Jacques MYARD,
En cette période de pandémie, il me
revient en mémoire, comme une sorte de réminiscence fulgurante, ce que nous
disait mon professeur d'allemand de lycée lorsqu'il évoquait ses années de
guerre :
Il nous parlait du " pouvoir
égalisateur de la guerre " qui met tous les hommes sur le pied d'une
stricte égalité face au destin : la vie ou la mort !
L'Histoire n'est-elle pas en
train de resservir des plats dont elle a le secret ?
Difficile de le nier, car la
pandémie replace chacun d'entre nous dans la situation que les hommes ont vécu
pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Vient alors une question
fondamentale et lancinante : le genre humain saura-t-il
en tirer toutes les conséquences pour bâtir un monde nouveau ou du moins qui
remet au centre de l'action politique une vision de la société plus responsable
et plus humaine ?
" Il n'y a qu'une querelle
qui vaille, celle de l'Homme " Hamlet
Mais ne rêvons pas trop : Chassez
le naturel, il revient au galop; la nature humaine est
ainsi faite que l'alerte passée, les errements anciens reprennent rapidement le
dessus : les affaires continuent.
- 1 )
Sur le plan politique :
Les carcans idéologiques ont la
vie dure, les recettes maastrichtiennes et ultra-libérales sont toujours
présentes dans les esprits.
. ) Le Président de la République
donne l'impression d'un virage à 180° en soulignant le nécessaire retour de la
souveraineté de la France afin de garder la maitrise de notre destin national,
dont acte !
Mais immédiatement il évoque la
souveraineté européenne, véritable invocation dont la réalisation effective
relève du mythe dogmatique.
L'invocation d'une souveraineté
européenne est d'autant plus utopique que le retour des Etats-nations en Europe
a commencé bien avant la crise pandémique. Emmanuel Macron est totalement isolé
dans sa vision européenne, vision mise au pilori par les Allemands.
- ) La
Banque Centrale Européenne ( BCE ) est aussi enfermée dans le cadre
maastrichtien, pour relancer la machine économique, elle reprend la technique
de Draghi : les Etats s'endettent, les banques rachètent les bons du trésor et
se font rembourser par la BCE.
A ce titre la BCE a décidé de
"mettre sur la table" 750 milliards d'euros.
Mais les Etats demeurent soumis
aux lois des marchés, ils sont placés sous leur tutelle, pour se financer ils
doivent emprunter sur les marchés.
La BCE ne peut toujours pas
financer directement les Etats et les banques seront toujours réservées pour
financer l'économie réelle, les entreprises.
Une seule solution, remettre en
vigueur les avances du système des Banques centrales aux Etats pour relancer
l'économie !
- )
Procès du retour d'une économie administrée, qualifiée de péché mignon par un
économiste de talent.
Certes on a assisté à un super
tango du gouvernement sur le thème : voici l'ordre, mais attendez le
contre-ordre.
Faut-il, pour autant, vouer aux
gémonies, comme le distillent certains politiques et économistes, les
propositions de recréer un ministère de la prévision et de l'industrie - sans
immédiatement fustiger avec ironie l'obsolescence du tout Plan ?
Quand comprendra-t-on que le
dogme du tout concurrence de Bruxelles a ses limites, que les marchés peuvent
se tromper lourdement dans leurs prévisions ?
Le nouveau Commissaire Thierry
Breton esquisse timidement que les " règles de concurrence doivent être
revisitées " mais il ajoute aussitôt que le libre échange demeure la règle
" c'est dans ce monde que nous vivons" ( Le
Parisien du 5 Avril ).
Cela signifie clairement que dans
l'esprit de la Commission, le règne des multinationales demeure le fondement de
la vision économique géostratégique de l'Union Européenne.
Il va être indispensable que les
Etats reprennent la main pour mieux cadrer les marchés.
- 2 )
Sur le plan éthique :
Cette crise remet en perpective le sens de la vie de chacun, qui ne peut être
assurée sans l'action solidaire de tous.
L'action individuelle - même
celles des génies d'internet et du digital - n'est pas une réponse au défi de
cette pandémie.
Il n'y de salut que dans le sens
retrouvé de l'action collective, dont la Nation est le cadre et l'expression la
plus naturelle et légitime, ce qui n'exclut en rien l'active coopération
internationale des Etats pour restaurer des règles multilatérales, n'en
déplaise à Donald TRUMP ...
UBI SOCIETAS IBI JUS !
JACQUES MYARD
Membre Honoraire du Parlement
Maire de Maisons-Laffitte
PRESIDENT DU CNR
PRESIDENT DE L’ACADEMIE DU GAULLISME