Des subprimes au coronavirus :

politique monétaire et endettement d'abord

 

par paul KLOBOUKOFF,

Pour l’essentiel

A l’arrivée du coronavirus, les situations économiques et financières des pays d’Europe doivent beaucoup à la crise débutée en 2008, aux réponses qui lui ont été apportées, particulièrement à l’aide des politiques budgétaires et monétaires pratiquées pendant la crise aigüe, jusqu’en 2012, puis à celles poursuivies et peaufinées pendant les sept années suivantes pour assainir le système bancaire et les marchés financiers, stabiliser les prix, redresser les comptes publics, relancer et soutenir la croissance. Depuis 2007, la politique monétaire et la Banque centrale européenne ont changé de dimensions et pris une importance prépondérante. En même temps, encouragé, stimulé, l’endettement n’a cessé de croître pour atteindre des proportions inquiétantes dans plusieurs pays, dont le nôtre.

Avec la pandémie du Covid-19, le recours à l’endettement à grande échelle, indispensable dans un premier temps (jusque quand ?) fait un grand bond en avant pour financer d’urgence des dépenses sanitaires et sociales, aider les personnes en perte totale ou partielle d’emploi et/ou de revenus, soutenir des entreprises, des grandes aux plus petites, aux trésoreries exsangues et/ou menacées de faillite… La BCE est encore appelée à rouvrir en grand les vannes du crédit, tandis que l’UE doit renoncer à juguler les déficits budgétaires… et le gonflement des dettes publiques. Le Pacte budgétaire signé en 2012 a fait long feu.

Avant de regarder les premiers pas européens et français face à la pandémie, une rétrospective m’a paru utile pour mieux les comprendre et en apprécier la portée ainsi que les éventuelles conséquences.

En 2008, la Commission de l’UE a relâché la pression sur la restriction à 3% du PIB des déficits publics des Etats et a accepté de sacrifier l’autre critère de stabilité limitant la dette publique à 60% du PIB. Les excédents budgétaires ont fondu, les déficits se sont accrus. Les dettes publiques ont explosé. Celles des agents privés aussi. La dette publique de la zone euro (ZE) a bondi de 65% du PIB en 2007 à 89,9% en 2012, puis sur la lancée, à 92% en 2014.

Pour remédier aux dérapages avec plus de fermeté, un Pacte budgétaire a été signé en mars 2012, comprenant une « règle d’or » d’équilibre budgétaire et prévoyant des sanctions pour les contrevenants. Pendant les 7 ans qui ont suivi, dans la plupart des pays, une politique budgétaire plus rigoureuse à permis d’améliorer les soldes des comptes publics et de diminuer les taux d’endettement ou à d’en ralentir la hausse. Mais les efforts et les succès ont été inégaux. Aussi, au fil des années des écarts conséquents se sont creusés entre pays et groupes de pays, entre les pays de l’est (pour partie hors de la zone euro), réservés et prudents, les pays du nord, disciplinés et rigoureux et les pays du sud, auxquels se sont joints la Belgique et la France, dont les taux d’endettement public sont supérieurs à ceux des autres… et qui se trouvent dans les situations les plus difficiles aujourd’hui, aux plans social, économique et financier ainsi qu’à celui des impacts sanitaires de la propagation du virus.

Dés octobre 2008, les taux directeurs de la BCE ont été très fortement abaissés. De 4,25% en octobre 2008, le taux de refinancement des banques (le refi) était déjà descendu à 1% en mai 2009. En septembre 2014, il n’était plus que de 0,05%. Depuis mars 2013, il est de 0,00%. Et depuis juin 2014, les banques doivent payer pour déposer de l’argent à la BCE… au taux de 0,5% depuis novembre 2019. On ne pourra sans doute pas attendre beaucoup plus de cette politique ultra « accommodante » pour alléger le coût du crédit. Les décisions de mars et avril 2020 le confirment.

Il a rapidement été nécessaire d’imaginer des mécanismes permettant de satisfaire les besoins des pays en détresse qui n’arrivaient pas à se financer sur les marchés. De 2010 à 2012, nous avons beaucoup entendu parler de la Troïka, associant le FMI, la Commission et la BCE, chargée de décider des aides et de les contrôler, de ses « relations » souvent conflictuelles avec la Grèce, l’Italie, le Portugal ou l’Espagne, qui refusaient ou peinaient à remplir les conditionnalités (rigoureuses et réformatrices) associées aux plans de sauvetage. Des instruments destinés à aider, sous conditions, les pays les plus en difficultés ont été créés. Toujours en usage, le Mécanisme européen de stabilité (MES) vient de connaître une « adaptation » remarquée en avril 2020. Les bénéficiaires potentiels (les mêmes pays qu’avant, entre autres) n’auront plus à remplir de conditionnalités pour accéder aux aides adoucies.

Presque depuis le début de la crise, des opérations dites « non conventionnelles » ont été mises sur pieds par la BCE, et en particulier des opérations de refinancement à plus long terme, les LTRO. Depuis, elles se sont renouvelées sans discontinuer, avec des montants plus élevés et des durées de maturité allongées. En 2014, afin d’éviter la déflation qui menaçait, et aussi pour soutenir la croissance, mollassonne après une rechute en 2012 et en 2013, la BCE a décidé l’Assouplissement quantitatif, ou QE (pour « Quantitative easing »). A partir de mars 2015, elle a lancé les APP, des programmes d’achat d’actifs d’envergure qui ouvraient aussi des voies supplémentaires ou nouvelles plus « souples » de refinancement des crédits aux Etats et aux entreprises. Ces programmes ont été renouvelés d’année en année jusqu’à la fin 2018. Pendant ces 46 mois, 2 600 Mds € de liquidités ont ainsi été mis à la disposition des banques et des marchés financiers. Avec des montants plus modestes, ces injections ont repris en novembre 2019… et apportent aujourd’hui une petite contribution à la réponse monétaire à la crise.

Corrélativement, de fin 2014 à fin 2019, le montant total du bilan de la BCE a plus que doublé, passant de 2 228 Mds € à 4 673 Mds€. Le rôle ainsi que le poids de la BCE et des banques nationales dans le financement et la conduite de l’économie dans la zone euro ont considérablement augmenté.

Le système bancaire, courroie de transmission de la politique monétaire dirigée par la BCE, était en très mauvais état avec les subprimes en 2008, chargé d’actifs « toxiques » et paralysé par la défiance et des déficits. Il a fallu l’assainir, le redresser et le remettre en service efficacement. En 2013, pour assurer la supervision des banques, dans le cadre d’une Union bancaire, une mission de surveillance prudentielle des établissements de crédit a été confiée à la BCE au sein d’un Mécanisme de supervision unique (MSU). Celui-ci est entré en fonction en novembre 2014.

Malgré toutes les attentions dont les banques ont fait l’objet, leurs situations n’étaient en général pas florissantes à la fin 2019, notamment en France, la faiblesse très prolongée des taux d’intérêt ayant laminé leurs marges. Il sera sans doute difficile à certaines d’entre elles (nombreuses ?) de remplir la mission qui leur est maintenant confiée en faveur des entreprises, surtout des petites et des moyennes, ainsi que des ménages. Même avec les « assouplissements » des conditions de refinancement décidés en avril par la BCE en matière de garanties, allant jusqu’à la possibilité de présenter de « junk bonds » (obligations dégradées en catégorie « pourrie »).

