Par Marc DUGOIS,
Noël
dans la tradition chrétienne est la naissance de celui qui réalise l’échange inoui. Il prend pour lui toutes nos erreurs et les paye par
sa crucifixion, et il donne un enseignement qui est le chemin, la vérité et la
vie. Ce qui est remarquable, c’est que cet échange, cette communication, est en
lien étroit et permanent avec la réflexion et avec l’action. Qui peut dire en
lisant les évangiles que le Christ n’échange pas, ne réfléchit pas ou n’agit
pas ? Nous célébrons Noël par des cadeaux qui sont aussi des échanges qui
se veulent porteurs d’action et de réflexion.
Nous sommes malheureusement
aujourd’hui, à l’inverse, dans une civilisation malade fondée sur une
survalorisation de l’échange sous toutes ses formes (télévision, téléphone,
palabre, transports, radio, internet). Cette survalorisation s’accompagne d’une
négligence de la réflexion et d’une insouciance de l’action qui tuent la
réalité de l’échange, et le dénaturent complètement. S’il n’y avait que la
négligence de la réflexion, nous ne serions que dans un monde de moutons. S’il
n’y avait que l’insouciance de l’action, nous ne serions qu’au café du
commerce. Mais en cumulant l’inaction et la distraction, nous entrons
allègrement tous ensemble et en tous domaines dans une société du délire fondée
sur une communication soit irréfléchie, soit inefficace, cumulant même souvent
les deux.
Prenons quelques exemples du
délire actuel en l’éclairant du simple bon sens qui veut que l’action, la
réflexion et l’échange se nourrissent et se surveillent mutuellement deux à
deux.
Observons d’abord que l’échange matériel est fondamentalement
différent s’il est à l’intérieur ou à l’extérieur de ce que les Grecs
appelaient l’oïkos (qui
a donné le préfixe éco) et les Latins la domus :
un espace d’entraide où personne n’est inutile ou oublié, mais où le droit du
groupe est plus fort que le droit de l’individu car le groupe est au service de
tous les individus. C’est encore le cas de la famille, du village ou de la
tribu.
A l’intérieur l’échange
s’organise autour du donner, du recevoir, du prendre et du rendre qui
s’organisent entre eux par simple bon sens et par application de valeurs
communes ; rien n’y est simultané. A l’extérieur en revanche, l’échange
est troc et n’existe que si deux regards différents en arrivent à préférer au
même moment ce que l’autre possède à ce qu’il a lui-même. Les deux types
d’échanges n’ont rien à voir, l’un a besoin de la simultanéité par méfiance,
l’autre n’en a pas besoin par confiance.
C’est pour se protéger de l’extérieur que les cités, les
provinces, les états, les nations, les patries se sont constitués (le
correcteur d’orthographe voudrait que j’écrive « constituées » au
féminin mais état est masculin et la grammaire française, pourtant féminine, me
rappelle malheureusement que « 100.000 femmes et un lézard se sont trouvés
au même endroit »). Reprenons.
Toutes ces organisations
sociales, qui ont généré les civilisations, ont du mal depuis la nuit des temps
à éviter dans l’échange matériel, la double erreur du troc méfiant à
l’intérieur et de l’illusion de la confiance à l’extérieur. L’introduction de
la monnaie n’a en soi, ni résolu ni compliqué cette difficulté tant qu’elle est
restée pendant des siècles le simple constat d’une activité passée
intelligente, ce qui était encore le cas de l’or. Mais depuis bientôt 50 ans
qu’elle n’est plus en lien avec un passé vérifié mais uniquement avec un futur
fantasmé, la monnaie fait croire à des échanges alors qu’il ne s’agit que de
combats. On nous refait partout le coup du cheval de Troie.
A l’extérieur la monnaie a
fait oublier le troc, ce qui permet à des pays comme l’Allemagne ou la Chine
d’avoir des balances commerciales excédentaires, ce qui est une tentative de
réduire en esclavage avec leur accord les autres peuples qui ne peuvent payer
qu’avec leurs propriétés, avec eux-mêmes ou avec leurs enfants puisque les pays
exportateurs ne trouvent rien d’intéressant à prendre dans leurs productions.
