par Bernard Reygrobellet,
Il est certes beaucoup trop tôt pour tirer toutes les leçons
de la crise du coronavirus, une crise qui a mis en évidence nos faiblesses et
celles de la planète entière, mais il est intéressant de s’arrêter dès à
présent sur deux idées fortes de la pensée gaullienne qui sont aujourd’hui
reprises dans nombre de commentaires.
La première concerne la préparation des États aux
nouvelles menaces. En 1939 l’armée française avait une guerre de retard ;
le Général de Gaulle avait pressenti les conséquences dramatiques de cette
inadaptation à la réalité du moment. En 1944, à Alger il avait une fois encore
fait preuve de discernement en confiant à Philippe Dechartre
que les prochains conflits entre les grandes nations ne seraient plus des
guerres conventionnelles, mais des guerres subversives.
La seconde porte sur la
souveraineté des États, leur capacité de décider pour
préserver leurs intérêts vitaux, sans laquelle, pour de Gaulle, il
n’y a pas d’indépendance politique.
Quel lien avec la crise du Covid-19
? Evidemment nous ne sommes pas en guerre conventionnelle ou non. Ce n’est
pas une guerre biologique, le virus n’a pas été créé en laboratoire à des fins
militaires comme le prétendent les complotistes qui accusent la
Chine. Mais nous sommes tentés d’user de la métaphore de la guerre car à
mesure que la pandémie se développe, les
dommages s’apparentent de plus en plus à ceux d’une guerre mondiale en termes
de souffrances infligées aux populations, de décès et de destruction du tissu
économique. Dans ce contexte, les deux idées issues de la pensée gaullienne
trouvent une actualité évidente en éclairant les réflexions suscitées par la
menace sous-estimée des pandémies et des moyens d’y faire face.
Il faut se préparer aux nouvelles pandémies
L’humanité a connu au cours de sa
longue histoire des épidémies qui ont touché des territoires immenses, semant
la mort sur leur parcours, les pestes en sont un exemple emblématique. Au
siècle dernier la grippe espagnole a eu une extension quasi planétaire, plus
près de nous des infections virales et
bactériennes ont touché les humains (« grippe asiatique », H1N1, Ebola...) et
les animaux d’élevages (grippe aviaire, peste porcine…).
Même si nous gardons en mémoire ces
évènements, même si l’expérience acquise reste utile, cela ne suffit pas pour
faire face aux nouvelles épidémies. Nous ne devons pas avoir « une guerre de
retard » car les conditions ne sont plus les mêmes. La démographie change
rapidement, nous allons vers un pic de 10 à 11 milliards d’humains, la mobilité
des populations, comme des marchandises, augmente à mesure que le processus de
mondialisation se développe. Par ailleurs, la « barrière d’espèce » s’avère
très fragile, de nouveaux virus passent de la faune sauvage à l’être humain où
ils deviennent pathogènes. Enfin, la modification des habitats naturels et ses
effets sur la biodiversité, amplifiés par le changement climatique, contribuent
à introduire des vecteurs de pathogènes et des parasites
dans de nouvelles aires géographiques. Que va-t-il se passer avec le dégel du
permafrost s’il libère des microbes pathogènes que nos systèmes immunitaires ne
connaissent pas ?
La pandémie du coronavirus a montré
que les autorités sanitaires des états, la Chine puis les autres, ont été incapables
d’éviter l’extension planétaire d’une maladie virale nouvelle. Les états se
sont ensuite avérés inégalement préparés à combattre la maladie ; beaucoup ont
un système hospitalier sous dimensionné et mal équipé pour y faire face.
Il faut donc se préparer en
renforçant les moyens alloués aux structures sanitaires au niveau
des États, au niveau des ensembles politiques et économiques comme l’Union
Européenne et évidemment au niveau de l’ONU avec l’OMS. La dimension planétaire
des pandémies impose une solidarité internationale, c’est à la fois une
obligation morale de tous les États signataires de la charte de l’ONU,
mais c’est aussi une condition d’efficacité de la lutte contre ces épidémies
globales. L’Afrique, continent qui n’est
pas armé, ni médicalement, ni financièrement, pour mener une lutte efficace
contre la pandémie doit bénéficier de cette solidarité pour atténuer l’impact
économique dans ses états faibles. Voilà une priorité que les pouvoirs
politiques doivent imposer au système financier international, ce qui ouvre la
question de la souveraineté politique.