Au niveau européen, après quelques hésitations, des décisions d’importance ont été prises face au coronavirus. Le 23 mars, la BCE a lancé un plan d’urgence d’achats de titres des secteurs publics et privés de 750 Mds € baptisé PEPP. Il inclura toutes les catégories d’actifs éligibles de l’APP (qui se poursuit) et sera encore plus flexible et ouvert. En avril, plusieurs décisions ont considérablement assoupli les conditions de refinancement des titres par la BCE, notamment en matière de garantie et de décote des titres présentés par les banques.

Recourant à la « clause dérogatoire » du Pacte de stabilité budgétaire signé en 2012, les 27 ministres de l’UE ont décidé le 23 mars 2020 d’autoriser les Etats à ne pas respecter le plafond de déficit public de 3% du PIB jusque là imposé sous peine de sanctions. L’autre critère de stabilité, la limitation de la dette publique des Etats à 60% du PIB n’est plus qu’un lointain souvenir. Aussi, effectivement, « Le coronavirus a eu la peau du Pacte de stabilité ».

Il faut citer aussi, avec des réserves sur la portée qu’il pourra avoir, le plan d’aide de 500 Mds € décidé par l’UE, qui fera intervenir la BCE, le MES et la Banque européenne d’investissement (BEI). Il a plusieurs cibles, les Etats les plus en difficultés, les PME et le financement du chômage partiel. Il est resté à « solidarité limitée ». La proposition soutenue par la France de « mutualisation de la dette » pour financer un plan de relance commune à plus long terme a été repoussée. La proposition sera réétudiée prochainement.

En France, le coronavirus s’est installé dans des conditions économiques et financières déjà dégradées. Il a frappé plus fort que l’exécutif n’avait d’abord présumé et fait beaucoup de victimes. Vu l’insuffisance de masques et les possibilités limitées du système de santé, l’exécutif est poussé à improviser ainsi qu’à faire un usage extensif et prolongé du confinement. Selon l’Insee, chaque quinzaine de confinement coûte à la France - 1,5% de croissance annuelle. La baisse des activités entraîne une lourde baisse des recettes fiscales. Le gouvernement prévoit une chute du PIB de - 8% en 2020, un déficit public de - 9,1% du PIB et une montée de la dette publique à 115% du PIB à la fin de 2020. Ces prévisions (ou hypothèses) sont susceptibles d’être encore révisées dans les mois à venir.

Les décisions européennes donnent à la France la possibilité de recourir à un fort déficit public et, en même temps, de s’endetter davantage dans des conditions adoucies et assouplies sur les marchés financiers. Cela lui permet de porter à 110 Mds € le plan d’urgence économique. D’après le rapport du Sénat sur la loi de finances rectificative pour 2020, le plan prévoit 42 Mds € pour financer des dépenses à caractère définitif qui majorent le déficit public et 69,5 Mds € de reports d’impôts et de cotisations, de remboursements anticipés de crédits d’impôts, de prêts ou de participations au capital d’entreprises, qui ne figurent pas dans les dépenses publiques et n’accroissent pas le déficit.

Au plan d’urgence s’ajouteront 300 Mds € de garanties de l’Etat pour faciliter les prêts par les banques. Celles-ci sont ainsi encore appelées par la BCE et par nos Autorités à jouer un rôle décisif. Or, elles se trouvent dans des situations pour le moins difficiles. Le 4 mai, les valeurs boursières de « nos » trois plus grands groupes bancaires avaient perdu de - 47% à - 56% depuis le début de l’année. Les derniers assouplissements de la BCE peuvent aussi leur rappeler l’épisode funeste des subprimes et les inciter à la prudence. L’accès au crédit risque donc de rester compliqué pour les entreprises de toutes tailles et les ménages. Pas seulement en France.

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1ère partie : L’héritage de la crise de 2007 et de la relance qui a suivi

De 2008 à 2012, en pleine crise, la BCE déjà au premier rang, mais pas seule

Une réponse massive de la BCE un peu tardive à la crise financière de 2008

Venant des Etats-Unis, la crise des subprimes de 2007-2008 s’est rapidement « mondialisée » et propagée dans le système financier européen provoquant la méfiance et la panique sur les marchés, la dévalorisation brutale des actifs financiers, des faillites et un quasi blocage des échanges interbancaires. La croissance de la zone euro (et de l’UE) a été torpillée et réduite à + 0,4% en 2008, puis le PIB de la zone a chuté de - 4,4% en 2009. Un sursaut et un fort soutien des gouvernements lui ont permis de regagner environ + 2,1% en 2010 et + 1,7% en 2011. Mais, les Etats ayant été appelés à dépenser énormément pour sauver les banques et soutenir les activités économiques se sont lourdement endettés. Une crise de la dette s’est développée, plaçant dans des situations très délicates l’Irlande, le Portugal, la Grèce, l’Espagne, l’Italie, forcés de recourir à des aides d’urgence de l’UE et du FMI. La France et d’autres pays ont aussi été sévèrement affectés. Ils n’ont pu empêcher le retour de la récession en 2012 et en 2013. Le PIB de la ZE a alors reculé de - 0,9%, puis de - 0,3%.

Une première urgence était d’assainir les marchés financiers et le système bancaire, de remettre ce dernier en état de marche et lui donner les moyens adéquats pour jouer efficacement son rôle dans le financement des besoins importants de l’économie. Aussi, en octobre 2008, la fourniture illimitée de liquidités aux banques a été décidée et plus de 500 Mds € ont été injectés dans le système financier. Enregistrant cet apport de liquidités, le bilan consolidé de l’Eurosystème (BCE et Banques nationales des Etats membres) est monté de 1 508 Mds € au 31 décembre 2007 à 2 075 Mds € à la fin 2008.

Emboitant le pas à la BCE, la Commission a fait approuver par le Conseil européen en décembre 2008 un plan de soutien à l’économie de 200 Mds €.

Après ces premières réponses, un calme assez plat a pu être observé en 2009 et en 2010 dans l’évolution du montant total du bilan de la BCE, qui a oscillé à proximité de 2 000 Mds € jusqu’au début 2011. Ces deux années ont cependant été ponctuées par des opérations « non conventionnelles » novatrices : - l’engagement de trois opérations de refinancement à plus long terme (LTRO) à maturité de 1 an en juin, en septembre et en décembre (1) ; - le lancement en mai 2010 d’un 1er programme (SMP) de rachat sur le marché secondaire d’obligations souveraines d’Etats de la ZE, qui rencontraient la défiance des investisseurs. Jusqu’à sa clôture en 2012, 220 Mds € ont été consacrés au rachat d’obligations de l’Irlande, du Portugal, de la Grèce, de l’Espagne et de l’Italie. Le SMP devait être relayé par un programme de rachat illimité de dettes des pays en grande difficulté… qui n’a pas vu le jour.

Il a fallu attendre la fin de l’année 2011 et le début de l’année 2012 pour que la BCE ouvre le grand jeu, en usant abondamment de refinancement à plus long terme, les LTRO. La maturité des prêts est passée de 6 mois à 1 an, puis à 3 ans, la liste des garanties acceptées « en collatéral » a été élargie, des taux attractifs ont été proposés. Une LTRO de 50 Mds € à maturité de 6 mois a été lancée le 10 août 2011, puis une autre, de 57 Mds €, à maturité de 12 mois a suivi le 26 octobre (2). Mais surtout : - une LTRO de 489 Mds € a été lancée le 21 décembre 2011, à maturité de 36 mois, avec une option à 1 an. 523 banques européennes en ont bénéficié ; - une LTRO similaire de 529 Mds € a été lancée le 29 février 2012. 800 banques y ont recouru. Ces injections de liquidités ont été nécessaires pour passer les échéances de 2012 et 2013 (3).

