Par
Albert SALON,
Français, 2020 a été une année de Gaulle. Le 18 juin 2020, a
été une journée d’Appel, par un communiqué de presse de 24 associations créant
une sorte de CNR, de la Résistance linguistique française.
Car la langue française, au cœur de la personnalité nationale, subit une
occupation destructrice par l’ennemi de l’extérieur, et à l’intérieur par ceux
que Michel Serres nommait : « les collabos de la pub et du
fric ». Pour sa libération, les 24 associations ont créé un Haut
Conseil international pour la Langue française et la Francophonie (HCILFF), d’abord
sa section française. C’est un réseau informel de la société civile française.
Plus de 100 hautes personnalités françaises le composent, représentant les
diverses familles spirituelles de la France. Le Haut Conseil se
voue à amplifier, auprès de dirigeants et media, l’action des
associations qui l’ont porté.
Il s’agit de veiller ensemble à faire appliquer la
Constitution par tous les acteurs français. D’abord son article 2 :
« La langue de la République est le français », puis son article 87
du titre XIV, sur la participation de la France à la Communauté francophone,
introduits respectivement en 1992 et 2008, grâce à l’association Avenir
de la Langue française (ALF), par ses amis parlementaires.
La première action d’envergure du HC français a porté
sur le problème brûlant et urgent du statut post-Brexit du
français et des autres langues de l'Union. Il a demandé par lettre collective,
ouverte, au Président de la République, d’empêcher l’UE de promouvoir
l’anglo-américain au rang de « langue commune » de ses
institutions, qui porterait un coup fatal au français en Europe, dans le monde,
voire, à terme, en France même. Notre lettre ouverte a été, le 14/9/2020,
adressée à l’Élysée, aux conseillers et ministres concernés, à parlementaires
et media, y compris à l’Académie du Gaullisme. Avec une lettre de fort
soutien de M. Hubert Védrine : tant à la création du Haut
Conseil qu’à notre combat post-Brexit.
En 2017, nous, associations, avions accueilli avec intérêt
les engagements forts du candidat de la République en Marche pour
le français et la Francophonie. Le 20 mars 2018 encore, lorsque le Président
présenta sa politique sous la Coupole, il reprit à la fois nos propositions, et
notre projet, lancé dès 2001, d’« Institut de
la Francophonie » à Villers-Cotterêts, actuellement en cours
d’exécution.
Mais nous avons condamné les graves signaux contraires
émis « en même temps » par le candidat (discours en anglais à
l’université de Berlin), puis par le Président récidiviste. Aujourd’hui, il
nous faut nous rappeler le Chef de l’État à son devoir sacré de promouvoir les
intérêts fondamentaux de la France et de sa civilisation. Face au très grave
danger de « langue commune » à Bruxelles.
Le Conseil de l’UE a toujours su adapter aux
nouvelles entrées son règlement n°1 de 1958, charte des langues officielles et
de travail. Le Brexit fragilisant le statut de l’anglais langue de travail,
notre campagne associative fut lancée dès le 24 juin 2016 pour demander une
adaptation, cette fois à une importante sortie. Or, les
fédéralistes-atlantistes encore nombreux en Europe et en France ont levé un
puissant mouvement pour, au contraire, maintenir l’anglo-
américain.
Voire le promouvoir comme « langue commune » de
fait. En invoquant sa domination conquise depuis 1973 grâce à l’opiniâtreté des
entrants, et au laxisme persistant des anciens, dont la France. En osant même
plaider qu’il devenait « langue neutre » dans l’UE sans
Royaume-Uni : un commode et consensuel
« volapük » ! Depuis la confirmation du Brexit, Mme U. von der Leyen et la Commission n’emploient plus guère que
l’anglais, « hégémon » mondial, sans réaction officielle française.
Par sa lettre du 14 septembre, le Haut Conseil demande qu’il y
en ait une : le « non de la France ». En voici un extrait peu
modifié :
« Monsieur le Président, c’est de la France qu’est
attendue partout l’opposition à cette « langue commune », réduisant à
une les 3 « de travail » de la charte n°1.
Vous avez le pouvoir de refuser. Le moyen consiste à informer
officiellement le Conseil de la décision de la France de
tenir, pour sa part, compte du Brexit, en :
- ordonnant à ses administrations de ne plus travailler que
sur des documents de l’UE traduits, et d’y répondre uniquement en
français ;
- demandant une réunion du Conseil pour
conforter le règlement n°1, et fixer, selon la règle de l’unanimité, le statut
post-Brexit des langues de travail.
