par Marc DUGOIS
Nous vivons dans un monde totalement irréaliste et
magique façon Harry Potter, Star Trek ou Alice au pays des merveilles. Nous le
pressentons tous sans avoir vraiment envie d’en prendre conscience tellement
une prise de conscience nous ferait affronter une réalité qui nous fait peur.
Si Harry Potter avait sa baguette et le quai 9 3/4, si Star Trek avait la
télétransportation et Alice son miroir, nous avons nous aussi une énergie
magique créatrice d’illusions et qui résout absolument tout : l’argent
qui, pour la première fois dans toute l’histoire de l’humanité, n’est limité
que par la décision changeante de quelques-uns. Tous les buts, même les plus
aberrants, deviennent apparemment atteignables grâce à cette énergie non
reconnue comme telle, et pourtant facilement illimitée, gratuite et
omnipotente. Elle n’a officiellement plus de source, donc plus de limites,
depuis seulement 50 ans. Nous nous divisons simplement, à en croire Yuval Noah
Harari et Laurent Alexandre, entre les dieux qui y ont accès et les inutiles
qui n’ont accès qu’aux miettes que les dieux leur abandonnent avec dédain et
regret. On croirait vivre dans le monde des sorciers et des moldus ou dans la
parabole du riche et de Lazare (Lc 16 :19).
Parallèlement à ce rêve envahissant
qui devient angoissant, la réalité devient ringarde, dépassée, « ancien
monde », inintéressante. Des peuples entiers font comme les ados qui se
retournent dans leurs lits pour ne pas se réveiller et rester dans leurs rêves.
La réalité devient subordonnée au rêve et aux fantasmes comme nous le voyons
avec la théâtralisation d’un virus peu agressif et d’une élection américaine.
Le classement des différents pouvoirs s’intervertit entre le premier et le
second d’un côté, et les 3e et 4e de l’autre.
Les médias ont pris le pouvoir depuis qu’ils appartiennent quasiment tous à
ceux qui ont accès à l’énergie monétaire. Ces professionnels de la parole, ni
filtrée par l’action ni épurée par la réflexion, ont pris le pouvoir avec la
complicité des juges et des experts qui redéfinissent le bien avec des mots
vides de sens mais coercitifs comme « état de droit » ou
« urgence sanitaire ». Les pouvoirs législatif et exécutif se sont
couchés devant les pouvoirs juridiques, médiatiques et pseudo-scientifiques de
ceux que l’on déclare sachants. Une nouvelle définition du bien nous est
imposée par une communication omniprésente et lancinante. Elle nous emmène vers
un inconnu dont la cohérence n’existe que par la débauche d’argent que le
pouvoir y consacre chaque jour davantage tellement demain en exige toujours
plus qu’aujourd’hui. Cette réalité refusée en devient tout aussi angoissante
que le rêve dans lequel nous essayons de nous réfugier.
Comment est-ce possible ?
Comment en est-on arrivé là ? Que faut-il faire et qui le fera ?
Comment est-ce possible ?
Ce n’est pas une question que nous
nous posons, pas plus que nous ne nous demandons comment marchent les baguettes
magiques, la télétransportation ou le miroir d’Alice. Nous nous contentons
d’écouter les médias en admirer l’efficacité et surtout d’en profiter. Comme
les grenouilles qui se font cuire en ne s’apercevant pas de l’augmentation
lente de la température, nous acceptons d’être violés par les juges, les
experts, les journalistes et les politiques tout en trouvant que l’eau, au
départ agréable, commence à être vraiment trop chaude. Heureusement pour eux et
malheureusement pour nous, l’énergie monétaire nous insensibilise et nous
paralyse. Elle vient à leur secours chaque fois que leurs culs-de-sac
deviennent trop évidents. La débauche actuelle de l’énergie monétaire
prétendument « débloquée » par le pouvoir, justifie à ses yeux le
blocage ahurissant de l’énergie humaine qu’est le confinement. Le pouvoir n’y
voit même plus l’étalage de sa bêtise et de son affolement.
Comment en est-on arrivé là ?
Ce viol collectif par ceux qui se
sont agglomérés en élite auto proclamée a comme première raison l’oubli
que la vie n’est qu’une multitude d’échanges effectués par notre
énergie. Nous l’avons remplacé par la croyance très agréable mais stupide
que nous somme des dieux capables de créer. Nous croyons créer un enfant alors
que seule la patience d’une femme permet d’échanger un ovule et un
spermatozoïde contre un bébé.