Conformément à l’objectif poursuivi, le bilan de la BCE a alors grimpé jusqu’à un plafond de 3 000 Mds € au cours de l’année 2012. A la fin de cette année, il était encore à une hauteur de 2 963 Mds €, soit de + 1 455 Mds supérieur à son niveau de fin 2007, avant le déclenchement de la crise. La moitié de cet accroissement, soit + 767 Mds €, était dû à l’usage extensif du refinancement à plus long terme.

Explosion des dettes publiques et privées de 2007 à 2014

De leurs côtés, les dettes publiques des pays de l’UE avaient explosé. Le ratio dette publique / PIB de l’UE a bondi de 57,5% en 2007 à 84,0% en 2012, et celui de la zone euro de 65,0% à 89,9%. Sur la lancée, ces ratios ont atteint respectivement 86,6% et 92% en 2014 avant de commencer à décliner lentement. Parmi les plus « mauvais élèves » de la zone, malgré les soins intensifs qui lui ont été prodigués, la Grèce a vu son coefficient monter de 103,1% en 2007 à 178,9% en 2014. La France n’a pas fait mieux que la moyenne de la ZE, son taux d’endettement public ayant grimpé de 64,5% en 2007 à 94,9% en 2014. Il a ensuite poursuivi son ascension presque sans discontinuer jusqu’à 98,1% du PIB à la fin 2019.

Dans de nombreux pays et au niveau de l’ensemble de la ZE, le taux d’endettement des agents privés non financiers (APNF), ménages et sociétés non financières, a aussi beaucoup augmenté depuis 2007, atteignant 119,4% du PIB dans la ZE et 135,4% en France au 3ème trimestre 2019 (4).

En 2019, à lui seul, le taux d’endettement des entreprises non financières a été chiffré à 61,6% du PIB pour la ZE, 41,3% pour l’Allemagne, 63,1% pour l’Espagne, 64,5% pour l’Italie et 74,3% pour la France (contre 53,1% en 2007).

En France, le taux d’endettement des ménages est monté de 45,8% en 2007 à 61,1% du PIB.

Baisse drastique taux directeurs de la BCE en 2008 et 2009

Un tel attrait pour l’endettement s’explique aussi par la politique des taux d’intérêt plus « qu’accommodante » conduite par la BCE… apparemment en désaccord avec ses intentions initiales, puisqu’en juillet 2008, elle avait décidé de monter son principal taux directeur, le taux de refinancement des banques (ou « refi ») de 4% à 4,25%. Revirement à 180 degrés, le 15 octobre le refi était abaissé à 3,75%. Puis en six étapes et six mois, une chute vertigineuse faisait tomber ce taux à 1% le 13 mai 2009. Deux ans plus tard, le refi était remonté à 1,25% en avril 2011 et 1,5% en juillet pour quatre mois. En novembre, il entamait un déclin prolongé, touchant les 0,05% le 10 septembre 2014. Depuis le 16 mars 2016, le refi est resté à 0%.

Appliqué aux prêts d’urgence accordés par la BCE à des établissements financiers à court de liquidités, le « taux marginal » a suivi une trajectoire analogue à celle du refi. De 2,25% du 13 juillet au 8 novembre 2011, il a été abaissé par étapes à 0,25% depuis le 16 mars 2016.

 

Les établissements financiers doivent maintenant payer le placement de leurs excédents de liquidités auprès de la Banque centrale. En effet, le « taux de dépôt », qui rémunère ces dépôts, qui était de 0,75% du 13 juillet au 8 novembre 2011 est descendu à 0% dès le 11 juillet 2012. Il est devenu négatif, - 0,1%, le 11 juin 2014. Depuis le 18 septembre 2019, il est de - 0,5%.

La Troïka au secours des pays les plus en difficulté

Sollicité, le FMI s’est associé à la BCE et à la Commission européenne pour répondre aux appels désespérés des pays les plus en difficulté. Pour accéder aux aides, instruites, allouées et contrôlées par cette « Troïka », ces Etats ont été contraints d’accepter dans la douleur de procéder à des coupes sombres dans les dépenses publiques et à des réformes structurelles n’excluant pas des réductions d’effectifs publics et/ou des retraites, ainsi que des privatisations.

Un document de février 2013, « Chronologie : La crise en Europe (2008-2013) » (5), rappelle le calendrier et des montants de ces « plans de sauvetage ». En mai 2010, un accord de prêt de 110 Mds € a été conclu avec la Grèce. En juillet, c’était au tour de l’Italie d’annoncer un Plan d’austérité et, en novembre, de se voir accorder 85 Mds € de prêts (dont 35 pour des banques). En mai 2011, contre un Plan d’austérité, le Portugal recevait une « aide » de 78 Mds €. Le 21 février 2012, un second plan de sauvetage avec la participation de créanciers privés de 130 Mds € était signé avec la Grèce. La Troïka est aussi venue au secours de l’Espagne en 2012 et de Chypre en 2013.

Jouant un rôle protecteur face aux attaques sur les marchés financiers contre l’Italie et l’Espagne en août 2011, la BCE était intervenue en rachetant des obligations publiques de ces pays. La France avait également été touchée.

2012 à 2014, 2 années charnières déterminantes pour les 6 années suivantes

En 2012, supervision bancaire renforcée et Union bancaire

Le rapport d’information du Sénat du 18 juin 2015 sur le rôle de la Banque centrale européenne face à la crise (2) indique un état inquiétant du système bancaire confronté à de nouveaux risques. Parmi eux, il souligne : - « le manque de profitabilité actuel des banques dans un contexte de taux bas » ; - la part importante des crédits accordés jugés toxiques, 12%, au total, et davantage en Espagne, en Grèce, en Italie, au Portugal et en Slovénie. 40 banques installées dans 10 pays de la zone présentaient de sérieuses difficultés.

En juin 2012, le Conseil européen a décidé de renforcer la supervision des banques au sein de la ZE dans le cadre d’une Union bancaire. Le 15 octobre 2013, un rôle clé a été confié à la BCE en matière de surveillance prudentielle des établissements de crédit au sein d’un Mécanisme de supervision unique (MSU), qui est entré en fonction le 4 novembre 2014. Les pouvoirs de régulation, de contrôle et de sanction ont été éclaircis. Dans la répartition des responsabilités entre la BCE et les Autorités de contrôle nationales (ACN), la BCE a eu la charge directe des établissements importants [123 groupes représentant environ 1 200 unités et 21 000 Mds € d’actifs détenus - à l’époque], tandis que les ACN devaient se consacrer aux 3 520 établissements « moins importants »… présents principalement dans des pays d’Europe du nord, dont 1 688 en Allemagne.

Succès prolongé de l’exigence de rigueur budgétaire imposée aux Etats à partir de 2012

Le 2 mars 2012, 25 Etats de l’UE ont signé le Pacte budgétaire. Le Royaume-Uni et la République Tchèque ont fait exception. Alors que l’UE a fait preuve d’un certain « laxisme » en ce qui concerne la limitation de la dette publique, elle a désiré le respect de plus de rigueur budgétaire et la limitation effective du déficit public à 3% du PIB, sous peine de sanctions. Une « règle d’or d’équilibre budgétaire » a été introduite à cette fin dans le nouveau pacte.

Elle a été un des marqueurs des 8 années qui ont suivi le plus profond de la crise. Nombre de pays de l’UE ont essayé, avec des tensions et des difficultés, de répondre à cette exigence « renforcée ». Certains en ont fait une priorité « quoi qu’il en coûte ». Non sans restrictions, dans le domaine de la santé, par exemple.