Monsieur le Président, votre position aura des effets
considérables. Vous pouvez la hisser à la hauteur des grands « non »
lancés au nom de la France : 1940 à la capitulation ; 1944 à l’AMGOT, 1966
à l’OTAN militaire (les trois fois par le Général), 2003 à G.W. Bush en Irak
(par M. Chirac) ; 2005 à la « Constitution européenne », cette fois
par le peuple lui-même.
Monsieur le Président, à votre tour, vous tenez en vos mains
le destin de la France. Pour le français, les cultures en Francophonie,
et pour l’Europe, vous seul pouvez dire
« non » aux menées impériales soutenues par des Français.
Monsieur le Président, empêchez cette promotion post-Brexit
de l’anglais à Bruxelles ! Elle serait un abandon d’intérêts
fondamentaux, une forfaiture au regard des devoirs de
tous les États membres d’affirmer leur langue nationale, d’abord notre français
de dimension mondiale. Elle serait un « éco-crime » de l’Union contre
l’Europe, la diversité des langues, contre la civilisation. »
Notre mobilisation au niveau du Haut Conseil a,
dès 2020, porté des fruits :
-démarches d’appui par une association de journalistes
européens ; par des parlementaires, priés en outre de créer un
inter-groupe Sénat-Assemblée ; volonté de M. Jacques Krabal,
député et Secrétaire général parlementaire de l’Assemblée parlementaire
de la Francophonie (APF de l’OIF)) d’exiger un débat au Parlement
européen, dont trente des 88 pays de l’OIF sont
aussi membres ; -démarches d’appui par une association de journalistes
européens ; par des parlementaires, priés en outre de créer un
inter-groupe Sénat-Assemblée ; par des parlementaires,
priés en outre de créer un inter-groupe
Sénat-Assemblée ; volonté de M. Jacques Krabal,
député et Secrétaire général parlementaire de l’Assemblée parlementaire
de la Francophonie (APF de l’OIF)) d’exiger un débat au Parlement
européen, dont trente des 88 pays de l’OIF sont
aussi membres ;
-forte brèche (enfin !) dans le mur de l’habituelle
occultation par les grands media : cf. l'article de Louise Mushikiwabo (OIF) dans Le Monde,
ceux de M. Feltin-Palas (L'Express) et de
Jean Quatremer (Libération), et du député LR
Pierre-Yves Bournazel dans Marianne, dirigée par Natacha Polony, membre de notre Académie de la Carpette
anglaise et du Tapis rouge, association qui fait partie du HCILFF, entretien
à TV5 avec le coordonnateur...
Nous espérons pouvoir féliciter M. Macron s’il ose ce « Non
de la France ! ».
Sur ces bases, nous préparons aussi une action du Haut
Conseil ILFF, de plusieurs associations de France et du dehors,
en Cour européenne de Justice.
Chers lecteurs de « 18 juin », nous vous
serions très reconnaissants de votre mobilisation dans notre sens auprès de
tous niveaux de décideurs et influenceurs.
*Albert Salon, ancien ambassadeur,
président d’honneur d’ALF, fondateur du Haut Conseil ILFF.
Albert Salon, docteur d'Etat ès lettres (Sorbonne 1981, sur «
l’Action culturelle de la France dans le monde »), ancien instituteur rural de
classe unique, en 1954/55, conseiller culturel et chef de mission de
coopération, directeur au ministère de la Coopération, puis ambassadeur de la
France ; commandeur du Mérite national, officier du Mérite béninois, chevalier
de la Légion d’Honneur, des Palmes académiques, des Arts et Lettres, et du Mérite
allemand (Bundesverdienstkreuz am Band) ; président d’honneur d'Avenir de la
langue française (ALF), président du Forum francophone international
(FFI-France, qui a lancé en 2001 le projet Villers-Cotterêts), co-animateur de réseaux francophones internationaux,
cofondateur en 2020 du Haut Conseil international de la langue française et de
la Francophonie ; médaille Senghor de la Francophonie reçue en 2014 de M.
Abdou Diouf, au siège de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF),
médaille d’or 2016 de la Société d’Encouragement au Progrès (SEP), reçue à
l’École militaire. Directeur d’une émission régulière « le français
en partage » dans une radio patriote indépendante ». Ouvrages :
« Colas colo, Colas colère », éd. l’Harmattan, 2008 ; « Une volonté
française », préface de Claude Hagège, éd. Glyphe, 2012), et alii