Ils en arrivent à la finesse suprême de prêter la fausse monnaie qu’ils
fabriquent à leurs futurs esclaves pour qu’ils achètent leurs productions et
qu’ils ne puissent rembourser qu’en abandonnant d’abord leurs propriétés puis
leurs enfants. La charte de La Havane de 1948 empêchait ce scandale
esclavagiste. L’OMC et ses dirigeants socialistes en ont fait au contraire un
dogme incontournable ou le libre-échange n’est apparemment libre que parce que
ce n’est plus un échange du tout « grâce » à la fausse monnaie. Que
le socialisme d’un Pascal Lamy ressuscite l’esclavage en faisant croire que
c’est pour le bien de l’humanité qui n’est plus pauvre dès qu’elle dépense de
la fausse monnaie, interroge !
A l’intérieur la monnaie
n’est apparue que lorsque certains individus prenaient et recevaient, tout en
oubliant de donner et de rendre. Elle s’est servie du principe de la
simultanéité du troc pour forcer les paresseux et les roublards à se bouger et
à se rendre utile. Mais cela n’avait de sens que parce que la quantité de
monnaie était limitée à la richesse communautaire déjà acquise. Dès l’instant
où l’on fait sauter ce verrou avec la monnaie dette, la monnaie numérique ou le
revenu universel, l’illusion remplace l’effort dans la résolution des
problèmes. La fausse monnaie pléthorique ne sert plus à forcer au travail les
individus récalcitrants mais au contraire elle justifie l’inutilité de certains
en la faisant rémunérer par ceux qui travaillent. C’est d’abord l’oubli total
de l’échange car tout ce qui vit de subventions, reçoit l’argent de tous mais
contre quoi l’échange-t-il, si ce n’est une reconnaissance malsaine vis-à-vis
des décideurs en mal de clientèle ? La reconnaissance devrait aller à la
collectivité si elle le décidalt vraiment mais c’est
très rarement le cas. C’est aussi la double peine de ceux qui travaillent, au
profit d’une multitude qui, volontairement ou involontairement ne fait rien et
n’apporte rien d’autre que ses envies que la fausse monnaie matérialise. Dans
quelle catégorie classez-vous Jacques Attali ?
Au niveau économique l’oubli
de l’échange est stupéfiant tellement nous nous sommes convaincus que nous
étions des dieux capables de créer. Nous créerions des richesses, nous dit-on,
alors que nous ne faisons que constater qu’une production est une richesse en
l’achetant, c’est à dire en l’échangeant contre de l’argent. C’est l’échange
qui constate la richesse et la fausse monnaie de la corne d’abondance imaginaire
donne l’illusion de créer autant de fausses richesses que les créateurs de
fausse monnaie le décident.
Au niveau intellectuel le
pouvoir était habituellement donné, dans les groupes organisés, à des gens qui
avaient le sens de l’échange et qui veillaient à ce que chacun soit bien
utilisé au mieux de ses capacités, et reçoive bien selon son dû. Là aussi la
monnaie dette ou numérique a tout cassé puisque le pouvoir est donné maintenant
non à celui qui veille à l’échange généralisé, mais à celui qui a le mieux
acheté l’affect du peuple avec la fausse monnaie à laquelle il a accès. Cela
donne le pouvoir à des médiocres qui se croient des dieux et qui utilisent la
violence légitime qui leur a été confiée pour tenter de rendre réels leurs
fantasmes grâce à la multiplication de la fausse monnaie. Ils ont besoin
d’infantiliser le peuple en jouant à le respecter comme le faisaient les
enfants avec leurs baigneurs en celluloïd. Qui n’a pas reconnu Emmanuel
Macron ?
