par Marc Dugois
« Nous nous
sommes tous enrichis puisque le PIB mondial par habitant s’établissait à 452,7
dollars américains en 1960 et à 11 312 en 2018. » est la phrase que le journaliste
Michel Faure a écrite sur Contrepoints aujourd’hui, 18 janvier 2020, dans un
article commençant par « Tout va bien mais nous allons mal. »
présenté comme un « paradoxe français qu’illustre la baisse de la natalité
française ».
Ce
paradoxe apparent est en effet dans toutes les têtes. Personne ne met
sérieusement en doute le fait que nous allons mal et la doxa a réussi à mettre
dans toutes les têtes que le PIB est une mesure de la production de richesse et
donc de l’enrichissement des peuples. De droite à gauche, des Libéraux aux
Socialistes, des Nationalistes aux Mondialistes en passant par les Européistes,
tout le monde critique le PIB mais en prend des pourcentages pour les dépenser
intelligemment ou pour expliquer comment les Politiques en place gaspillent
cette manne et comment ils devraient l’utiliser.
Rappelons
encore une fois que le PIB mesure l’activité de négoce. L’INSEE le faisait de
trois façons, en chiffrant ce qui était vendu, en comptant ce qui était dépensé
et en additionnant les ventes. Elle le fait aujourd’hui d’une façon totalement
absconse aux ordres du pouvoir en place, en allant même jusqu’à la stupidité
absolue, indigne des polytechniciens qui l’animent, de compter le solde du
commerce extérieur dans la seconde façon mais pas dans la première et la
troisième.
Appeler
produit ce qui n’est qu’une dépense est évidemment une ânerie mais pourquoi
donc cette ânerie est présentée partout comme une vérité première en reléguant
les discussions des vrais problèmes sur des détails tous faussés ?
La
réponse est la somme de deux fausses évidences matraquées par l’université, les
Politiques, les médias et ce qui nous sert actuellement d’intellectuels :
les entreprises créent de la richesse et la monnaie n’est qu’une institution
créée pour faciliter les échanges.
Les
entreprises produisent des biens et des services en utilisant l’énergie humaine
de leurs salariés et l’énergie monétaire de leurs actionnaires. C’est
l’utilisation de ces deux énergies (forces en puissance) qui crée la dynamique
(force en action) des entreprises. Leurs productions peuvent êtres des
richesses, des déchets, des encombrants ou des problèmes. De même que la vache
fait des veaux, du lait, du méthane et des bouses, les entreprises produisent
souvent à la fois des richesses, des déchets et des problèmes. Seul le client
vient transformer une partie de la production des entreprises en richesse en
l’achetant, c’est-à-dire en l’échangeant avec de la monnaie, richesse
préexistante. C’est cet échange et uniquement cet échange qui est additionné
dans le PIB. Le PIB n’est pas le moins du monde un produit, ni une production,
encore moins une création, mais l’addition de tous les constats, chiffrés par
la dépense des clients, que les entreprises produisent aussi des richesses à
côté des déchets et des problèmes que leurs productions induisent. Ce ne sont
que les clients qui transforment par leurs dépenses certaines productions en
richesses. Sur-éclairer la production de richesses des entreprises en
sous-éclairant à la fois la production de déchets et de problèmes ainsi que la
dépense des clients qui a seule transformé la production en richesse, permet de
créer la fausse évidence pourtant unanimement admise que les entreprises créent
des richesses que l’on va pouvoir, et même devoir d’après certains, se
partager.
Mais la
stupidité de croire pouvoir dépenser parce que des clients ont préalablement
déjà dépensé, n’est rendue possible que par l’autre fausse évidence que la
monnaie n’est qu’une institution destinée à faciliter les échanges, autrement
dit à faire du PIB et à se croire riche.
Faut-il
encore une fois rappeler que la monnaie n’est qu’un titre de créance sur
n’importe lequel des membres du groupe qui l’utilise et que ce titre doit avoir
la raison d’être qu’une richesse a été préalablement réellement créée aux yeux
de ce groupe ? La monnaie n’a de sens que dans un groupe cohérent et
sa quantité suit et ne peut précéder la création de richesse par ce groupe qui
utilise pour cela son énergie humaine et son énergie monétaire déjà stockée. C’est
la rareté de la monnaie ou son absence qui force les peuples à affronter leurs
problèmes, ce dont ils n’ont pas forcément naturellement envie. Nous faisons
actuellement exactement l’inverse en remerciant les banques de créer sans
fin et sans raison de la monnaie si ce n’est de faire du PIB en dépensant ou en
« investissant », ce qui est le nouveau nom d’une dépense que l’on
décrète à priori intelligente. Cela nous permet surtout de n’affronter aucun
problème et de nous en sentir très mal car notre bon sens n’est pas encore
complètement mort.
On attend
le Politique qui utilisera enfin ses talents de bonimenteur pour expliquer la
réalité et montrer enfin les vrais problèmes tous dissimulés derrière le
paravent onirique du PIB.