Le déficit public global de l’UE n’était que de - 0,8% du PIB en 2007, et celui de la ZE, de - 0,6%. Après cinq années de crise et une montée difficile à « maîtriser », ce déficit avait atteint - 4,3% du PIB au niveau de l’ensemble de l’UE en 2012 et - 3,7% à celui de la ZE. Celui de la Grèce était de - 7,2%. Devant elle, l’Espagne était à - 5,1%, le Portugal et le Royaume-Uni à - 4,4%, la France à - 3,5%.

Sept ans plus tard, d’après un communiqué d’Eurostat du 22 avril 2020 (6), le déficit public de l’UE et celui de la ZE avaient été ramenés à 0,6% en 2019. L’amélioration est générale. 16 des 28 pays de l’UE dégagent des excédents budgétaires allant jusque + 3,7% du PIB au Danemark, + 2,1% en Bulgarie, + 1,7% à Chypre et aux Pays-Bas, + 1,5% en Grèce, + 1,4% en Allemagne… 10 autres pays respectent aussi le critère des - 3%, avec des déficits compris entre - 0,3% et - 2,1% de leur PIB. La France est à -3,0%, la Roumanie, à - 4,3%.

Tous les pays ne se trouvent ainsi pas au même niveau de confort budgétaire pour faire face aux fortes dépenses publiques additionnelles que va requérir la crise du coronavirus.

Les restrictions budgétaires ont sans doute contribué à la récession en Europe en 2012 et en 2013. Le PIB a alors reculé de - 0,9% puis de - 0,% dans l’UE et dans ZE. Puis, dans l’ensemble, la croissance a été soutenue en moyenne pendant les six années de 2014 à 2019. Le taux annuel moyen de croissance a été de + 2% pour l’UE à 28, et de + 1,8% pour la ZE. Pour la France, ce taux a été de + 1,4%.

De 2014 à 2019, la discipline budgétaire a permis d’alléger l’endettement public

A la fin de l’année 2014, la dette publique totale était à un sommet : 92,0% du PIB pour la ZE et 86,6% pour l’UE. D’après les dernières données d’Eurostat, au 31 décembre 2019, elle est redescendue à 84,1% du PIB pour la ZE, à 40,2% pour les pays de l’UE hors ZE et à 77,8% pour l’ensemble des pays de l’UE. Mais de fortes différences s’observent entre groupes de pays, et plus encore entre pays. Visiblement, la plupart des pays de l’est n’ont pas été contaminés par le virus de l’endettement. Leurs dettes publiques vont de 8,4% du PIB en Estonie, 20,4% en Bulgarie, 30,8% en Tchéquie à 46% en Pologne, 48% en Slovaquie et, exception, 66,3% en Hongrie. Les pays scandinaves et les Pays-Bas ont développé des anticorps et, sauf pour la Finlande, à 59,4%, leurs dettes sont très en dessous du seuil (fatidique ?) de 60% du PIB. L’Allemagne est aussi passée sous la barre, à 59,8%. L’Autriche est à 70%. Avec la Belgique, à 98,6% et la France à 98,1%, ce sont les sudistes qui se trouvent dans les situations les plus difficiles, voire précaires. L’Espagne et Chypre sont à 95,5%, le Portugal est à 117,7%, l’Italie à 134,8% et la Grèce, à 176,6%.

Il est évident que le combat contre la pandémie et ses effets, qui recourra [qui recourt déjà] largement à l’endettement, ne se fera pas dans les mêmes conditions par les différents Etats. Or, il se trouve que, par rapport à leurs populations, à la date du 26 avril, la Belgique, l’Espagne, l’Italie, le Portugal et la France sont parmi les pays où les pourcentages de cas de Covid-19 confirmés et de décès sont les plus élevés (7).

L’endettement privé s’est alourdi aussi chez des « grands » de la ZE

D’après des données affichées en février 2020 sur le site de la Banque de France (8), l’endettement des sociétés non financières au 3ème trimestre 2019 est assez élevé. Son taux (dette/PIB) est de 61,6% pour l’ensemble de la ZE. Il est de 41,3% en Allemagne, de 63,1% en Espagne et de 64,5% en Italie. En France, il est de 74,3%, alors qu’il était de 53,1% en 2007. « Nos » sociétés (en partie multinationales) sont ainsi plus vulnérables, moins bien armées pour résister et pour investir face à la crise du coronavirus qu’elles l’étaient au début de la crise précédente. En outre, ce taux de 74,3% est un taux moyen. Certaines sociétés, nettement plus endettées, sont, de ce seul fait, véritablement en danger… leur personnel aussi.

Au niveau de la ZE, l’endettement des ménages est de 57,8% du PIB au 3ème trimestre 2019. Ce taux est nettement plus faible en Italie, 41,3%. Il est de 54,4% en Allemagne et de 57,4% en Espagne. En France, il est de 61,1%... contre 45,8% en 2007. Beaucoup de nos concitoyens, lourdement endettés, sont exposés à des risques financiers élevés en cas de baisse plus ou moins prolongée de leurs revenus.

L’impossible stabilisation des prix dans la zone euro… ainsi que des cours pétroliers

La maîtrise de l’évolution des prix et leur stabilisation à proximité de + 2%, une mission majeure confiée à la BCE, est difficile en raison de la diversité des facteurs déterminants. Et, depuis le début de la crise, l’évolution des prix a été chaotique en Europe. En pourcentages de variations annuelles, l’indice des prix à la consommation de la ZE a bondi jusqu’à + 4% en 2008 avant de s’effondrer et de plonger à - 0,6% en milieu d’année 2009. Il est ensuite remonté jusqu’à + 3% en 2012 avant d’amorcer une descente prolongée qui l’a conduit à - 0,6% à nouveau à la fin de 2014. Il est ensuite resté hésitant au cours de 2015 et au début de l’année 2016 avant de remonter à + 2% au début de 2017 puis de fluctuer entre 2% et 1% jusqu’en janvier 2020 (9).

L’instabilité des prix est en partie imputable à celle des cours du pétrole qui ont suivi une trajectoire heurtée, avec : - une période de prix élevés (entre 110 $ et 130 $ le baril de Brent) d’avril 2011 à juin 2014 ; - une chute à moins de 50 $ le baril à fin 2014, puis jusqu’en dessous de 30 $ en novembre 2016 ; - une remontée à des niveaux de prix compris entre 60 et 80 $ en 2018 et 2019. Puis, presque comme 14, la surproduction et la mésentente (ou la concurrence) entre de grands producteurs, la Russie et l’Arabie saoudite, ont déclenché une nouvelle chute à 55 $ le baril en février 2020. Le 6 mars celui-ci était à 33 % et, la panique provoquée par le Covid-19 s’étant emparée des marchés, il perdait - 30% le 9 mars. Avec la menace d’une récession mondiale, le prix du baril de Brent était de 20 $ le 27 avril à la mi-journée (10). C’est donc avec un coût très faible des hydrocarbures que la crise du coronavirus débute. Pour combien de temps ?

A partir de 2015, « assouplissement » et injections massives de liquidités

C’est principalement dans le but de juguler la déflation et de relancer la croissance que la BCE a décidé de recourir à l’assouplissement quantitatif (QE). A cette fin, a été lancé le 22 janvier 2015 un ambitieux Programme d’achat d’actifs, au nom moins connu d’APP (pour « Asset purchase programme »). Pour faciliter davantage l’accès au crédit par les Etats, il a introduit la possibilité d’achats de dette souveraine. Des conditions ont été précisées : - les rachats ne pourraient couvrir que le tiers de la dette des émetteurs ; - les émetteurs devraient disposer d’une notation financière entre AAA et BBB, ce qui n’était pas le cas de la Grèce ; - 80% des rachats se feraient via les Banques centrales nationales en fonction de la clé de répartition des participations des Etats au capital de la BCE. Celle de France est de 20%.