Redonner un espace de souveraineté aux États dans le
domaine sanitaire
La question de la souveraineté politique déborde
largement le domaine sanitaire, mais c’est là que la crise du Covid-19 s’est
révélée comme un cas exemplaire.
Depuis quelques années, nous avons
constaté que des médicaments étaient indisponibles temporairement dans nos
pharmacies en raison de leur production en Asie et de leur gestion en
flux-tendu comme n’importe quelle autre marchandise. Et cela ne concernait pas
que les médicaments courants certains médicaments prescrits pour des cancers
étaient sur la liste.
La crise actuelle a montré la
variété et l’ampleur des problèmes posés par la délocalisation des moyens de
production non seulement de médicaments, mais d’appareils médicaux
(respirateurs) de moyens de détection des virus (les tests génétiques ou
immunologiques), de masques, de blouses, de gants… Nos soignants, déjà
pénalisés par une gestion purement financière des hôpitaux, par le manque de
lits en réanimation, doivent en plus faire face à une pénurie générale du
matériel élémentaire pour sauver des vies.
Il est aujourd’hui démontré que
les États doivent retrouver un espace de souveraineté dans le domaine
sanitaire qui touche, comme l’alimentation, aux intérêts vitaux de leur
population. Seuls les États le peuvent. Et cela concerne, l’Union
Européenne et toutes structures internationales, et cela implique une vision
politique des questions sanitaires sur le long terme.
Paul Valéry avait eu une
formule terrible, après la première Guerre mondiale : « Nous
autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ».
Après l’euphorie de la promesse d’une « mondialisation heureuse
», cette crise sanitaire nous rappelle que nous sommes vulnérables.
SPECIAL CORONAVIRUS : je vous invite à consulter pour votre information le
plan de sortie du confinement qui a été proposé dès le 9 avril aux pouvoirs publics par
l'INSTITUT SANTE :
https://www.club-nouveau-siecle.org/file/archives/textes/PLanSortiedecriseCovid19-InstitutSante-09042020-2.pdf
Il proposait un plan de sortie du confinement rapide (dès
début mai) avec un suivi de l'ensemble de la population française (67 millions
de personnes) sur le long terme en utilisant massivement des tests pour les
classer en trois groupes avec un traitement spécifique.
Ce plan m’a été communiqué par Richard Hasselmann
co-fondateur, avec Frédéric Bizard,
de L'INSTITUT SANTE qui a été créé en 2018 avec comme projet de refonder
notre système de santé. A noter que Richard Hasselmann
est membre associé au club Nouveau Siècle.
NDLR : Cet édito figure également en PJ. sous
format PDF, et vous y accéder via INTERNET à partir de la liaison => www.club-nouveau-siecle.org
CNS-BR-16/04/20
***
Info du Conseil national :
La reprise de nos activités est conditionnée à la levé de l'obligation du confinement
obligatoire, étendue pour l'heure et a minima jusqu'au 11 mai 2020, en
application des dispositions liées à l’état d’urgence sanitaire prescrites par
le Président de la République et par le Gouvernement.
Le coin des membres actifs (adhésions et
renouvellements)
Pour les retardataires qui ne seraient pas à jour de leur
cotisation 2020.
Si vous souhaitez que nous continuons
à exister, merci d'effectuer votre règlement directement via la lien ci-après :
https://www.cotizasso.com/participation/cotisation-club-nouveau-siecle/2801
avec la rubrique « cotisation 2020 » de
notre site INTERNET www.club-nouveau-siecle.org
Avec nos sentiments gaullistes, fidèles les plus
cordiaux, soyons unis dans un effort commun et partagé Prenez soin de vous
!
*Bernard Reygrobellet, Président du club Nouveau Siècle