Par Christine
ALFARGE,
« Pour que la France soit forte, il faut que les
Français soient prospères »
(Charles de Gaulle)
Le général de
Gaulle avait su tirer les leçons du passé face à l’Allemagne, il fallait,
écrira-t-il au sujet de la France dans ses « Mémoires de guerre », «
Lui assurer la sécurité en Europe occidentale, en empêchant qu’un nouveau Reich
puisse encore la menacer. » Après les combats, gagner la guerre ne
suffirait pas, le but que s’était fixé le général de Gaulle était de redonner à
la France son éclat terni par la défaite de 1940. L’idée européenne vient de là,
« Collaborer avec l’Est et l’Ouest, au besoin contracter d’un côté ou
bien de l’autre les alliances nécessaires sans accepter jamais aucune espèce de
dépendance. » C’est alors que bon nombre de chefs d’Etats étrangers,
présidents ou souverains se pressaient pour être reçus par lui, une « troisième
voie » ouvrant de nombreuses aspirations à l’indépendance. A travers son
patrimoine, ses œuvres d’art et ses écrits, la France suscitait aussi l’intérêt,
recueillant l’hommage de nombreuses communautés et de cénacles, un voyage au
cœur de l’esprit français, privilégiant les échanges culturels entre les peuples
pour se découvrir et pouvoir partager les arts et les connaissances.
De
Jean Moulin à André Malraux, l’honneur retrouvé mais à quel prix !
Tous ceux qui
avaient rejoint le général de Gaulle en 1940, s’étaient manifestés par sens du
devoir et pour seule mission, faire face à l’ennemi. A travers le général de
Gaulle, ils découvraient une force indomptable, tellement inespérée, « sauver
l’honneur », c’est tout ce qui comptait. Jean
Moulin fut de ceux-là, une vie au service de la France, prêt à tout auprès du
général de Gaulle pour libérer le pays.
« Pour le
meilleur comme pour le pire, nous sommes liés à la patrie. » s’exprimait ainsi André Malraux, le 5 mars 1948. La mémoire a cette
lourde charge de faire connaître l’histoire pour ne jamais oublier, comme ce
jour du 19 décembre 1964 marqué par le souvenir de la cruauté de l’homme,
résonneront pendant longtemps au Panthéon, les mots empreints d’émotion d’André
Malraux, l’amour du pays, la force de vaincre, le sacrifice. « Entre
ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège » Malraux qui avait
rencontré Jean Moulin, avant que celui-ci fut capturé par les Allemands, honore
le grand résistant tout au long de son discours : « Monsieur
le Président de la République, voilà donc plus de 20 ans que Jean Moulin
partit, par un temps de décembre sans doute semblable à celui-ci, pour être
parachuté sur la terre de Provence, et devenir le chef d’un peuple de la nuit.
Sans cette cérémonie, combien d’enfants de France sauraient son nom ? Il
ne le retrouva lui-même que pour être tué, et depuis, sont nés 16 millions
d’enfants… ». Il terminera sur ces mots : « Aujourd’hui,
jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de
sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n’avaient pas parlé.
Ce jour-là, elle était le visage de la France. »
André Malraux
fut toujours présent, il reste le seul des écrivains de grand renom à
s’associer étroitement au gaullisme et le plus fidèle des Compagnons du général
de Gaulle durant sa « traversée du désert ». Un lien s’établit sans
jamais se rompre entre les deux hommes. Ils parlaient ensemble d’égal à égal.
« Que le
vent souffle plus ou moins fort, que les vagues soient plus ou moins hautes, je
vous dois comme un compagnon à la fois merveilleux et fidèle à bord du navire
où le destin nous a embarqués tous les deux… » Extrait d’une lettre adressée par le général de Gaulle à
André Malraux, le 8 janvier 1966.