L’APP devait permettre à la BCE de racheter pour 1 100 Mds € nets de titres de dette publique ou de créances privées de mars 2015 à septembre 2016. Les injections de liquidités dans le système bancaire devaient se faire au rythme de 60 Mds € par mois.

Cela a été réalisé de mars 2015 à mars 2016.

A partir d’avril 2016, l’allocation a été portée à 80 Mds €, avec la possibilité d’achats d’obligations d’entreprises.

A compter d’avril 2017, elle a été ramenée à 60 Mds €. L’instrument « non conventionnel » est devenu de tradition.

En janvier 2018, ce montant mensuel a été fixé à 30 Mds €.

En octobre 2018, il a été abaissé à 15 Mds € durant 3 mois, puisque le Programme a été arrêté à la fin 2018.

Ainsi, pendant les 46 mois de mars 2015 à fin décembre 2018, ce sont 2 600 Mds € de liquidités qui ont été mises à la disposition des marchés avec le QE pour financer de l’endettement. On retrouve un montant du même ordre de grandeur dans l’augmentation du montant total du bilan de la BCE. Celui-ci est passé de 2 228 Mds € au 31 décembre 2014 à 4 673,2 Mds € au 31 décembre 2019. Comme le poids de la politique monétaire de la BCE, son montant a changé de dimension depuis la crise de 2008.

Pour soutenir la croissance économique en berne dans la ZE, la BCE a relancé le QE pour une durée indéterminée à compter du 1er novembre 2019 à un rythme de 20 Mds € par mois. C’est une « ressource », modeste, qui restera mobilisable pour faire face à la crise du Covid-19.

Les avis sur les performances attribuables au QE sont partagés. Force est de constater son impuissance à réguler (au sens premier du terme) les prix dans la ZE. Des doutes peuvent aussi être émis sur son efficacité en matière de soutien de la croissance. Cependant, l’injection massive de liquidités en même temps que la recherche de la réduction des déficits publics peuvent-elles donner le cocktail le plus tonifiant ? Dans le rapport précité le Sénat souligne que l’efficacité des dispositifs mis en place dépend beaucoup de la volonté des états membres d’améliorer leur gouvernance. Et « l’afflux de liquidités, via les programmes de rachat de titres, les prêts de longue durée aux banques ou la baisse continue des taux anesthésie toute velléité réformatrice » ou « la tempère ».

Une influence du QE sur le taux de change de l’euro plus probante… jusqu’ici

De 2001 à 2007 le prix de l’euro en dollars avait augmenté presque sans discontinuer jusqu’à 1 euro pour 1,37 $. Assez logiquement ce prix est monté à 1,47 $ en moyenne sur l’année 2008. Puis il a fluctué en baissant un peu pendant 6 ans pour se situer à 1,33 $ en 2014. Avec le lancement du QE, le prix de l’euro a plongé, descendant à 1,11 $ en 2015, fournissant un bol d’air au commerce extérieur des pays de la zone. Par la suite, l’euro est remonté à 1,18 $ en 2018 et est revenu à 1,12 $ en 2019 (11). Le 27 avril 2020 1 euro valait 1,08 dollar des Etats-Unis. Pour de multiples raisons, l’avenir est très incertain.

Le QE a eu un impact aussi sur le taux de change de l’euro en monnaie chinoise, le yuan renmimbi. En 2013-2014, un euro valait entre 8 et 8,40 yuans. Son cours était même monté près de 8,70 yuans en juin 2014. Il a alors amorcé une descente qui l’a amené sous les 6,80 yuans en 2015. Avec des à-coups, il est remonté ensuite progressivement au dessus de 7,60 yuans à partir de 2018 (12). Au 27 avril 2020, le cours de l’euro était de 7,69 yuans.

Cependant, le yuan restant notoirement sous-évalue, le QE n’a pas eu d’effets notables sur le flot des importations venant de Chine. La Chine semble pouvoir « sortir » de la pandémie du Covid-19 avant de nombreux pays. La donne changera-t-elle pour autant ? En attendant, nous restons dépendants d’elle pour notre approvisionnement en masques ainsi qu’en matériels et produits médicaux dont nous manquons encore cruellement.

Il est difficile de pronostiquer dans quelle mesure la politique monétaire pourra encore contribuer à soutenir la compétitivité de la ZE et la croissance dans les mois et les années à venir.

2ème partie : déploiement d’armes lourdes européennes face au coronavirus 

Europe : BCE, système bancaire et endettement au premier plan

Des décisions du 12 mars de la BCE décevantes

Les instances de l’UE et les gouverneurs de la BCE ont tardé à prendre conscience de la gravité et de l’ampleur de la crise qui s’ouvrait. Le 12 mars 2020, la BCE a décidé que des opérations de refinancement de long terme (LTRO) supplémentaires seraient conduites… « Bien que le Conseil des gouverneurs ne perçoive pas de signes importants de tensions sur les marchés monétaires ou de déficits de liquidités dans le système bancaire, ces opérations apporteront un soutien effectif en cas de besoin », a-t-on pu lire dans le communiqué de presse de la Banque. Pourtant, « par ailleurs », les bourses avaient dévissé depuis trois semaines et le CAC 40 était descendu de 6 107,5 points le 21 février à 4 667 points le 10 mars. Le Conseil a également décidé qu’une enveloppe temporaire de 120 Mds € serait aussi consacrée à des achats nets d’actifs supplémentaires d’ici la fin de l’année pour renforcer les programmes d’achat de titres du secteur privé. Ces achats pourraient être poursuivis aussi longtemps que nécessaire. La BCE prévoit aussi de réinvestir en totalité les remboursements des obligations arrivant à échéance achetés dans le cadre du programme APP.

Les taux d’intérêt ont été maintenus inchangés : 0,00% pour le refi, 0,25% pour la facilité de prêt marginal et - 0,50% pour la facilité de dépôt.

La présidente de la BCE, Christine Lagarde a commenté ces décisions lors d’une conférence de presse le même jour. Entre le 12 et le 15 mars, le CAC 40 a perdu - 12% descendant à 4 044 points.

Le 18 mars, la BCE sort des armes lourdes et l’assouplissement devient aussi qualitatif

Au contraire, depuis le début mars les taux des obligations des pays européens ont bondi et les écarts se sont creusés entre ceux de la dette allemande, jugée la plus sure et ceux des autres Etats, et en particulier de l’Italie. « Une situation qui a réveillé le spectre d’une fragmentation de la zone euro, comme lors de la crise européenne de la dette entre 2010 et 2012 » (13).

Le 18 mars, le Conseil des gouverneurs de la BCE a pris des décisions substantielles et annoncé le lancement d’un plan d’urgence d’achat de titres des secteurs public et privé de 750 Mds €, baptisé « PEPP » (pour « Pandemic Emergency Purchase Programme ») (14). Ce plan durera au moins jusqu’à la fin de 2020, tant que la crise du Covid-19 ne sera pas terminée. Il inclura toutes les catégories d’actifs éligibles dans le programme existant d’actifs APP.