Nous croyons créer des richesses
alors que nos productions ne se transforment en richesses que par l’échange que
nous en faisons avec une autre richesse qu’est l’argent ou par l’espoir ou
l’illusion que cet échange sera possible.
Fondé sur cet oubli nous avons cru
créer notre baguette magique, notre télétransportation ou notre miroir d’Alice,
en assemblant très intelligemment des concepts vidés de leur sens et remplis
artificiellement de vide aussi bien dans la réflexion que dans la communication
pour ne pas avoir à agir.
Dans la réflexion nous avons changé
depuis deux siècles le sens de mots neutres pour en faire des solutions déjà
acquises de problèmes soigneusement éludés. Le progrès qui n’est que le
mouvement est devenu miraculeusement le bon mouvement. La république qui n’est
que le problème de la vie en groupe, en est devenu miraculeusement la solution
qui évite de regarder le problème puisqu’on a la solution. L’argent qui n’est
qu’un accumulateur d’énergie humaine est devenu à lui tout seul, une énergie
venant de nulle part et résolvant tout.
Dans la communication nous assistons
à un feu d’artifice d’incompétence et de mauvaise foi difficilement démêlable,
pour nous faire croire qu’un échange est une création. Des mots comme profit,
bénéfice ou PIB sont là pour nous faire oublier l’échange et nous faire croire
à la création. On en arrive à croire à la stupidité que les entreprises font du
profit sans voir qu’il n’y a là qu’un échange avec un appauvrissement de même
montant de leurs clients. L’énergie sous formes de travail et d’argent qu’a mis
l’entreprise à produire n’est qu’échangée avec l’énergie qu’a mis le client
pour trouver l’argent nécessaire à son achat. Mais on peut par incompétence ou
mauvaise foi, négliger l’énergie humaine du client qu’il a transformé en
énergie monétaire pour faire croire que les entreprises créent de la richesse.
On peut encore, par ruse ou bêtise, distribuer par subventions ou prestations
sociales l’argent à échanger avec les productions pour en faire des richesses.
On néglige aussi l’énergie monétaire en parlant du PIB comme d’une création de
richesse, alors qu’il n’est que l’addition de tous les échanges faits contre de
l’argent, y compris les soins, les réparations, la prostitution et la vente de
stupéfiants. Il est navrant d’entendre l’économiste Marc Touati sur Sud Radio
ou le journaliste économique Eric de Riedmatten sur CNews dire apparemment de
bonne foi « Le PIB est la richesse créée dans un pays ». Il est
encore plus navrant de voir comment, en fabriquant de la monnaie sans retenue
pour les acheter, on fait croire que des déchets et des encombrants se sont
miraculeusement transformés en richesses. Est-ce de l’incompétence, de la
rouerie ou un scandale délictueux ?
Pendant que nous vivons dans la
croyance aux miracles, la réalité poursuit son œuvre. Comme l’argent, que nous
le voulions ou non, n’est qu’un accumulateur d’énergie humaine, sa débauche
exige une consommation d’énergie humaine équivalente, ce qui se fait
naturellement par la montée réelle de tous les esclavages.
Comme aucune force visible n’accepte
de se confronter à la contradiction fondamentale qui nie l’échange et qui veut
globalement de plus en plus d’argent et de moins en moins de travail, toutes
les forces en présence se contentent d’éclairer avec raison les incohérences
des autres en dissimulant les siennes et en laissant monter les esclavages
nourriciers qui sont ceux que nous voyons monter tous les jours en regardant
ailleurs, l’esclavage dans le temps qu’est la dette, l’esclavage dans l’espace
qu’est le mondialisme et les esclavages ici et maintenant que sont la
paupérisation des classes moyennes, le chômage et l’immigration.
Que faut-il faire ?
Fondamentalement, remettre l’échange
vrai au centre de toute organisation, avoir une monnaie accumulateur non
trafiqué de l’énergie humaine et reconstruire naturellement une cohérence
perdue sur ces deux bases.
A l’intérieur retrouver l’échange
entre les citoyens et donc commencer par faire en sorte que chacun ait quelque
chose à échanger.
