz où transite le pétrole à destination de l'Europe.
Cela étant dit, il convient de réfléchir et d'analyser cette
diplomatie véritablement médiatique dans toutes ses conséquences.
Elle est ostensiblement une diplomatie de l'image et de la
communication qui suscite dans un premier temps l'intérêt et peut-être l'espoir
mais tel un soufflé l'ensemble du processus peut retomber très vite, laissant
la place aux désillusions amères.
Quant aux embrassades ostentatoires entre Trump et Macron,
elles sont risibles, les Etats n'ont pas d'amis.
De plus, cette diplomatie médiatique pratiquée par les chefs
d'Etat qui " montent " ainsi en première ligne surtout pour exister
par rapport à leur opinion publique nationale est dangereuse.
Agir sur le plan international au regard de considérations de
politique intérieure n'est pas un gage de réussite même si cela est parfois
inévitable...
En effet, le Chef d'Etat est le dernier et ultime échelon
dans les relations internationales après les diplomates et ambassadeurs, les
ministres des affaires étrangères.
Il incarne, comme il était inscrit sur les canons du Roi
LOUIS XIV, l’» ULTIMA RATIO REGUM" , le dernier
argument du Roi avant la crise et parfois la guerre !
Le G7 de Biarritz restera l'exemple d'un sommet où les
relations, notamment avec le Brésil, traitées directement au niveau des chefs
d'Etat, ont atteint un paroxysme de tension.
Voilà pourquoi l'art de la diplomatie nécessite des court circuits qui protègent le Président
Chef d'Etat qui doit éviter une diplomatie directe, et qui ne
doit intervenir que lorsque la négociation est sur le point d'être conclue !
Il est vrai que les G7 ou G20 tournent le dos à cette
prudence ;
La première qualité d'un chef d'Etat aujourd'hui est de
savoir prendre du recul et de ne pas tomber dans l'immédiateté et le
narcissisme médiatiques.
Jacques Myard
Membre Honoraire du Parlement.Maire de Maisons-Laffitte
Président du Cercle Nation et
République.
Président de l'Académie du
Gaullisme.