Ce dispositif sera encore plus flexible que le QE. Désormais, la BCE pourra acheter des obligations de la Grèce. Elle pourra aussi s’écarter temporairement de la clé de répartition du capital qui détermine la part des achats dévolue à chaque pays. La présidente Christine Lagarde a aussi indiqué que la Banque irait jusqu’à acheter plus du tiers de la dette d’un Etat si la situation l’exigeait.

La gamme des actifs éligibles dans le cadre du programme d’achat aux entreprises (CSPP) sera élargie aux titres de dette à court terme d’une qualité de garantie suffisante. Et la BCE va assouplir les règles concernant les titres qu’elle accepte des entreprises en garantie de ses prêts.

Le Conseil des gouverneurs veut faire en sorte que « tous les secteurs de l’économie bénéficient de conditions de financement supportables pour qu’ils puissent supporter ce choc. Cela vaut pour les familles, les entreprises, les banques et les gouvernements ».

Un plan d’aide de l’UE à « solidarité limitée », en partie illusoire

Le 9 avril : l’UE décide un plan d’aide ciblé de 500 Mds €

Au bout de trois jours de discussions, les « ministres européens des Finances » se sont entendus le 9 avril sur un plan d’aide de 500 milliards d’euros. « La réunion s’est achevée sous les applaudissements des ministres » a aussitôt « twitté » la présidence de l’Eurogroupe. Et notre ministre Bruno Lemaire a vanté un « excellent accord » apportant « 500 milliards d’euros disponibles immédiatement » et « un fonds de relance à venir »… Un accord qui « marque un jour important pour l’UE » (15).

La manne promise sera dispensée sous forme de prêts par trois « piliers » :

1 - La Banque européenne d’investissement pourra accorder jusqu’à 200 Mds € de prêts à des entreprises, surtout des PME européennes… grâce à un fonds de garantie paneuropéen de 25 Mds € soutenu par les états de l’UE.

2 - Avec un nouvel instrument baptisé « SURE », la Commission européenne va pouvoir emprunter jusqu’à 100 Mds € sur les marchés avec le soutien, à hauteur de 25 Mds €, de garanties des 27 états membres. Les fonds levés par la Commission seront prêtés « à des conditions très intéressantes » à des Etats qui en auront besoin pour financer le « chômage partiel ».

3 - Le Mécanisme européen de stabilité (MES) est une institution financière de la zone euro créée en 2012 dont les actionnaires sont les pays de la zone euro. Son capital, de 700 Mds € a été partiellement libéré, et 410 Mds € sont mobilisables. Un Fonds de secours a été créé afin d’accorder aux Etats en difficulté des crédits à des conditions nettement moins sévères que celles qu’ils obtiendraient sur les marchés financiers. Chaque Etat de la zone pourra y faire appel dans la limite de 2% du montant de son PIB. Si tous les états usent de ce « droit », le montant total des emprunts au Fonds atteindra 240 Mds €.

Une dérogation aux usages du MES a été obtenue de haute lutte par les Sudistes et la France. L’octroi des prêts destinés à des dépenses « pour soutenir le financement domestique direct ou indirect du système de santé, les soins et la prévention relative aux coûts dus à la crise du Covid-19 » ne sera pas soumis aux habituelles conditionnalités. Pas d’exigences de réduction des déficits publics et de réformes structurelles, donc, comme en ont connu les « bénéficiaires » jusqu’ici (Grèce, Italie, Espagne…).

Une disposition en faveur des pays de l’UE hors zone euro recourant à l’instrument communautaire de soutien à la balance des paiements, a été adoptée le 9 avril. La Commission pourra emprunter sur les marchés jusqu’à 50 Mds € pour les prêter, dans des conditions intéressantes, aux Etats qui en feront la demande (16).

Une fois de plus, la question de la « mutualisation de la dette » a été âprement débattue Mais, la proposition insistante d’émission de « coronabonds », des obligations communes aux 27 états de l’UE ou aux 19 de la zone euro, a été repoussée. Malgré les pressions, l’Allemagne et les Pays-Bas (qui seraient les principaux et presque seuls garants « solvables » de cet endettement commun) n’ont pas fléchi. Cependant le combat n’est pas terminé.

En effet, l’accord prévoit un Plan de relance commune à plus long terme assorti « d’instruments financiers innovants », qui serait préparé rapidement. D’après le Trésor, la France souhaite qu’un fonds de relance soit « alimenté par un endettement commun significatif des Etats membres, qui alimenterait le budget de l’Union, afin de financer une réponse solidaire de l’Union à la crise ». Pour notre ministre des Finances Bruno Lemaire (BL), « Il est prévu d’étaler les coûts, or pour étaler les coûts je ne connais que la dette. Il est aussi prévu que ce soit une nouvelle forme de financement, or il n’existe que la dette commune comme nouvel instrument ». L’Agence économique et financière (Agefi) rapporte ces propos dans un article instructif du 10 avril intitulé « L’Eurogroupe s’accorde enfin, sans lever toutes les ambiguïtés » (17).

Concernant la rapidité de la mise en œuvre et l’ampleur réelle des engagements financiers auxquels le Plan donnera lieu, des doutes sont permis

. La contribution de la BEI pourrait être mobilisée sans attendre. Les services de la banque sont bien rodés. Les tableaux annexés à son Plan d’activité 2020 (18) font état notamment de montants de signatures de crédits du Groupe BEI de 65,7 Mds € en 2018, 67 à 73 Mds € en 2019 (prévisions) et de 69 à 75 Mds € en 2020  (orientations) ; - d’investissements au titre du Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS) facilités par le Groupe BEI. Parmi eux, ceux du volet PME sont estimés à 41 Mds € en 2018, 50 Mds € en 2019 (prévisions) et de 20 à 40 Mds en 2020 (orientations). Le nouveau Fonds de garantie paneuropéen est-il destiné à compenser cette dernière baisse ?

. Avant d’entrer en vigueur, le nouvel instrument SURE proposé par la Commission devra être examiné par les Etats membres et par le Parlement européen. Selon l’Agefi, les négociations risquent d’être « longues et tortueuses ».

Quant au Fonds de secours du MES, compte tenu des bas taux d’intérêt pratiqués sur les marchés, même pour les prêts aux pays financièrement « fragiles », il apparaît probable qu’il sera peu sollicité.

Ainsi, le Plan d’aide de 500 Mds € est loin de l’image que l’UE et nos gouvernants ont voulu en donner, celle d’un apport massif immédiat d’argent frais. Son annonce théâtrale ressemble à s’y méprendre à une opération de communication destinée à sauver la face, à montrer qu’en dehors de la politique monétaire dirigée par la BCE, l’UE est capable de mettre sur pieds des réponses communes dans des situations d’urgence.

Historique suspension des règles de discipline budgétaire le 23 mars 

Constatant un « ralentissement économique grave », suivant la proposition de la Commission européenne, les ministres des finances des 27 Etats de l’UE ont décidé le 23 mars de faire jouer la « clause dérogatoire » du Pacte budgétaire et d’autoriser les Etats à ne plus respecter pour une durée indéterminée le plafond de 3% du PIB fixé au déficit public. Cette très importante décision avait été largement anticipée dans de nombreux pays.

« Le coronavirus a eu la peau du pacte de stabilité de l’UE » a-t-on pu lire sur liberation.fr le 23 mars (19). En effet, la réponse à la crise de 2008 avait déjà fait sauter le verrou du seuil d’endettement public fixé à 60% du PIB, qui n’est plus qu’un ancien et trop peu regretté souvenir. En deux temps, l’héritage du très controversé traité de Maastricht s’est effacé. Et, via cette « souplesse » à l’égard des déficits, la porte s’est encore plus grand ouverte à l’endettement. En fait, c’est aussi une remise en question du traité de Lisbonne… qui sera fatalement à reconsidérer, en même temps que les finalités et les objectifs d’une Union européenne remise à l’heure, au diapason de son temps, seront à redéfinir.