Au niveau spirituel la rareté
de la monnaie et le souhait d’utiliser le moins possible la violence légitime
régalienne, laissaient à la religion du groupe le soin de définir le beau, le
bien et le vrai pour éviter la multiplication des normes, des lois, des
interdictions et des obligations. Les échanges se faisaient beaucoup plus
naturellement dans un monde où les devoirs venaient de l’intérieur des
individus et n’étaient pas imposés de l’extérieur. La stupidité apparemment
commode de la laïcité a permis grâce à la fausse monnaie, de multiplier sans
fin les contraintes, toutes les interdictions et les obligations imposées. Qui
n’a pas reconnu la France où l’on laisse au seul islam la cohérence des
interdictions et des obligations venant naturellement de la tradition ?
Quelques imbéciles veulent même supprimer la crèche, le sapin de Noël… et le
Tour de France ! Le drame n’est pas l’imbécillité mais qu’elle soit portée
au pouvoir.
Au niveau moral il faut
d’abord se souvenir que les mœurs sont, dans chaque civilisation, son
application concrète de sa vision du beau, du bien et du vrai. C’est ce qui
coûte le moins cher car il n’est nul besoin pour convaincre, d’ajouter de
l’énergie à la tradition que l’éducation transmet partout naturellement. C’est
la débauche monétaire qui donne des ailes à toutes les minorités que les
Politiques subventionnent avec de l’argent qu’ils n’ont pas. La fausse monnaie
crée un échange malsain entre les Politiques et les minorités. Les uns veulent
une clientèle, les autres n’acceptent plus d’être minoritaires et veulent être
fiers donc conquérants. La débauche monétaire fait croire aux minorités
qu’elles ont toutes un avenir radieux.
Devant le constat difficile
que la fausse monnaie est à la fois la base et le carburant de tous nos
délires, deux réactions apparaissent possibles :
Il y a la réaction de ceux
qui ont mis en place par facilité tous ces faux échanges et toute cette fausse
monnaie. Ils profitent du coronavirus pour lui coller la responsabilité
d’un désastre économique que chacun savait imminent et que le confinement a
volontairement brutalement révélé. En maquillant ce confinement en sanitaire,
ils se sont dédouanés en détournant la responsabilité du désastre sur un virus
dont ils ont fait sur-éclairer la méchanceté.
Mais ils s’obstinent dans leur délire et continuent à vouloir tout résoudre
avec une énergie monétaire sans source énergétique humaine. Pour eux tous les
problèmes se résolvent en débloquant de l’argent inexistant. C’est
malheureusement le choix de l’ONU, du FMI, de l’UE, de l’OMC, des banques
centrales, tous regroupés à Davos pour le « grand renouveau ». Ce
choix est symbolisé chez nous par l’énarchie qui a tout envahi. La plupart des
dirigeants de tous pays s’y vautrent par incompétence, veulerie ou arrivisme.
Seuls quelques rares dirigeants come Viktor Orban, Vladimir Poutine ou Donald
Trump tentent de résister avec plus ou moins de succès et la moquerie des médias.
Il est intéressant de noter que les médias subventionnés appartiennent
quasiment tous aux fabricants ou aux propriétaires de la fausse monnaie qui
crée tous les faux échanges. Les médias dits « mainstream » ont
choisi comme réaction, la fuite en avant.
L’autre réaction tarde à venir mais ne peut que s’imposer par
une saine réplique des peuples ou après une déflagration générale. C’est sortir
l’échange du délire en le filtrant à nouveau par la réflexion pour revenir à la
connaissance, et en le rectifiant à nouveau par l’action pour le rendre
tolérant. Connaissance et tolérance sont en effet avec le courage, les trois
bases indissociables de l’efficacité. Les gilets jaunes comme les
abstentionnistes ont montré que le peuple français souhaite cette autre réaction
mais est incapable de la mettre en place. Il n’est pas forcément facile de
comprendre que seule la limitation impérative de la quantité de monnaie au regard
qu’un peuple porte sur sa richesse, permettra de sortir du délire.
C’est quand un peuple est confronté à lui-même et que les faux échappatoires
sont fermés, qu’il montre son génie. Qui en 2022 aura les tripes de surmonter
les railleries des médias et la violence légitime confisquée, pour donner à la
France une chance d’éclairer le monde à nouveau ?
Chaque année Noël nous
rappelle que tout est possible, qu’il est une naissance et que la renaissance
est ouverte à chacun.