L’Amiral
Philippe de Gaulle expliquait au sujet de son père, « qu’il avait trouvé
en Malraux, le seul homme avec qui il respirait à la même hauteur. Qui comme
lui avait le don de vision, l’intuition de l’histoire, le vrai sens de la
grandeur. André Malraux était plus qu’un témoin. Il était au niveau du génie où
le dialogue s’instaurait entre l’homme de l’Histoire et le voyant. C’est à ce
niveau seulement qu’il faut chercher leurs rapports. »
« La
culture domine tout » (Charles de Gaulle)
André Malraux
défendait la notion d’héritage culturel, au nom de quoi la France devait
retrouver son rôle en Europe. Pour lui, la culture incarnait l’expression de
l’humanité et de sa créativité liée aux talents, à l’industrie, à la
civilisation et aux valeurs, son influence sur la créativité étant un moteur
d’innovation économique et sociale. « Il faudrait faire pénétrer de
toutes parts la lumière dans l’esprit du peuple, car c’est par les ténèbres
qu’on le perd » écrivait Victor Hugo.
En 1958, quand
le général de Gaulle revient sur la scène politique, André Malraux est
successivement nommé Secrétaire d’Etat, ministre délégué à la présidence du
Conseil chargé de l’information ainsi que ministre chargé de l’expansion et du rayonnement
de la culture française avant de prendre la direction du ministère des Affaires
Culturelles. Il défendra vigoureusement le projet de la Constitution pour la
Vème République, jusqu’à sa promulgation définitive.
Le 4 août 1962,
la loi Malraux programme le ravalement des grands monuments de Paris,
l’inventaire général du patrimoine culturel et la création des Maisons de la
culture, elle est l’indicateur d’une époque, d’un mouvement, d’une intention,
d’une pensée, d’une construction.
Le
général de Gaulle avait surtout au cœur d’associer les Français.
« La
souveraineté réside dans le peuple français, dans ce sens que tout, tout sans
exception, doit être fait pour son intérêt, pour son bonheur et pour sa gloire. » disait Napoléon.
En dotant la France d’une nouvelle constitution, longuement mûrie
depuis son discours de Bayeux en 1946, le général de Gaulle voulait que les
Français puissent s’exprimer démocratiquement sur les grandes décisions par la
voie du référendum. « Pour compenser ce qui manque, j’ai besoin que la
nation me prête un appui déterminé. Si c’est le cas, je réponds que personne ne
passera outre à la volonté de la France. » écrivait-il dans ses « Mémoires
de guerre. »
Il fallait empêcher le retour au régime confus des partis
d’autrefois, l’adoption par référendum de l’élection du Président
de la République au suffrage universel en 1962, sera déterminante pour préparer
la première élection du Président de la République au suffrage universel direct
sous la Vème République, les 5 et 19 décembre1965. « Si à la place de
ce chef d’Etat, qui est fait pour empêcher que la république ne retombe à la
discrétion des partis, on met un chef d’Etat qui n’est qu’une émanation des
partis, alors, je vous le répète, on n’aura rien fait du tout et tout ce qu’on
aura écrit dans la Constitution ne changera rien à rien, on en reviendra à ce
qui était avant… » extrait d’un entretien du général de Gaulle, le 16
décembre 1965.
« Notre seule arme est notre intransigeance » disait le
général de Gaulle. Depuis 1940, son seul but était de sauver la France, sa
liberté dans l’honneur et la dignité. Il ne cessera de défendre jusqu’à la fin
de sa vie les intérêts de son pays avec une ambition à la hauteur des plus
grands personnages de l’histoire française.
A travers l’action du général de Gaulle, le gaullisme incarne une
histoire jamais finie, une transmission perpétuelle pour les générations qui
vont suivre.
Cet héritage est entre nos mains, il est notre avenir !
*Christine ALFARGE Secrétaire générale de l'Académie du Gaullisme.
Le général de
Gaulle et André Malraux inaugurant la Maison de la culture à Bourges le 18
avril 1964.
© 01.12.2020