Encore plus d’assouplissements

Le 7 avril, la BCE élargit le champ du refinancement et assouplit davantage ses conditions

Un paquet de mesures a été adopté le 7 avril 2020 pour inciter les banques à prêter davantage aux Etats, aux entreprises, et notamment aux plus petites, ainsi qu’aux ménages.

En complément de ses dispositions du 23 mars, la BCE a renoncé aux exigences de qualité minimale pour les titres émis par la Grèce que les banques voudraient lui apporter en garantie.

Money vox rapporte qu’elle : - acceptera aussi en garantie « des prêts de moindre qualité » accordés aux entreprises, celles-ci comprenant les travailleurs indépendants et les autoentrepreneurs, et aux ménages, ainsi que des « prêts en devises étrangères » ; - va supprimer la limite de 25 000 euros pour des prêts accordés à des petites entreprises.

La BCE a aussi décidé d’abaisser « systématiquement » à 20% le taux de décote sur les valeurs des titres qui lui sont apportés (20).

Le 17 avril 2020, dans un article intitulé « Covid-19 I Quelles réponses de l’Europe à la crise ? » (16), la DG du Trésor a indiqué l’intention de la BCE d’assouplir les règles prudentielles pour éviter un resserrement du crédit qui résulterait d’une dégradation de la qualité des actifs détenus par les banques.

Le 22 avril, la BCE décide d’accepter des « junk bonds » en garanties

« La BCE va encore plus loin dans ses mesures de soutien aux banques » a titré bfmbusiness.bfmtv.com le 22 avril (21). La BCE venait d’annoncer qu’elle pourra accepter des obligations dégradées en catégorie « pourrie » en garantie des crédits accordés aux banques.

«  La BCE garantit jusqu’en septembre 2021 l’éligibilité des actifs négociables utilisés en garantie des l’Eurosystème qui ne répondent pas aux exigences minimales actuelles en matière de qualité de crédit ». Elle ajoute que « des décotes appropriées s’appliqueront aux actifs qui tombent en dessous » de ces exigences minimales.

La BCE pourra aussi « décider de mesures supplémentaires, si nécessaire, pour continuer à assurer la transmission harmonieuse de sa politique monétaire dans tous les pays de la zone euro » 

Cette « escalade » ravive de mauvais souvenirs et des craintes. C’étaient des junk bonds qui avaient provoqué l’enrayement du système bancaire et la crise en 2007. Il avait fallu des années pour en sortir et assainir les banques et les marchés financiers, relancer (modestement) la croissance. Or, la crise actuelle s’annonce beaucoup plus sévère et prolongée. Elle requiert des remèdes ne relevant pas de la politique monétaire. Attention à ne pas trop jouer avec le feu. Plus que jamais, une hyper crise du surendettement menace.

3ème partie : en France, situation dégradée, lourds impacts du virus

Une situation « dégradée » et de lourdes dettes à l’arrivée du virus

Face au coronavirus, la France a été handicapée par les manques prolongés de masques, d’appareils respiratoires, de tests de dépistage, par l’insuffisance de places de réanimation dans les hôpitaux, ainsi que par les restrictions planifiées en personnels qualifiés et en moyens du système de santé. Malheureusement, le pays et ses citoyens vont supporter et payer cher un confinement qui s’annonce long et une « stratégie » de déconfinement à géométries variables soumise à l’improvisation.

 

Dans son rapport sur le Projet de loi de finances rectificative pour 2020 (22), le Sénat souligne que « Cette crise sanitaire intervient dans un contexte budgétaire dégradé ». Il observe qu’entre 2014 et 2019, les ratios d’endettement public ont baissé dans presque tous les principaux pays de la ZE, de - 1 point de PIB en Grèce, de - 5 points en Espagne… de - 16 points en Allemagne et de - 20 points aux Pays-Bas, tandis qu’il a augmenté de + 3 points en France où la dette publique atteint 2 380 Mds € à la fin 2019, soit 98,1% du PIB.

Autre handicap de taille, le fort endettement « structurel » des entreprises avant la crise. Nous avons vu que la dette des entreprises non financières était de 74,3% du PIB au 3ème trimestre 2019. Depuis, leurs dettes et leurs situations de trésorerie se sont aggravées. Le nombre des victimes de faillites augmente. Pas seulement parmi des sociétés cotées, dont l’exécutif pourrait « nationaliser » une partie du capital. Des PME, des TPE et des indépendants souffrent des même maux et réclament de l’aide pour survivre. Au tout début avril, déjà, plus 40 000 entreprises avaient demandé des prêts garantis par l’Etat et plus de 200 000 entrepreneurs avaient sollicité le fonds de soutien. Depuis, ces effectifs ne cessent de croître. Plus de 10 millions de travailleurs sont en emploi partiel. Et parmi les ménages dont les revenus chutent, nombreux sont ceux qui sont aussi lourdement endettés.

Le Sénat note aussi la faiblesse de « la rampe de lancement » de la croissance économique, puisque « l’acquis de croissance » n’était que de + 0,2% en fin d’année 2019. Nous étions à proximité de la stagnation.

Confinement, chute brutale des activités, déficit public record attendu en 2020

Depuis la 2ème quinzaine de mars, l’activité est fortement ralentie et le PIB tombe vite. Le Point de conjoncture de l’Insee du 23 avril a confirmé son estimation précédente : depuis la mi-mars, l’économie française fonctionne 35% en dessous de la « normale ». Le 30 avril l’institut a annoncé une « chute historique du PIB au 1er trimestre 2020 », chiffrant cette chute à - 5,8% par rapport au trimestre précédent. Ce décrochage est attribué au confinement.

Dans le PLFR (révisé) 2020 de fin avril, l’hypothèse sur la perte d’activité instantanée liée au confinement tient compte de cette estimation. Par quinzaine de jours de confinement, la baisse du PIB retenue est de - 6% au niveau trimestriel et - 1,5% au niveau annuel. L’hypothèse d’un rebond rapide à la sortie du confinement a aussi été retenue par le gouvernement. Dans ces conditions, la « prévision » de croissance du PIB pour 2020 [de 2019 à 2020] est de - 8%, un record historique.

Levée du blocus budgétaire et assouplissements : des bouffées d’oxygène

Des aides européennes précieuses pour un plan d’urgence à 110 Mds €

Parmi les aides qu’apportent les décisions récentes de l’UE et de la BCE, l’autorisation donnée de dépasser le seuil de 3% du PIB jusque là imposé au déficit public est « vitale ». Elle permet au gouvernement de prévoir la limitation de la chute du PIB à - 8% en 2020, moyennant un déficit public de 9,1%  du PIB… et la montée de l’endettement public de 98,1% à 115% du PIB au cours de l’année. Avec toutes les nouvelles « facilités » ouvertes par la BCE et les assouplissements des conditions de refinancement, notamment en matière de garanties, l’Etat français et les Institutions publiques ne devraient pas rencontrer de difficultés à trouver les crédits nécessaires à des taux intéressants. Le gouvernement a même prévu une baisse de - 2 Mds € des charges de la dette dans le projet de loi de finances pour 2020.