Les entreprises, les artisans et les commerçants
sont les seuls à échanger des productions contre de l’argent. Mais pour
échanger un service contre de l’argent tout le monde peut s’y mettre y compris
les chômeurs. Au lieu de flatter les électeurs par des subventions ou des
prestations sociales qui ne sont que des habillages peu discrets de la
corruption, tous les maires de France pourraient voir comment rendre
utile tous leurs administrés au chômage, et comment vérifier cette utilité afin
que l’État puisse échanger ces nouvelles richesses contre un argent créé pour
les reconnaître.
A l’extérieur retrouver à
l’international l’échange du pacte de La Havane que le sénat américain a bloqué
après que ses représentants l’aient signé, pour que le libre-échange
devienne enfin un échange libre et non plus simplement la liberté honteuse de
faire payer les autres par des balances commerciales excédentaires qui
sont la négation d’un échange même si on le déguise en
« libre-échange ».
Pourquoi appeler protectionnisme le
simple appel à la vérité de l’échange, si ce n’est pour embrouiller les
esprits ? Pourquoi appeler concurrence ce qui n’est que renoncement devant
la difficulté d’un échange vrai ?
L’échange étant complètement
différent à l’intérieur et à l’extérieur, c’est l’observation des échanges
différents qui définira au mieux l’espace qu’est l’intérieur par rapport à
l’extérieur, ce que l’Histoire a appelé jusqu’à aujourd’hui pays, patrie ou
nation.
Dans notre espace, retrouver le franc
en veillant à ce qu’il ne puisse dépasser en quantité, l’énergie humaine
préalablement dépensée à créer ce que nous voyons comme des richesses, et à ce
que jamais une fabrication de fausse monnaie ne nous fasse croire que nous
créons des richesses car cela attirerait à nouveau tous les perdus et tous les
rusés de la Terre.
Qui le fera ?
Sûrement pas ceux qui oublient
l’échange dans leur analyse comme Jean-Marc Jancovici qui regrette la
consommation d’énergie fossile mais qui dit à ses étudiants « Du pognon,
il y en a ! ». Il sera audible quand il aura intégré que seule la limitation
de l’énergie monétaire à l’énergie humaine préalablement bien utilisée, nous
forcera à inventer la limitation en effet nécessaire de notre consommation
d’énergie fossile. Il parle de « Superman pour de vrai », ce qui
n’existe pas même si nous vivons comme si nous l’étions.
Sûrement pas ceux qui refusent
dogmatiquement que la monnaie est une énergie alors qu’ils s’agitent pour
vendre leur pensée tellement ils ressentent le besoin vital de cette énergie.
Sûrement pas les tenants de la
monnaie-dette, du mondialisme et du faux libre-échange qui ne sont que les
nouveaux esclavagistes qui ne s’en rendent souvent même pas compte et qui
préparent leur « grand renouvellement ».
Sûrement pas ceux qui croient à la
monnaie-dette sans être partisan du mondialisme car il faut leur laisser le
temps de réaliser combien ils sont contradictoires.
Sûrement pas les Politiques qui
n’arrivent pas à penser sérieusement à autre chose qu’à leur réélection ou à
leur pantouflage. Ils ont compris que l’énergie monétaire se décroche plus
facilement dans les ors de la république que dans la dépense de leur énergie
personnelle, et ils limitent leur énergie à y parvenir et à y rester.
Sûrement pas toutes les minorités de
toutes sortes qui ne se font entendre que par l’énergie monétaire qu’on leur
distribue gratuitement.
Sûrement pas les yacafaucons qui ont
la solution universelle avant d’avoir posé le problème.
Sûrement pas les vieux comme Joe
Biden dont on regarde surtout qui le remplacera à sa disparition physique ou mentale.
Il ne reste pas grand monde mais
l’intelligence, le bon sens et la pression de la réalité fera forcément émerger
dans les nouvelles générations celui ou ceux (regroupant ce que le français
nous a toujours dit être aussi bien des hommes que des femmes) qui prendront
enfin le taureau par les cornes en limitant la monnaie à l’énergie humaine déjà
intelligemment dépensée, nous laissant devant un problème très difficile mais
qui pourra enfin être résolu puisque la suppression de la fausse corne d’abondance
nous aura forcé à revenir dans la réalité.
* Marc Dugois auteur
L’inéluctable révolution : ne plus être les victimes consentantes des
idéologies