Par Marc DUGOIS,
En ces temps de surinformation contradictoire, écrire sur le
sujet du jour devient dérisoire. Comme à chaque fois que des informations
contraires sont plausibles ou même avérées, seul un changement de niveau permet
d’avancer dans cette obscure clarté.
De même que la vie et la mort n’existent pas l’une sans
l’autre, de même la responsabilité et le risque sont par nature liés. Si la vie
et la mort s’excluent l’une l’autre pour exister, la responsabilité et le
risque ne cohabitent harmonieusement que si on ne les sépare pas. Par facilité
nous aimons pourtant occulter les deux difficultés qui nous bousculent trop par
leur évidence : la mort fait partie de la vie et il n’existe pas de
responsabilité sans risque ou de risque sans responsable.
Depuis que les Anglo-Saxons dominent le monde avec notre
consentement et la complicité de certains, ils tentent, sans aucune chance de
succès, d’imposer une organisation sociale fondée sur une double erreur.
La première est la prétendue démocratie qui infantilise en
prétendant responsabiliser. La seconde est la fausse monnaie légale, éparpillée
et accueillie avec la langue anglaise sur toute la Terre dans l’indifférence
générale. Sur ces deux erreurs nous croyons nous être payé une société où les
machines font le travail et où les hommes ne sont là que pour jouir, consommer
et prolonger leur survie en renonçant à vivre. Consommer et renoncer à vivre
pour gagner un peu de survie devient en effet une obligation imposée par une
fausse élite qui n’existe que par notre faiblesse à croire possible ce pays de
Cocagne dont le bonheur est absent. Nous avons complètement oublié qu’interdire
la mise en danger de la survie d’autrui comme nous le faisons chaque jour
davantage avec le principe de précaution, c’est interdire de vivre et forcer à
se contenter du plaisir en rendant le bonheur inaccessible.
Pour en arriver à se laisser séduire par ce pays de Cocagne
imaginaire, cette utopie impossible, nous nous nous sommes laissés détourner de
la démocratie, nous avons utilisé l’énergie de la fausse monnaie légale et nous
avons subi le matraquage irresponsable des médias.
La démocratie est l’organisation sociale où le peuple
responsable assume individuellement et collectivement les risques de ses
décisions. Son détournement a consisté à faire croire que l’on peut dissocier
responsabilité et risque en s’appuyant alternativement, discrètement sur le
« principe comptable » qui n’est que l’obligation du réel, et bruyamment
sur le « principe de précaution » qui est de sacrifier la vie de tous
au profit de la survie de certains.
D’après le principe de précaution il faut infantiliser,
d’après le principe comptable il faut responsabiliser. La fausse démocratie
fait la danse du ventre pour tenter « en même temps » d’infantiliser
et de responsabiliser. Pour cela elle abandonne le peuple pour flatter la foule
en sacralisant l’injustifiable « un homme, une voix » qui oublie le
trépied de la responsabilité qui est l’indépendance, la connaissance du
risque et l’acceptation des conséquences. Seules les opinions fondées sur ces
trois critères sont dignes d’intérêt mais ce ne sont pas du tout celles que la
démocratie détournée recueille. L’affect de la foule qui n’est ni indépendante,
ni consciente de son risque, ni prête à assumer les conséquences de ses actes,
donne les lynchages, les pogroms et ce que les médias et les Politiques
appellent la démocratie voire la République avec un R majuscule aussi
révérencieux qu’inexpliqué. Nous sommes bien loin de Jean Bodin qui expliquait
au XVIe siècle dans « Les six livres de la république »
que monarchie, aristocratie et démocratie étaient les différentes formes de
république, la chose publique en latin. Nous assistons aujourd’hui à des
campagnes électorales uniquement émotionnelles nourries par la fausse monnaie.