Ces « facilités » ont permis à l’exécutif d’annoncer le relèvement du plan d’urgence économique à 110 Mds €. Il ne s’agit pas en totalité, comme on le laisse trop souvent entendre, de dépenses publiques à caractère définitif qui auront un impact sur le déficit public. Ce plan comporte aussi des avances fiscales, des reports de dettes, des prêts... qui ne sont pas comptabilisés dans les dépenses publiques, mais qui vont tout de même soulager financièrement les bénéficiaires. Dans le rapport du Sénat, un tableau indique que :

. 42 Mds € auront un impact sur le solde public. Ils comprennent : - 24 Mds € pour financer les mesures relatives à l’activité partielle ; - 7 Mds € pour abonder le Fonds de solidarité, en faveur des très petites entreprise et des indépendants ; - 8 Mds € pour financer des dépenses additionnelles de santé (masques, indemnités journalières, heures supplémentaires et primes des soignants…) ; - 0,5 Mds € pour la contribution à l’assurance chômage ; - 2,5 Mds € de crédits supplémentaires d’urgence.

. 69,5 Mds € n’auront pas d’impact sur le déficit public. Il s’agit principalement de : - 25,5 Mds € de reports de prélèvements obligatoires ; - 23 Mds € de remboursements anticipés de crédits d’impôts ; - 20 Mds € pour des prises de participation dans des entreprises… qui semblent plutôt devoir se concrétiser sous la forme de crédits à des sociétés en grandes difficultés.

Un déficit de l’Etat de 185 Mds € et un « trou de la Sécu » de - 41 Mds €

Dans la LDF initiale pour 2020, le déficit de l’Etat prévu était de - 93,1 Mds €. Dans la 2ème LDF rectificative, il est de - 185,4 Mds €. La détérioration du déficit attribuée à la crise du coronavirus se monte donc à - 90,3 Mds €.

Elle n’est pas due uniquement aux dépenses budgétaires d’urgence. Une baisse additionnelle de recettes fiscales de - 36 Mds €, liée au recul des activités est prévue, dont - 12 Mds d’impôt sur les sociétés et - 9,1 Mds de TVA

Au déficit de l’Etat s’ajoutera une partie du déficit de la Sécu, estimé à - 41 Mds €, « du jamais vu », selon la déclaration du ministre Gérald Darmanin du 22 avril. Ce déficit serait du pour - 20 Mds € aux baisses attendues des rentrées des cotisations sociales et de la CSG.

Avec les déficits des collectivités territoriales et des ODAC, le déficit public total en 2020, estimé à - 9,1% du PIB dépasserait ainsi les - 200 Mds €.

Pour les entreprises et les ménages, l’accès au crédit risque de rester compliqué

Au  plan d’urgence coronavirus s’ajouteront 315 Mds de garanties de l’Etat, dont :- 300 Mds € de garanties de l’Etat pour faciliter des prêts par les banques ; - 10 Mds pour la réassurance des encours d’assurance-crédit ; - 5 Mds € pour la réassurance des crédits-export.

La mobilisation de ces « ressources » par des emprunteurs dépendra en grande partie de l’attitude des banques.

Ce sera le cas, d’une façon plus générale, pour les crédits qui seront sollicités auprès des banques. Courroies de transmission de la politique monétaire, les banques jouent un rôle majeur dans l’Eurosystème. Si elles suivent les directives de la BCE, elles ont aussi leurs objectifs, leurs propres façons d’apprécier les risques et les coûts associés aux opérations, ainsi que d’interpréter les règles prudentielles devant être respectées. La baisse des taux d’intérêt a nui à leur rentabilité. Et la crise des « subprimes » ne peut être oubliée de leurs dirigeants. Actuellement, elles ont de sérieuses raisons d’analyser la situation avec circonspection et d’user des « assouplissements » apportés par la BCE avec modération. Les valeurs boursières des trois plus grands groupes français, le Crédit Agricole, la BNP Paribas et la Société Générale ont vu leurs valeurs boursières fondre respectivement de - 47%, - 48% et -56% entre le début de l’année et le 4 mai à la mi-journée.

Les réticences signalées à répondre à des demandes de prêts, même avec la garantie de l’Etat, montrent effectivement que, malgré l’assouplissement annoncé des conditions de refinancement, l’accès au crédit va probablement rester compliqué pour des entreprises de toutes tailles ainsi et des ménages en cette période de complète incertitude.

Paul KLOBOUKOFF Académie du Gaullisme Le 4 mai 2020

Sources et références :

(1) Longer-term refinancing operations ecb.europa.eu/press/pr/date/2009+/html/pr090507… le 07/05/2009

(2) Rapport d’information sur le rôle de la Banque centrale européenne face à la crise senat.fr/rap/r14-r533/r14-5331.pdf le 18 juin 2015

(3) Les opérations de financement à long terme de la Banque Centrale Européenne fbf.fr/fr/secteur-bancaire-francais/actualites/les-operations le 15/05/2012

(4) Taux d’endettement des agents non financiers - Comparaisons internationales 2019T3 banque-France.fr/statistiques/credit/endettement… le 21/02/2020

(5) Chronologie : La crise en Europe (2008-2013) toutel’europe.eu/actualite/chronologie-la-crise-en-europe-2008-2013.html le 04/02/203

(6) Eurostat communiqué de presse euroindicateurs ec.europa.eu/eurostat/documents/2995521/2-22042020-AP-FR.pdf…

(7) Coronavirus (CVID-19) -Google -Actualités google.com/covid19/map?hl=fr… le 26-04/2020

(8) Taux d’endettement des agents non financiers - Comparaisons internationales banque-France.fr/statistiques/credit/endettement… le 21/02/2020

(9) Taux d’inflation Europe (zone euro) - Série statistique et analyse abcbourse.com/marches/economie_inflation_europe-27…

(1) Pétrole Brent Cours Indice BRN, Cotation Bourse Ice Europ -Boursorama boursorama/indices/cours/8xBRN le 27/04/2020

(11) Taux de change moyen annuel du dollar des Etats-Unis par rapport à l’euro statista.com/statistiques/577988/taux-de-change… le 13/02/2020

(12) Cours Euro Yuan renmimbi boursorama.com/bourse/devises/taux-de-change -euro… le 27/04/2020

(13) Coronavirus : la BCE lance un programme d’urgence de 750 milliards d’euros lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/la-bce le 18/03/2020

(14) ECB announces €750 billion Pandemic Emergency Purchase Programme (PEPP) ecb.europa.eu/press/pr/date/2020/html/ecb le 18/03/2020

(15) Coronavirus : Les Européens s’entendent sur une réponse à 500 milliards d’euros lesechos.fr/monde/europe/coronavirus-les-pays… les 09 et 10/04/2020

(16) Covid-19 I Quelles réponses de l’Europe à la crise ? tresor.economie.gouv.fr/Articles/2020/04/17/covid

(17) L’Eurogroupe s’accorde enfin, sans lever toutes les ambiguïtés agefi.fr/financements-marchés/actualites/quotidien… le 10/04/2020

(18) Plan d’activité du groupe BEI Tableau C - Tableau des indicateurs de suivi eib.org/attachments/strategies/operational_plan_2020_fr.pdf

(19) Le coronavirus a eu la peau du Pacte de stabilité liberation.fr/planete/2020/03/23/lr-coronavirus…

(20) La BCE assouplit fortement ses conditions de refinancement pour favoriser le crédit moneyvox.fr/banque/actualites/79035/la-bce le 07/04/2020

(21) La BCE va encore plus loin dans ses mesures de soutien aux banques bfmbusiness.bfmtv.com/monde/la-bce-va… le 22/04/2020

(22) Projet de loi de finances rectificative pour 2020 senat.fr/rapp/119-406.html fin avril 2020

 

© 04.05.2020