Entre deux campagnes, le peuple et ses élus se séparent. Le peuple est
confronté à la réalité qu’il doit affronter, et les élus sont empêtrés entre
assumer leurs promesses électorales la plupart du temps incohérentes et
préparer la campagne suivante qui est leur seule chance de conserver la
considération de la foule en restant totalement inutiles.
Cette tartufferie généralisée ne serait pas possible sans les
médias qui prennent le pouls de la foule et veillent à ce qu’elle ne redevienne
surtout pas un peuple. Elle serait aussi impossible sans la fausse monnaie
légale qui permet de reporter tous les problèmes. La capacité anesthésiante de
la fausse monnaie est fabuleuse et elle recule la prise de conscience en
aggravant tous les problèmes, ce qui sépare encore davantage les dirigeants de
leurs peuples.
La fausse monnaie légale dispense les Politiques d’affronter
l’opposition entre le principe comptable et le principe de précaution. Elle
leur permet de se servir de la bêtise de la foule entretenue par les médias
pour se moquer du peuple et s’éloigner toujours davantage de la démocratie.
Pour ne prendre que l’exemple caricatural actuel de Macron et
de ses affidés, il est sans doute difficile de faire pire. Il fait exactement
le contraire de ce qu’ont fait les gouvernants pendant l’épidémie de 1957 qui a
fait beaucoup de morts et dont personne ne se souvient tellement cette épidémie
a été gérée normalement sans que les Politiques ne se poussent eux-mêmes. C’est
la suppression de 20.000 lits d’hôpitaux qui existaient et l’arrêt de
l’entretien d’un stock de masques vraiment protecteurs qui existait aussi, le
tout aux époques Sarkozy et Hollande, ce dernier conseillé par Macron, qui ont
rendu impossible de se protéger intelligemment de ce nouveau coronavirus comme
l’a fait la Corée du sud qui sort de l’épidémie tranquillement et sans enfermer
son peuple. Il est vrai à la décharge des Politiques que ces erreurs ont été
commises en suivant les injonctions de la Commission de l’Union européenne qui,
ne dépendant pas du vote de la foule, peut s’accrocher au principe comptable
sans comprendre que ses conseils sont incohérents puisqu’ils s’appuient aussi
sur le principe de précaution qui lui est incompatible. Mais comme cette
Commission n’est composée que de Politiques la plupart du temps remerciés par
leurs électeurs, l’admiration de leurs nombrils leur suffit pour être sûrs de
ne pas se tromper.
Macron, fabriqué en apparence par le réalisme du principe
comptable, tente de survivre politiquement en s’engouffrant dans le principe de
précaution qui n’avait jamais été nulle part décisionnaire devant une épidémie.
Il a décidé d’enfermer le peuple et de prendre à sa charge le coût de cet
enfermement. « L’État paiera », « quoi qu’il en coûte »
a-t-il osé dire en semblant oublier qu’il ne peut payer qu’avec l’argent que
son peuple gagne en travaillant. C’est évidemment une promesse d’ivrogne car
empêcher les gens de travailler et vouloir tout résoudre avec le fruit de leur
travail, démontre un dérèglement mental au moins provisoire. En fait il compte
sur la fausse monnaie pour dissimuler à la foule son incompétence et il créera
un impôt exceptionnel pour freiner un peu la montée de la dette. Toute sa
stratégie empreinte de son humilité coutumière est de vaincre la mort avec de
la fausse monnaie et de monopoliser le petit écran pour nous dire combien il
est utile et efficace. Sa prétention d’adolescent attardé et content de lui
devient difficilement supportable.
Ce virus couronné est venu tout de même heureusement éclairer
la nullité de nos fausses élites, leur mesquinerie et leur incapacité à être ce
qu’elles voudraient que nous croyions qu’elles soient. Les cloches sonnent et
le peuple applaudit les Soignants qui tentent de réparer les bêtises des
Politiques qui ne se rendent même pas compte qu’ils devraient au moins se faire
tout petit.